Le Diable au XIXe siècle/XLIV

Docteur Bataille ()
Delhomme et Briguet (tome 2p. 897-919).

DOUZIÈME PARTIE


LE COMBAT CONTRE DIEU




CHAPITRE XLIV

Le nombre mystérieux 77, ou la Hiérarchie diabolique


77, tel est le nombre qui, dès les chapitres de Rose-Croix, dans la maçonnerie ordinaire, est donné comme étant le nombre mystérieux, le nombre mystique, de même que 7, nombre de Lucifer, est le nombre par excellence, et 11, le grand nombre cabalistique.

Mais combien de francs-maçons pourraient-ils expliquer ce nombre, en indiquer même approximativement la signification ? Les imparfaits initiés forment la masse et ne savent rien ; quant aux palladistes, c’est-à-dire les maçons de premier choix, ils gardent le secret, tels que des sphinx impassibles, et ils ont même sur les sphinx un avantage ; c’est que, eux, ils se laissent même ignorer ; leurs frères de l’imparfaite initiation ne peuvent, en effet, pas leur parler seulement, puisque dans les loges il est impossible de savoir qui est palladiste et qui ne l’est pas.

Pourtant, le nombre 77 est très intéressant à connaitre : c’est celui de la hiérarchie infernale. Le connaitre, c’est avoir pénétré les grands arcanes de la théologie luciférienne.

Je n’ai pas besoin de dire que tout ceci est absolument en dehors de ce qu’enseigne l’Église ; mais il n’est pas mauvais de dévoiler, jusqu’au bout, les audacieux mensonges de Satan. Voyons donc ce que le prince des ténèbres enseigne à ses disciples, ce dont il leur fait un article de foi, par les révélations du livre Apadno et autres œuvres d’imposture occulte.

Les 77 sont ainsi qu’il suit, dans l’ordre hiérarchique :

Au sommet, au-dessus de tout rang, Lucifer, Dieu-Bon.

Immédiatement au-dessous, six princes souverains, en trois rangs : — premier rang, Baal-Zéboub, vice-roi des Cieux, généralissime et premier chef souverain, le même que Baal ou Belzébuth, ayant été Apollon (c’est Satan qui a été Jupiter), et appelé encore, dans les talismans, Ertosi ; — second rang, et sur le même pied honorifique, Astaroth, Astarté, Moloch ; Astaroth, chef souverain, avec le titre de roi de la Gauche, dit Suroth dans les talismans, ayant été Mars ; Astarté, chef souveraine, avec le titre de reine du Centre, dite Pi-Ioh dans les talismans, ayant été Vénus et Isis ; Moloch, chef souverain, avec le titre de roi de la Droite, dit Rempha dans les talismans, ayant été Saturne ; — troisième rang, et sur le même pied honorifique, Hermès, Ariel ; Hermès, chef souverain, avec le titre de prince de la Terre, dit Pi-Hermès dans les talismans, ayant été Hermès-Thoth et Mercure ; Ariel, chef souverain, avec le titre de prince d’Oolis, dit Pi-Zéous dans les talismans, ayant été Pluton.

Au rang inférieur aux six princes souverains, mais supérieur aux premiers grands stratèges des armées du Dieu-Bon, sont placés : d’abord, Léviathan ; ensuite, Béhémoth.

Viennent ensuite :

Cinquième rang de la hiérarchie, cinq daimons premiers grands stratèges, et trois daimones premières grandes stratèges ;

Sixième rang de la hiérarchie, deux daimons grands stratèges à titre égal, quatre daimones grandes stratèges à titre égal, deux daimons grands stratèges en second, et quatre daimones grandes stratèges en second ;

Septième rang de la hiérarchie, seize daimons stratèges de l’aile gauche, quinze daimones stratèges du centre, et dix-sept daimons stratèges de l’aile droite.

La hiérarchie luciférienne, telle que la présente le livre Apadno, correspond exactement à l’organisation des armées que le prétendu Dieu-Bon déclare opposer à son adversaire Adonaï ; c’est avec ces formidables troupes qu’il est certain, dit-il, d’avoir le triomphe définitif.

Le premier conflit a eu lieu dix mille ans avant l’ère chrétienne, un certain 8e paophi, jour palladique qui est notre 29 septembre. Depuis ce temps-là, les deux Principes guerroient, l’un contre l’autre. C’est donc Lucifer qui aura le dernier mot ; mais quand ? demanderez-vous. La révélation satanique répond péremptoirement : le 8 paophi 000999, c’est-à-dire le 29 septembre 1999 du calendrier chrétien. Qui a fixé cette date ? Personne ; mais ce sera ainsi, parce que ce doit être ainsi. En effet, c’est là un des mystères de la religion luciférienne, elle ne fait pas, comme d’autres, du Destin un dieu suprême : il y a Lucifer et Adonaï, deux dieux, voilà tout ; et chacun d’eux sait que la lutte durera au total douze mille ans, parce qu’il est dans la logique que le Bien finisse par avoir raison du Mal, mais aussi parce qu’aucun des deux éternels Principes n’a contre l’autre la puissance de fixer la durée de cette lutte et qu’il faut bien cependant qu’elle ait un terme, comme elle a eu nécessairement un commencement. Mais pourquoi douze mille ans, plutôt que neuf ou quinze mille ? Ca, personne n’en sait rien.

En somme, quand les palladistes disent parfois que Lucifer et Adonaï se combattent de toute éternité, c’est une façon de parler. Strictement, ils sont éternels l’un et l’autre et de toute éternité ennemis ; mais les hostilités violentes n’ont éclaté qu’à l’époque indiquée par le livre Apadno. De même, lors de l’irrémédiable défaite d’Adonaï, celui-ci ne sera pas détruit, — Lucifer daigne reconnaître que cela n’est pas en son pouvoir, — mais enchainé à jamais et mis une fois pour toutes dans l’impossibilité absolue de recommencer à faire le mal. J’aurai, d’ailleurs, à reparler de tout cela, au chapitre de l’Antéchrist.

Pour le moment, occupons-nous seulement de la hiérarchie luciférienne, des armées du prétendu Dieu-Bon, de leur composition et de leur manière de combattre.

En palladisme, on appelle daimons, — ou daimones, puisqu’il y a les deux sexes chez messire Satanas, — les diables qui font partie de l’armée organisée. C’est uniquement de ces diables-là qu’on entend parler quand on dit qu’ils sont au nombre de 44.435.633. Il y a aussi onze milliards de lutins et lutines, menus diablotins, poussière de diables, et deux cents milliards d’humains trépassés, devenus élus du Dieu-Bon à divers degrés, selon leurs mérites, sans compter les élus ayant vécu en de nombreux astres.

Pour justifier ce nombre d’élus (catholiques, nous dirions : de damnés), les théologiens lucifériens partent du raisonnement, du reste, fort inexact, que voici :

— Les adonaites, disent-ils, sont obligés de reconnaître que le catholicisme romain, hors duquel ils nient le salut, ne compte que deux cent dix millions d’adeptes, sur un milliard quatre cents millions d’habitants du globe terrestre ; et encore avouent-ils que, sur cette quantité si restreinte de leurs adeptes, le nombre des élus admis au ciel de leur dieu est infime. Beaucoup d’appelés, peu d’élus, tel est l’aveu de l’Église catholique romaine. D’autre part, il faut reconnaître que des civilisations ont existé sur la terre et ont prospéré, en dehors de la connaissance des rédacteurs de la Bible, laquelle ne voit pour ainsi dire que le peuple juif et les nations en rapport avec lui ; les premiers théologiens de l’adonaïsme n’ont pas seulement soupçonné l’existence des races jaune et rouge de la Chine et des deux Amériques. Ajoutez à cela les constantes découvertes archéologiques, qui témoignent que notre planète a été colossalement peuplée en des temps immémoriaux, que des continents ont disparu, etc. Tenez compte de la moyenne de la vie humaine, et vous verrez qu’on peut aisément, pour faire un calcul de parfait équilibre, évaluer à quatre milliards par siècle, au minimum, les humains qui passent et ont passé de vie à trépas, en dehors du catholicisme romain ; soit, deux cents milliards en chiffres ronds.

Quant à la justification des onze milliards de lutins et lutines, nous allons voir dans un instant, à propos d’Hermès et d’Ariel, comment les palladistes prétendent l’établir.

L’armée organisée se compose donc, au-dessous de Lucifer : des quatre princes souverains, dont une reine, Baal-Zéboub, Astaroth, Astarté et Moloch, — Hermès et Ariel, en ce qui concerne les combats, ont une mission spéciale, en dehors de l’armée principale ; — des princes Léviathan et Béhémoth ; des premiers grands stratèges, des grands stratèges à titre égal, des grands stratèges en second, et des stratèges, formant les cinquième, sixième et septième rangs de la hiérarchie ; et enfin de 6666 légions de daimons et daimones, chaque légion étant de 6666 esprits du feu ; le chef de légion et les officiers sous ses ordres sont compris dans les 6666.

Défalcation faite des 77 génies supérieurs de la hiérarchie, l’effectif total de l’armée organisée est ainsi de 44.435.556 combattants, lesquels se classent encore comme suit : — 29.623.704 daimons. ; — 7.479.252 daimones ; — et 7,332,600 daimons insexuels. Ces derniers sont, censément, des maléachs d’Adonaï qui ont passé à Lucifer, dans des circonstances mémorables qu’il serait fastidieux de rapporter ici.

L’armée se divise en troupes rangées en ordre de bataille (3.366 légions) et en troupes dispersées (3.300 légions). Les premières sont celles que commandent Astaroth, Astarté et Moloch ; les secondes sont sous les ordres de Léviathan et Béhémoth. Le généralissime Baal-Zéboub dirige tout.

Quant à Hermès et Ariel, ils ne prennent pas part aux grands combats.

Nous avons vu qu’Hermès est qualifié de prince de la Terre. Il y a, en effet, disséminés sur notre globe, autant de lutins et lutines que d’êtres humains vivants, sans compter les diables de plus ou moins d’importance délégués aux divisions adonaïtes (diocèses) pour combattre l’influence des anges gardiens d’Adonaï, ou délégués aux états, aux provinces, aux villes, toujours pour contrecarrer l’action chrétienne. Hermès est le grand chef de tout ce menu fretin infernal ; mais les délégués aux diocèses, aux états et aux provinces sont des chefs de légion, faisant partie de l’armée régulière, tout en agissant sur terre, dans les intervalles qui séparent les grandes batailles.

Une organisation semblable existe en Oolis, planète beaucoup moins importante que la nôtre, et appartenant à un autre monde solaire. La Terre et Oolis sont les deux seuls astres où Adonaï a encore des adorateurs. Partout ailleurs, Lursifer a définitivement vaincu. Ariel est donc prince d’Oolis, dans les mêmes conditions qu’Hermès est prince de la Terre ; mais il n’a que six cents millions de lutins sous ses ordres, tandis qu’Hermès en a un milliard quatre cents millions environ.

Ainsi sont classés deux milliards de lutins.

Les neuf autres milliards, ayant été délégués à d’autres astres aujourd’hui rentrés dans l’ordre, sont actuellement sans emploi, vaquant dans l’immensité de l’univers, mais prenant une certaine part à l’action, aux jours de grande bataille. Lors de ces rencontres terribles, les chefs de légion quittent la Terre et Oolis et regagnent leurs corps respectifs ; les mutations de ce genre, très bien réglées, s’opèrent instantanément.

Pour se faire une idée des combats surnaturels, tels que les décrit le livre Apadno, il faut savoir, avant tout, qu’il y a trois espaces ou régions infinies :

L’espace d’en haut, royaume du feu, a une hauteur et une largeur sans fin, et n’est limité, jusqu’au 8 paophi 000999, que dans sa partie inférieure.

L’espace d’en bas, royaume de l’eau, a une profondeur et une largeur sans fin, et n’est limité que dans sa partie supérieure ; cet espace est destiné à l’absorption, c’est-à-dire à disparaître.

Entre les deux espaces d’en haut et d’en bas, c’est-à-dire entre le domaine de Lucifer et le domaine d’Adonaï, s’étend l’espace du milieu, appelé éther, nappe infinie seulement dans le sens de la largeur. C’est là que se meuvent les mondes matériels d’astres, matière à laquelle Adonaï préside, tandis que Lucifer préside à la force qui donne le mouvement.

Et c’est dans l’espace éthéré que se livrent les batailles.

En temps ordinaire, esprits du feu (daimons) et esprits de l’eau (maléachs) vont et viennent par l’éther, autour des soleils, des étoiles, des planètes et de leurs satellites ; de là, des collisions, des escarmouches, surtout du côté de la Terre et du côté d’Oolis, les seuls deux endroits d’où les maléachs n’ont pas été encore totalement expulsés.

Quand Adonaï a commis trop d’énormes iniquités, — je cite le livre Apadno, — quand l’injure trop grande crie vengeance, Baal-Zéboub vient devant le trône de Lucifer et sollicite l’autorisation de combattre, qui ne lui est jamais refusée.

Alors, ce qui se passe ferait mourir l’humanité de frayeur, si elle le voyait ; les chocs entre daimons et maléachs sont épouvantables.

C’est Léviathan qui entame la lutte avec son armée de plongeurs. Léviathan a le titre de grand amiral ; il commande à 2.200 légions de daimons, c’est-à-dire à 14.665.200 esprits du feu qui plongent dans le royaume de l’eau, portent le trouble au domaine d’Adonaï, et obligent les maléachs à sortir, à paraître au milieu éthéré, où les autres légions de Lucifer les attendent.

Les trois corps formidables, à la tête desquels sont Astaroth, Astarté et Moloch, sont rangés en bon ordre, tandis qu’au-dessus d’eux, descendus du royaume du feu et formant coupole, sont disposés, comme des nuées épaisses, les 1.100 légions de Béhémoth, ayant encore comme seconde couche les neuf milliards de lutins disponibles, et, comme troisième couche, les deux cents milliards d’élus terrestres du Dieu-Bon, sans compter les milliards et trillions d’élus lucifériens provenant des autres mondes.

Les 1.100 légions d’insexuels commandés par Béhémoth ont aussi le nom de « frétillants » ou « daimons qui frétillent de la queue ». En effet, s’il faut en croire certains conférenciers palladistes, les autres daimons n’ont pas de queue ; ceux-ci, anciens maléachs déserteurs, sont seuls à en posséder, queues énormes, pleines d’écailles, que Lucifer, au surplus, a considérablement allongées. Les légions de Béhémoth, agitant ces immenses queues, en cinglent avec vigueur les maléachs qui chercheraient à s’échapper, à franchir cette double et triple coupole.

Avant la bataille, c’est-à-dire avant que les plongeurs de Léviathan remplissent leur office, Lucifer, entouré de Baal-Zéboub et de son état-major, passe en revue ses armées, qui défilent devant lui. D’abord, ce sont les 2.200 légions de plongeurs, qui, une fois inspectés, se disposent, disséminés à travers les régions inférieures de l’éther, à s’élancer, au premier signal, dans le royaume humide. Puis, viennent les 1.100 légions frétillantes de Béhémoth ; ces 7.332.600 anciens maléachs reçoivent les encouragements du Dieu-Bon, qui, selon sa promesse, doit leur donner le sexe féminin, quand les temps seront accomplis, c’est-à-dire au lendemain même du triomphe définitif ; après quoi, ils prennent place dans les régions supérieures éthérées, comme il vient d’être dit, rangés en coupole, leurs longues queues pendantes et s’agitant déjà, pareilles à des nuées de lanières électriques. Enfin, paraissent les trois corps d’armée d’Astaroth, Astarté et Moloch, chacun se composant de 1122 légions, réparties en grandes colonnes et en colonnes simples, en tout 22,437,756 esprits du feu, les plus batailleurs, dont les démones forment le tiers. On distingue ces trois corps par les dénominations d’aile droite, d’aile gauche et de centre, à raison de leur disposition quand ils se mettent en ligne, soit au royaume du feu pour une parade, soit lorsqu’ils reçoivent l’ordre, non de combattre, mais de balayer de l’éther les maléachs échappés en trop grand nombre du royaume de l’eau ; dans ce cas, dit le livre Apadno, les armées de la lumière marchent en ligne immense et chassent devant elles les esprits de ténèbres par une poussée irrésistible, jusqu’à ce que ceux-ci aient réintégré l’humide domaine. Au contraire, en cas de grande bataille, les trois corps défilent devant le Dieu-Bon, la grande colonne de Bacchus ouvrant la marche, qui se termine par la grande colonne de Kakapoïto, et, celle-ci rejoignant celle-là, le cercle est formé.

C’est alors que le signal est donné par Lucifer, qui s’est placé au centre ; Baal-Zéboub va et vient dans tous les sens. Sous l’impulsion des plongeurs de Léviathan, les maléachs sortent et reçoivent les coups, que, du reste, ils rendent de leur mieux. Tous les efforts des plongeurs doivent tendre aussi à contraindre Adonaï à sortir, afin qu’il se rencontre dans l’éther avec son tout-puissant adversaire. Etant donné que c’est surtout la matière qui domine en Adonaï, puisqu’il en est le principe, Lucifer le combat matériellement. Daimons et maléachs se bourrent de coups, en poussant des cris effroyables ; quelquefois même, Lucifer lance contre Adonaï un astre de formation relativement récente et non classé encore ; c’est ainsi que le Palladisme explique la mystérieuse et extraordinairement rapide course de certaines comètes, venant on ne sait d’où à travers l’espace, pour aller se perdre on ne sait où, en suivant une ligne qui n’est ni elliptique ni circulaire, au contraire des autres astres.

Les esprits des deux royaumes ennemis sont dits immortels les uns vis-à-vis des autres ; en d’autres termes, les daimons ne peuvent, dans leurs combats, détruire les maléachs, et réciproquement, sauf au jour de la dernière grande bataille décisive (8 paophi 000899). D’ici là, seul Lucifer a le pouvoir d’anéantir d’une façon absolue un ou plusieurs de ses daimons, comme Adonaï peut exercer la même puissance exterminatrice vis-à-vis de ses maléachs. Dans ces conditions, est considérée comme victoire la bataille qui se termine par la rentrée des maléachs en leur domaine sous les coups des daimons, lorsque Lucifer ayant jugé que c’en est assez, Baal-Zéboub donne l’ordre à Léviathan de ramener au ciel de feu ses plongeurs. Par contre, est considérée comme défaite la bataille dont l’issue est la déroute soit d’une des grandes colonnes de daimons, soit de trois simples colonnes intermédiaires, c’est-à-dire si une masse importante de maléachs parvient à rompre le cercle des esprits du feu ; dans ce cas, Baal-Zéboub ordonne la retraite, les plongeurs de Léviathan quittent le domaine humide et font escorte à Lucifer, les trois corps d’Astaroth, Astarté et Moloch suivent, et les frétillants de Béhémoth protègent la retraite en cinglant vigoureusement de leurs terribles queues les maléachs qui s’approcheraient de trop près, dans l’ivresse de leur succès.

Dans leurs apparitions au sein des triangles, les daimons racontent volontiers ces prétendues batailles.

Voilà ce que les théologiens lucifériens appellent « la guerre céleste contre Adonaï ». Tout cela n’est que formidable mensonge ; mais certains esprits faibles, qui se croient esprits forts, sont séduits par de tels récits. Voici même une remarque que j’ai faite : il n’y a pas, en réalité, d’athée dans le sens strict du mot ; grattez le matérialiste, vous trouverez toujours, sous l’écorce de son scepticisme, un instinct de croyance au surnaturel, et cet instinct se réveille souvent au contact des imposteurs satanistes. C’est ainsi que plus d’une fois j’ai entendu, à la sortie d’une conférence palladiste, des gens qui se donnaient pour matérialistes et n’avaient été recrutés qu’à raison de leur anticatholicisme forcené, dire, en parlant des théories saugrenues du luciférianisme pur, habilement exposées par un orateur de ce néognosticisme manichéen : « Si pourtant tout cela était vrai ? » Et ce sont les mêmes qui refusent d’admettre les dogmes de l’Église !… Quelle cécité !…


Je complèterai cet aperçu en donnant, d’après le livre Apadno, l’état officiel des trois corps d’Astaroth, Astarté et Moloch, c’est-à-dire des 3.366 légions qui combattent rangées en bataille.

Ces corps, qui forment l’armée principale, comportent onze grandes colonnes, dont cinq de daimones, et quarante-huit colonnes simples, dont dix-sept de daimones.

Voici, dans leur ordre d’importance, les onze grandes colonnes, dont les commandants sont dits premiers grands stratèges (cinquième rang de la hiérarchie), et grands stratèges à titre égal et encore grands stratéges en second (sixième rang de la hiérarchie) ; on n’oubliera pas que toutes les légions du centre sont celles des daimones :


Ire grande colonne (droite') ; 333 légions, de la 3.034e à la 3366e ; sous le commandement général de Kakapoïto, dit prince Yen-Vang, le glorieux d’Asie, premier grand stratège.

IIe grande colonne (gauche) ; 300 légions, de la 1re  à la 300e ; sous le commandement général de Bacchus, dit Léonard, premier grand stratège, grand-maître des sabbats.

IIIe grande colonne (droite) ; 203 légions, de la 2.708e à la 2.910e ; sous le commandement général de Dagon, premier grand stratège. Cette IIIe grande colonne est dite colonne triple, parce qu’elle est formée de trois colonnes simples réunies : une, de 77 légions, dont Dagon s’est réservé le commandement direct ; une autre, de 66 légions, sous le commandement spécial de Baël, grand stratège en second ; et la dernière, de 60 légions, sous le commandement spécial d’Abigor, grand stratège en second.

IVe grande colonne (centre) ; 200 légions, de la 1584e à la 1783e ; sous le commandement général de la princesse Paymon, première grande stratège, la première des daimones après Astarté (c’est elle qui a été Junon).

Ve grande colonne (gauche) ; 180 légions, de la 472e à la 651e ; sous le commandement général de Mammon, premier grand stratège, archiduc ou grand duc de Sutroïth.

VIe grande colonne (droite) ; 150 légions, de la 2.245e à la 2.394e. Cette VIe grande colonne est dite colonne double, parce qu’elle est formée de la réunion de deux colonnes simples ; le commandement général est déféré à deux grands stratèges à titre égal, agissant ensemble pour décider des mouvements des 150 légions, mais se partageant la direction : Bélial, spécialement à la tête de 80 légions ; Bitru, spécialement à la tête de 70 légions.

VIIe grande colonne (gauche) ; 138 légions, de la 985e à la 1.222e ; sous le commandement général d’Abaddon, dit l’Exterminateur, premier grand stratège.

VIIIe grande colonne (centre) ; 130 légions, de la 2.413e à la 2.244e. Cette VIIIe grande colonne est dite colonne double, étant formée de la réunion de deux colonnes simples ; commandement général déféré à deux grandes stratèges à titre égal, agissant ensemble pour la décision des mouvements, mais s’en partageant la direction : la grande duchesse Byleth, spécialement à la tête de 80 légions ; la duchesse Sabnac, spécialement à la tête de 50 légions.

IXe grande colonne (centre) ; 129 légions, de la 1.880e à la 2.008e ; sous le commandement général de la grande duchesse Gusoyn, première grande stratège. Cette IXe grande colonne est dite colonne triple, étant formée de trois colonnes simples réunies : une, de 48 légions, dont Gusoyn s’est réservé le commandement direct ; une autre, de 45 légions, sous le commandement spécial de la grande duchesse Pucel, grande stratège en second ; et la dernière de 36 légions, sous le commandement spécial de la marquise Vapula, grande stratège en second.

Xe grande colonne (centre) ; 190 légions, de la 1.123e à la 1.242e. Cette Xe grande colonne est dite colonne double, la réunion de deux colonnes simples la formant ; le commandement général appartient à deux grandes stratèges à titre égal, agissant d’un commun accord pour la décision des mouvements, mais s’en partageant la direction : la comtesse Gaap, spécialement à la tête de 60 légions ; la duchesse Otis, spécialement à la tête d’un même nombre de légions.

XIe grande colonne (centre), 103 légions, de la 1.375e à la 1.477e ; sous le commandement général de la grande duchesse Agarès, première grande stratège. Cette XIe grande colonne est dite colonne triple, étant formée de trois colonnes simples réunies : une, de 31 légions, dont Agarès s’est réservé le commandement direct ; une autre, de 36 légions, sous le commandement spécial de la grande duchesse Valafar, grande stratège en second ; et la dernière, aussi de 36 légions, sous le commandement spécial de la comtesse Ipès, grande stratège en second.

Les grandes colonnes sont les troupes d’élite. Quant aux colonnes simples, elles vont être énumérées, en faisant connaître l’ordre du défilé, tel qu’il a lieu devant Lucifer, Baal-Zéboub et le grand-état-major général. On aura ainsi également l’état de l’armée principale rangée en ligne pour les parades au royaume du feu et pour les manœuvres d’expulsion des maléachs lorsqu’ils encombrent l’espace du milieu.

L’aile gauche, dont le commandant en chef est Astaroth, avec le titre de roi, compte, en sus de ses trois grandes colonnes : une colonne, de 50 légions ; trois colonnes, de 40 légions chacune ; trois, de 36 ; une, de 33 ; trois, de 30 ; une, de 27 ; une, de 22 ; deux, de 20 ; et une, de 14.

Le centre, dont la commandante en chef est Astarté, avec le titre de reine, compte, en sus de ses cinq grandes colonnes : sept colonnes, de 30 légions chacune ; une, de 27 ; quatre, de 26 ; quatre, de 20 ; et une, de 19.

L’aile droite, dont le commandant en chef est Moloch, avec le titre de roi, compte, en sus de ses trois grandes colonnes : trois colonnes, de 36 légions chacune ; cinq, de 30 ; une, de 29 ; cinq, de 26 ; et une, de 19.

Voici maintenant l’ordre du défilé (les stratèges appartiennent au septième rang de la hiérarchie) :

AILE GAUCHE (Astaroth)

IIe grande colonne : Bacchus dit Léonard ; 300 légions.

Colonne 29 : Furfur, stratège ; 27 légions. — Colonne 8 : Caacrinolaas, stratège ; 36 légions. — Colonne 9 : Marbas, stratège ; 36 légions. — Colonne 5 : Alocer, stratège ; 36 légions. — Colonne 39 : Pursan, stratège ; 22 légions. — Colonne 48 : Asmodée, stratège ; 14 légions.

Ve grande colonne : Mammon ; 180 légions.

Colonne 45 : Sialul, stratège ; 20 légions ; — Colonne 19 : Zagam, stratège ; 30 légions. — Colonne 11 : Haagenti, stratège ; 33 légions. — Colonne 3 : Balan, stratège ; 40 légions. — Colonne  : Malphas, stratège ; 40 légions. — Colonne 1 : Buër, stratège ; 50 légions. — Colonne 2 : Amon, stratège ; 40 légions. — Colonne 18 : Volac, stratège ; 30 légions. — Colonne 21 : Caym, stratège ; 30 légions. — Colonne 41 : Orvobas, stratège ; 20 légions.

VIIe grande colonne : Abaddon ; 138 légions.

CENTRE (Astarté)

Xe grande colonne : Gaap et Otis : 120 légions.

Colonne 32 : Bérith, stratège ; 26 légions. — Colonne 28 : Vépar, stratège ; 27 légions. — Colonne 23 : Marcocias, stratège ; 30 légions. — Colonne 25 : Raüm, stratège ; 30 légions. — Colonne 46 : Vinc, stratège ; 19 légions.

XIe grande colonne : Agarès (en premier), Ipès et Valafair (en second) ; 103 légions.

Colonne 44 : Flauros, stratège ; 20 légions. — Colonne 26 : Scox., stratège ; 30 légions. — Colonne 14 : Bathym, stratège ; 30 légions. — Colonne 36 : Halphas, stratège ; 26 légions.

IVe grande colonne : Paymon ; 200 légions.

Colonne 34 : Gomory, stratège ; 26 légions. — Colonne 43 : Phœnix, stratège ; 20 légions. — Colonne 15 : Bune, stratège ; 30 légions. — Colonne 42 : Furcas, stratège ; 20 légions.

IXe grande colonne : Gusoyn (en premier), Pucel et Vapula (en second) ; 129 légions.

Colonne 22 : Loray, stratège : 30 légions. — Colonne 16 : Gamygyn, stratège ; 30 légions. — Colonne 40 : Cimériès, stratège ; 20 légions. — Colonne 33 : Bifrons, stratège ; 26 légions.

VIIIe grande colonne : Sarnac et Byleth ; 130 légions.

AILE DROITE (Moloch)

VIe grande colonne : Bélial et Bitru ; 150 légions.

Colonne 27 : Foray, dit Morax, stratège ; 29 légions. — Colonne 20 : Zépar, stratège ; 30 légions. — Colonne 13 : Androalphus, stratège ; 30 légions. — Colonne 10 : Orias, stratège ; 36 légions. — Colonne 7 : Wall, stratège ; 36 légions. — Colonne 6 : Amy, stratège ; 36 légions. — Colonne 24 : Focalor, stratège ; 30 légions. — Colonne 12 : Andras, stratège ; 30 légions. — Colonne 17 : Décarabia, stratège ; 30 légions. — Colonne 30 : Amduscias, stratège ; 26 légions.

IIIe grande colonne : Dagon (en premier), Abigor et Bael (en second) ; 203 légions.

Colonne 37 : Pruflas, stratège ; 26 légions. — Colonne 35 : Haborym, stratège ; 26 légions. — Colonne 38 : Stolas, stratège ; 26 légions. — Colonne 31 : Barbatos, stratège ; 26 légions. — Colonne 47 : Oms, dit Cerbère ou Nabérus, stratège ; 19 légions.

Ire grande colonne : Kakapoïto, dit Yen-Vang ; 333 légions.


En ajoutant aux noms de daimons et daimones figurant dans le tableau ci-dessus ceux de Baal-Zéboub, Hermès, Ariel, Léviathan et Béhémoth, on a la totalité des esprits supérieurs, qui forment, avec Lucifer et au-dessous de lui, en sept rangs de la hiérarchie, ce qu’en occultisme maçonnique on voile sous l’expression, incompréhensible aux imparfaits initiés et aux profanes : LE NOMBRE MYSTÉRIEUX 77.

Ici, une observation est nécessaire. Il est de toute évidence que le livre Apadno ment avec audace, lorsqu’il prétend que les armées de Lucifer donnent fréquemment l’assaut au Dieu des chrétiens et lui infligent le plus souvent des défaites ; mais, en ce qui concerne la composition même de ces armées maudites, il peut y avoir une certaine part de vérité. En effet, j’ai été frappé de la concordance qui existe sur ce point entre le livre Apadno et les principaux auteurs démonographes qui font autorité. Nulle part on ne trouve il est vrai, un tableau aussi complet, aussi précis que celui que je viens de reproduire ; toutefois, quand on rapproche les unes des autres les constatations des réponses données par les diables possesseurs dans les procès-verbaux d’exorcisations, on reconnait que tous ces démons se sont manifestés et ont indiqué, pour faire valoir leur puissance, précisément les nombres de légions relatés par le livre sacré luciférien. En glanant et réunissant les informations (basées sur des aveux démoniaques en affaires de possession) de Bodin, de Jean Wier ; de dom Calmet, de Collin de Plancy, de l’abbé Migne, on arrive exactement, sauf une seule exception, aux chiffres palladistes. Muni de mes notes prises sur le livre Apadno, j’ai pointé les renseignements des auteurs catholiques ; eh bien, tout concorde, excepté pour Sialul, stratège de l’aile gauche. Ce Sialul n’est mentionné par aucun démonographe chrétien ; en revanche, on le trouve dans Albert Pike et dans Éliphas Lévi : ce dernier le cite comme génie de la prospérité, daimon de la septième heure ; Albert Pike, à la légende luciférienne qui prétend que Baal-Zéboub a connu Saraï et est le père d’Isaac, montre Sialul arrêtant le bras d’Abraham et plus loin l’appelle commandant de 20 légions. Or, ce nombre de 20 légions complète les chiffres relevés dans les démonographes chrétiens, pour arriver au total de 3.666 (armée principale). Ceci me parait significatif. Je dois aussi faire une remarque pour Kakapoiïto ; ce démon ne figure pas dans les constatations des démonographes chrétiens, du moins sous ce nom. Mais je trouve Yen-Vang, commandant à 333 légions, et on l’appelle le chef des diables opérant en Chine. D’autre part, dans les révélations palladiques, Kakapoïto est également qualifié de « Glorieux d’Asie » et « prince Yen-Vang », commandant à 333 légions. Il n’y a donc pas d’erreur ; c’est bien le même.

Les titres de noblesse que Lucifer accorde à certains daimons et daimones sont indépendants des grades de commandement ; ils sont conférés pour récompenser la vaillance, pour conserver la mémoire de grands exploits. C’est ainsi qu’on trouve des duchesses et même des princes parmi les chefs de légion, ne commandant qu’à 6.666 diables. Je me suis servi des termes usités parmi les hommes, afin de ne pas ahurir le lecteur par des mots dont il ne découvrirait pas le sens. Disons toutefois que, dans le langage diabolique, un Séraltern équivaut à un prince, un Prestgraalpich à un archiduc, un Graalpich à un duc, un Colasdor à un marquis, un Piouffmaël à un comte, un Bolak à un baron ; ce sont là les titres réels de la cour infernale. L’application du titre à une daimone s’indique par un redoublement de l’initiale : Sséraltern, Ppresigraalpich, etc. Au contraire, l’application à un insexuel (des frétillants de Béhémoth) s’indique par un redoublement de la finale : Séralternn, Prestgraalpichh, etc. Albert Pike, dans Le Livre des Révélations, consacre tout un chapitre à une sorte de grammaire de la « langue particulière des daimons au royaume du feu » ; ce chapitre-là n’est pas un des moins curieux.

Quant aux chefs de légion, ils sont au nombre de 6.666, comme on sait. Le livre Apadno en donne la liste au complet et cite de nombreux traits à l’actif des principaux ; on trouve aussi d’autres épisodes dans Livre des Révélations, dans le Verbe Suprême et autres ouvrages secrets de ce genre. :

Lorsque la mort enleva le vieux Pike à l’admiration de la maçonnerie universelle, il avait presque achevé de composer, sous l’inspiration directe de Satan, un calendrier palladique, c’est-à-dire absolument luciférien, où les saints sont remplacés par des diables, non pas au hasard, mais dans un esprit d’opposition très arrêté. Par ce calendrier, on a la clef des imprécations à proférer contre tel saint ou telle sainte, quand on veut se rendre tel daimon ou telle daimone particulièrement favorable. Le Sérénissime Grand Collège de Charleston termina le travail d’Albert Pike ; mais son successeur Georges Mackey ne mit pas le nouvel almanach en vigueur dans les triangles et se borna à créer une fête, sans même la rendre obligatoire. Lemmi a repris cette œuvre pour son compte, et il vient de promulguer, à l’usage exclusif des triangles, le calendrier palladique pour l’an 000895 de la Vraie Lumière, avec mois égyptiens et mois israélites, onzaines cabalistiques et semaines magiques, plus six épagomènes, dont un quatriennal. L’année palladique commence au 21 mars : le nouvel almanach occulte correspond donc à 1895-1896. La place me faisant défaut ici, je le reproduirai en entier dans la Revue Mensuelle, numéro de janvier 1895[1] ; car c’est un document des plus significatifs. On peut voir ainsi les moments où Satan excite le plus vivement ses adeptes au sacrilège, et prévoir, par conséquent, les époques où les tabernacles des églises catholiques courront les plus pressants dangers de la part des misérables dont la spécialité est le vol des hosties consacrées. C’est ainsi que, du 19 février au 19 mars 1896, on peut s’attendre à de nombreux vols de ce genre exécrable ; car, en l’an 000895 palladique, au lendemain du 30 phaménoth, est l’épagomène des 7 pains, qui a lieu tous les quatre ans : ce jour-là, qui correspond au 5 nissan (calendrier israélite) et au 20 mars (calendrier grégorien), tout Mage Élu, et toute Maitresse Templière Souveraine devront apporter au Parfait Triangle chacun sept hosties consacrées, obtenues n’importe comment au cours des deux onzaines des arcanes et de la divine septaine qui précèdent ; ce jour, dit fête d’Amon, stratège de la colonne 2, qui vient immédiatement après la 1re  petite fête d’Astaroth en Hermèsdi et la 2e petite fête de Baal-Zéboub en Arieldi, est, aux années bissextiles, désigné pour une orgie de profanations, appelée « la Solennité des 7 expiations ». L’institution de cette fête est d’Albert Pike ; mais elle n’avait pas encore été célébrée obligatoirement ; maintenant, elle le sera désormais.

Les principales fêtes palladiques, résultant du décret par lequel Lemmi promulgue ce calendrier infernal, sous prétexte de dérouter l’espionnage des adonaïtes[2], sont au nombre de quarante-sept, dans les années ordinaires, et quarante-huit, chaque année bissextile. Elles sont divisées en cinq classes. Selon Albert Pike, les fêtes des quatre premières classes ont été fixées par le Dieu-Bon lui-même, et leur nombre est ainsi limité et immuable. Les fêtes de la cinquième classe (actuellement au nombre de treize) ont leur institution réservée au Souverain Pontife de la secte, et leur quantité peut ainsi être accrue.

Ces fêtes principales se divisent encore comme suit : 1° Fêtes Divines ;Fêtes des Génies Supérieurs ;Fêtes diverses de haute classe.

La première classe seule est pour les Fêtes Divines, au nombre de trois, une fixe et deux mobiles. La « 1re  grande fête du Dieu-Bon » correspond au 25 décembre, fête chrétienne de Noël, 5 tybi, dit Jour du Solstice Maudit ; la « 2e grande fête du Dieu-Bon », au Vendredi-Saint ; la « 3e grande fête du Dieu-Bon », à la Fête-Dieu.

Les Fêtes des Génies Supérieurs sont au nombre de vingt-deux et toutes d’institution céleste ; elles sont de seconde, troisième et quatrième classes.

Baal-Zéboub a une grande fête et deux petites fêtes, toutes les trois fixes. Sa grande fête (2e classe) est au 8 paophi, soit au 29 septembre ; sa 1re  petite fête (3e classe) est au 11 athir, soit au 1er  novembre ; sa 2e petite fête (3e classe) est au 29 phaménoth, dans les années ordinaires, soit au 19 mars. — Ici, il est bon de noter que, dans le calendrier palladique nouvellement mis en vigueur, il y a vingt jours mobiles comme correspondance avec le calendrier grégorien : du 11 au 30 phaménoth, qui sont du 1er  au 20 mars, dans les années ordinaires, et du 29 février au 19 mars, dans les années bissextiles, l’épagomène quatriennal tombant le 20 mars, c’est-à-dire entre phaménoth et pharmuthi, selon l’usage des mages égyptiens.

Astaroth a une grande fête et deux petites fêtes, toutes les trois fixes. Sa grande fête (2e classe) est au 5 pharmuthi, soit au 25 mars ; sa 1re  petite fête (4e classe) est au 28 phaménoth, ans ordinaires, soit au 18 mars ; sa 2e petite fête (4e classe) est au 29 épiphi, soit au 22 juillet.

Astarté à une grande fête et deux petites fêtes, toutes les trois fixes. Sa grande fête (2e classe) est au 23 mésori, soit au 15 août ; sa 1e petite fête (4e classe) est au 18 chœac, soit au 8 décembre ; sa 2° petite fête (4e classe) est au 24 paophi, soit au 15 octobre.

Moloch à une grande fête et deux petites fêtes, toutes les trois fixes. Sa grande fête (2e classe) est au 6 épiphi, soit au 29 juin ; sa 1re  petite fête (4e classe) est au 21 thoth, soit au 12 septembre ; sa 2e petite fête (4e classe) est au 12 mésori, soit au 4 août.

Hermès a une grande fête, mobile, et deux petites fêtes, fixes. Sa grande fête (2e classe) correspond au dimanche de la Pentecôte ; sa 1re  petite fête (4e classe) est au 8 mésori, soit au 31 juillet ; sa 2e petite fête (4e classe) est au 17 phaménoth, ans ordinaires, soit au 7 mars.

Ariel à une grande fête et deux petites fêtes, toutes les trois fixes. Sa grande fête (2e classe) est au 3e épagomène en épiphi, soit au 24 juin ; sa 1re  petite fête (4e classe) est au 7 payni, soit au 25 mai ; sa 2e petite fête (4e classe) est au 15 paophi, soit au 6 octobre.

Léviathan a une grande fête et une petite fête, toutes deux fixes. Sa grande fête (3e classe) est au le 1er  pharmuthi, jour de l’an palladique, soit au 21 mars ; sa petite fête (4e classe) est au 7 tybi, soit au 27 décembre.

Béhémoth à une grande commémoration, qui est surtout affectée à la glorification des 1100 légions de daimons frétillants, et personnellement il a une grande fête ; les deux sont fixes. La commémoration de Béhémoth et de ses 1100 légions (2e classe) est au 11 paophi, soit au 2 octobre ; sa fête personnelle (3e classe) est au 13 paophi, soit au surlendemain 4 octobre.

Les Fêtes diverses de haute classe sont au nombre de vingt-trois, dont dix d’institution céleste, exclusivement des 3e et 4e classes, et treize d’institution humaine (5e classe).

Les dix fêtes d’institution céleste sont les suivantes :

Fêtes de troisième classe : — Grande Fête du Palladium (Baphomet), mobile, correspondant au dimanche de Pâques. — Grande Fête du Très Saint 666 (Antichrist), mobile, correspondant au jour de l’Ascension, jeudi. — Fête des Incarnations (en style de paganisme gréco-romain, on dirait : la Saint-Priape), mobile, correspondant à la fête du Sacré-Cœur, vendredi. — Solennité des Grands Sacrifices Expiatoires, fixe, au 14 mésori, soit au 6 août. — Fête anniversaire du 1er  coup de canon, ou Commémoration luthérienne, fixe, au 20 chœac, soit au 10 décembre. — Fête anniversaire du 2e coup de canon ou Commémoration de l’Ultion anti royale, fixe, au 2 mékir, soit au 21 janvier. — Fête anniversaire du 3e coup de canon, ou Commémoration de la Justice antipapale, fixe, au 29 thoth, soit au 20 septembre.

Fêtes de quatrième classe : — Grande Fête de la Nature, ou Solennité du Solstice Béni, fixe, au 2 épiphi, soit au 21 juin. — Fête des Quinze grands Triomphes célestes, fixe, au 16 paophi, soit au 7 octobre. — Solennité des Sept Expiations, ou Jour des Sept Pains, fête fixe, mais tous les quatre ans seulement, ayant lieu à l’épagomène quatriennal, soit au 20 mars des années bissextiles.

Les treize fêtes (uniquement de cinquième classe) instituées par les Souverains Pontifes de la Maçonnerie universelle, sont les suivantes :

Institutions du premier pontificat : — Commémoration de la Révélation de Béhémoth, mobile ; correspondant au dimanche, de la Trinité. — Solennité des Grandes Imprécatoires contre Lilith, fixe, au 17 thoth, soit au 8 septembre. — Fête des Promesses, fixe, au 12 tybi (jour du Pendu), soit au 1er  janvier. — Commémoration de la Gnose, fixe, au 17 tybi (jour de l’Étoile d’espérance), soit au 6 janvier. — Commémoration romaine de saint Simon, fixe, au 29 tybi, soit au 18 janvier. — Commémoration de saint Apollonius et Gémonies philosophiques, fixe, au 23 thoth, soit au 14 septembre. — Commémoration philosophique de saint Julien ; fixe, au 4e épagomène en épiphi, soit au 2 juin. — Commémoration alexandrienne, ou fête de sainte Hypathie, fixe, au 9 mékir, soit au 28 janvier. — Commémoration du Temple, ou fête de saint Jacques, fixe, au 21 phaménoth, soit au 11 mars.

Institution du deuxième pontificat : — Commémoration albigeoise, fixe, au 19 épiphi, soit au 12 juillet. :

Institutions du troisième pontificat : — Fête de la résurrection du Peuple, au 27 chœac, soit au 17 décembre. — Commémoration de saint Christmoque, fixe, au 1er  chœac, soit au 21 novembre. — Fête incinératoire des Dépouilles Opimes, fixe, au 23 épiphi, soit au 16 juillet.

Les principales fêtes du Palladisme sont donc : trois, de 1re  classe ; sept, de 2e classe ; onze, de 3e classe ; treize, de 4e classe, dans les années ordinaires, et quatorze, dans les années bissextiles ; enfin, treize, de 5e classe, le nombre de ces dernières pouvant être augmenté.

Tous les daimons et daimones grands stratèges, grandes stratèges, et stratèges, ont leur fête dans le calendrier palladique. Les places restantes sont occupées par des chefs de légion, des deux sexes ; ce sont surtout les chefs appartenant aux grandes colonnes, et le numéro matricule de la légion que commande chaque diable ou diablesse est indiqué dans le calendrier. Le souverain pontife de la secte peut substituer, pour être ainsi fêté, un daimon à un autre, selon l’importance des exploits nouveaux qu’il découvre dans l’étude des livres sacrés ou dont il a connaissance par des communications de haute magie ; toutefois, il n’y a pas en réalité suppression absolue de ces fêtes de sixième classe, primitivement indiquées : chacun reste inscrit à sa date et garde son caractère d’opposition spéciale à tel ou tel saint du calendrier catholique ; les nouveaux inscrits viennent s’ajouter aux premiers, et les fidèles peuvent invoquer et évoquer les uns et les autres à leur choix, et les fêter, ainsi du reste que tout génie quelconque inscrit dans le livre Apadno ou le Livre des Révélations.

Je ne crois pas inutile de reproduire ici un assez grand nombre de noms, que j’ai relevés dans ces deux livres ; ce sont les plus marquants, quoique d’autres aussi importants peuvent m’avoir échappé, je me hâte de le dire ; en tout cas, tous les chefs de légion qui figurent ci-dessous ont à leur actif des aventures assez remarquables, des exploits assez considérés en occultisme luciférien, pour avoir été signalés en dehors même de la longue et sèche liste de l’Apadno, et c’est parmi ceux-ci qu’ont été choisis par Albert Pike ou par le Sérénissime Grand Collège, Pike ayant laissé son travail inachevé, ceux désignés pour être fêtés dans le calendrier palladique :


Aaber, Abrag, Abrahel[3], Abraxax, Acentacer, Acham, Agbaps, Achaph, Aclahayr, Adjuchas, Adramalech, Æglun, Agal, Agathyon, Agnan, Agniel, Agrapit, Aharph, Alastor ou Alassor, Atfader, Algol, Alpiel, Atphun, Alrinach, Altangatufun, Amaïmon, Amûn, Aminor, Anameleck, Anarazel, Angath, Anneberg, Antichrist, Anubis, Aphrüïmis, Aphuth, Apis, Araël, Araziel, Arcker, Arioch, Arkathapias, Armilus, Aroë-Tacnitau, Arpien, Ascaroth, Ascikpassa, Asicath, Asiccan, Asima, Asmoug, Astiro, Athanbuy, Atherikinis, Ausitif, Avalamar, Axaphat, Azaël, Azazel, Azer, Azeuph.

Baalbérith, Baalpéri, Baälzéphon, Bad, Baëlboug, Bagdal, Baglis, Balam, Balay, Bali, Baltazo, Baomnestha, Baphir, Barapati, Barbeloth, Barcus, Batscumbassa, Bayemon, Bboïpilith, Bécharth, Bécheth, Bélaam, Bélich, Belphégor, Bensozia, Beyrevyra, Bitharelmon, Bissoyn, Bohinum, Briphau, Brostyx, Bucon, Butatar.

Caculus, Cahor, Caleguejers, Calph, Camaysar, Cang-Hy, Canopus, Carau, Caron, Carticeya, Causathan, Causub, Cels, Céphus, Chamoos, Chassi, Chenen, Chimère, Chiren, Chiridirellès, Choun, Claméy, Classyalabolas, Claunéck, Clistheret, Cocoto, Colloplasm, Clopatiron, Combadaxus, Cordohar, Coubéren, Cromernach, Cuniali, Cupaï, Curiul, Cuspalalahy, Cuthméraël, Cuthoxo, Cuwmyreth, Cuvningo, Cuxah, Cuymoolor.

Dabaïda, Danaël ou Danah, Daria, Delphicon, Deumus, Diambiliche, Dididi, Dlandyn, Doënik, Dorizel, Dramarastor, Drihm, Druphus, Dualbeth, Dugdug, Dyth-Palan.

Eazaz, Ebbaërn, Ebnith, Eckmon, Egrastir, Eïrnéus, Eirnilus, Eistibus, Elimy, Ellada, Emnestor, Empuse, Ennitaël, Epima, Eregbuo, Espasm, Etergadoul, Etymon, Eurynome, Ezron.

Fallaël, Farol, Fatamaya, Femilaya, Ferverdin, Focras, Foudry, Futhoë.

Gaïlan, Gambytho, Ganga-Gramma, Gargomella, Gauric, Gaziel, Ghemblym, Gilber, Giwon, Glaël, Gloriande, Gnoupall, Goap, Gomorith, Goola, Gornidas, Gorson, Gourdhiel, Grasgarben, Grézil, Grigri, Grimsta.

Haatan, Haazyn, Habondia, Hadakiel, Haël, Hahab, Hahabi, Hahem, Halacho, Halipleumon, Hatiphas, Hathanaor, Haven, Heckdekin, Hégra, Héhamaë, Heiglot, Hermanubis, Hermeline, Hermèzia, Hermider, Hermillurst, Hermione, Hizarbin, Homoth, Horey, Hostynia, Hulbel.

Iadara, Ibyreyn, Ichton, Idris, Ihomvod, Infatohel, Isacaron, Itroïpestor, Iuveller, Iuy, Ixaturhana.

Jabel, Jazer, Jelbéras, Jeptal, Jhonnfaleg, Juju, Jymstap.

Kaalmer, Kalab, Karmolek, Kataris, Kaypora, Kelby, Kelen, Khorboumelnik, Kirtabus, Kobal, Kolmouth, Koubardy, Krinprin, Kustapiel.

Labézérin, Labus, Lamarra, Léchies, Léminoddon, Lepton, Lézéar, Lhonymœl, Librabis, Linpern, Livoreth, Louftarm, Luxolph, Lytau.

Mab, Maghdim, Magoa, Maïmon, Makkah, Marnès, Mascarun, Mastiphal, Mastho, Mécrixas, Melchom, Mélusine, Méphistophel, Métapalda, Mherxal, Mhringaleth, Minoson, Misran, Mizgitari, Mizkun, Momphta, Montguel, Moraïl, Mordaël, Mullaïnah, Mullin, Murmur, Musucca, Myiagorus.

Nabam, Naëmah, Nanoni, Nantur, Napaël, Nebiros, Nembroth, Nephté, Nergal, Nergylda, Nirudy, Nithomel, Nitibus, Nitigreïndisch, Nitika, Nizzi, Nobel, Nobristy, Noguezzorel, Nomrasp, Nounaïla, Nubr, Nugduli, Numerkol, Nuxtar, Nybbas, Nysrock.

Oâh, Ob, Obéron, Obix, Oblah, Ochoaps, Odin, Oëlnak, Ograsta, Oïladdik, Olboam, Omnibor, Omphta, Oomer, Ophionée, Opertyn, Oroasoër, Ostaël, Oze.

Palatacris, Papus, Pathenéïtb, Patural, Peltapor, Penôlt, Phaldor, Phaleg, Phalgus, Phakiel, Pharzuph, Phlogabitus, Phuonisi, Picollus, Platar, Pnor, Pocel, Podraskin, Poséidon, Poussa, Prajadam, Primaprima, Primtella, Psitouy, Pulturn, Pustigriph.

Rabiggol, Rahdar, Ranapel, Ranapristam, Rappatolen, Rasamasa, Rasphuïa, Razanyl, Returpo, Rhigou dit Rigoux, Rhotyndron, Rhiehol, Rimmon, Rinoël, Risnuch, Riskya, Ritultan, Robelzark, Roë, Rosabis, Roth, Rubezahl, Ruphun, Rymerack.

Saalberg, Sabalaël, Sabasius, Sabathan, Sablil, Sabrus, Sachluph, Sagdalon, Sagen, Sagham, Sagras, Saïr, Saïsaïel, Sakhar, Sakratti, Salilus, Samaël, Sammapibus, Saôdor, Sapytho, Sarahiel, Saraïtiel, Saritaïel, Sassa, Sataaran, Schachlil, Schakuçapym, Schaltiel, Sechtnouphis, Sehdi, Sellen, Semakiel, Semential, Senacher, Senciner, Senthacer, Séola, Septivorax, Sérayiel, Serneuth, Sgagel, Skilloë, Sidragasum, Sigristh, Sinbuck, Sirsur, Sisera, Sislau, Sistro, Sith, Sithacer, Smetbaba, Sohpaër, Solimnestor, Sothis, Spillar, Sreïnd, Ssakmakiel, Stonagréi, Succor-Benoth, Suclagus, Suphlatus, Suptroumbiel, Susabo, Sustapa, Sustrugiel, Syamour, Sybacco, Sybalda, Syscherub, Systrick.

Tabelum, Tablibik, Tabris, Tacritau, Tanquam, Tarab, Tarbouchik, Téïquam, Temput, Têpiseuth, Termila, Thagrinus, Thathaprim, Thau-Barun, Themezo, Thepisatosoâ, Thespisatras, Thezogar, Thméï dite Proserpine, Thopibui, Thopithus, Thuïmis, Tiapia, Titania, Tioukiou, Tnamerkara, Toglas, Toïa, Toll, Torvatus, Toupan, Trisku, Tristouis, Tsakaël, Tsuiquam, Tukiphat, Turmaël.

Uâpinell, Ukobach, Ulpha, Uphir.

Vacaba, Vahpurtym, Vehdalta, Vemnho, Verasua, Verimzaël, Verrynn, Vhnori, Viboldanek, Viroaso, Viviane, Vlaspermalator, Voméron, Vovopéru, Vulprouk, Vulvafélix, Vunddaraël, Vyntalkoun, Vynx-Star.

Wauvherr, Wiimlazer.

Xaperlina, Xaphan, Xénapol, Xezbeth, Xiph, Xitragupten, Xoïzmihel, Xulph, Xundelpatan.

Yan-Gant-hy-Tan.

Zacharia, Zaëbos, Zahun, Zalburis, Zarapata, Zaren, Zarobi, Zeernebooch, Zeffar, Zéïrna, Zengog, Zizuph, Zoltaïna, Zophas, Zozo, Zuphlas, Zuttapara, Zuypopo ou Swipopo.

Ces 562 esprits du feu sont tous qualifiés chefs de légion.

Par ce chapitre, qu’il est temps de terminer, les lecteurs peuvent se faire une idée de l’Armée Infernale, telle du moins que les palladistes se l’imaginent. De plus amples explications seront données dans la Revue Mensuelle ; ici, l’espace m’est mesuré, et, du reste, comme on le comprendra sans peine, j’ai hâte de conclure.

Mais j’ai tenu à donner un aperçu de ces mensonges fantastiques, au moyen desquels Satan berne impudemment ses adorateurs ; il était utile aussi d’expliquer ce nombre 77, bien que, sur ce point, j’aie été devancé par M. Margiotta. Du moins, mes lecteurs auront eu l’avantage de connaître les éléments indispensables de l’explication ; et les docteurs ès-maçonnerie ne pourront pas plus me démentir, qu’ils n’ont démenti le converti de Palmi.

En effet, lorsque le F∴ Goblet d’Alviella, dans une lettre au Patriote de Bruxelles, osa dire qu’il ignorait le Palladisme (dont il est grand-maître provincial pour la juridiction du Lotus 55), M. Domenico Margiotta lui porta publiquement, dans le même Patriote, un triple défi, le mit au pied du mur (lettre du lu 8 octobre 1894, datée de Londres), offrit de faire constituer un comité d’arbitrage devant lequel il déclarait qu’il confondrait son contradicteur ; et le F∴ Goblet d’Alviella recula, refusa cette confrontation, cette proposition de production de preuves et d’explications, se renfermant désormais dans un piteux silence et fuyant la discussion au grand jour[4].

Entre autres choses, M. Margiotta avait écrit dans sa lettre de défi :


« Tandis que, dans la plupart des pays, les FF∴ jugés digne de la parfaite initiation sont choisis seulement à partir du grade de Kadosch (30e degré) parmi les membres des Aréopages, en Belgique, où le Palladisme est depuis longtemps très développé, on les choisit même à partir du grade de Rose-Croix (18e degré) parmi les membres des Chapitres. C’est pour cela qu’on rencontre beaucoup de brefs (diplômes) de Roses-Croix belges portant cette formule : À la gloire du Grand Architecte de l’Univers, de l’orient de l’Univers, PAR LES NOMBRES 77 À NOUS SEULS CONNUS. Eh bien, 77 est un des nombres palladiques, et je mets M. Goblet d’Alviella au défi de l’expliquer d’une manière uniquement maçonnique, c’est-à-dire de donner une explication d’écossisme pur et simple. (M. Goblet d’Alviella est le lieutenant grand commandeur du Suprême Conseil de Belgique, pratiquant l’Écossisme, comme rite avoué.)

« L’explication vraie, la voici : — Le nombre 77 est nombre sacré, parce qu’il est le produit de la multiplication de 7, nombre sacré, par 11, nombre sacré. Le nombre 7 est sacré, parce qu’il est le total du nom ineffable du Grand Architecte de l’Univers (Lucifer, nom révélé seulement dans les Triangles). Le nombre 11 est également nombre sacré luciférien, parce que cabalistiquement il représente l’En-Soph et les dix Séphiroth, dont les incarnations maçonniques sur terre sont le Souverain Pontife de la franc-maçonnerie universelle et les dix Patriarches composant le Sérénissime Grand Collège des Maçons Émérites (parmi lesquels M. Goblet d’Alviella est le Malkhuth depuis le 29 septembre 1893). Enfin, le nombre 77 est trois fois sacré, parce qu’il est le nombre de la Hiérarchie Céleste, selon le Livre Apadno. C’est en l’honneur de ce nombre que la juridiction suprême de la haute-maçonnerie est divisée en 77 Provinces Triangulaires.

« M. Goblet d’Alviella aura à produire, devant les arbitres, les diplômes imprimés que le Suprême Conseil de Belgique décerne aux Roses-Croix belges. On constatera que ces documents portent la formule ci-dessus, et nous verrons si M. Goblet d’Alviella pourra en donner une explication autre que celle que je viens d’indiquer. »


Ce défi, qui n’a pas été relevé, était appuyé par une sanction pécuniaire, c’est-à-dire par l’enjeu d’une forte somme ; et ainsi la reculade du Goblet belge n’a été que plus significative, elle constituait un véritable aveu.

Quand j’aurai dit encore, pour ne rien omettre d’essentiel, que les dix Séphiroth de la cabale ne sont pas des abstractions dans le Palladisme, j’aurai tout dit. Le Livre Apadno en fait des génies d’une classe à part, formant comme la couronne vivante du Dieu-Bon, sans appartenir néanmoins à la hiérarchie ni commander aucune légion. En outre, Lucifer et les six hauts esprits du feu formant les trois premiers rangs ont chacun cinq génies favoris, sauf Baal-Zéboub qui en a six.

Rappelons, une dernière fois, les dix Séphiroth, qui sont : Kether, Khokhma, Binah, Khesed, Din, Tiphereth, Netzakh, Hod, Jesod, Malkhuth.

Les cinq favoris de Lucifer sont : Homoth, Senacker, Tépiseuth, Thepisatosoà, Thumis. Les six favoris de Baal-Zéboub sont : Asiccan, Athembuï, Epima, Phuonisi, Senthacer, Verasua. Les cinq favoris d’Astaroth sont : Acentacer, Oroasoër, Senciner, Sothis, Thopkhus. Les cinq favorites d’Astarté sont : Sagen, Serneuth, Thespizatras, Thuïmis, Viroaso. Les cinq favoris de Moloch sont : Aharph, Aphruïmis, Arkathapias, Atherekinis, Chenen. Les cinq favoris d’Hermès sont : Aphuth, Asicath, Astiro, Eregbuo, Sith. Les cinq favoris d’Ariel sont : Arpien, Sithacer, Themago, Thezogar, Thopibuï. En astrologie, les trente-six chefs de légion favoris sont des décans ; en d’autres termes, dix degrés zodiacaux forment un décan, et chaque décan, soumis tour à tour à l’influence des sept plus hauts esprits du feu (qualifiés de génies planétaires par les astrologues), porte le nom d’un de ces trente-six démons.

C’est donc dans le Palladisme, luciférianisme pur, et principalement dans la Hiérarchie satanique, depuis les mystérieux 77 jusqu’aux 6666 chefs de légion, que l’on a la clef de toutes les sciences occultes ; aussi, combien de tireurs d’horoscopes font du satanisme sans s’en douter. Satan ne s’étant jamais peut-être expliqué aussi clairement qu’avec Albert Pike et ses disciples, il s’ensuit que la vraie lumière, au point de vue luciférien, est celle qui émane du Sanctum Regnum, celle que possèdent les occultistes du Palladium ; lumière qui est directement l’opposée de celle de l’Église, c’est-à-dire Jésus-Christ.

  1. Après la publication du Diable au XIXe Siècle, terminée par le présent fascicule, la Revue Mensuelle, qui en était le complément, sera doublée. Chaque numéro, du même format que le Diable au XIXe Siècle, sera donc soixante-quatre pages de texte, sur deux colonnes ; ce qui donne beaucoup plus de matière que dans un fascicule de dix livraisons, d’ensemble quatre-vingts pages. La Revue Mensuelle sera consacrée à l’enquête générale, venant compléter et corroborer l’enquête particulière du Docteur Bataille. À titre de spécimen, le numéro double de novembre-décembre 1894 est envoyé gratuitement par la poste à toute personne qui adresse la demande aux éditeurs : MM. Delhomme et Briguet, 83, rue de Rennes, à Paris.
    (Note des Éditeurs.)
  2. Il est évident que, tout en portant la même indication d’année maçonnique que dans les loges ordinaires, mais les jours ne concordant plus, puisque l’année des triangles commence au 21 mars, tandis que celle des rites officiels avoués commence au 1er  mars, il sera bien difficile de surveiller, d’après les indications de voûtes tombées entre des mains profanes, les personnes que l’on aura des motifs de suspecter de palladisme. Néanmoins, nous nous proposons, à la Revue Mensuelle, de donner les explications nécessaires au fur et à mesure et chaque fois qu’un cas grave se présentera.
  3. Les noms de daimones sont ceux, imprimés en italiques. Les insexuels, n’ont que leur fête générale du 11 paophi.
  4. La lettre par laquelle M. Domenico Margiotta mit le F∴ Goblet d’Alviella au pied du mur, a été reproduite en entier, ainsi que toute la polémique, dans le no 9 de la Revue Mensuelle.