XI
Des faubourgs et des marchands de la ville de Cambalu.


Hors de la ville de Cambalu il y a douze grands faubourgs, qui sont contigus aux douze portes, où l’on trouve beaucoup de marchands et où logent ordinairement les étrangers. Car à cause de la cour du roi et de l’affluence des marchandises qui se trouve dans ces faubourgs, on y voit tous les jours une grande quantité de peuple qui y vient négocier. Ces faubourgs ne sont pas comme ceux des autres villes, car ils égalent en bâtiments les plus beaux de la ville même, excepté le palais royal. On n’enterre aucun corps mort dans l’enceinte de la ville, mais seulement hors les faubourgs ; les idolâtres brûlent leurs corps morts, mais les autres sectes les enterrent. Il est impossible de dire combien de sortes de marchandises et d’ouvrages on transporte dans cette ville ; on dirait qu’il y en aurait assez pour en fournir tout l’univers. On y apporte des pierres précieuses, des perles, de la soie et diverses sortes de parfums des divers pays ; car cette ville est comme le centre où viennent aboutir toutes les provinces voisines, et il ne passe pas un seul jour en toute l’année que les marchands étrangers n’apportent bien près de mille chariots chargés de soie, dont on fait des étoffes admirables dans cette ville.