Traduction par Hurtaud.
Lethielleux (p. 303-304).


3e LE DON DES LARMES

CHAPITRE I

(88)

Comment il y a cinq sortes de larmes.

O Fille très chère et très aimée, tu me demandes de te faire connaître les différentes espèces de larmes et leurs fruits. Je n’ai pas méprisé ton désir. Ouvre donc bien l’œil de ton intelligence, et par les différents états que je t’ai expliqué, je te ferai voir qu’il y a des larmes imparfaites qui viennent de la crainte. Mais tout d’abord je te parlerai des larmes des hommes pervers ce sont des larmes de damnation. Les secondes sont les larmes de crainte : elles sont versées par ceux qui ne sont conduits que par la peur du châtiment dû au péché, et qui en pleurent d’épouvante.

Les troisièmes, sont de ceux qui, sortis du péché, pleurent avec douceur et commencent à me servir. Mais, comme leur amour est imparfait, imparfaits aussi sont leurs pleurs, comme je te l’ai dit.

Les quatrièmes, sont de ceux qui arrivés à la perfection de la charité envers le prochain, aiment sans aucun intérêt personnel : Car ceux-là aussi pleurent, et leur pleur est parfait.

Les cinquièmes sont unies aux quatrièmes. Ce sont ces larmes de douceur, répandues avec grande suavité, comme je te l’exposerai plus au long.

Je te parlerai encore des larmes de feu, qui ne jaillissent pas des yeux, celles-là, pour donner satisfaction à ceux qui parfois désireraient pleurer et ne le peuvent faire.

Et je veux que tu saches que tous ces différents états peuvent se rencontrer dans une même âme, qui sort de la crainte et se dégage de l’amour imparfait pour parvenir à la chanté parfaite du dernier état.

Et donc je commence à t’exposer ce que sont ces larmes. Voici :