Le Cri du sang innocent/Édition Garnier

Œuvres complètes de VoltaireGarniertome 29 (p. 375-390).
LE CRI


DU SANG INNOCENT[1]


(1775)




AU ROI TRÈS-CHRÉTIEN


EN SON CONSEIL.


Sire,

L’auguste cérémonie de votre sacre[2] n’a rien ajouté aux droits de Votre Majesté ; les serments qu’elle a faits d’être bon et humain n’ont pu augmenter la magnanimité de votre cœur et votre amour de la justice. Mais c’est en ces solennités que les infortunés sont autorisés à se jeter à vos pieds : ils y courent en foule ; c’est le temps de la clémence ; elle est assise sur le trône à vos côtés ; elle vous présente ceux que la persécution opprime. Je lui tends de loin les bras, du fond d’un pays étranger. Opprimé depuis l’âge de quinze ans( et l’Europe sait avec quelle horreur), je suis sans avocat, sans appui, sans patron ; mais vous êtes juste.

Né gentilhomme dans votre brave et fidèle province de Picardie[3], mon nom est d’Étallonde de Morival. Plusieurs de mes parents sont morts au service de l’État. J’ai un frère capitaine au régiment de Champagne. Je me suis destiné au service dès mon enfance.

J’étais dans la Gueldre en 1765, où j’apprenais la langue allemande et un peu de mathématique pratique, deux choses nécessaires à un officier, lorsque le bruit que j’étais impliqué dans un procès criminel au présidial d’Abbeville parvint jusqu’à moi.

On me manda des particularités si atroces et si inouïes sur cette affaire, à laquelle je n’aurais jamais dû m’attendre, que je conçus, tout jeune que j’étais, le dessein de ne jamais rentrer dans une ville livrée à des cabales et à des manœuvres qui effarouchaient mon caractère. Je me sentais né avec assez de courage et de désintéressement pour porter les armes en quelque qualité que ce pût être. Je savais déjà très-bien l’allemand : frappé du mérite militaire des troupes prussiennes, et de la gloire étonnante du souverain qui les a formées, j’entrai cadet dans un de ses régiments.

Ma franchise ne me permit pas de dissimuler que j’étais catholique, et que jamais je ne changerais de religion : cette déclaration ne me nuisit point, et je produis encore des attestations de mes commandants, qui attestent que j’ai toujours rempli les fonctions de catholique et les devoirs de soldat. Je trouvai chez les Prussiens des vainqueurs, et point d’intolérants.

Je crus inutile de faire connaître ma naissance et ma famille : je servis avec la régularité la plus ponctuelle.

Le roi de Prusse, qui entre dans tous les détails de ses régiments, sut qu’il y avait un jeune Français qui passait pour sage, qui ne connaissait les débauches d’aucune espèce, qui n’avait jamais été repris d’aucun de ses supérieurs, et dont l’unique occupation, après ses exercices, était d’étudier l’art du génie : il daigna me faire officier, sans même s’informer qui j’étais ; et enfin, ayant vu par hasard quelques-uns de mes plans de fortifications, de marches, de campements, et de batailles, il m’a honoré du titre de son aide de camp et de son ingénieur. Je lui en dois une éternelle reconnaissance : mon devoir est de vivre et de mourir à son service. Votre Majesté a trop de grandeur d’âme pour ne pas approuver de tels sentiments.

Que votre justice et celle de votre conseil daignent maintenant jeter un coup d’œil sur l’attentat contre les lois et sur la barbarie dont je porte ma plainte.

Madame l’abbesse de Villancourt, monastère d’Abbeville, fille respectable d’un garde des sceaux estimé de toute la France presque autant que celui qui vous sert aujourd’hui si bien dans cette place[4], avait pour implacable ennemi un conseiller au présidial, nommé Duval de Saucourt. Cette inimitié publique, encore plus commune dans les petites villes que dans les grandes, n’était que trop connue dans Abbeville. Madame l’abbesse avait été forcée de priver Saucourt, par avis de parents, de la curatelle d’une jeune personne assez riche, élevée dans son couvent.

Saucourt venait encore de perdre deux procès contre des familles d’Abbeville. On savait qu’il avait juré de s’en venger.

On connaît jusqu’à quel excès affreux il a porté cette vengeance. L’Europe entière en a eu horreur, et cette horreur augmente encore tous les jours, loin de s’affaiblir par le temps.

Il est public que Duval de Saucourt se conduisit précisément dans Abbeville[5] comme le capitoul David avait agi contre les innocents Calas dans Toulouse. Votre Majesté a sans doute entendu parler de cet assassinat juridique des Calas[6], que votre conseil a condamné avec tant de justice et de force. C’est contre une pareille barbarie que j’atteste votre équité.

La généreuse Mme Feydeau de Brou, abbesse de Villancourt, élevait auprès d’elle un jeune homme, son cousin germain, petit fils d’un lieutenant-général de vos armées, qui était à peu près de mon âge[7], et qui étudiait comme moi la tactique. Ses talents étaient infiniment supérieurs aux miens. J’ai encore de sa main des notes sur les campagnes du roi de Prusse et du maréchal de Saxe, qui font voir qu’il aurait été digne de servir sous ces grands hommes.

La conformité de nos études nous ayant liés ensemble, j’eus l’honneur d’être invité à dîner avec lui chez madame l’abbesse, dans l’extérieur du couvent, au mois de juin 1765. Nous y allions assez tard, et nous étions fort pressés ; il tombait une petite pluie ; nous rencontrâmes quelques enfants de notre connaissance ; nous mîmes nos chapeaux, et nous continuâmes notre route. Nous étions, je m’en souviens, à plus de cinquante pas d’une procession de capucins.

Saucourt, ayant su que nous ne nous étions point détournés de notre chemin pour aller nous mettre à genoux devant cette procession, projeta d’abord d’en faire un procès au cousin germain de madame l’abbesse. C’était seulement, disait-il, pour l’inquiéter, et pour lui faire voir qu’il était un homme à craindre.

Mais ayant su qu’un crucifix de bois, élevé sur le pont neuf de la ville, avait été mutilé depuis quelque temps, soit par vétusté, soit par quelque charrette, il résolut de nous en accuser, et de joindre ces deux griefs ensemble. Cette entreprise était difficile.

Je n’ai sans doute rien exagéré quand j’ai dit[8] qu’il imita la conduite du capitoul David, car il écrivit lettres sur lettres à l’évêque d’Amiens ; et ces lettres doivent se retrouver dans les papiers de ce prélat. Il dit qu’il y avait une conspiration contre la religion catholique romaine ; que l’on donnait tous les jours des coups de bâton aux crucifix ; qu’on se munissait d’hosties consacrées, qu’on les perçait à coups de couteau, et que, selon le bruit public, elles avaient répandu du sang.

On ne croira pas cet excès d’absurde calomnie ; je ne la crois pas moi-même : cependant je la lis dans les copies des pièces qu’on m’a enfin remises entre les mains.

Sur cet exposé, non moins extravagant qu’odieux, on obtint des monitoires, c’est-à-dire des ordres à toutes les servantes, à toute la populace, d’aller révéler aux juges tous les contes qu’elles auraient entendu faire, et de calomnier en justice, sous peine d’être damnées.

On ignore dans Paris, comme je l’avais toujours ignoré moi-même, que Duval Saucourt, ayant intimidé tout Abbeville, porté l’alarme dans toutes les familles, ayant forcé madame l’abbesse à quitter son abbaye pour aller solliciter à la cour, se trouvant libre pour faire le mal, et ne trouvant pas deux assesseurs pour faire le mal avec lui, osa associer au ministère de juge, qui ? On ne le croira pas encore : cela est aussi absurde que les hosties percées à coups de couteau, et versant du sang. Qui, dis-je, fut le troisième juge avec Duval ? Un marchand de vin, de bœufs et de cochons, un nommé Broutel, qui avait acheté dans la juridiction un office de procureur, qui avait même exercé très-rarement cette charge ; oui, encore une fois, un marchand de cochons, chargé alors de deux sentences des consuls d’Abbeville contre lui, et qui lui ordonnent de produire ses comptes. Dans ce temps-là même il avait déjà un procès à la cour des aides de Paris, procès qu’il perdit bientôt après : l’arrêt le déclara incapable de posséder aucune charge municipale dans votre royaume.

Tels furent mes juges pendant que je servais un grand roi, et que je me disposais à servir Votre Majesté. Saucourt et Broutel avaient déterré une sentence rendue, il y a cent trente années, dans des temps de troubles en Picardie, sur quelques profanations fort différentes. Ils la copièrent ; ils condamnèrent deux enfants. Je suis l’un des deux ; l’autre est ce petit-fils d’un général de vos armées : c’est ce chevalier de La Barre dont je ne puis prononcer le nom qu’en répandant des larmes ; c’est ce jeune homme qui en a coûté à toutes les âmes sensibles, depuis le trône de Pétersbourg jusqu’au trône pontifical de Rome ; c’est cet enfant plein de vertus et de talents au-dessus de son âge, qui mourut dans Abbeville, au milieu de cinq bourreaux, avec la même résignation et le même courage modeste qu’étaient morts le fils du grand de Thou, le Tite-Live de la France, le conseiller Dubourg, le maréchal de Marillac, et tant d’autres.

Si Votre Majesté fait la guerre, elle verra mille gentilshommes mourir à ses pieds : la gloire de leur mort pourra vous consoler de leur perte, vous, sire, et leur famille. Mais être traîné à un supplice affreux et infâme, périr par l’ordre d’un Broutel ! Quel état ! et qui peut s’en consoler !

On demandera peut-être comment la sentence d’Abbeville, qui était nulle et de toute nullité, a pu cependant être confirmée par le parlement de Paris, a pu être exécutée en partie. En voici la raison : c’est que le parlement ne pouvait savoir quels étaient ceux qui l’avaient prononcée.

Des enfants plongés dans des cachots, et ne connaissant point ce Broutel, leur premier bourreau, ne pouvaient dire au parlement : Nous sommes condamnés par un marchand de bœufs et de porcs chargé de décrets des consuls contre lui. Ils ne le savaient pas ; Broutel s’était dit avocat. Il avait pris en effet pour cinquante francs des lettres de gradué à Reims ; il s’était fait mettre à Paris sur le tableau des licenciés ès lois ; ainsi il y avait un fantôme de gradué pour condamner ces pauvres enfants, et ils n’avaient pas un seul avocat pour les défendre. L’état horrible où ils furent pendant toute la procédure avait tellement altéré leurs organes qu’ils étaient incapables de penser et de parler, et qu’ils ressemblaient parfaitement aux agneaux que Broutel vendit si souvent aux bouchers d’Abbeville.

Votre conseil, sire, peut remarquer qu’on permet en France à un banqueroutier frauduleux d’être assisté continuellement par un avocat, et qu’on ne le permit pas à des mineurs dans un procès où il s’agissait de leur vie.

Grâce aux monitoires, reste odieux de l’ancienne procédure de l’Inquisition, Saucourt et Broutel avaient fait entendre cent vingt témoins, la plupart gens de la lie du peuple ; et de ces cent vingt témoins, il n’y en avait pas trois d’oculaires. Cependant il fallut tout lire, tout rapporter : cette énorme compilation, qui contenait six mille pages, ne pouvait que fatiguer le parlement, occupé alors des besoins de l’État dans une crise assez grande. Les opinions se partagèrent, et la confirmation de l’affreuse sentence ne passa enfin que de deux voix.

Je ne demande point si, au tribunal de l’humanité et de la raison, deux voix devraient suffire pour condamner des innocents au supplice que l’on inflige aux parricides. Pugatschef[9], souillé de mille assassinats barbares, et du crime le plus avéré de lèse-majesté et de lèse-société au premier chef, n’a subi d’autre supplice que celui d’avoir la tête tranchée.

La sentence de Duval Saucourt et du marchand de bœufs portait qu’on nous couperait le poing, qu’on nous arracherait la langue, qu’on nous jetterait dans les flammes. Cette sentence fut confirmée par la prépondérance de deux voix.

Le parlement a gémi que les anciennes lois le forcent à ne consulter que cette pluralité pour arracher la vie à un citoyen. Hélas ! m’est-il permis d’observer que chez les Algonquins, les Hurons, les Chiacas, il faut que toutes les voix soient unanimes pour dépecer un prisonnier et pour le manger ? Quand elles ne le sont pas, le captif est adopté dans une famille, et regardé comme l’enfant de la maison.

Sire, mon application à mes devoirs ne m’a pas permis d’être instruit plus tôt des détails de cette Saint-Barthélemy d’Abbeville. Je ne sais que d’aujourd’hui que l’on destinait trois autres enfants à cette boucherie. J’apprends que les parents de ces enfants, poursuivis comme moi par Duval Saucourt et Broutel, trouvèrent huit avocats pour les défendre, quoiqu’en matière criminelle les accusés n’aient jamais le secours d’un avocat quand on les interroge et quand on les confronte. Mais un avocat est en droit de parler pour eux sur tout ce qui ne concerne pas la procédure secrète. Et qu’il me soit permis, sire, de remarquer ici que chez les Romains, nos législateurs et nos maîtres, et chez les nations qui se piquent d’imiter les Romains, il n’y eut jamais de pièces secrètes. Enfin, sire, sur la seule connaissance de ce qui était public, ces huit avocats intrépides déclarèrent, le 27 juin 1766 :

1° Que le juge Saucourt ne pouvait être juge, puisqu’il était partie (pages 15 et 16 de la consultation) ;

2° Que Broutel ne pouvait être juge, puisqu’il avait agi en plusieurs affaires en qualité de procureur, et que son unique occupation était alors de vendre des bestiaux (Page 17) ;

3° Que cette manœuvre de Saucourt et de Broutel était une infraction punissable de la loi (mêmes pages).

Cette décision de huit avocats célèbres est signée : « Cellier, d’Outremont, Muyart de Vouglans, Gerbier, Timbergue, Benoist fils, Turpin, Linguet. »

Il est vrai qu’elle vint trop tard. L’estimable chevalier de La Barre était déjà sacrifié. L’injustice et l’horreur de son supplice, jointes à la décision de huit jurisconsultes, firent une telle impression sur tous les cœurs que les juges d’Abbeville n’osèrent poursuivre cet abominable procès. Ils s’enfuirent à la campagne, de peur d’être lapidés par le peuple. Plus de procédures, plus d’interrogatoires et de confrontations. Tout fut absorbé dans l’horreur qu’ils inspiraient à la nation, et qu’ils ressentaient en eux-mêmes.

Je n’ai pu, sire, faire entendre autour de votre trône le cri du sang innocent. Souffrez que j’appelle aujourd’hui à mon secours le jugement de huit interprètes des lois qui demandent vengeance pour moi, comme pour les trois autres enfants qu’ils ont sauvée de la mort. La cause de ces enfants est la mienne. Je n’ai pas même osé m’adresser seul à Votre Majesté, sans avoir consulté le roi mon maître, sans avoir demandé l’opinion de son chancelier et des chefs de la justice : ils ont confirmé l’avis des huit jurisconsultes de votre parlement. On connaît depuis longtemps l’avis du marquis de Beccaria, qui est à la tête des lois de l’empire. Il n’y a qu’une voix en Angleterre et dans le grand tribunal de la Russie sur cette affreuse et incroyable catastrophe. Rome ne pense pas autrement que Pétersbourg, Astracan et Casan. Je pourrais, sire, demander justice à Votre Majesté au nom de l’Europe et de l’Asie. Votre conseil, qui a vengé le sang des Calas, aurait pour moi la même équité. Mais, étranger pendant dix années, lié à mes devoirs, loin de la France, ignorant la route qu’il faut tenir pour parvenir à une révision de procès, je suis forcé de me borner à représenter à Votre Majesté l’excès de la cruauté commise dans un temps où cette cruauté ne pouvait parvenir à vos oreilles. Il me suffit que votre équité soit instruite[10].

Je me joins à tous vos sujets dans l’amour respectueux qu’ils ont pour votre personne, et dans les vœux unanimes pour votre prospérité, qui n’égalera jamais vos vertus.

À Neufchâtel, ce 30 juin 1775[11]
.

PRECIS


DE LA PROCÉDURE D’ABBEVILLE.


du 26 septembre 1765.


Un prévôt de salle, nommé Étienne Nature, ami de Broutel, et buvant souvent avec lui, dit qu’il a entendu, dans la salle d’armes, le sieur d’Étallonde avouer qu’il n’avait pas ôté son chapeau devant la procession des capucins, conjointement avec le chevalier de La Barre et le sieur Moinel.

Et le même Étienne Nature se dédit entièrement à la confrontation avec les sieurs chevaliers de La Barre et Moinel, et déclare expressément que le sieur d’Étallonde n’a jamais mis le pied dans la salle d’armes.

du 28.

Le sieur Aliamet dépose avoir ouï dire qu’un nommé Bauvalet avait dit que le sieur d’Étallonde avait dit qu’il avait trouvé chez ce nommé Bauvalet un médaillon de plâtre fort mal fait, et qu’ayant proposé de l’acheter de ce nommé Bauvalet, il avait dit que c’était pour le briser, « parce qu’il ne valait pas le diable ».

Il ne spécifie point ce que ce médaillon représentait, et on ne voit pas ce qu’on peut inférer de cette déposition. On a prétendu que ce plâtre représentait quelques figures de la Passion, fort mal faites.

Le même jour, Antoine Watier, âgé de seize à dix-sept ans, dépose avoir entendu le sieur d’Étallonde chanter une chanson dans laquelle il est question d’un saint qui avait eu autrefois une maladie vénérienne, et ajoute qu’il ne se souvient pas du nom de ce saint. Le sieur d’Étallonde proteste qu’il ne connaît ni ce saint ni Watier.


du 5 décembre 1765.


Marie-Antoinette Leleu[12], femme d’un maître de jeu de billard, dépose que le sieur d’Étallonde a chanté une chanson dans laquelle Marie-Magdeleine avait ses mal-semaines.

Il est bien indécent d’écouter sérieusement de telles sottises ; et rien ne démontre mieux l’acharnement grossier de Duval Saucourt et de Broutel. Si Magdeleine était pécheresse, il est clair qu’elle était sujette à des mal-semaines, autrement des menstrues, des ordinaires. Mais si quelque loustig[13] d’un régiment, ou quelque goujat, a fait autrefois cette misérable chanson grivoise, si un enfant l’a chantée, il ne paraît pas que cet enfant mérite la mort la plus recherchée et la plus cruelle, et périsse dans des supplices que les Busiris et les Néron n’osaient pas inventer.

Le même jour, le sieur de Lavieuville dépose avoir ouï dire au sieur de Saveuse qu’il a entendu dire au sieur Moinel que le sieur d’Étallonde avait un jour escrimé avec sa canne sur le pont neuf contre un crucifix de bois.

Je réponds[14] que non-seulement cela est très-faux, mais que cela est impossible. Je ne portais jamais de canne, mais une petite baguette fort légère. Le crucifix qui était alors sur le pont neuf était élevé, comme tout Abbeville le sait, sur un gros piédestal de huit pieds de haut, et par conséquent il n’était pas possible d’escrimer contre cette figure.

J’ajoute qu’il eût été à souhaiter que les choses saintes ne fussent jamais placées que dans les lieux saints, et je crois indécent qu’un crucifix soit dans une rue, exposé à être brisé par tous les accidents.


du 3 octobre 1765
,


Le sieur Moinel, enfant de quatorze ou quinze ans, est retiré de son cachot ; et, interrogé si le jour de la procession des capucins il n’était pas avec les sieurs d’Étallonde et de La Barre, à vingt-cinq pas seulement du saint-sacrement ; s’ils n’ont pas affecté, par impiété, de ne point se découvrir dans le dessein d’insulter à la Divinité, et s’ils ne se sont pas vantés de cette action impie ; s’il n’a pas vu le sieur d’Étallonde donner des coups au crucifix du pont neuf ; si le jour de la foire de la Magdeleine le sieur d’Étallonde ne lui avait pas dit qu’il avait égratigné une jambe du crucifix du pont neuf : a répondu non à toutes ces demandes.

On peut voir, par ce seul interrogatoire, avec quelle malignité Duval et Broutel voulaient faire tomber cet enfant dans le piège.

Pourquoi lui dire que la procession des capucins n’était qu’à vingt-cinq pas, tandis qu’elle était à plus de cinquante ? Je sais mieux mesurer les distances, dans ma profession d’ingénieur, que tous les praticiens et tous les capucins d’Abbeville.

Pourquoi supposer que ces enfants avaient passé vite, par impiété, dans le temps qu’il faisait une petite pluie et qu’ils étaient pressés d’aller dîner ? Quelle impiété est-ce donc de mettre son chapeau pendant la pluie ?

Et remarquez qu’après cet interrogatoire on le plongea dans un cachot plus noir et plus infect, afin de le forcer, par ces traitements odieux, à déposer tout ce qu’on voulait.


du 7 octobre 1765.


On interroge de surcroît le sieur Moinel sur les mêmes articles ; et le sieur Moinel répond que non-seulement le chevalier de La Barre et le sieur d’Étallonde n’ont point passé devant la procession, et ne se sont point couverts par impiété ; mais qu’il a passé plusieurs fois avec eux devant d’autres processions, et qu’ils se sont mis à genoux.

À cette réponse si ingénue et si vraie, le troisième juge, nommé Villers, se récrie : « Il ne faut pas tant tourmenter ces pauvres innocents. »

Saucourt et Broutel, en fureur, menacèrent cet enfant de le faire pendre s’il persistait à nier. Ils l’effrayèrent ; ils lui firent verser des larmes. Ils lui firent dire, dans ce second interrogatoire, une chose qui n’a pas la moindre vraisemblance : que d’Étallonde avait dit qu’il n’y avait point de Dieu, et qu’il avait ajouté un mot qu’on n’ose prononcer.

Il faut savoir que dans Abbeville il y avait alors un ouvrier nommé Bondieu, et que de là vient l’infâme équivoque qu’on employa pour nous perdre.

Enfin ils lui firent articuler même, dans l’excès de son égarement, que d’Étallonde connaissait un prêtre qui fournirait des hosties consacrées pour servir à des opérations magiques, ainsi que Duval et Broutel le donnaient à entendre.

Quelle extravagance ! en même temps quelle bêtise ! Si dans ma première jeunesse j’avais été assez abandonné pour ne pas croire en Dieu, comment aurais-je cru à des hosties consacrées avec lesquelles on ferait des opérations magiques ?

D’où venait cette accusation ridicule d’opérations magiques avec des hosties ? D’un bruit répandu dans la populace, qu’on ne pouvait poursuivre avec tant de cruauté de jeunes fils de famille que pour un crime de magie. Et pourquoi de la magie plutôt qu’un autre délit ? Parce qu’il y avait des monitoires qui ordonnaient à tout le monde de venir à révélation ; et que, selon les idées du peuple, ces monitoires n’étaient ordinairement lancés que contre les hérétiques et les magiciens.

Les provinces de France sont-elles encore plongées dans leur ancienne barbarie ? Sommes-nous revenus à ces temps d’opprobre où l’on accusait le prédicateur Urbain Grandier[15] d’avoir ensorcelé dix-sept religieuses de Loudun, où l’on forçait le curé Gauffridi d’avouer qu’il avait soufflé le diable dans le corps de Magdeleine La Palu, et où l’on a vu enfin le jésuite Girard prêt d’être condamné aux flammes pour avoir jeté un sort sur la Cadière ?

Ce fut dans cet interrogatoire que cet enfant Moinel, intimidé par les menaces du marchand de bœufs et du marchand de sang humain, leur demanda pardon de ne leur avoir pas dit tout ce qu’on lui ordonnait de dire. Il croyait avoir fait un péché mortel, et il fit à genoux une confession générale, comme s’il eût été au sacrement de pénitence. Broutel et Duval rirent de sa simplicité, et en profitèrent pour nous perdre.

Interrogé encore s’il n’avait pas entendu de jeunes gens traiter Dieu de… dans une conversation, et s’il n’avait pas lui-même appelé Dieu …, il répondit qu’il avait tenu ces propos avec d’Étallonde.

Mais peut-on avoir tenu tels discours tête à tête ? Et si on les a tenus, qui peut les dénoncer ? On voit assez à quel point celui qui interrogeait était barbare et grossier, à quel point l’enfant était simple et innocent.

On lui demanda s’il n’avait pas chanté des chansons horribles : ce sont les propres mots. L’enfant l’avoua. Mais qu’est-ce qu’une chanson ordurière sur les mal-semaines de la Magdeleine, faite par quelque goujat il y a plus de cent ans, et qu’on suppose chantée en secret par deux jeunes gens aussi dépourvus alors de goût et de connaissances que Broutel et Duval ? Avaient-ils chanté cette chanson dans la place publique ? Avaient-ils scandalisé la ville ? Non : et la preuve que cette puérilité était ignorée, c’est que Saucourt avait obtenu des monitoires pour faire révéler, contre les enfants de ses ennemis, tout ce qu’une populace grossière pouvait avoir entendu dire.

Pour moi, en méprisant de telles inepties, je jure que je ne me souviens pas d’un seul mot de cette chanson, et j’affirme qu’il faut être le plus lâche des hommes pour faire d’un couplet de corps de garde le sujet d’un procès criminel.

Enfin on m’a envoyé plusieurs billets de la main de Moinel, écrits de son cachot, avec la connivence du geôlier, dans lesquels il est dit : « Mon trouble est trop grand ; j’ai l’esprit hors de son assiette ; je ne suis pas dans mon bon sens. »

J’ai entre les mains une autre lettre de lui, de cette année, conçue en ces termes :

« Je voudrais, monsieur, avoir perdu entièrement la mémoire de l’horrible aventure qui ensanglanta Abbeville il y a plusieurs années, et qui révolta toute l’Europe. Pour ce qui me regarde, la seule chose dont je puisse me souvenir, c’est que j’avais environ quinze ans, qu’on me mit aux fers, que le sieur Saucourt me fit les menaces les plus affreuses, que je fus hors de moi-même, que je me jetai à genoux, et que je dis oui toutes les fois que ce Saucourt m’ordonna de dire oui, sans savoir un seul mot de ce qu’on me demandait. Ces horreurs m’ont mis dans un état qui a altéré ma santé pour le reste de ma vie. »

Je suis donc en droit de récuser de vains témoignages qu’on lui arracha par tant de menaces et qu’il a désavoués, ainsi que je me crois en droit de faire déclarer nulle toute la procédure de mes trois juges, d’en prendre deux à partie, et de les regarder, non pas comme des juges, mais comme des assassins.

Ce n’est que d’après M. le marquis de Beccaria et d’après les jurisconsultes de l’Europe que je leur donne ce nom, qu’ils ont si bien mérité, et qui n’est pas trop fort pour leur inconcevable méchanceté. On interrogea avec la même atrocité le chevalier de La Barre, et, quoiqu’il fût très-au-dessus de son âge, on réussit enfin à l’intimider.

Comme j’étais très-loin de la France, on persuada même à ce jeune homme qu’il pouvait se sauver en me chargeant, et qu’il n’y avait nul mal à rejeter tout sur un ami qui dédaignait de se défendre.

On renouvela avec lui l’impertinente histoire des hosties. On lui demanda si un prêtre ne lui en avait pas envoyé, et s’il n’était pas quelquefois sorti du sang de quelques hosties consacrées. Il répondit avec un juste mépris ; mais il ajouta qu’il y avait en effet un curé à Yvernot qui aurait pu, à ce qu’on disait, prêter des hosties, mais que ce curé était en prison. On ne poussa pas plus loin ces questions absurdes.

Je sens que la lecture d’un tel procès criminel dégoûte et rebute un homme sensé : c’est avec une peine extrême que je poursuis ce détail de la sottise humaine.

Interrogé s’il n’a pas dit qu’il était difficile d’adorer un Dieu de pâte, a répondu qu’il peut avoir tenu de tels discours, et que s’il les a tenus, c’est avec d’Étallonde ; que s’il a disputé sur la religion, c’est avec d’Étallonde.

Hélas ! voilà un étrange aveu, une étrange accusation. « Si j’ai agité des questions délicates, c’est avec vous ; » ce si prouve-t-il quelque chose ? ce si est-il positif ? est-ce là une preuve, barbares que vous êtes ? Je ne mets point de condition à mon assertion ; je dis, sans aucun si, que vous êtes des tigres dont il faudrait purger la terre.

Et dans quel pays de l’Europe n’a-t-on pas disputé publiquement et en particulier sur la religion ? Dans quel pays ceux qui ont une autre religion que la romaine n’ont-ils pas dit et redit, imprimé et prêché ce que Duval et Broutel imputaient au chevalier de La Barre et à moi ? Une conversation entre deux jeunes amis n’ayant eu aucun effet, aucune suite, n’ayant été écoutée de personne, ne pouvait devenir un corps de délit. Il fallait que les interrogateurs eussent deviné cet entretien. Ces paroles, en effet, sont souvent dans la bouche des protestants : il y en a quelques-uns établis, avec privilège du roi, dans Abbeville et dans les villes voisines. Les assassins du chevalier de La Barre avaient donc deviné au hasard ce discours si commun qu’ils nous attribuaient ; et, par un hasard encore plus singulier, il se trouva peut-être qu’ils devinaient juste, du moins en partie.

Nous avions pu quelquefois examiner la religion romaine, le chevalier de La Barre et moi, parce que nous étions nés l’un et l’autre avec un esprit avide d’instruction, parce que la religion exige absolument l’attention de tout honnête homme, parce qu’on est un sot indigne de vivre quand on passe tout son temps à l’opéra-comique ou dans de vains plaisirs, sans jamais s’informer de ce qui a pu précéder et de ce qui peut suivre la minute où nous rampons sur la terre. Mais vouloir nous juger sur ce que nous avons dit, mon ami et moi, tête à tête, c’était vouloir nous condamner sur nos pensées, sur nos rêves. C’est ce que les plus cruels tyrans n’ont jamais osé faire.

On sent toute l’irrégularité, pour ne pas dire l’abomination, de cette procédure aussi illégale qu’infâme : car de quoi s’agissait-il dans ce procès, dont le fond était si frivole et si ridicule ? D’un crucifix de grand chemin qui avait une égratignure à la jambe. C’était là d’abord le corps du délit, auquel nous n’avions nulle part. Et on interroge les accusés sur des chansons de corps de garde, sur l’Ode à Priape du sieur Piron[16], sur des hosties qui ont répandu du sang, sur un entretien particulier dont on ne pouvait avoir aucune connaissance ! Enfin, le dirai-je, on demanda au chevalier de La Barre et au sieur Moinel si je n’avais pas été à la garde-robe, pendant la nuit, dans le cimetière de Sainte-Catherine, auprès d’un crucifix. Et c’était pour avoir révélation de ces belles choses qu’on avait jeté des monitoires.

Si le conseil de Sa Majesté très-chrétienne, auquel on aurait enfin recours, pouvait surmonter son mépris pour une telle procédure, et son horreur pour ceux qui l’ont faite ; s’il contenait assez sa juste indignation pour jeter les yeux sur ce procès ; si les exemples affreux des Calas et des Sirven dans le Languedoc, de Montbailli[17] dans Saint-Omer, de Martin dans le duché de Bar, étaient présents à sa mémoire, ce serait de lui que j’attendrais justice. Je le supplierais de considérer qu’au temps même du meurtre horrible du chevalier de La Barre, huit fameux avocats[18] de Paris élevèrent leurs voix contre la sentence d’Abbeville, en faveur de trois enfants poursuivis comme moi, et menacés comme moi de la mort la plus cruelle.

J’ai pris la liberté de mettre cette décision sous les yeux du roi : j’ose croire que, s’il a daigné lire ma requête, il en a été touché. Sa bonté, son suffrage, sont tout ce que j’ambitionne, et tout ce qui peut me consoler.

d’Étallonde de Morival,
fin du cri du sang innocent.

  1. Cet écrit, au nom de M. d’Étallonde, avait pour objet sa réhabilitation, et la cassation de la procédure d’Abbeville. Cet officier, au service du roi de Prusse, avait obtenu un congé illimité pour venir solliciter le succès de son affaire. L’écrit est daté de Neufchâtel, ville appartenante au roi de Prusse, où M. d’Étallonde était supposé résider ; mais, dans le fait, il était alors à Ferney, chez son patron, où il resta dix-huit mois. ( K.)

    Le Cri du sang innocent, daté du 30 juin, et la Procédure d’Abbeville, qui le suit, parurent au commencement de juillet 1775 ; mais, six mois auparavant, Voltaire en avait envoyé un modèle ou projet à d’Argental ; voyez les lettres des 16 et 22 janvier. Le Cri du sang innocent est un supplément à la Relation de la mort du chevalier de La Barre, qui est tome XXV, page 501.

  2. Louis XVI avait été sacré à Reims le 11 juin 1775.
  3. Fidelissima Picardorum natio. (Note de Voltaire.)
  4. Armand-Thomas Hue de Miromesnil.
  5. Je dois remarquer ici( et c’est un devoir indispensable) que dans l’affreux procès suscité uniquement par Duval de Saucourt, M. Cassen, avocat au conseil de Sa Majesté très-chrétienne, fut consulté ; il en écrivit au marquis de Beccaria, le premier jurisconsulte de l’empire. J’ai vu sa lettre imprimée. On s’est trompé dans les noms : on a mis Belleval pour Duval. On s’est trompé encore sur quelques circonstances indifférentes au fond du procès. Il est nécessaire de relever cette erreur, et de rendre à M. de Belleval, l’un des plus dignes magistrats d’Abbeville, la justice que tout le pays lui rend. (Note de Voltaire"".)

    — Ce n’est point par négligence qu’au lieu de corriger les noms nous avons laissé cette note et la lettre telles qu’elles sont. M. de Voltaire a suivi des mémoires contradictoires entre eux, quoique envoyés également d’Abbeville ; mais ces incertitudes sur l’instigateur secret de cet assassinat sont peu importantes ; les vrais coupables sont les juges, et ils sont connus. Quant à l’innocence des victimes qu’ils ont immolées à une lâche politique ou à la superstition, elle est prouvée par l’accusation même : où les droits naturels des hommes n’ont point été violés, il ne peut y avoir de crimes. (K.)

    — J’ai, d’après l’édition originale, rétabli la dernière phrase de la note de Voltaire. Malgré cette note et malgré une autre Rétractation, il paraît constant que Belleval est l’auteur de l’affreuse affaire d’Abbeville (Voyez tome XX, page 622, et, dans la Correspondance, la lettre à Florian, du 24 février 1774). (B.)

  6. Voyez tome XXIV, pages 365 et 402.
  7. C’est d’Étallonde qui parle.
  8. Page précédente.
  9. Voyez, dans la Correspondance, la lettre de Catherine, du 22 octobre — 2 novembre 1774.
  10. On voit que d’Étallonde ne demande rien. ( G. A.)
  11. D’Étallonde se trouvait à Ferney, mais comme il était au service du roi de Prusse, il datait sa requête de Neufchâtel, qui appartenait à ce prince. ( G. A.)
  12. Elle est appelée Marie-Antoinette Lelong, femme Racine, pages 7 et 24 du Recueil intéressant sur l’affaire du crucifix d’Abbeville, Londres ( Abbeville), 1776, in-12. L’éditeur de ce volume est Louis-Alexandre Deverité, né le 20 novembre 1743, mort le 31 mai 1818. (B.)
  13. Mot allemand qui signifie joyeux : voyez tome XXIV, page 92.
  14. C’est toujours d’Étallonde qui parle.
  15. Voyez, ci-après, le paragraphe ix du Prix de la justice et de l’humanité.
  16. Il est porté dans le procès-verbal que ces enfants sont convaincus d’avoir récité l’ode de Piron. Ils sont condamnés au supplice des parricides ; et Piron avait une pension de douze cents livres sur la cassette du roi. (Note de Voltaire.)
  17. J’ai lu qu’il y a cinq ou six ans, des juges de province condamnèrent le sieur Montbailli et son épouse à être roués et brûlés. L’innocent Montbailli fut roué. Sa femme, étant grosse, fut réservée pour être brûlée. Le conseil du roi empêcha ce dernier crime.

    Un juge, auprès de Bar, fit rouer un honnête cultivateur, nommé Martin, chargé de sept enfants. Celui qui avait fait le crime l’avoua huit jours après.(Note de Voltaire.)

    — On a vu, dans la Relation de la mort du chevalier de La Barre, qu’une cérémonie ridicule faite par l’évêque d’Amiens avait contribué, par le trouble qu’elle jeta dans les esprits de la populace d’Abbeville, à fournir aux ennemis du chevalier de La Barre des prétextes pour le perdre. Cet évêque, affaibli par l’âge et par la dévotion, mais naturellement bon et humain, porta jusqu’au tombeau le remords de ce crime involontaire. Son successeur, qui est d’une foi plus robuste, a eu la cruauté d’insulter à la mémoire de La Barre, dans un mandement qu’il a publié pour défendre à ses diocésains de souscrire pour cette édition. Cette défense de lire un livre, faite à des hommes par d’autres hommes, est une insulte aux droits du genre humain. La tyrannie s’est souillée souvent d’attentats plus violents, mais il n’en est aucun d’aussi absurde, et peu qui entraînent des suites si funestes. On ne connaît ni le temps ni le pays où un homme eut, pour la première fois, l’insolence de s’arroger un pareil pouvoir. On sait seulement que ce crime contre l’humanité est particulier aux prêtres de quelques nations européanes. (K.)

    — Les deux évêques d’Amiens dont il est question dans la note des éditeurs de Kehl sont La Motte (Voyez tome XXV, page 506) et Machault.

    Voltaire s’était déjà occupé de l’affaire de Montbailli ( voyez tome XXVIII, pages 425 et 498, et ci-dessus, page 218). Il avait parlé plusieurs fois de Martin ; voyez tome XVIII, page 118 ; XXVIII, 410, 427, 498.

  18. Voyez page 381.