Le Fils des armures

Œuvres complètes de François CoppéeL. Hébert, librairePoésies, tome I (p. 68-69).
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Le Fils des armures


 

À Léopold Flameng.



Tous les ducs morts sont là, gloire d’acier vêtue,
Depuis Othon le Saint jusqu’à Job le Frugal ;
Et devant eux, riant son rire musical,
L’enfant à soulever des armes s’évertue.

Chaque armure, où l’aïeul se survit en statue
Sous la fière couronne et le cimier ducal,
Joyeuse reconnaît d’un regard amical
Sa race, qui déjà joue avec ce qui tue.


Plongé dans un fauteuil de cuir rouge, gaufré
De fleurs d’or, l’écuyer, grand vieillard balafré,
Feuillette un très-ancien traité de balistique.

Et les vieux casques ont des sourires humains,
Cependant qu’au milieu de la chambre gothique
L’enfant chevauche sur une épée à deux mains.