Le Croyant/VIII
Dans ma belle patrie il est un heureux coin
Qui de mes tendres jeux fut jadis le témoin ;
Là naquit un Croyant qu’électrisa sans cesse
Un zèle infatigable, une sainte tendresse.
Admirez son courage : il traverse les mers
Pour porter l’Évangile au milieu des déserts.
Il aborde sans arme à des rives lointaines ;
De l’immense Amérique en explorant les plaines,
Affrontant les dangers de ces lieux redoutés
Où la mort à ses yeux s’offre de tous côtés,
Sans crainte il se confie à la frêle pirogue ;
Sur la vague en courroux elle s’élance et vogue :
Hardi navigateur, presque seul, sans secours,
Du grand Meschacébée il remonte le cours.
Bravant à chaque pas la mort et la souffrance,
Soldat sacré du Christ, il sut doter la France
D’un immense pays plein de peuples nouveaux ;
Mais l’ingrate oublia ses utiles travaux.
Nous avons essayé, nous, chrétien d’un autre âge,
De redire en ces vers son généreux courage,
Et plein d’un saint respect pour ses pieux labeurs,
Nous avons sur sa tombe épanché quelques fleurs 1.