Voyage de Marco Polo, Texte établi par Eugène MüllerDelagrave (p. 172-173).
XXX
De la ville de Chebourkan.


En sortant dudit lieu, l’on vient dans un beau pays, orné de collines et de plaines, de fort bons pâturages et d’excellents fruits. La terre en est très fertile, et il n’y manque rien excepté l’eau, car il faut faire quelquefois cinquante et soixante milles pour en trouver, ce qui fait que les voyageurs sont obligés d’en porter avec eux, aussi bien que pour les bêtes. Il faut donc traverser ce pays-là le plus vite que l’on peut, parce qu’il est trop aride. Excepté cela, il y a beaucoup de villages : les habitants reconnaissent Mahomet. Après cela on vient à une ville nommée Chebourkan, où l’on trouve de tout en abondance, principalement des melons et citrouilles, qu’ils coupent par tranches et qu’ils vont vendre quand ils sont secs aux lieux voisins, où ils sont fort recherchés, parce qu’ils sont doux comme le miel. Il y a aussi dans ce pays-là beaucoup de gibier et de venaison.