Despret frères (p. 57-58).

Des vallons paternels l’aimable souvenir
Vient se représenter à ma triste pensée ;
Pour dissiper l’effroi de mon âme oppressée,
En ces mots j’invoquai le messager divin :
« Toi qui fus vers Sion mon guide aérien,
» Ah ! bel ange, dis-moi, dis-moi si ma Belgique,
» De l’occident en feu subit le sort tragique !
» Sur sa ruine aussi dois-je verser des pleurs ?
» Ah ! faut-il déplorer ces terribles malheurs ? »

À peine j’achevais, à mes regards tout change :
Les sables du désert, et la nue, et l’archange,
Et le rapide char qui, sur l’aile du vent,
Avec nous traversa le beau ciel du levant,
Le Thabor, Sinaï, les coteaux d’Idumée,
Josaphat, Chanaan et sa plaine embaumée,
Tout, comme une vapeur se dissipant soudain,
S’efface ainsi qu’un songe au lever du matin.

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Mais !!!… voici les beaux lieux qui jadis m’ont vu naître
Ah ! combien il m’est doux de les voir reparaître !
Un rideau d’arbres verts, là-bas, à l’horizon,
De mon bien-aimé père ombrage la maison ;
Les vents de mon pays, soufflant dans nos feuillages,

M’apportent les parfums de nos riants bocages.
De ma douce vallée aimables habitants,
Ô vous que j’ai quittés pendant quelques instants
Pour voler en esprit vers les champs de l’aurore,
Je reviens parmi vous couler mes jours encore.

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