Traduction par Hurtaud.
Lethielleux (p. 67-68).


2ème REPONSE

MISÉRICORDE AU MONDE

1e LE DON DU VERBE INCARNÉ

CHAPITRE I

(17)

Comment Dieu se plaint de ses créatures raisonnables, principalement de l’amour-propre qui règne en elles, en exhortant cette âme à la prière et aux larmes.

Alors Dieu, tout embrasé d’amour pour notre salut, essayait d’activer dans cette âme le feu de l’amour et de la douleur. Il lui montrait à nouveau par quel grand amour il avait créé l’homme, et il lui disait : Ne vois-tu donc pas que tous les hommes m’offensent ! Et moi ! avec quel gran amour ne les ai-je pas enrichis de tant de dons, de dons infinis, que je leur ai faits par pure grâce, sans aucun mérite de leur part ! Or vois, ma fille, quelle gravité et quelle variété dans leurs péchés ! Comme ils me blessent, surtout par ce misérable et abominable amour-propre, cet amour d’eux-mêmes, source de tout mal ! C’est cet amour qui a empoisonné le monde entier ! Car de même que mon amour contient en lui toute vertu concernant le prochain, comme je te l’ai montré, ainsi l’amour-propre sensitif, qui procède de l’orgueil comme le mien procède de la charité, enferme en lui tout mal. Ce mal ils le commettent à l’égard de la créature, séparés et retranchés qu’ils sont de la charité du prochain. Comme ils ne m’aiment pas, ils n’aiment pas non plus le prochain, car ces deux amours sont unis l’un à l’autre indissolublement.

C’est pourquoi je t’ai dit que tout le bien et tout le mal qui se fait, ne s’accomplit que par l’intervention du prochain, comme je l’ai expliqué plus haut. J’ai donc bien le droit de me plaindre de l’homme, qui de moi n’a reçu que du bien, et qui me paie de haine, en faisant tout le mal qu’il peut.

Aussi t’ai-je dit qu’il fallait les larmes de mes serviteurs pour apaiser ma colère. Préparez-vous donc, vous mes serviteurs, et paraissez devant moi avec vos nombreuses prières, vos angoisses, vos désirs, votre douleur de l’offense qui m’est faite et de la perte de ces pécheurs, pour adoucir les rigueurs du jugement divin.