Sur le bord du chemin, au pied de la colline,
Le voyageur contemple une tour qui s’incline.
Est-ce quelque manoir où veillent des guerriers,
En attendant le jour des assauts meurtriers ?
Non, non, rassurons-nous, c’est le paisible asile
Où vivent des Croyants, loin des bruits de la ville ;
Lorsque pâlit l’éclat du jour à son déclin,
Ces hommes studieux, penchés sur le vélin,
Recherchent le vrai sens d’un texte qu’on ignore ;
Déjà l’aurore brille, ils le cherchent encore.
Dans leur sainte retraite, ennemis du repos,
Ils ont voué leur vie à ces nobles travaux,
Et par l’ardent effort d’un généreux courage,
Ces Croyants ont sauvé plus d’une illustre page.
Ô noble Démosthène ! et toi, sage Platon !
Sauveur de ton pays, éloquent Cicéron !
Beau Cygne de Mantoue, ô sensible Virgile !
Et toi, chantre d’Hélène et du bouillant Achille !
Vous qui fîtes couler tant de pleurs de nos yeux,

Vos sublimes discours, vos vers mélodieux
Auraient été perdus dans la nuit éternelle,
Si ces pieux savants, par l’ardeur de leur zèle,
Ne vous avaient sauvés du ravage des ans.
Tu dois à ces auteurs tes admirables chants.
Racine ; lu leur dois ta suave harmonie ;
Ils ont électrisé ton sublime génie.

Et vous, gloire de l’homme, ô merveilles des arts.
Vous qui réjouissez aujourd’hui nos regards,
Splendides monuments, ô saintes basiliques,
Qui dans l’air étalez ces dômes magnifiques
Contre lesquels en vain lutte l’effort du temps,
Ne vous devons-nous pas à ces doctes Croyants ?


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