Traduction par Fernand Hû.
Ernest Leroux (Bibliothèque orientale elzévirienne, XXIp. 65-67).

CHAPITRE XX




LA VOIE


273 La meilleure des voies est la voie aux huit embranchements ; la meilleure des vérités, celle qui est contenue dans les quatre articles ; la meilleure des situations, l’absence de passion ; le meilleur des bipèdes, celui qui a des yeux.

274 C’est la seule voie, et il n’y en a pas d’autre pour la purification de l’entendement. Suivez-la donc. Ce qui nous entoure est l’œuvre décevante de Mâra.

275 En la suivant, vous mettrez un terme à la douleur. Cette voie a été prêchée par moi, lorsque j’ai connu le remède aux épines de l’existence.

276 Mettez-vous donc à l’œuvre avec ardeur. Les Tathâgatas[1] se contentent de prêcher. Une fois entré dans cette voie, la méditation vous délivre des liens de Mâra.

277 « Toutes les agrégations sont passagères. » Lorsqu’on est bien pénétré de ce fait, on est délivré de la douleur. C’est là la voie de la purification.

278 « Toutes les agrégations sont soumises à la douleur. » Lorsqu’on est bien pénétré de ce fait, on est délivré de la douleur. C’est là la voie de la purification.

279 « Toutes les formes sont sans réalité substantielle. » Lorsqu’on est bien pénétré de ce fait, on est délivré de la douleur. C’est là la voie de la purification.

280 Celui qui ne déploie point du zèle quand il faut en déployer, qui, jeune et fort, s’abandonne à la paresse, qui laisse s’endormir sa volonté et son intelligence, — ce fainéant et ce lâche-là ne trouve point la voie de la science parfaite.

281 Veillez sur votre langage ; maintenez dans la continence votre esprit, et ne faites point le mal avec votre corps. Celui qui, dans ses actes, suivrait avec pureté ces trois routes, — celui-là arriverait à la voie prêchée par les sages.

282 De l’application naît l’intelligence ; du défaut d’application, la perte de l’intelligence. Lorsqu’on connaît les avantages et les désavantages de ces deux routes, qu’on choisisse celle où l’intelligence augmente sans cesse.

283 Coupez par le pied la forêt tout entière (des désirs), et non pas seulement un arbre. Lorsque vous aurez coupé la forêt et la broussaille, soyez alors sans désirs, ô Bhixus.

284 Aussi longtemps que l’homme n’a point coupé par le pied le désir, même le moindre, qui le pousse vers les femmes, aussi longtemps est enchaîné son esprit, comme le veau qui tête l’est à sa mère.

285 Coupe en toi l’amour de toi-même, de même qu’avec la main, en automne, on coupe un lotus. Aspire après la voie de la quiétude, après le Nirvâna enseigné par le Sugata[2].

286 « Ici j’habiterai à la saison des pluies, ici l’hiver, ici l’été. » Ainsi raisonne l’insensé, et il ne pense pas à ce qui peut survenir d’ici-là.

287 Cet homme, enivré de ses enfants et de ses troupeaux, attaché tout entier aux objets sensibles, la mort l’entraîne avec elle, comme un impétueux torrent entraînant un village endormi.

288 Des enfants, un père, des alliés ne sont point une protection ; des parents ne sont point une protection contre les atteintes de la mort.

289 Une fois bien pénétré de l’importance de cela, le savant, vertueux et continent, aurait bientôt parcouru la voie qui mène au Nirvâna.

  1. Les Tathâgatas, les Buddhas.
  2. Sugata, celui qui est heureusement arrivé, Buddha.