Le Droit du travailleur


Sans mention.
Attribué à (Musique)
L’Ouvrier syndiqué du 01 mai 1903 (p. 2-5).

LE DROIT DU TRAVAILLEUR
(Chant International)


I

Ouvrier, la faim te tord les entrailles
Et te fait le regard creux,
Toi qui, sans repos ni trêve, travailles
Pour le ventre des heureux.
Ta femme s’échine, et tes enfants maigres
Sont des Vieillards à douze ans ;
Ton sort est plus dur que celui des nègres
Sous les fouets abrutissants.

REFRAIN

Nègre de l’usine,
Forçat de la mine,
Ilote du champ,
Lève-toi peuple puissant !

Ouvrier, prends la machine !

Prends la terre, paysan !

bis


II

Paysan, le sol que ton bras laboure
Rend son fruit dans sa saison,
Et c’est l’opulent bourgeois qui savoure
Le plus clair de ta moisson.
Toi, du jour de l’an à la Saint Sylvestre,
Tu peines pour engraisser
La Classe qui tient sous son lourd séquestre
Ton cerveau fait pour penser.

III

Mineur, qui descends dès l’aube sous terre,
Et dont les jours sont des nuits,
Qui, le fer en main, dans l’air délétère,
Rampes au fond de ton puits,
Les riches trésors que ton pic arrache
Aux flancs des rocs tourmentés
Vont bercer là-haut l’oisif et le lâche
Dans toutes les voluptés.


IV

Qui forge l’outil ? Qui taille la pierre ?
Qui file et tisse le lin ?
Qui pétrit le pain ? Qui brasse la bière ?
Qui presse l’huile et le vin ?
Et qui donc dispose, abuse et trafique
De l’œuvre et du créateur ?
Et qui donc se fait un sort magnifique
Aux dépens du producteur ?

V

Qu’on donne le sol à qui le cultive,
Le navire au matelot,
Au mécanicien la locomotive,
Au fondeur le cubilot,
Et chacun aura ses franches coudées.
Son droit et sa liberté,
Son lot de savoir, sa part aux idées,
Sa complète humanité !