Nouvelles poésies (Van Hasselt)/Le Fourrier de l’hiver
Le fourrier de l’hiver.
Silence ! voilà que minuit va sonner.
La cloche nocturne on l’entend frissonner
Silence ! silence ! silence !
Voilà que Novembre, sa gaule à la main,
Voilà que Novembre se met en chemin.
Silence ! silence ! silence !
La bise qui siffle gémit sous les cieux.
Pourtant comme il va souriant et joyeux !
Silence ! silence ! silence !
Les airs sont remplis de sinistres abois.
Pourtant il traverse les champs et les bois.
Silence ! silence ! silence !
Enfers, avez-vous déchaîné vos démons ?
Pourtant il traverse la plaine et les monts.
Silence ! silence ! silence !
Il souffle les feuilles des arbres jaunis,
Et chasse, en passant, les oiseaux de leurs nids.
Silence ! silence ! silence !
Il brise les fleurs, les dernières. Gazons,
Il fauche vos herbes, vos pâles toisons.
Silence ! silence ! silence !
La nuit tout entière, sa gaule à la main,
Il va dévastant toute chose, et demain…
Silence ! silence ! silence !
Demain vous aurez disparu, feuille et fleurs,
Gazons émaillés de vos vives couleurs…
Silence ! silence ! silence !
Et vous, ô pinsons qui chantiez tout le jour,
Demain vos concerts finiront à leur tour.
Silence ! silence ! silence !
Hélas ! car Novembre est venu, le fourrier
Qui vient à l’hiver préparer son quartier.
Silence ! silence ! silence !