Le Diable à Paris/Série 1/Oraisons funèbres
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Oraisons funèbres
par Gavarni
« On écrit de Brives-la-Gaillarde : Le pair de France, marquis de Chevincourt, comte de Saint-Paul, vicomte de Chevrigny, commandeur de Saint-Louis, chevalier de Saint-Michel et de Saint-Hubert, grand’croix de Marie-Thérèse d’Autriche, chevalier de l’Éléphant de Danemark, de la Tour et de l’Épée de Portugal, et de l’Aigle-Blanc de Pologne, etc., etc., etc., est mort avant-hier dans son château de… » — Qu’est-ce que ça me fait ?le sculpteur de cimetière.
Que de paroissiens fameux dont il ne serait bientôt plus question par ici, si un homme de talent n’était pas là pour leur y tailler une couronne de n’importe quoi sur la mémoire !— En v’là du guignon ! la femme à Salanthoud qui perd son homme le même jour que son chien !
— Pauv femme !… un si beau caniche !
— Comment ! feu mon cousin n’aurait laissé que ça ? Voyons ! je vous le demande, madame Laizardé, depuis trente-sept ans qu’il était pharmacien !… Madame Laizardé, feu mon cousin, pour sûr, devait avoir des fonds placés…
— Sur la caisse apothicaire…— Y avait deux paroissiens de la queue qui se disaient tout bas que la défunte était une femme bien légère…
— Merci ! j’aurais voulu les y voir, eux, à la descendre, la sylphide, d’un troisième au-dessus de l’entre-sol.