Le Coureur des bois (Gabriel Ferry)/II/VII
CHAPITRE VII
OÙ BARAJA TOMBE DE FIÈVRE EN CHAUD MAL.
Pour expliquer l’origine et la nature du nouveau danger qui menaçait les trois chasseurs, il faut revenir au moment où nous avons laissé le malheureux Oroche suspendu au-dessus du gouffre, serrant entre ses bras le bloc d’or qu’il venait d’arracher avec tant de peine du flanc du rocher. Succombant sous le poids de son fardeau, il eut un moment la pensée de le remettre à Baraja ; mais il se ravisa bientôt, car il jugeait son compagnon d’après lui-même, et il connaissait trop bien sa rapacité pour ne pas être convaincu que, lui livrer sa proie, c’était se livrer lui-même à l’abîme. L’hésitation n’était plus permise ; il préféra de s’engloutir avec son trésor.
Baraja avait impitoyablement tranché les torons de la corde les uns après les autres, en entremêlant son affreuse besogne de prières furieuses et de malédictions suppliantes. Le dernier fil qui retenait le gambusino s’était rompu de lui-même ; c’était donc bien le corps d’Oroche que les chasseurs avaient vu traverser comme un nuage noir le voile transparent de la chute d’eau.
Épouvanté de ce qu’il venait de faire, non pas du meurtre qu’il avait commis, mais de la disparition du bloc d’or, Baraja jeta au fond du gouffre un regard de désespoir. Mais il n’était plus temps : l’abîme ne devait plus rendre ce qu’il avait englouti.
La mort d’Oroche laissait Baraja dans une solitude complète à laquelle il songea pour la première fois. Privé de son compagnon, il devait renoncer à tout espoir d’une lutte égale avec les possesseurs actuels du val d’Or. Il avait bien eu l’idée d’attendre leur départ ; mais, outre que rien ne prouvait que ce départ dût être prochain, la soif inextinguible de richesse qui s’était emparée de lui ne lui permettait pas de l’attendre longtemps.
Une rage sourde se mêlait à son impatience ; les trois chasseurs en étaient l’objet, et il résolut, même aux dépens de sa cupidité, de débusquer de leur poste ceux qui s’étaient si arrogamment déclarés seuls maîtres du val d’Or.
Bois-Rosé et ses deux amis allaient donc, par suite de la féroce avidité du bandit, se trouver exposés au plus grand danger qu’ils eussent encore couru.
Aveuglé précédemment au point de regarder la présence d’Oroche comme préjudiciable à ses intérêts, Baraja, plus avisé maintenant, finit par se déterminer à regagner le camp pour y chercher du renfort. À ce sujet il avait adopté un moyen terme : c’était de faire part de sa découverte à cinq ou six aventuriers tout au plus, et de déserter avec eux, laissant les autres se tirer d’affaire comme ils le pourraient.
Deux obstacles qu’il n’avait pas fait entrer en ligne de compte allaient lui rendre cette détermination impraticable : d’abord la disparition du camp mexicain ; ensuite la présence de Diaz, dont il se flattait d’avoir pleuré la mort, et qu’on a vu remonter à cheval pour aller prendre à la place de don Estévan le commandement de l’expédition.
Il était assez tard déjà quand Baraja s’était résolu à quitter momentanément le val d’Or. Il suivait tout pensif le chemin qu’il avait parcouru le matin avec Estévan, Oroche et Diaz, loin de se douter que ce dernier galopait à quelque distance derrière lui.
Nous n’avons pas besoin de dire qu’il lui avait été facile, en faisant un nouveau détour dans les Montagnes-Brumeuses, de gagner la plaine sans être aperçu des chasseurs ou de Diaz. C’était au même instant à peu près où la déroute des Mexicains allait commencer.
La nuit était close quand, à environ une lieue de distance du camp, Baraja entendit le bruit d’une fusillade. Il prêta l’oreille avec inquiétude et sentit une sueur froide qui inondait son visage. Bientôt la fusillade redoubla.
Baraja s’arrêta plein de perplexité. Avancer ou reculer était également dangereux ; mais comme, à tout prendre, il était peut-être plus périlleux d’avancer, le bandit choisit la retraite. Il allait se mettre en devoir d’exécuter sa résolution, quand le bruit du galop d’un cheval qui retentissait derrière lui vint redoubler ses appréhensions.
Puis enfin une voix qui se mêla dans les ténèbres au pas cadencé du cheval porta cette appréhension jusqu’à la terreur.
Cette voix était celle de Pedro Diaz. Il n’y avait pas à s’y méprendre ; elle cria à ses oreilles :
« C’est Oroche, si je ne me trompe ? »
Pour Baraja, c’était la voix d’un mort qui en appelait un autre.
Il ne vint pas à la pensée du misérable, au milieu de son trouble, que Diaz le prenait dans l’obscurité pour Oroche, et il s’élança en avant.
Puis le galop du cheval derrière lui devint plus rapide et la voix plus menaçante. Baraja n’en fuyait que plus vite dans la direction du camp, en dépit de la fusillade.
Cependant il y eut un moment où les Indiens, qui massacraient autour d’eux les fuyards échappés au carnage du camp, offraient un si effrayant spectacle, que Baraja n’eut plus peur des morts et tourna bride. D’ailleurs, nous avons dit que les Mexicains ne sont pas superstitieux longtemps. La rencontre fortuite de Diaz, qu’il croyait tué depuis le matin, avait frappé ses esprits, ébranlés déjà par le meurtre d’Oroche. La vue des Indiens l’avait rappelé à la réalité de ce monde.
Malheureusement, en tournant bride, Baraja se trouva en face de Diaz, que sa désertion du matin n’avait pas favorablement disposé pour lui.
« Lâche ! cria Diaz en lui barrant le passage, vous ne fuirez pas deux fois en ma présence. »
Au même instant, les Apaches entouraient les deux cavaliers, et ce fut bien malgré sa volonté que Baraja prit part à la lutte mortelle qu’il voulait éviter.
C’étaient les deux cavaliers dont les Mexicains combattant encore dans le camp avaient vu les héroïques efforts. Diaz avait arraché le casse-tête des mains d’un Indien et s’en servait avec un effrayant succès. C’est lui aussi qu’on a vu échapper à la fin à des ennemis trop nombreux pour qu’il pût espérer de les vaincre ; le prisonnier dont des cris de triomphe avaient signalé la capture, le blanc attaché à l’arbre en attendant le supplice, c’était Baraja.
Étroitement garrotté contre le tronc épineux d’un bois de fer, et au milieu d’une espèce de ronde infernale qu’on dansait autour de lui, le meurtrier d’Oroche voyait s’approcher l’heure de la terrible expiation que la Providence lui réservait.
Le malheureux, à qui les sinistres récits du vieux Benito revenaient en mémoire, comprit qu’il était tombé entre les mains d’ennemis plus impitoyables encore qu’il ne l’avait été lui-même envers le gambusino, et que toute merci, même une goutte d’eau pour apaiser sa soif au milieu des tortures, lui serait refusée.
Baraja, dans d’horribles angoisses, enviait le sort du compagnon qu’il avait si inhumainement sacrifié à son insatiable cupidité. Oroche, suspendu au-dessus de l’abîme, jetant des yeux égarés sur la corde qui se détendait en craquant à chacun des coups de couteau qui en tranchait un cordon, était aux yeux du misérable sur un lit de roses en comparaison de lui-même. Il pensait en frémissant que sa propre torture durerait autant d’heures que celle de sa victime avait duré de minutes.
Plongé dans une morne stupeur, il promenait ses yeux hagards et ternes sur les figures sauvages de ses bourreaux, qui s’occupaient avec une joie frénétique des apprêts de son supplice. À la clarté des chariots embrasés qui illuminaient la plaine, on pouvait le voir affaissé sous ses liens, qui seuls empêchaient ses jambes tremblantes de se dérober sous le poids de son corps.
Le bandit subissait la terrible conséquence de cette logique inexorable qui veut que, dans les choses d’ici-bas, du mal naisse infailliblement le mal, et que du bien procède toujours le bien.
Peut-être y aurait-il moins de malfaiteurs parmi les hommes si, à la crainte des lois humaines auxquelles on espère toujours échapper, si à celle d’un châtiment dans un autre monde, à une échéance lointaine et dont l’incrédulité peut se rire, se joignait, comme complément de l’éducation religieuse, l’enseignement de cette loi du talion infligée par la Providence et que nul ne peut éluder. Combien de malheurs en effet dont la source paraît inexplicable viennent nous frapper et qui ne sont que des expiations ! N’est-il pas dit : « Il te sera fait ce que tu auras fait à autrui ? »
En ce moment suprême, que n’aurait pas donné Baraja pour avoir connaissance de la haine de l’Oiseau-Noir pour les trois chasseurs et de ses projets de vengeance contre eux ? Le val d’Or tout entier ne lui eût pas paru trop pour payer cette connaissance. Indiquer leur retraite, c’eût été racheter sa vie.
De son côté, l’Oiseau-Noir, qui allait ordonner son supplice, était loin de soupçonner que le prisonnier aurait pu conduire ses guerriers vers ceux dont il avait perdu la trace.
Cependant, en attendant que le chef indien donnât à ses guerriers le signal de la fête, les ferrements des chariots rougis dans les foyers se convertissaient en instruments de torture. Ceux qui n’avaient pu s’en procurer aiguisaient des pieux ou préparaient leurs couteaux.
Après la victoire complète que les Indiens venaient de remporter, le supplice d’un prisonnier devait mettre le comble aux joies de la journée. Les paroles échappées la veille au vieux Benito résonnaient aux oreilles de Baraja comme une prophétie terrible : « Si le malheur voulait, lui avait-il dit, que vous tombassiez entre leurs mains, priez Dieu que les Apaches soient d’humeur joviale ce jour-là, et vous en serez quitte pour un supplice atroce, mais du moins fort court. »
Or, le triste Baraja ne pouvait se dissimuler que les Indiens étaient ce soir d’une effroyable gaîté, pas plus qu’il ne parvenait à oublier que ce court supplice durait cinq à six heures, quelquefois plus, mais jamais moins.
Un Indien à figure farouche s’avança le premier vers la victime et lui dit :
« Les visages pâles sont bavards comme la perruche quand ils sont en grand nombre, et, quand ils se trouvent attachés au poteau du supplice, ils sont muets comme les saumons des cataractes. Le blanc osera-t-il chanter son chant de mort ? »
Baraja ne comprit pas, et un sourd gémissement fut sa seule réponse.
Un autre Indien s’avança vers lui. Une large blessure faite par le poignard d’un blanc traversait sa poitrine d’une épaule à l’autre ; le sang en coulait encore avec abondance, malgré les ligaments d’écorce qui la bandaient.
L’Apache trempa son doigt dans son propre sang, et, traçant sur la figure de Baraja une ligne de démarcation du front au menton :
« Tout ce côté de la figure, dit-il, la moitié du front, l’œil et la joue sont ma part, et je les marque d’avance pour moi ; moi seul aurai le droit de les arracher au blanc vivant. »
Et, comme Baraja ne comprenait pas davantage cette affreuse menace, l’Indien la lui rendit complètement claire à l’aide de quelques mots espagnols et de l’expressive pantomime de son couteau.
Le sang se figea dans les veines du malheureux.
Excité par l’exemple, un troisième Indien sortit du cercle sauvage formé autour du prisonnier.
« La chevelure sera pour moi, dit-il.
– J’aurai seul alors, ajouta un quatrième, le droit de verser sur le crâne dépouillé du blanc la graisse bouillante que nous donneront les cadavres de ses frères. »
Il était presque impossible à Baraja de ne pas comprendre tous ces horribles détails, dont des gestes expressifs lui donnaient l’explication.
Puis il y eut un moment de répit, pendant lequel les Indiens reprirent la danse du scalpe, espèce de bourrée d’Auvergne, mais qu’on dirait exécutée par des démons.
Des hurlements d’une autre nature que ceux qui accompagnent forcément les réjouissances ou les douleurs des Indiens (car le sauvage, le plus féroce des animaux du désert, ne sait que hurler dans sa joie comme dans sa tristesse), ne tardèrent pas à se faire entendre. C’étaient les rugissements d’impatience de ces tigres toujours hurlants.
Alors le chef blessé, demeuré au sommet de l’éminence avec l’Antilope, se leva brusquement pour dire que le moment était venu où ses guerriers pouvaient commencer à déchirer leur proie.
Mais l’heure de Baraja n’avait pas encore sonné, il n’en était encore qu’à l’expiation morale.
Au moment où l’Oiseau-Noir allait faire commencer l’horrible drame, un événement inattendu vint en suspendre le signal.
Un guerrier dont l’accoutrement, quoique indien, ne ressemblait en rien à celui des Apaches, apparut tout à coup dans le cercle de lumière que traçaient les feux des chariots. Sa présence ne parut surprendre personne ; seulement le nom d’El-Mestizo passa de bouche en bouche.
L’inconnu salua gravement de la main les Indiens et marcha vers le prisonnier. La flamme éclairait assez vivement les traits de Baraja pour que le nouvel arrivé pût voir la pâleur livide qui les couvrait. Un dédain profond, sans le moindre mélange de pitié, se lut sur sa figure ; mais Baraja fit un mouvement de surprise. Il venait de reconnaître le mystérieux personnage qu’il avait vu pendant le cours de cette journée pousser silencieusement son canot d’écorce le long du cours d’eau dans les Montagnes-Brumeuses.
El-Mestizo adressa la parole en anglais à Baraja qui ne le comprit pas, puis en français, puis enfin en espagnol. Alors Baraja poussa un cri de joie.
« Oh ! s’écria-t-il, si vous me sauvez, je vous donnerai autant d’or que vous en pourrez porter. »
Baraja avait prononcé ces mots avec un élan si persuasif, que l’étranger, l’Indien, pourrions-nous dire, car il paraissait plutôt appartenir à la race indienne qu’à la race blanche, en sembla vivement frappé. Sa sombre physionomie s’éclaira d’un reflet de joie cupide.
« Vrai ? dit-il, tandis que ses yeux étincelaient.
— Oh ! seigneur, continua Baraja en se tordant les mains, aussi vrai que je vais mourir ici dans un affreux supplice, si votre intervention ne peut me sauver. Écoutez, vous viendrez avez moi ; vous emmènerez dix, vingt, trente guerriers, si vous le voulez, et si demain aux premières lueurs du jour, je ne vous mets pas face à face avec le plus riche gîte d’or du monde, eh bien, vous m’infligerez alors d’horribles tourments, plus horribles encore, s’il est possible, que ceux qui m’attendent ici.
– J’essayerai, dit l’inconnu à voix basse ; ne dites plus rien : car ces Indiens, tout en ne faisant pas grand cas de l’or des blancs, doivent ignorer ce que vous me proposez. Chut ! on nous écoute. »
Le cercle des sauvages, impatients de commencer leur fête, se resserrait en effet autour d’eux avec de sourds murmures.
« Bon ! ajouta l’inconnu à haute voix et en indien, je transmettrai aux oreilles du chef les paroles du captif à peau blanche. »
En disant ces mots, le mystérieux personnage lança autour de lui un regard d’autorité qui fit reculer les plus acharnés, et s’avança vers l’Oiseau-Noir ; puis, quand il eût gagné le sommet de l’éminence où le chef était assis, il s’écria :
« Que pas un Indien ne touche au prisonnier, jusqu’à ce que les deux chefs aient fini de conférer ensemble. »
Un rayon d’espoir vint briller aux yeux de Baraja, et, tandis que ses tourmenteurs jetaient sur lui un regard d’impatience sanguinaire, le malheureux, le visage tourné vers l’homme dont il attendait son salut, sentait tour à tour son cœur bondir de joie ou s’éteindre dans sa poitrine. Au milieu d’un flot d’angoisses, Baraja éprouvait ces sensations dévorantes qui, dans le cours de quelques heures, peuvent faire blanchir la chevelure d’un homme. Le meurtrier avait déjà plus souffert que sa victime.
La conférence des deux chefs fut longue. L’Oiseau-Noir semblait difficile à convaincre. Du reste, aucune de leurs paroles n’arrivait aux oreilles des Indiens, et leurs gestes n’étaient pas faciles à interpréter.
El-Mestizo montrait de sa main étendue la chaîne des Montagnes-Brumeuses. Il décrivit avec son doigt une courbe qui signifiait sans doute qu’il fallait les franchir : puis, traçant de ses deux bras une espèce de cercle, pour représenter peut-être une vaste plaine, il montra les chevaux égorgés dans le camp et imita le galop des chevaux qui bondissent.
Néanmoins le chef indien hésitait encore, quand Baraja, dont l’œil dévorait les deux interlocuteurs, vit celui qui plaidait pour lui prendre une physionomie triste et pensive et murmurer quelques mots tout bas à l’oreille de l’Oiseau-Noir.
Malgré son stoïcisme, l’Indien ne put ni s’empêcher de tressaillir, ni réprimer un éclair de fureur qui jaillit de ses yeux comme des étincelles. Enfin El-Mestizo ajouta tout haut, afin que chacun l’entendît :
« Qu’est-ce que ce lièvre timide (et il montrait le captif tremblant), en comparaison de l’Indien au cœur fort, aux muscles d’acier que je vous livrerai ? Quand le soleil qui suivra celui de demain aura lui trois fois, Main-Rouge et Sang-Mêlé rejoindront l’Oiseau-Noir à l’endroit où le Gila se réunit à la rivière Rouge, près du lac aux Bisons. Là, les Apaches retrouveront, pour remplacer les leurs, les chevaux que les chasseurs blancs se seront donné la peine de prendre pour eux. C’est là aussi que celui qui… »
L’Oiseau-Noir interrompit l’étranger en laissant tomber sa main dans la sienne.
Le marché se trouvait conclu.
Alors ce dernier descendit lentement de l’éminence, lança sur les Indiens désappointés un regard ferme et assuré ; puis, tirant son couteau, il trancha les liens qui retenaient Baraja.
Sans écouter les actions de grâces pleines d’ivresse de l’aventurier, il le mena à l’écart, et d’un ton de hautaine menace :
« Ne vous jouez pas de ma crédulité, dit-il ; un compagnon m’attend là-bas (et il montrait les Collines-Sombres) ; je prendrai encore onze guerriers apaches avec moi.
– Ah ! s’écria Baraja, c’est bien peu. Le trésor est défendu par trois hommes dont deux sont terribles. Jamais leurs carabines ne manquent le but qui leur est offert. »
Un sourire de sinistre orgueil plissa les lèvres de l’étranger.
« Main-Rouge et moi n’avons jamais visé en vain un ennemi, ne vit-on de son corps que la grosseur d’un grain de maïs, dit-il en montrant sa lourde carabine. Le faucon est aveugle et lent auprès de nous deux. »
Les Indiens quittèrent alors le camp incendié des chercheurs d’or. Avec le gros de sa troupe, l’Oiseau-Noir, tout blessé qu’il était, marcha dans la direction du lac aux Bisons. Les deux messagers de ses vengeances prirent une autre route.
L’Antilope se dirigea vers la fourche de la rivière avec dix guerriers pour y chercher les traces des trois chasseurs.
El-Mestizo et Baraja, avec onze autres Indiens, suivirent le chemin qui conduisait au val d’Or, tandis que les derniers débris des chariots tombaient en pluie de feu et s’éteignaient en sifflant dans le sang que la terre n’avait pas encore achevé de boire.