CHAPITRE XIII


Calcutta. — La vie dans l’Inde. — Le cours William. — Barackpoor. — La cour des morts.

Calcutta, ainsi que Madras et Bombay, présente ce curieux coup-d’œil de la vie indienne, musulmane et brahmanique, côte à côte avec les mœurs anglaises. Dans la capitale des possessions de la Compagnie dans l’Inde, aussi bien que dans le plus petit village du Cuttack, les Hindous adorent publiquement, dans les rues, sur le fleuve, le long des quais, Brahma, Siva et Kâli ; et les fêtes de toutes ces religions, si différentes dans leurs marques extérieures, mais si bien semblables quant au but, donnent à chaque instant sur les rives du Hougli les plus féeriques spectacles.

La ville, bâtie le long du fleuve sur une étendue assez difficile à dire exactement, car, si elle commence au fort William, le faubourg noir, le Peltah, prolonge indéfiniment ses cases sur la rive gauche du Hougli, la ville, dis-je, est bien loin d’être aussi grande et aussi peuplée que se plaisent à le raconter les voyageurs. Le quartier européen, qui se groupe autour de l’hôtel du gouvernement, est véritablement une ville de palais. Ce sont d’immenses maisons construites à l’italienne, ornées de portiques, de colonnades, de terrasses, et formant de larges rues où les arbres, par exemple, pourraient être plus nombreux. On rencontre à chaque carrefour des squares, servant beaucoup plus pendant la journée à la promenade des hérons et des cigognes qui, juchés sur leurs longues pattes, vous regardent passer avec, leurs gros yeux stupides, qu’à celle des enfants anglais.

Vient ensuite, en continuant la rive du fleuve, la ville noire, le Peltah. L’aspect en est bien différent.

Je retrouvai là les ruelles infectes, les rues sinueuses continuellement traversées par des troupeaux, les populations misérables, les cases de bambous, toute cette apparence de misère, de malpropreté et d’abrutissement des cités indiennes ; apparence que rend d’autant plus sensible et désagréable à Calcutta le contraste subit de ces deux villes, qui, ainsi qu’à Pondichéry et à Madras, ne sont pas séparées, par un canal comme dans la première, ou par une plaine comme dans la seconde.

Par moments, aussi bien dans le Chouringhy, — c’est ainsi que les Hindous nomment le quartier anglais — que dans le Peltah, vous trouvez, voisine d’un superbe hôtel recouvert de stuc et aux mille fenêtres garnies de stores, ou s’élevant entre deux malheureuses cases de bambous, une grande et sombre demeure dont nul bruit ne s’échappe, dont les rares ouvertures, fort au-dessus du sol, sont étroites et soigneusement fermées par des grillages, dont la porte unique, basse et massive, ne s’ouvre qu’à de rares intervalles.

C’est la maison d’un de ces riches princes marchands de l’Inde. Ils laissent aux Anglais ce luxe extérieur qui les ruine, et accumulent en silence d’immenses richesses, qui leur permettent de réaliser les luxurieuses extravagances des contes arabes. La plupart d’entre eux sont musulmans.

À l’époque du Ramazan la porte s’ouvre à la foule, dont les yeux éblouis peuvent alors contempler ces immenses salles tendues des plus fins tissus de Kaschmir, ces cours de marbre, ces escaliers découpés à jour. Sans distinction de nationalité, chacun peut s’introduire alors et venir prendre place sur les divans, où de nombreux domestiques offrent sans cesse, aux innombrables visiteurs, des pipes et des sorbets ; cela pendant trente jours[1].

Le maître de la maison se tient gravement dans la plus belle salle, accroupi au milieu de ses amis, s’inclinant à peine devant les étrangers qui le saluent. La nuit se passe en illuminations, en festins, en réjouissances de toutes sortes. Au lever du soleil, le muzzin fait entendre sa voix traînante à la galerie des minarets, et le palais de l’Orient redevient la triste demeure, dont les murs blanchis à la chaux sont insupportables à la vue.

Plusieurs de ces Hindous dépensent ainsi près d’un demi-million chaque année pour cette seule fête du carême, tandis que le vingtième de cette somme leur suffit pour les onze autres mois.

Pendant que les Indiens musulmans ou brahmanistes vivent ainsi, les Anglais, avec la ruineuse simplicité de leur luxe, dévorent les immenses bénéfices de leurs transactions commerciales, et s’en reviennent souvent en Angleterre plus pauvres qu’ils n’en sont partis et minés par les maladies.

Je ne sais si c’est parce que les plaisirs intellectuels leur manquent, mais l’existence des officiers de la Compagnie est bien dans l’Inde la vie la plus abrutissante qu’il soit possible de mener, à l’exception toutefois de celle de quelques-uns d’entre eux qui se livrent à l’étude des langues orientales. Hélas ! la plus grande partie ne quittent les tavernes que pour les cases de Casi-Goula ou pour les petites maisons de Misseri-Gange. Non contents des vices qu’ils doivent à la mère-patrie, ils ont soin de greffer sur ceux là les autres auxquels les poussent le climat et les habitudes indiennes

Voyez passer cet officier de cavalerie, il a trente ans à peine et déjà son œil est terne, son front ridé, sa main tremblante par l’excès des boissons alcooliques. Sa voix est dure et menaçante, son bras ne se lève que pour frapper les femmes qui le fuient et les cipayes qui le craignent, en attendant qu’ils se révoltent contre son autorité.

Mais laissons là la vie intime des Anglais que nous ne sommes pas venus étudier dans l’Inde, heureusement pour eux, car je ne sais trop vraiment ce qu’il y aurait de bon à en dire, et terminons ici ce triste tableau.

C’est la promenade du cours William, large avenue qui s’étend entre le fort et le fleuve, qui réunit, dès que la nuit tombe, toutes les populations hétérogènes de la grande ville. Le Musulman et l’Indien y passent, la plupart du temps modestement enfouis dans une espèce de carrosse à deux roues traîné par des bœufs, mais le luxe d’attelage que déploient les Anglais est inouï. Londres envoie à sa colonie ses plus merveilleux chefs-d’œuvre de carrosserie. Ces splendides voitures, traînées à l’orientale, c’est-à-dire par des chevaux de sang pomponnés et caparaçonnés, entourés de porteurs de torches et d’éventails, présentent, sous les frais ombrages du cours, le plus éblouissant coup-d’œil. À travers les équipages, se glissent parfois deux palanquins marchant côte à côte, mystérieusement fermés par des tentures brillantes, qui ne cachent pas autre chose que deux amants mollement étendus sur les coussins, pendant que le mari, peut-être, passe en caracolant à deux pas.

Les riches négociants, les hauts dignitaires du gouvernement et de la Compagnie, ne se contentent pas de leurs fastueuses demeures de la ville, que le voisinage des marais qui s’étendent derrière le fort William rend parfois fort malsaines, surtout pendant la saison des pluies, c’est-à-dire justement à l’époque où j’y arrivai avec le Raimbow. Ils émigrent alors à vingt milles de Calcutta, dans la plus parfumée et la plus délicieuse des oasis, à Barackpoor, qui étale ses villas charmantes sur les rives d’un petit bras du Hougli. L’Inde disparaît dès que l’on met le pied sous ces ombrages ; c’est un coin de l’île de Wight, transporté au centre de la vieille Asie, ou mieux encore, un des rivages embaumés du lac de Côme. Rien de gracieux comme ces maisons de campagne, cachées, ainsi que des nids d’oiseaux, dans les massifs de ces géants feuillus des tropiques ; rien d’aussi beau que ces parterres émaillés de la riche flore des colonies. Dans une étendue de plusieurs milles, ce ne sont que portiques italiens, que colonnades de stuc et de marbre, que balcons découpés, que varendes fermées des plus riches tentures, que terrasses chargées de fleurs.

Pendant la saison des pluies, tous les riches équipages de la grande ville se dirigent vers ce délicieux retrait. Le cours William et le Jardin zoologique, qui est peut-être le plus riche et le plus beau du monde entier, sont alors abandonnés. Calcutta change d’aspect. Le quartier anglais est triste et désert ; la ville redevient vraiment indienne. La société aristocratique s’est éloignée ; il n’y reste plus que les officiers qui, dès la chute du soleil, se réfugient dans les bouges de Casi-Goula et dans les petites maisons de Misseri-Gange.

Voilà deux fois que ces noms viennent sous ma plume. Il faut cependant que je dise ce que sont ces quartiers, quoique vous l’ayez bien un peu deviné.

Le premier est, en moins bien, un lieu à peu près semblable à celui que nous avons visité ensemble à Tanjore. Ses rues tortueuses serpentent à l’entrée du Peltah et présentent toute la nuit le coup-d’œil le plus pittoresque. Le second est le Breda-Street de Calcutta, et étend ses petits hôtels mystérieux à l’est du Chouringhy. C’est encore une ville d’un aspect tout particulier. Dans de longues et larges rues tirées au cordeau et sablées, s’élèvent de légères et gracieuses constructions entourées de jardins, fort éloignées les unes des autres, et ressemblant souvent, à s’y méprendre, à ces petites maisons de campagne dans le goût rustique, dont sont couverts les environs de Paris.

C’est surtout dans ce quartier que demeurent les métis anglais et ces femmes auxquelles le mélange du sang anglais et du sang indien donne des physionomies si charmantes et si bizarres. Les mœurs et les habitudes des deux pays s’y mêlent d’une curieuse façon. Je dois avouer que c’était bien souvent de ce côté que mon gros ami et commandant dirigeait ses aventureuses promenades du soir.

Sir John avait naturellement à Calcutta de nombreuses et sérieuses relations, mais, ainsi que moi, il aimait peu le monde, et nous ne faisions que les visites indispensables.

Nous passions presque toutes nos journées à bord. Lorsque la nuit était venue, nous descendions à terre, soit pour faire un tour de promenade au cours William, soit pour diriger nos pas vers le jardin botanique. Au bout d’un mois, j’étais parfaitement habitué aux cadavres que le fleuve entraînait, j’avais visité tous les monuments de la ville, c’est-à-dire vingt palais et autant de temples, catholiques, anglicans, presbytériens, indiens ou musulmans, — cela souvent pendant la plus grande chaleur du milieu du jour, à ce torride moment où, dit un proverbe indien, les Français et les chiens peuvent seuls être dans la rue ; — j’avais examiné fort en détail, grâce à un officier d’artillerie au service de la Compagnie, les ouvrages extérieurs et intérieurs du fort, magnifique polygone entouré d’un large fossé qu’on peut remplir d’eau à volonté, qui renferme des bâtiments à l’épreuve de la bombe où peuvent se loger dix mille hommes, dont les fortifications sont défendues par plus de six cents pièces à feu, et dans les murailles duquel se trouvent un arsenal et une fonderie de canons. Je croyais donc vraiment, en attendant les grandes fêtes indiennes qui se célèbrent vers le mois de septembre, ne plus avoir beaucoup à visiter dans la capitale, et j’attendais avec assez d’impatience le moment du départ.

Un soir, que nous étions descendus à terre sans trop savoir ce que nous allions faire, sir John me proposa une assez lugubre excursion ; mais comme elle devait avoir pour résultat de me mettre sous les yeux une des scènes les plus saisissantes des mœurs hindoues, j’acceptai bien vite. Il s’agissait de pousser au-delà de la ville noire, pour aller fumer un cigare auprès des bûchers des morts.

Nous partîmes à pied, afin de profiter de ce seul moment de la journée où la promenade est possible, et, laissant derrière nous les riches hôtels du Chouringhy, nous nous engageâmes bravement dans les ruelles sales et tortueuses du Peltah. La nuit nous prit au milieu de cette longue rue qui court parallèlement au fleuve en le remontant pendant près de deux milles. Comme tout éclairage y est parfaitement inconnu, nous arrivâmes assez tard au but de notre course, après avoir risqué vingt fois de nous rompre le cou.

Nous avions devant nous, à gauche, un grand mur au-dessus duquel s’élevait, noire et épaisse, une fumée répandant dans l’atmosphère une odeur insupportable qui soulevait le cœur. En face, à une portée de fusil, se dressait la grande ombre de la pagode de Kâli ; à notre droite, s’étendaient amassées, pressées les unes contre les autres, les misérables cases qui terminent le faubourg de la ville noire.

À quelques pas de nous, au milieu du grand mur, se dessinait aux reflets des flammes de l’intérieur une large ouverture. Nous nous dirigeâmes vers elle.

En arrivant sur le seuil de cette porte, je fis malgré moi un pas en arrière, pressentant que j’allais voir quelque chose de hideux. Je voyais aller et venir dans une grande enceinte, au milieu de la fumée, des formes bizarres qui semblaient plutôt appartenir à des démons qu’à des hommes.

— Allons ! entrons, me dit Canon en m’entraînant par le bras ; ce n’est pas précisément agréable, mais c’est curieux et philosophique.

— Entrons, répondis-je, en me prenant le cœur à deux mains.

Nous pénétrâmes dans l’enceinte des morts.

Nous étions dans une grande cour quadrangulaire fermée de trois côtés par de hautes murailles. Le côté qui faisait face à la porte par laquelle nous étions entrés donnait sur le fleuve, dont les eaux roulaient noires et lugubres ; le mur y était remplacé par des marches qui descendaient jusque dans les flots. La nuit était tout à fait tombée, pas une étoile ne brillait au ciel. De gros nuages sombres couraient de l’est à l’ouest en annonçant l’orage ; le calme de ce lieu étrange n’était troublé que par les mugissements des lames contre les gradins faits de larges pierres, les crépitements des branches sèches et les psalmodies monotones des parents des morts, groupés autour de chaque cadavre. L’atmosphère était chargée des exhalaisons fétides s’échappant de dix bûchers qui flambaient autour de nous, et sur lesquels des hommes demi-nus jetaient sans cesse de la poix et du beurre clarifié. Les flammes, attisées ainsi, s’élevaient parfois jusqu’au faîte des murailles. Tout prenait sous leurs vives et subites lueurs des formes fantastiques.

Nous n’avions pas encore fait dix pas dans la cour que nous dûmes nous ranger pour livrer passage à un mort qu’on apportait en grande cérémonie.

Nous nous approchâmes du munzil-kanta qui lui était destiné.

C’était un trou de deux ou trois pieds, creusé en terre sur lequel étaient étendues, comme un plancher, quelques branches vertes tapissées d’une couche épaisse de fagots secs et de chanvre. Les brahmines prirent le corps, le lavèrent, puis le frottèrent d’huile clarifiée. Pendant ce temps, les parents étendaient sur le bûcher une longue pièce d’étoffe neuve, et lançaient autour d’eux des cauris et des poignées de riz. Lorsque le cadavre fut suffisamment lavé et frotté, les prêtres le couchèrent sur la pièce d’étoffe en lui repliant les jambes et en lui croisant les bras sur la poitrine ; après quoi ils relevèrent sur lui les pans de la draperie. Ils murmurèrent ensuite des prières ; au nom du défunt, ils offrirent quelques poignées de riz en sacrifice à la divinité, et l’aîné des enfants mit le feu aux fagots, et au chanvre, tandis que les Hindous, serviteurs du lieu, arrosaient le cadavre avec des matières combustibles. Les femmes accroupies autour du bûcher n’avaient pas cessé de chanter et de pleurer depuis le commencement de la cérémonie.

Dès que les flammes s’élevèrent de façon à cacher le corps à la vue des assistants, chacun s’assit, et les houkas et les gargoulis s’allumèrent aux charbons du kanta.

Ainsi que me l’avait annoncé Canon, n’était-ce pas un curieux et bien philosophique spectacle que j’avais là sous les yeux ? Je ne pouvais en détacher mes regards. Je me demandais si vraiment il ne valait pas mieux quitter ainsi la terre, que d’y séjourner quelques mois sous six ou sept pieds de sable, pour en être chassé un jour de par la loi, lorsqu’un des parents du morts s’approcha de moi. Il m’offrait du feu et un gargouli. J’acceptai la pipe que j’allumai afin de combattre la mauvaise odeur, et je pris place, ainsi que sir John, au milieu de la famille du défunt, en faisant aux brahmines l’offrande obligée d’une ou deux roupies.

Il y avait plus d’une heure que nous étions dans cette bizarre situation ; un vent assez violent s’était élevé et rendait la crémation plus longue que de coutume : je commençais à trouver que nous pouvions laisser les Hindous à leur lugubre office, lorsque, levant les yeux jusqu’au sommet des murailles pour y suivre les capricieuses découpures de la flamme, je m’aperçus que je n’avais pas tout vu dans ce qui nous environnait.

En effet, je n’avais pas remarqué tout d’abord ce qui maintenant frappait mes yeux, c’est-à-dire les arabesques et les sculptures dont étaient couverts les murs de la cour des morts. Le long des trois murailles, à des hauteurs différentes, jetées sans ordre et comme groupées par le hasard, sortaient des reproductions en relief de tous ces oiseaux voraces qui planent sur le Gange, objet de la vénération des Hindous. Sur les tuiles rouges du faîte, semblaient vivre, sous les jeux de la flamme, des vautours aux longs cous dénudés, des aigles aux regards fixes et brillants, des milans aux becs et aux serres acérés et des condors à l’aspect hideux.

C’était repoussant à voir. Je ramenai bien vite mes regards vers la terre.

Huit ou dix cadavres avaient atteint le degré voulu de carbonisation, — car tous les Hindous n’attendent pas que leurs morts soient réduits en cendres ; — il ne restait plus à accomplir que le dernier acte de la cérémonie des funérailles, c’est-à-dire à jeter dans le Gange ces corps à demi consumés.

Les esclaves venaient d’enlever ces tristes dépouilles et ils se dirigeaient vers le fleuve, lorsque tout à coup mille bruits éclatants, impossibles à rendre, troublèrent le silence de la nuit. Les sculptures qu’il m’avait semblé voir sur les murailles s’étaient animées ; de tous les côtés, des centaines d’oiseaux de proie s’étaient élancés au-dessus des eaux sacrées pour y attendre et s’y disputer les cadavres.

Je vivrais dix fois le temps ordinaire de l’existence que je ne pourrais oublier ce fantastique et lugubre tableau. Autour de nous, des bûchers où crépitaient des corps à demi calcinés, et entre lesquels s’agitaient les ombres des Hindous ; en face de nous, les flots noirs et boueux du fleuve qui se refermaient avec un bruit sourd sur les morts, puis, au-dessus de nos têtes, des oiseaux farouches multipliant les cercles concentriques et les ellipses de leur vol.

Je ne pus m’empêcher de me boucher les oreilles et de fermer les yeux ; mais il me sembla longtemps encore voir et entendre, tant mon esprit avait été frappé.

Sir John m’arracha enfin à ma stupeur, et nous reprîmes le chemin de Calcutta où nous ne rentrâmes que fort avant dans la nuit, non pas sans avoir été obligés de faire à plusieurs reprises usage de nos armes pour nous débarrasser des chacals, qui, dès les ténèbres, rodent sans cesse dans le faubourg du Peltah pour prendre, eux aussi, leur part de la hideuse curée.


  1. Le ramazan est le neuvième mois de l’année musulmane, mais comme cette année est lunaire, et par conséquent de 11 jours plus courte que la notre, au bout de 33 ans, la fête qui, avait lieu primitivement dans le mois le plus chaud (ramidà, chauffer), a parcouru toutes les saisons. On sait que, pendant ce carême de trente jours, les musulmans ne peuvent ni boire ni manger tant que le soleil est sur l’horizon.