A. Maloine (p. 115-123).


CHAPITRE VII


Les reins sont au nombre de deux, l’un droit, l’autre gauche.

Ce sont des organes très glanduleux, et très vasculaires auxquels incombe l’importante fonction d’élaborer l’urine.

Les reins sont placés dans la région postérieure de l’abdomen. Ils sont couchés sur les côtés du rachis ou colonne vertébrale, à la hauteur des deux dernières vertèbres dorsales et des deux premières vertèbres lombaires. Le rein droit est ordinairement situé un peu plus bas que le rein gauche, probablement à cause de la présence du foie qui, pesant sur lui, tend à le refouler du côté de la fosse iliaque.

Les reins sont allongés dans le sens vertical. Leur grand axe n’est pas exactement parallèle au plan médian, car les reins sont convergents en haut, ou, en d’autres termes, se trouvent plus rapprochés à leur extrémité supérieure qu’à leur extrémité inférieure.

Les reins sont maintenus en position tout d’abord par leurs vaisseaux qui sont relativement très courts et qui les relient à l’aorte abdominale et à la veine cave inférieure, et par le péritoine (Testut, Anatomie, T. III).

Ces moyens de fixité s’augmentent de l’action de la capsule adipeuse du rein. Cette capsule peut être comparée à une sorte de sac plus grand que le rein ; les intervalles entre le sac et le rein sont remplis, chez l’adulte, par de la graisse. On conçoit facilement que l’accumulation de cette graisse maintienne le rein en place, mais on comprendra facilement aussi que, si cette graisse vient à disparaître sous une influence quelconque, le rein, remplissant mal sa loge, puisse abandonner sa position normale et descendre dans la cavité abdominale. Il accomplira cette descente aidé par son poids et par les mouvements de l’individu et descendra d’autant plus facilement que la graisse étant plus abondante à la partie inférieure de la capsule surrénale, le rein trouvera par en bas plus de vacuité quand disparaîtra la graisse.

Il y aurait lieu, toutefois, de considérer d’autre manière les moyens de fixité du rein d’après Poirier. Pour cet auteur, les vaisseaux semblent un moyen de fixité bien hypothétique, car où vit-on, dans l’organisme, des vaisseaux faisant office de ligaments ? Quand au péritoine, son rôle comme soutien des reins est illusoire, le péritoine étant incapable, en tant que séreuse, de maintenir un organe pesant comme le rein. Enfin, la capsule adipeuse apparaît bien sur le cadavre comme remplie d’une graisse consistante qui peut faire illusion ; mais la, chirurgie montre, dans toutes les interventions sur le rein, que cette graisse, sur le vivant, est d’une fluidité désespérante pour l’opérateur et que, loin d’immobiliser l’organe, elle facilite ses mouvements de glissement de haut en bas pendant les mouvements respiratoires et ses changements de volume résultant des pulsations artérielles.

M. Legueu a décrit des tractus fibreux qui, de la capsule fibreuse, s’insèrent sur l’organe même ; ces tractus fibreux sont irréguliers quant à leur nombre et leurs points d’insertion sont essentiellement variables ; au reste, Volkove et Delitzine, qui ont étudié ces ligaments pour s’assurer de leur action, les ont sectionnés dans l’espace compris entre leurs points d’insertion, en respectant les supports et les organes voisins, ils ont constaté que le rein s’affaissait sur lui-même, que sa partie supérieure se repliait sur la partie inférieure, mais que l’organe, somme-toute, restait immobile.

Il n’y aurait donc, à proprement parler, aucun ligament effectif de suspension du rein, ni de tractus fibreux qui retiennent énergiquement l’organe en place, et le rein ne tomberait pas dans les fosses iliaques, toutes grandes ouvertes pour le recevoir, parce qu’il est mécaniquement maintenu en place par la tension abdominale. On sait, en effet, que les muscles de la paroi abdominale : transverse et oblique, constituent, à l’état normal, une sangle énergique, qui exerce sur l’abdomen une pression suffisante pour s’opposer à la ptôse viscérale ; cette pression peut être constatée par des procédés physiques ; les expériences de Schmert qui consistaient en l’introduction dans le duodénum par l’estomac ; dans le rectum et dans la vessie d’ampoules manométriques, démontrent que la pression due à la tonicité musculaire équilibre et dépasse la pression atmosphérique.

On conçoit donc que les muscles, constituant une sangle, et que la masse intestinale enveloppée du péritoine constituant une pelote constamment appliquée sur le rein, maintiennent l’organe en place.

Les conséquences de l’altération de la sangle musculaire, de quelque nature que soient ces altérations, se feront immédiatement sentir sur le rein ; il en sera de même de certaines affections de l’intestin, la chute de celui-ci, par exemple, entraînant l’abaissement du coussin sur lequel reposent les reins, ceux-ci auront tendance à s’abaisser aussi.

Cette manière d’envisager le mode de fixité des reins, et, par suite, la pathogénie des déplacements des reins, n’empêche pas d’accepter aussi que la disparition de la graisse de la capsule adipeuse ne prédispose à l’abaissement des glandes rénales. Sangle musculaire distendue, paquet intestinal ptôse, rein libre dans une capsule que la graisse ne capitonne plus, autant de causes qui peuvent, inégalement mais concurremment, provoquer les déplacements des reins.

Si je me suis étendu longuement sur les moyens de fixation du rein, c’est que cette question est importante à étudier pour bien faire comprendre le mécanisme de la maladie, désignée, en pathologie, sous le nom de rein mobile ou de rein flottant, et dont je vais parler plus loin. D’une coloration rouge brunâtre, les glandes rénales, qui pèsent environ 125 à 150 grammes et sont coiffées chacune d’une capsule dite surrénale, n’ont point, à droite et à gauche, les mêmes rapports.

Le rein droit, par sa face antérieure, est en rapport en avant avec la face inférieure du foie, qui vient reposer sur elle, avec le côlon ascendant et la portion initiale du côlon transverse. Le rein gauche entre en contact, par la même face, avec la rate qui repose sur elle, avec la partie terminale du côlon transverse, avec le côlon descendant et avec la grosse tubérosité de l’estomac.

Par une partie de leur face postérieure, les reins reposent sur le diaphragme qui les sépare des deux dernières côtes.

Je joins à ces notions anatomiques, un schéma qui Les résume.

Les rapports des reins ainsi décrits ne sont pas complets, mais je n’ai voulu retenir que ceux qui intéressent directement ce travail. La lecture de cette brève énumération suffit à expliquer pourquoi j’ai voulu encore étudier l’influence du corset sur le rein avant d’examiner celle du corset sur l’estomac et sur l’intestin. On voit, en effet, que par leur position directement sous le foie et sous la rate, par leur contact avec l’estomac, par leur situation au-dessus de l’ensemble de la masse intestinale, ils subiront eux-mêmes directement, comme le tube gastro-intestinal, les influences qui s’exerceront sur le foie et sur la rate, et que parfois ils augmenteront de l’action de leur poids et de leurs déplacements l’influence des pressions transmises parle foie et la rate à l’estomac et à l’intestin.

L’ectopie rénale, le déplacement du rein, écrit le Pr Dieulafoy, est bien connue depuis les travaux de Rayer ; elle est beaucoup plus fréquente chez la femme que chez l’homme ; elle atteint le rein droit plus souvent que le gauche et rarement les deux reins. On a invoqué, comme causes, les grossesses répétées, l’abus du corset, le relâchement des parois abdominales, les contusions, les efforts violents, la résorption de la couche cellulo-graisseuse qui entoure le rein.

Fig. 59. — Les rapports des reins.

Jusqu’à l’apparition des travaux de M. F. Glenard, on considérait comme fort rare le prolapsus du rein ; quand on le trouvait, on pensait à la maladie du rein mobile ; or, néphroptose et maladie du rein mobile ne sont pas absolument même chose, on peut, comme le dit M. Glenard, avoir une néphroptose sans être malade et avoir la maladie dite du rein mobile sans avoir de néphroptose. Il admet deux sortes de néphroptoses, une secondaire due à l’abaissement de la masse intestinale et à l’hypostase sous l’influence de l’amaigrissement, l’autre primitive due au corset.

Le professeur Bouchard explique la chute du rein par la congestion du foie qu’il trouve toujours chez les gens d’estomac dilaté. Or, c’est constamment à droite que l’on trouve l’ectopie rénale. Pourquoi ? Parce que, dit-il c’est le foie qui le chasse de sa loge. Il admet d’ailleurs, l’influence du corset : « On trouve l’ectopie du rein droit uniquement chez les dilatés dont le thorax est le siège d’une constriction habituelle à sa base : chez la femme et chez les militaires. Le corset et la ceinture empêchent le foie, lorsqu’il augmente de volume, de passer au-devant du rein. Or, si dix à quinze fois par an se produisent des poussées de congestion hépatique, on comprend facilement que le rein refoulé peu à peu se déplace consécutivement par l’élongation graduelle de ses attaches vasculaires. »

L’action du corset dans l’ectopie rénale est donc évidente et admise par tous. Le Dr Bouveret la considère pourtant souvent comme beaucoup plus primitive que ne le veut le Pr Bouchard. Il est un point, ajoute le Dr Chapotot, sur lequel on n’a pas insisté. Si le foie pressait le rein simplement sur son pôle supérieur, tout en admettant qu’il puisse se déplacer par le mécanisme qu’indiqué le Pr Bouchard, son abaissement énorme, comme on le voit souvent, serait difficile à comprendre. Il faut pour le chasser quelque chose de plus. Ce quelque chose, la main le réalise quand recherchant le rein par le procédé au Dr Glénard, elle le projette en quelque sorte hors de sa loge en plongeant dans l’espace costo-iliaque. C’est un effet semblable que produit le corset, il comprime cette même échancrure et transporte le rein sous le foie tout en formant en arrière un plan rigide qui lui permet d’agir plus efficacement sur le rein.

Est-il exact que la constriction par le corset puisse produire l’abaissement du rein : et si ce mode étiologique est possible, est-il exact que le corset soit une cause fréquente du rein mobile ? C’est ce que je vais examiner.

À la première question, je réponds : oui, le corset peut produire rabaissement du rein, delà se comprend facilement si l’on songe que, placés directement sous le l’oie et la rate, les reins sont forcément abaissés si un corset est assez serré pour abaisser primitivement le foie et la rate. La pression exercée au niveau de ces viscères se transmet aux glandes rénales, qui ont, en plus, à supporter le poids de la glande hépatique et du parenchyme splénique. Le foie étant beaucoup plus lourd que la rate et offrant plus de prise à l’action du corse-t, doit abaisser davantage et plus souvent le rein avec lequel il entre en contact ; ce raisonnement trouve sa justification dans les statistiques qui établissent la prédominance de fréquence de l’ectopie droite : « Sur 43 observations, 31 sont relatives au rein droit, 5 seulement au rein gauche, dans les 7 autres les deux reins étaient déplacés, mais le droit plus que le gauche. »

De ce que cet abaissement du rein par un corset serré est possible, s’ensuit-il que le corset soit la cause primitive très fréquente de l’ectopie rénale ? C’est ce que beaucoup d’auteurs ont soutenu, en s’appuyant surtout sur les statistiques qui relèvent le déplacement du rein beaucoup plus souvent chez la femme que chez l’homme.

Sur 35 cas de rein déplacé, réunis par Fritz en 1859, on trouve 30 femmes et 5 hommes. Les statistiques plus récentes de Rosentein (1870) et de Ebstein (1875), parlent dans le même sens ; la fréquence de l’affection chez la femme est de 82 % pour le premier et de 85 % pour le second. Le professeur Tadenat, de Montpellier, a trouvé le rein mobile dans la proportion de 15 pour cent chez la femme, de 5 pour cent chez l’homme ; 120 fois à droite, et à gauche 4 fois.

Pour Mme Gaches-Sarraute : la fréquence des ectopies rénales est telle qu’une femme sur deux en est atteinte. (Tribune Médicale, 1885).

J’estime cette proportion exagérée, comme j’estime excessive l’opinion qui met à la charge du corset la grande majorité des cas de déplacement rénal.

Mme le Dr Gaches-Sarraute qui ne ménage pas le corset — le type qu’elle a créé excepté, et cela se comprend — disait en mai 1895, à la Société de Médecine publique et d’Hygiène professionnelle : « Je ne voudrais pas exagérer et prétendre que le corset cause toujours des déplacements du rein et qu’il les cause seul ; je conviens que certains efforts violents, ceux qui se produisent pendant l’accouchement, en particulier, ainsi que le vide laissé par l’expulsion fœtale, peuvent avoir une, influence réelle sur la production de ces déplacements, mais je ferai remarquer que les ectopies rénales se rencontrent aussi souvent chez les jeunes filles que chez les femmes qui ont eu des enfants, et que, d’autre part, ces ectopies s’accompagnent toujours de troubles gastriques, de dilatation et d’abaissement de l’estomac. Je puis donc, sans m’avancer trop, attribuer dans beaucoup de cas cette action néfaste au corset. »

Certes, je suis de l’avis de mon confrère quand elle dit que l’accouchement n’est pas la seule cause du rein mobile ; mais précisément parce qu’elle insiste en faisant remarquer que le rein flottant se rencontre chez les jeunes filles, je suis en droit de vouloir connaître comment, chez ces sujets, peut apparaître un déplacement rénal.

Et cela est d’autant plus intéressant et important à savoir que, non seulement, le rem abaissé se rencontre chez les jeunes filles, mais encore chez les hommes. Je n’en veux pour preuve que le travail le plus étendu sur l’ectopie rénale, celui de G. Schultze (1888) qui montre la présence de l’ectopie chez la femme, chez l’homme et chez l’enfant. Ce travail porte sur 474 observations. Celles-ci se décomposent ainsi : 8 fois il s’agissait d’enfants au-dessous de dix ans (un des malades avait six mois, ce qui a fait admettre à l’auteur une forme congénitale), 405 fois de femmes, soit 85 pour cent, et 69 fois d’hommes, soit 15 pour cent. Sur 100 observations détaillées, 65 fois la ptôse portait sur le rein droit, 18 fois sur le rein gauche, et 14 fois sur les deux reins simultanément.

Si j’examine à nouveau quelles sont les causes énumérées par le Pr Dieulafoy, dans le passage de son Manuel de Pathologie interne, que je citais plus haut, j’en trouve deux que j’élimine tout d’abord ; ce sont les contusions et les efforts violents, il s’agit là de cas exceptionnels et de causes accidentelles au sens propre du mot.

Les grossesses répétées donnent l’explication de certains cas d’ectopies rénales chez des multipares.

Quant à l’abus du corset, dont je reconnais le rôle étiologique, il explique certaines observations de déplacement du rein chez des sujets qui se sont serré la taille. Mais comment expliquer la, mobilité du rein chez des femmes nullipares ou chez des jeunes filles n’ayant, ni les unes ni les autres, porté de corset, comment l’expliquer chez les hommes ?

Les deux causes qu’il me reste à citer, d’une part le relâchement de la paroi abdominale sous l’influence des affections de la sogle abdominale proprement dite qui maintient le rein et des maladies intéressant le coussin intestinal qui supporte le rein, et d’autre part l’absorption de la couche cellulo-graisseuse qui entoure le rein, vont m’aider à résoudre le problème.

Toute maladie, en effet, qui aura pour résultat clé provoquer l’affaiblissement de la paroi abdominale et l’amaigrissement d’un individu, toute profession où l’orthostatisme sera la règle, prédisposera à la ptôse rénale. Cela ne se fera pas simplement, La paroi abdominale étant relâchée, le rein n’étant plus soutenu au milieu de sa gangue graisseuse, de sa capsule adipeuse, cet organe descend ; le foie, la rate perdent leur point d’appui et s’abaissent aussi : l’intestin sur lequel le rein est tombé, pousse devant lui la paroi affaiblie et toute la masse viscérale de l’abdomen prend part à ce mouvement de descente dans lequel il est très difficile d’attribuer la part active qui revient à chaque organe : il y a non seulement nephroptose mais encore entéroplose, maladie dont je m’occuperai spécialement en parlant de l’intestin, ou pour mieux faire comprendre ma pensée, il y a ce que j’appellerai splanchnoptose, c’est-à-dire chute en masse des viscères.

Dans ses Leçons de thérapeutique, le Pr Hayem rapporte aussi à des causes multiples l’ectopie rénale. La fréquence de cette maladie chez les femmes et chez les militaires s’expliquerait par l’action du corset ou du ceinturon ; chez 14 pour cent des dilatés on observe l’ectopie rénale et, bien que la dilatation stomacale soit aussi fréquente chez l’homme que chez la femme, on ne trouve le rein ectopié chez le premier que dans 5 pour cent des cas, tandis qu’il le serait dans 28 pour cent des cas chez la femme (du reste, pour Ewald, Oser, Nothnagel, Leubé, dans la plupart des cas les deux troubles n’ont aucune relation, il s’agit d’une simple coïncidence). Toutefois, au point de vue étiologique, les influences génitales et utérines (menstruation, accouchement, avortement) sont prépondérantes ; elles existeraient chez 34 femmes sur 80.

En 1901, à la cinquième session de l'Association française d’Urologie, M. Paul Delbet a exposé comment d’après lui le rein mobile serait une maladie résultant d’une infection utérine ascendante atténuée, amenant la fonte de la graisse périrénale et la dissociation des tractus conjonctifs qui fixent le rein ; d’où abaissement de celui-ci par son propre poids.

C’est donc à des causes d’ordre général de nature à entraver la nutrition du sujet, à diminuer sa force de résistance que je rapporterai nombre de cas d’ectopie rénale.

Il ne faudrait pas déduire de cette explication qu’il ne saurait y avoir de néphroptose sans chute des autres viscères, cela est possible, de même que l’on peut rencontrer la chute de l’intestin, l’entéroptose, sans que le rein soit abaissé.

Les seules conclusions à tirer de ces différentes considérations, c’est qu’une constriction exagérée produite par le corset peut, s’exerçant indirectement sur les reins, les abaisser et abaisser particulièrement le rein droit en raison de son rapport avec le foie qui offre à l’action du corset plus de prise que la rate.

Cette action néfaste du corset peut s’exercer dans quelques cas exceptionnels, en dehors de toute autre influence, mais, le plus souvent, le corset n’agit que comme une cause adjuvante qui vient s’ajouter à d’autres facteurs étiologiques et pathogéniques, et son influence ne devient néfaste que parce qu’elle s’ajoute à d’autres cause/s exerçant elles-mêmes une influence néfaste sur les viscères ; et ces autres causes sont multiples ; à celles que j’ai déjà citées, j’ajouterai, les suivantes : une laxité anormale des tissus particulière aux neuro-arthritiques, la diminution de la courbure lombaire qui diminue la profondeur de la loge rénale, les affections utéro-ovariennes, etc.

Que l’action du corset sur le rein soit primitive ou secondaire, un sage éclectisme est de rigueur quand il s’agit de fixer les causes qui provoquent l’ectopie rénale, es que je vais dire de l’influence du corset sur l’estomac et sur l’intestin le prouvera encore.

Il y a même des auteurs qui nient l’influence dangereuse pour le rein d’un bon corset bien fait et bien placé ; c’est ainsi que dans un article paru en 1905 dans la Revue internationale de Médecine et de Chirurgie, M. Legueu écrivait :

« Le corset, qui a joué dans la pathologie féminine un grand rôle, auquel on a attribué une foule de misères, est-il responsable de la plus grande fréquence du rein mobile chez la femme ? Je ne crois pas. Trekaki (du Caire) a pu, il y a quelques années, faire des observations chez les femmes arabes qui ne portent point de corset, et il s’est rendu compte chez elles de la fréquence du rein mobile, dans la même proportion que chez les Européennes corsetées. Donc il ne faut pas incriminer le corset dans la genèse de cette maladie, réserve faite, bien entendu, pour l’influence fâcheuse que peut exercer un corset mal fait. Mais, ce qui est plus important à considérer, c’est la forme du buste, qui est très différente suivant les femmes. On peut distinguer les tailles basses des tailles hautes ; or, s’il y a des chances pour que le corset étrangle la taille au-dessus du rein chez les premières, chez les secondes, au contraire, le corset peut être un soutien, un élément de solidité pour le rein. »