Le Déserteur (Folklore du Poitou)

Le Déserteur
Paris, E. Leroux (Le Folk-lore du Poitoup. 395-396).


VI

LE DÉSERTEUR


Pleurez le sort d’un jeune garçon
Qui s’est laissé mettre en prison ;
Conduit par la gendarmerie
Au régiment ;
Voilà ce qui doit faire de la peine
Aux jeunes gens !

En arrivant au régiment,
Il a fallu prêter serment :
« Jurez, jurez, beau militaire,
Vaillant conscrit,
Qu’ vous y serez toujours fidèle
À la patrie !

— Oh ! je vous jure, mon commandant
D’sous quinze jours je fous le camp.
Il n’y a pas, oh ! de gendarmes,
De gardes-nationaux

M’empêcher d’aller voir ma mie
Sous ces ormeaux ! »

En arrivant dans son pays,
Trois petits coups il a frappé :
« Ouvrez, ouvrez, ouvrez la porte,
Ma douce amie,
Celui que votre cœur désire,
Il est ici.

— Oh oui ! la porte je te l’ouvrirai,
Si tu l’apportes, ton congé !
— Oh oui, oh oui, oh ! je l’apporte
Fort bien signé,
Il est sur la dernière semelle
De mon soulier. »

Ne fiant point à demi-rentrés,
Que trois gendarmes sont arrivés :
« Rends-toi, rends-toi, beau militaire,
Vaillant conscrit !
Sans quoi nous mettrons pillage
Dans ton pays ! »


Chanté par Cécile Compaing.