Traduction par Hurtaud.
Lethielleux (p. 134-136).


CHAPITRE XXIV

(133)

Bref résumé de ce qui précède ; et comment Dieu dé rend aux séculiers de porter la main sur ses prêtres. Comment aussi il invite cette âme à pleurer sur ces prêtres prévaricateurs.

J’aurais bien d’autres crimes encore à te faire connaître, mais je ne veux pas plus longtemps en souiller tes oreilles. Je t’ai fait ce récit, pour satisfaire à ton désir et pour stimuler ton zèle à m’offrir les vœux, à la fois amers et doux, de ton amour. Je t’ai dit l’excellente dignité dont je les ai revêtus, en même temps que le trésor que leurs mains sont chargées de vous distribuer, ce Sacrement de mon Fils, vrai Dieu et vrai homme, que j’ai comparé au soleil, pour te faire comprendre que leurs fautes n’en altèrent pas la vertu. C’est aussi pourquoi, je veux pareillement qu’elles ne diminuent en rien le respect qui leur est dû. Puis je t’ai montré l’excellence de mes ministres fidèles, en qui brille la perle de la vertu et de la sainte justice.

Je t’ai expliqué ensuite, quelle grave offense commettent contre moi ceux qui persécutent l’Église, et l’irrévérence dont, par là même, ils se rendent coupables contre le Sang. Ce qui est fait contre mes ministres, je le considère comme un attentat contre le Sang ; c’est pourquoi j’ai défendu que l’on touchât à mes christs. Je t’ai entretenu enfin de leur vie coupable, de leurs désordres, des peines et de la confusion qui les attendent à l’instant de la mort, des tourments plus cruels que ceux réservés aux autres pécheurs, qu’ils doivent endurer dans l’au-delà. J’ai tenu ainsi ce que je t’avais promis, de te raconter quelque chose de leur vie, et par là même, j’ai exaucé la demande que tu m’avais adressée, d’accomplir la promesse que je t’avais faite.

Je te dis derechef, que si grands que soient leurs péchés, et fussent-ils plus graves encore, je ne veux pas qu’aucun séculier s’arroge le droit de les punir. S’ils l’osent, leur crime ne demeurera pas impuni, s’ils ne l’expient par la contrition du cœur et ne reviennent à résipiscence. Les uns et les autres, mauvais ministres et persécuteurs sont des démons incarnés. C’est la Justice divine qui permet qu’ils entrent en lutte, et se châtient les uns les autres. Mais le crime du séculier n’excuse pas celui du prélat, ni le crime du prélat celui du séculier.

Maintenant, très chère fille, je vous invite tous, toi et mes autres serviteurs, à pleurer sur ces morts ; à demeurer, comme des brebis fidèles, dans le jardin de la sainte Église, pour vous nourrir des saints désirs et des oraisons continuelles que vous m’offrirez pour eux. Car, je veux faire miséricorde au monde. Ne vous laissez pas distraire de cette nourriture, ni par les injures, ni par la prospérité ; paissez continuellement, en ce pâturage, sans que jamais l’impatience de l’épreuve, ou une joie désordonnée, puisse vous faire relever la tête. Appliquez-vous humblement à procurer mon honneur, le salut des âmes et la réforme de la sainte Église. Là sera le signe, que vous m’aimez en vérité. Je t’ai déjà manifesté ma volonté, tu le sais bien, que vous demeuriez, toi et les autres, comme des brebis fidèles, toujours occupées à paître dans le jardin de la sainte Église, et supportant toutes les fatigues jusqu’à l’heure de la mort. Fais-le donc, et Moi, de mon côté, je comblerai tes désirs.