Voyage de Marco Polo, Texte établi par Eugène MüllerDelagrave (p. 162-163).
XIX
Du pays des Perses.


La Perse est une province très grande et très étendue ; elle a été autrefois fort célèbre et fort renommée ; mais à présent que les Tartares l’ont en leur disposition, elle a beaucoup perdu de son lustre[1]. Elle est cependant considérable entre les provinces voisines, car elle contient huit royaumes. Il y a en ce pays-là de beaux et grands chevaux, qui se vendent quelquefois jusqu’à deux cents livres tournois la pièce. Les marchands les amènent aux villes de Chisi et de Curmosa (Kormus), qui sont sur le bord de la mer, d’où ils les transportent aux Indes. Il y a aussi de très beaux ânes, qui se vendent jusqu’à trente marcs d’argent ; mais les hommes de ce pays sont très méchants ; ils sont querelleurs, voleurs, homicides, et professent la religion de Mahomet. Les marchands sont par-ci par-là tués par ces voleurs, s’ils ne voyagent par bandes. Dans les villes il y a cependant de très bons artisans et qui excellent dans les ouvrages de soie et d’or et de plumes. Le pays est abondant en gruau, blé, orge, millet et en toutes sortes de grains. Ils ont aussi des fruits et du vin.

  1. Ravagée par les Tartares, qui détruisirent la dynastie des Kharem Chal, qui avaient succédé aux Seldjoucides. (P.)