Le Don Quichotte montréalais sur sa rossinante/27

Société des Écrivains Catholiques (p. 100-101).

XXVII


Conclusions.


La conclusion à tirer de tout ce que vous avez écrit, honorable Dessaulles, dans votre Grande guerre ecclésiastique, c’est que je n’ai rien exagéré en affirmant que cinquante paires de bœufs ne porteraient pas les bévues et les énormités qu’elle contient. Vous êtes un ignorant fieffé, et cependant vous vous targuez d’un grand savoir, parce que vous copiez assez malhabilement des auteurs impies dont tous les dires sont depuis longtemps réfutés. Les honnêtes protestants, qui tiennent à n’avoir rien de commun avec vous, refusent de puiser aux sources que vous faites valoir comme véridiques.

J’ai évidemment droit, eu égard à la besogne que vous m’avez donnée, de vous adresser un petit conseil en terminant. Soyez prudent à l’avenir et ne cédez plus à la tentation de traiter n’importe quel sujet religieux. Les hommes de votre espèce n’entendent rien aux choses spirituelles, car il est écrit : Homo, cum in honore esset, non intellexit ; comparatus est jumentis insipientibus et similis factus est illis ; l’homme, qui n’a pas compris le degré d’honneur où Dieu l’a élevé, s’est rendu comparable aux bêtes de somme et leur est devenu semblable ; et encore, animalis homo non percipit ea quæ sunt Spiritus Dei ; l’homme animal ne perçoit pas les choses qu’inspire et que produit l’Esprit de Dieu.

Si jamais il vous arrive de vouloir mettre de nouveau la main à la plume, n’obéissez plus aux mauvais instincts de la nature, afin de n’avoir pas à dire, en empruntant les paroles que J. J. Rousseau laissait échapper dans un moment de sincérité :

« Je ne regarde aucun de mes livres sans frémir ; au lieu d’instruire, je corromps ; au lieu de nourrir, j’empoisonne ; mais la passion m’égare, et avec tous mes beaux discours je ne suis qu’un scélérat, »

Luigi.

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