Le Gai Savoir (« La gaya scienza »)
Traduction par Henri Albert.
Paris, Société du Mercure de France, Paris (Œuvres complètes de Frédéric Nietzsche, vol. 8p. 403-405).


NOTES



Nietzsche commença à s’occuper du Gai Savoir immédiatement après que fut achevée l’impression d’Aurore. En juillet et août 1881, il prit à Sils-Maria les premières notes dont sortit plus tard l’œuvre tout entière. Les ébauches furent continuées jusqu’à la fin de la même année, puis la rédaction définitive parachevée, en un seul mois, à Gênes, pendant « le plus beau de tous les mois de janvier » (1882), c’est pourquoi Nietzsche appelle son volume « le présent de ce seul mois ». Les maximes en vers du prologue Plaisanterie, ruse et vengeance, furent écrites en grande partie au cours de ce même hiver à Gênes, puis en avril 1882 à Messine. Un complément d’environ 40 aphorismes fut joint au manuscrit, le 4 juillet, à Tautenburg, près Dornburg.

L’ouvrage imprimé chez B. G. Teubner, à Leipzig, fut publié en septembre (1882) chez E. Schmeitzner, à Chemnitz, sous le titre de le Gai Savoir. Il ne contenait alors, en dehors du prologue, que quatre livres et portait comme épigraphe ces mots d’Emerson : « Pour le poète et pour le sage toutes choses sont familières et sanctifiées, tous les événements utiles, tous les jours sacrés, tous les hommes divins. »

Ce n’est que lorsque l’éditeur Fritzsch, de Leipzig, devint le dépositaire des œuvres de Nietzsche que le Gai Savoir fut augmenté d’une préface, du cinquième livre et des Chants du Prince « Vogelfrei ». Remis en vente par son nouvel éditeur en juin 1887, l’ouvrage prit alors le titre actuel le Gai Savoir (« la Gaya Scienza ») et l’épigraphe d’Emerson fut remplacée par un quatrain de Nietzsche.

La préface avait été écrite à Ruta, près Gênes, en octobre 1886, le cinquième livre à la fin de la même année à Nice. Les Chants du Prince « Vogelfrei » datent de diverses époques, entre 1882 et 1884.

La présente traduction a été faite sur le cinquième volume des Œuvres complètes, publié en 1895 par le Nietzsche-Archiv, chez C. G. Naumann à Leipzig.

Ainsi que nous procédons pour la prose de Nietzsche, nous avons tenu à donner des vers du philosophe une version aussi littérale que possible. À passer dans une autre langue certaines pièces, celles du prologue, ont perdu presque entièrement la saveur de l’original. Cela tient à leur caractère même : proverbes ou sentences, rimées richement, elles ne sont parfois que jeux de mots, amusement de l’esprit. La pointe étant dans la rime, ou du moins dans la consonance et dans le choix des mots, l’idée s’efface dès que les termes sont changés. Nous n’avons donc donné le prologue de ce volume que pour présenter au public français une traduction entière des ouvrages de Nietzsche, sans aucune omission. Dans l’appendice, le hasard de la traduction nous a parfois permis de rendre entièrement le rythme de l’original, mais, en général, nous avons dû nous contenter de traduire vers par vers, ne voulant pas sacrifier l’idée à la nécessité de la rime.

Voici maintenant quelques notes relatives à la traduction :


Page 17, ligne 1 du h. : Plaisanterie, ruse et vengeance — titre d’un poème d’opéra de Gœthe, écrit pendant les premières années de son séjour à Weimar (1775)
22, ligne 3. du h. : jeu de mot sur hineinlegen (mettre dedans) et auslegen (interpréter).
66, ligne 15 du b. : ordre du jour pour le roi — en français dans le texte.
123, ligne 3. du h. : esprit — en français dans le texte.
138, ligne 9. du h. et suiv. : noblesse — en français dans le texte.
138, ligne 11. du b. : régime — en français dans le texte.
139, ligne 4. du b. : Ah ! mon ami, etc. — en français dans le texte.
151, ligne 11. du h. : noblesse, esprit, élégance — en français dans le texte.
177, ligne 9. du b. : amour-plaisir — en français dans le texte.
177, ligne 8. du b. : amour-vanité — en français dans le texte.
225, ligne 4. du b. : jeu de mot sur nachmachen (imiter) et sich vormachen (se remontrer).
278, ligne 1. du h. : esprit — en français dans le texte.
299, ligne 3. du h. : l’épigraphe, en français dans le texte.
311, ligne 9. du b. : chauvinisme — en français dans le texte.
311, ligne 7. du b. : naturalisme — en français dans le texte.
311, ligne 73. du b. : vérité vraie — en français dans le texte.
313, ligne 7. du h. : par excellence — en français dans le texte.
315, ligne 14. du h. : raison — en français dans le texte.
335, ligne 15. du h. : par excellence — en français dans le texte.
389, ligne 2. du. h. : Vogelfrei signifie en même temps libre comme l’oiseau et « hors la loi ».
398, ligne 11. du b. : accent aigu — en français dans le texte.
Henri Albert.