Le Correcteur typographe (Brossard)/volume 2/20/01

Imprimerie de Chatelaudren (2p. 651-667).


I

NOTES


1. Les notes se composent en caractères de corps inférieur d’au moins 2 à 3 points à celui du texte de l’ouvrage[1], et, afin d’éviter toute confusion, d’au moins 1 point à celui du corps des citations ou intercalations qui se rencontreraient dans le volume[2].

2. Les notes rejetées à la fin du volume ou d’une division du volume sous le titre Commentaires, Notes, etc., sont composées en caractères de corps inférieur de 1 à 2 points à celui du texte ; ce caractère sera de force ou d’œil intermédiaire entre celui du texte et celui des notes placées au bas des pages.

3. Les notes de notes, ou sous-notes, sont en caractères de corps inférieur de 1 à 2 points à ceux des notes auxquelles elles se réfèrent.

4. Autant que possible, tous ces caractères, bien que d’œil plus petit ou plus maigre, doivent se rapprocher comme type du caractère du texte courant. On ne saurait dès lors, au point de vue du goût et de l’harmonie, composer en caractère elzévir les notes d’un travail dont le texte a été établi en caractère Didot, ou réciproquement.

5. L’interlignage des notes est proportionné à celui du texte du volume. Pour un texte interligné à 4 points, les notes seront interlignées à 2 points ; et les sous-notes, à 1 point.

6. Le texte courant des notes et des notes de notes ou sous-notes se compose en alinéa ordinaire.

7. On suit, les règles qui régissent la composition de la poésie, si la note comprend, en totalité ou pour une fraction seulement, un ou plusieurs vers.

8. Les notes sont précédées d’un numéro d’ordre : chiffre, lettre ou autre signe[3]. Le numéro de chaque note correspond au signe placé, dans le texte, près du mot ou du passage auquel l’auteur désire donner un commentaire, une explication ou une référence.
xxxx Ces numéros, signes ou chiffres, reçoivent indifféremment le nom d’appel de note ou de renvoi.

9. L’appel de note s’exprime de plusieurs façons :

a) Par un chiffre de la casse placé entre deux parenthèses :

Cuvier s’exprime ainsi (1) : « Dans les expériences… »

(1) Cuvier, Leçons d’Anatomie comparée.

Ce genre d’appel est à proscrire dans les ouvrages de mathématiques, car il crée une confusion avec les numéros d’équations ou de formules. Ce genre de renvoi est d’aspect peu esthétique lorsqu’il est utilisé dans les lignes en vedette constituant, les titres clés divisions importantes d’un volume (grand titre, chapitres, parties, livres, etc.), surtout lorsque la force d’œil du chiffre est égale à celle des lettres du caractère employé :

DEUXIÈME PARTIE
théorie générale du magnétisme (1)

Pour obvier à cet inconvénient — minime, il faut le reconnaître, — certains auteurs recommandent exceptionnellement un genre de renvoi différent de celui en usage pour le travail, comme on le verra au paragraphe suivant. C’est au prote à parer à ce désagrément, avant la mise en œuvre de la composition, et à chercher à conserver une régularité désirable.

b) Par un chiffre supérieur entre parenthèses :

Quand Moïse voulut remplir Josué de l’esprit de sagesse, « il lui imposa les mains (2) ».

(2) Deutéronome, chap. xxxiv, v. 9.

Cette disposition est fréquemment utilisée : les parenthèses dégagent suffisamment du texte l’appel de note et permettent au lecteur de retrouver aisément le passage où il s’est arrêté.
xxxx Dans les divisions importantes d’un volume : grand titre, titres de partie, de chapitres, préfaces, etc., certains auteurs estiment qu’il est préférable de mettre en supérieures (entre parenthèses éventuellement) les renvois de notes qui peuvent être employés, — alors même que, dans le reste du travail, ces renvois sont exprimés en chiffres de la casse entre parenthèses :

DEUXIÈME PARTIE
théorie générale du magnétisme (1)

c) Par un chiffre supérieur sans parenthèses :

Depuis quelques années, on a fondé à Londres un hôpital 3 pour soumettre les malades au traitement magnétique.

3 Mesmeric Infirmary, 36, Weymouth street, Portland place, London.

Cette dernière méthode paraît aujourd’hui assez généralement employée : suffisamment visible pour s’imposer à l’attention du lecteur, le chiffre supérieur sans parenthèses ne produit pas l’effet disgracieux des deux autres genres d’appel.

d) Par un astérisque seul ou entre parenthèses :

Cuvier s’exprime ainsi (*) : « Dans les expériences… »

(*) Cuvier, Leçons d’Anatomie comparée.

L’emploi de l’astérisque n’est cependant pas d’usage courant ; il doit se limiter aux ouvrages mathématiques (pour éviter la confusion des supérieures avec les exposants) ou bien à ceux dont les renvois sont peu nombreux : si l’on est en effet obligé de placer plusieurs astérisques de front, la nécessité de les compter entraîne parfois à des erreurs, et la disposition typographique qu’ils présentent n’est pas heureuse.

e) Par une lettre capitale ou bas de casse, romain ou italique, entre parenthèses :

Cuvier s’exprime ainsi (a) : « Dans les expériences… »

(a) Cuvier, Leçons d’Anatomie comparée.

f) Par une lettre supérieure italique (appelée alors lettrine) ou romaine, entre parenthèses :

Cuvier s’exprime ainsi (a) : « Dans les expériences… »

(a) Cuvier, Leçons d’Anatomie comparée.

Lorsque les renvois de notes sont des lettres, ces lettres doivent être italiques dans un texte romain, et romaines dans un texte italique.

10. Les sous-notes et, les notes de sous-notes utilisent des renvois de genres différents de ceux des notes : par exemple, on emploie, pour les sous-notes, une lettre italique supérieure, et pour les notes de sous-notes un astérisque entre parenthèses, — ou réciproquement.

11. De manière générale, les imprimeries semblent avoir le choix du genre de l’appel de note ; peu d’auteurs imposent une règle pour cet objet, un peu secondaire.
xxxx Il est bon de rappeler que, dans les ouvrages de mathématiques comportant par leur nature un grand nombre de chiffres, l’appel de note en chiffres de la casse avec parenthèses pourrait être confondu avec les numérations d’équations ou de formules ; l’appel de note en chiffres supérieurs sans parenthèses, avec un exposant ; il est nécessaire d’éviter l’emploi de ces appels : les chiffres supérieurs entre parenthèses, les lettres italique bas de casse ou supérieures, et l’astérisque, avec ou sans parenthèses, donneront satisfaction.

12. Les numéros d’ordre des notes, au bas des pages, sont figurés de la même manière que l’appel dans le texte, comme on l’a vu dans les exemples donnés ici.

13. Toutefois, le chiffre supérieur sans parenthèses utilisé dans le texte est fréquemment remplacé, au début de la note, par un chiffre de la casse suivi d’un point :

Cuvier s’exprime ainsi 1 : « Dans les expériences… »

1. Cuvier, Leçons d’Anatomie comparée.

14. Les chiffres supérieurs, entre parenthèses ou non, les chiffres de la casse et les lettres entre parenthèses, placés au début d’une note pour indiquer le numéro d’ordre, ne sont jamais accompagnés du point :

Cuvier s’exprime ainsi (1) : « Dans les expériences… »

(1) Cuvier, Leçons d’Anatomie comparée.

Par contre, lorsqu’ils ne sont pas composés entre parenthèses, les chiffres de la casse, ainsi que les lettres capitales, les lettres bas de casse, romaines ou italiques, indiquant au bas des pages le numéro d’ordre des notes, sont accompagnés d’un point :

Cuvier s’exprime ainsi (a) : « Dans les expériences… »

a. Cuvier, Leçons d’Anatomie comparée.

15. L’appel de note se place avant la ponctuation, immédiatement après la phrase, la partie de phrase ou le mot auquel il se rapporte.

16. L’appel de note, dans le texte, se sépare du mot qui le précède par une espace de 1 point 1/2 à 2 points au plus, suivant la force de corps du caractère et l’espacement de la ligne où il se trouve.

17. Entre l’appel de note et le mot qui suit, le compositeur utilise l’espace régulière de la ligne.

18. Si l’appel de note est suivi d’une ponctuation, au lieu d’un mot, les règles ordinaires d’espacement avant et après les ponctuations sont à observer.

19. Le numéro d’ordre, placé au début des notes et suivi du point ou mis entre parenthèses, est séparé du mot qui le suit par une espace forte.

20. Cette espace sera la même à toutes les notes, quel que soit l’espacement de la ligne, afin d’obtenir un alignement rigoureux du premier mot des notes se trouvant dans la page :

(1) Voir le paragraphe 50.
xxxx (2) Cuvier, Leçons d’Anatomie.
xxxx (3) Leclerc, Nouveau Manuel de Typographie.

Exceptionnellement, l’usage s’est établi, si la page comporte plus de neuf notes, de ne pas, pour le chiffre 10, recourir à l’alignement sur la droite, en enjambant sur le cadratin de l’alinéa :

(1) Voir le paragraphe 50.
xxxx (2) Cuvier, Leçons d’Anatomie comparée.
xxxx (3) Leclerc, Nouveau Manuel de Typographie, p. 25.
xxxx Cet ouvrage, qui fait partie des manuels de la Collection Roret, a été, dans sa dernière édition (1921), soigneusement revu par l’auteur, qui a apporté au texte de la première édition des modifications importantes. Bien que ce travail ait été, depuis sa parution, l’un des meilleurs et des plus complets traités de typographie…
xxxx (10) Chollet, Petit Manuel de Composition, p. 50.

L’œil n’est, en effet, vraiment choqué par le défaut d’alignement des numéros d’ordre qu’au cas où la note 9 comprend une ligne seule de texte :

(1) Voir le paragraphe 50.
xxxx (9) Ibidem.
xxxx (10) Tassis, Traité de la Ponctuation, p. 61.

21. Dans les notes commençant par une citation en vers ne remplissant pas la justification, le renvoi se met, comme pour un texte en prose, immédiatement au début de la ligne, après le blanc régulier d’alinéa ; les règles ordinaires de la composition des pièces de poésie ne comportent, dans ce cas, aucune exception :

(1)xxx

Si fuir les factions c’est être modéré
De cette injure alors je me sens honoré.

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxL. Laya.

On observe la même disposition lorsque la première ligne est constituée par un titre en vedette :

(1)xxxxxxxxxx DEUXIÈME PARTIE
THÉORIE GÉNÉRALE DU MAGNÉTISME


ou lorsque la note comprend un tableau n’occupant qu’une partie de la justification et que ne précède aucune ligne de texte.

22. La numération des appels de notes mis dans le texte, ainsi que le numérotage des notes placées au bas des pages, commencent, pour chaque page, à l’unité ou à la première lettre de l’alphabet.
xxxx Toutefois, pour des raisons particulières — telles celles d’une plus grande concision et du renvoi à une autre note en vue d’éviter une répétition — dans certains ouvrages classiques, la numération se continue du début à la fin d’un chapitre, d’un livre ou d’une partie.

23. Même lorsque la fin d’une division, quelle qu’elle soit, et le début d’une autre se rencontrent dans une page, le numérotage des notes se continue, dans cette page, de la première division à la suivante.

24. Dans les ouvrages à plusieurs colonnes de texte, chaque colonne peut reprendre son numérotage de renvois et de notes également à l’unité.

Cette disposition, qui paraît assez pratique, facilite au lecteur la recherche, par colonne, de la note qu’il désire consulter.
xxxx Cependant certains auteurs — et sans doute ces derniers ont-ils raison — s’en tiennent strictement à une numération unique par page ; cette manière de faire évite, disent-ils, toute erreur si dans une colonne ultérieure le texte exige que le lecteur se reporte à une note de colonne précédente ; elle permet, en outre, une irréprochable disposition typographique de la page.

25. Il est de règle, lorsqu’une phrase se termine par un mot abrégé, que le point abréviatif et le point final se confondent. Mais, lorsque le mot abrégé est accompagné d’un appel de note, il n’y a plus confusion des deux ponctuations, et le point final doit être exprimé après l’appel :

Il me paraît illusoire de rappeler que la science a de nos jours fait les progrès les plus rapides avec des savants tels que Pasteur, Edison, Branly, les frères Lumière, etc. (1).

Par analogie, lorsqu’une note doit expliquer au lecteur les raisons pour lesquelles une phrase est incomplète et terminée par des points de suspension, l’appel de note se place entre les points de suspension et la ponctuation finale :

— Je m’en voudrais de vous rappeler tous les honneurs… (1). Brisons là ; c’est assez de honte !

(1) Voyez également, sur le même sujet, la page 250 du même volume.

26. Les signes de ponctuation autres que le point se placent également après l’appel de note accompagnant un mot abrégé :

Les titres de journaux, d’œuvres d’art, de bateaux, etc. (1), se composent en italique.

27. Dans le corps du texte, le renvoi ne se rejette jamais au début d’une ligne ; comme la ponctuation, il tient au mot ou à la phrase qui le précèdent :

On trouve dans tous les manuels typographiques
(1), et notamment dans celui de. Th. Lefevre, des explications fort longues sur…

28. Parfois les auteurs placent un renvoi au début de l’alinéa, pour donner au lecteur, par une note, l’explication ou l’indication qu’il lui est indispensable de connaître avant de commencer la lecture du texte :

(1) Parmi les élèves qui, au début de cette même année, se sont fait inscrire au cours complémentaire…

Le correcteur se gardera d’assimiler cet appel de note à une division ou à une numération de paragraphe. D’ailleurs, pour éviter toute confusion, bon nombre d’imprimeries rejettent cet appel de note immédiatement après le premier mot de l’alinéa :

Parmi (1) les élèves qui, au début de cette année, se sont fait inscrire au cours complémentaire…

29. Quand un appel de note entre parenthèses accompagne une phrase elle-même entre parenthèses, Th. Lefevre conseille de renvoyer l’appel après les parenthèses de la phrase :

On trouve dans tous les manuels typographiques (et notamment dans celui de Th. Lefevre) (1) des explications fort longues sur…

Cependant bon nombre d’imprimeries — et cette méthode paraît devoir être la règle [4] — tournent la difficulté en remplaçant par des crochets les parenthèses de la phrase ou du fragment de phrase, et expriment l’appel avant la ponctuation finale, le cas échéant, et avant le crochet fermé :

On trouve dans tous les manuels typographiques [et notamment dans celui de Th. Lefevre (1)] des explications fort longues sur…

(1) Th. Lefevre, Guide pratique du Compositeur et de l’Imprimeur typographes.

30. Les notes sont isolées du texte :

a) Par un blanc de 1 cicéro environ ou, tout au moins, par un blanc équivalant à une ligne de texte, plus l’interligne[5] :

On trouve dans tous les manuels typographiques, et notamment dans celui de Th. Lefevre (1), des explications fort longues sur…

(1) Th. Lefevre, Guide pratique du Compositeur et de l’Imprimeur typographes, p. 625.

b) Par un filet maigre régnant sur toute la longueur de la justification et recevant, au dessus et au dessous, un blanc d’environ 6 points[6] ou, au moins, équivalant à une demi-ligne de texte, plus, le cas échéant, l’interligne :

On trouve dans tous les manuels typographiques, et notamment dans celui de Th. Lefevre (1), des explications fort longues sur…


(1) Th. Lefevre, Guide pratique du Compositeur et de l’Imprimeur typographes, p. 625.

Le filet est employé surtout lorsque l’ouvrage comporte de nombreuses citations ou intercalations nécessitant des blancs dans le texte et pouvant, par suite, entraîner une confusion entre une citation et une note.

c) Par un filet maigre de 3 à 4 cicéros de longueur — ou plus, suivant la justification (généralement le quart environ de la justification), — placé à gauche, c’est-à-dire au début de la justification, et au milieu du blanc séparant la note du texte [6] :

On trouve dans tous les manuels typographiques, et notamment dans celui de Th. Lefevre (1), des explications fort longues sur…


(1) Th. Lefevre, Guide pratique du Compositeur et de l’Imprimeur typographes, p. 625.

31. Les notes de notes ou sous-notes ne comportent jamais de filet, quel qu’il soit ; un simple blanc de 6 points ou un blanc égal à une demi-ligne du texte est seul employé.

32. Lorsque la note débute par un tableau encadré, le filet de note doit être conservé au-dessus de ce tableau[7], s’il est de règle que dans le volume les notes soient séparées du texte par un filet.
xxxx De même, on conservera le filet si un tableau encadré, faisant partie du texte, se trouve, dans la mise en pages, placé immédiatement au-dessus de la note.

33. L’emploi du filet pour séparer les notes du texte est exceptionnel, dans le cas où les notes sont composées sur deux ou plusieurs colonnes.

34. On divise en plusieurs fractions la note qui ne peut, par suite de sa longueur, ou de la position de son appel en bas de page, tenir entièrement sur la page où se trouve son appel :

a) Le texte de la note divisée est, autant que possible, réparti sur les pages en deux fractions égales : disposition agréable à l’œil, si la note se continue, de la page paire sur la page impaire (c’est-à-dire sur deux pages en regard l’une de l’autre) ; nécessaire pour le foulage, quand elle se continue du recto sur le verso ;

b) Au cas où la mise en pages le permet, la portion la plus longue de la note se met sur la page où se rencontre l’appel, si le nombre de lignes est impair ;

c) Plus simplement, la note, séparée du texte par la ligne de blanc ou par le filet, se place aussitôt après la ligne où se rencontre l’appel et se continue autant que la hauteur de la page le permet ; l’excédent de la note est rejeté à la page suivante ;

d) Il peut arriver que l’étendue d’une note soit fort importante : on fait alors courir la note sur plusieurs pages, en insérant autant que possible dans chaque page le même nombre de lignes, après avoir conservé en tête de chaque page au moins deux lignes de texte, en sus du folio ;

e) Mais la proximité d’une autre ou de plusieurs autres notes peut s’opposer à cette manière de faire, par pénurie de texte et par nécessité de placer les appels et les notes dans l’une des pages où se trouve une partie de la note longue :

1° Suivant certains théoriciens, on continue la note directement sous le folio, le texte ordinaire étant reporté plus loin ; la note est séparée du folio par un filet, au cas où celui-ci est employé dans le volume entre le texte et les notes ;

2° Suivant d’autres, on conserve la disposition du paragraphe d ci-dessus : au moins deux lignes de texte après le folio, une partie de la note longue ; puis, celle-ci interrompue, la note appelée par le texte : un blanc d’au moins 6 points sépare les deux notes, et l’annotation suivre à la page… ou toute autre prévient le lecteur que la note longue non terminée se continue à la page suivante.

35. Dans tous les cas où la nécessité s’impose de séparer en deux fractions, égales ou inégales, et sur des pages différentes, le texte d’une note, deux lignes au moins du texte de cette note doivent figurer au bas de la page en laquelle se rencontre l’appel.

36. Le report, à la page suivante, d’une ligne seule terminant une note, et à plus forte raison d’une ligne creuse fin d’alinéa, n’est pas admis ; tout rejet doit comprendre au moins deux lignes.

37. Les lignes de notes reportées à la page suivante se placent avant les notes de cette page, si cette dernière en contient.

38. En aucun cas — et tout particulièrement lorsque les deux fractions d’une note coupée l’une est au recto et l’autre au verso — le premier fragment ne se terminera par un point avec ligne pleine ou par une fin d’alinéa. Le lecteur pourrait croire que la note est terminée, et, en négligeant de parcourir la fin du texte de celle-ci, méconnaître un détail important :

a) S’il est difficile d’éviter une telle coupure en chassant ou en regagnant une ligne, il sera nécessaire de remanier le texte : soit en gagnant pour qu’un mot de la ligne suivante, même divisé, vienne occuper la fin de la justification, soit en chassant à la ligne suivante, le dernier mot de la phrase, ou une fraction de ce mot ;

b) Si la coupure entre deux alinéas ne peut être évitée que par un remaniement de mise en pages, les blancs du texte ou des notes sont augmentés ou diminués de la quantité voulue pour chasser ou gagner une ligne : 1° une ligne supplémentaire est faite par le rejet, à la ligne suivante du mot ou d’une fraction de mot qui termine en fin de ligne un alinéa ; 2° une ligne est gagnée en cassant une fin d’alinéa, etc.
xxxx Le seul résultat à envisager est de faire comprendre au lecteur que la note n’est pas terminée et se continue à la page suivante.

39. Un appel de note peut se rencontrer dans la dernière ou l’avant-dernière ligne de la page, dans laquelle ne peut dès lors entrer aucune ligne de la note. Suivant les circonstances et les difficultés, par un remaniement de mise en pages, on rejette à la page suivante les lignes nécessaires pour obtenir dans la même page que l’appel l’emplacement nécessaire au texte entier de la note ; — ou l’on reprend les pages précédentes, afin de gagner en bas de page l’espace nécessaire pour une partie de la note, le surplus étant reporté à la page suivante.

40. La rencontre, dans une même ligne de texte, de plusieurs appels de notes et l’étendue de ces notes peuvent faire obstacle au placement, dans la page voulue, de l’une ou de l’autre des notes : par exemple la première note pourra être insérée en entier, ou dans une certaine fraction, et la place manquera pour la fin de cette note et les notes suivantes ; ou les deux ou trois premières notes seront placées, et les autres seront en trop :

a) Un remaniement de la mise en pages obviera parfois à cet inconvénient, suivant l’emplacement de la ligne portant les appels : en remontant, gagner le blanc nécessaire au logement des notes ; en chassant, reporter à la page suivante la ligne avec ses appels ;

b) L’auteur pourra autoriser le déplacement de l’un ou de plusieurs des appels de notes et remédier ainsi aux difficultés de la mise en pages ;

c) Les appels restent tous dans la ligne où l’auteur les a placés : expédient toujours regrettable, on rejette à la page suivante le surplus des notes : elles conservent, dans la page où elles sont ainsi indûment placées, le numéro d’ordre correspondant à leur appel ; ce numéro est suivi dès mots : de la page précédente, placés entre parenthèses et en italiques :


elle attire cependant suffisamment, l’attention du lecteur, tout en ne produisant pas l’effet un peu disgracieux des


à l’article, à l’adjectif, au pronom, au verbe, au participe, à l’adverbe, à la préposition, à la conjonction et à l’interjection.
xxxx 3 (de la page précédente). Toutes ces règles ne s’appliquent qu’à la composition courante.
xxxx 4 (de la page précédente). La plupart des manuels typographiques…,

en outre, après la dernière ligne de note figurant dans la page où se trouvent les appels, le renvoi à la page suivante est indiqué ainsi :

2. Ce mot doit être entendu aussi bien dans sa signification grammaticale que dans un sens indéterminé et général.
xxxx 3. 4. 5. Voir page suivante.

Si la note précédant les indications de renvois 3, 4 et 5, est coupée dans son texte, la mention Voir page suivante est détachée par un léger blanc en sus, de l’interligne ; en outre, une annotation indique la continuation à la page suivante de la note interrompue :

2. Ce mot doit être entendu aussi bien dans sa signification grammaticale que dans un sens indéterminé et général applicable

(Voir la suite à la page suivante.)

3. 4. 5. Voir page suivante.
xxxx6. 7. Voir page 140.

Parfois encore un autre artifice est employé :
xxxx La page contient, par exemple, cinq appels de notes ; les deux premières notes sont placées en entier au bas de la page ; la troisième note est seulement amorcée par quelques lignes, et le surplus est reporté à la page suivante, en même temps que le texte entier des notes 4 et 5.
xxxx Dans ce cas, la note 3 est commandée par les renvois 3-4-5, au lieu d’un renvoi unique ; les trois notes se trouvent ainsi englobées sous un renvoi composé ; et les numéros 4 et 5 devant figurer au début de ces mêmes notes sont supprimés.
xxxx Toutefois, pour que le lecteur puisse aisément retrouver le début de chaque note, on place un blanc supplémentaire de quelques points après le texte de l’ancienne note 3 et après celui de l’ancienne note 4.
xxxx Ce blanc ne saurait — comme on l’a parfois recommandé — être remplacé par un filet maigre de 2 ou 3 cicéros placé au début ou au milieu de la justification et accompagné d’une interligne de 2 à 3 points.

41. Ne peut figurer en tête de renvoi à la page suivante la partie excédente d’une note qui commence par un alinéa, des vers, une citation, une opération mathématique ou chimique, un tableau, un alignement, etc. : elle doit être précédée d’au moins deux lignes de note.
xxxx Toutefois, dans une série d’opérations mathématiques ou chimiques, il est nécessaire de tolérer, en tête de renvoi, les courtes incises qui séparent chacune de ces opérations : ou, et, en conséquence, il en résulte, etc.

42. La coupure entre deux opérations ne saurait être tolérée qu’au cas d’une longue série d’opérations ; il est bon, dès lors, d’indiquer par les mots : À suivre page… ou La suite page… que la note est interrompue et continue à la page suivante.

43. Un alignement, un tableau ne sauraient que dans des circonstances fort rares être, pour une fraction de leur texte, l’objet d’un renvoi à la page suivante.

44. Les mots à reporter, report doivent, en outre, suivant les circonstances, suivre et précéder les fractions de ces renvois.

45. Pour éviter le rejet, à la page suivante, de la fraction excédente d’un alignement ; d’une addition, d’un court tableau de note, certains auteurs autorisent la composition sur deux colonnes de l’alignement, de l’opération ou du tableau, lorsque cette disposition est possible.

46. Un appel de note peut se rencontrer à l’avant-dernière ou à la dernière ligne du texte d’un chapitre, et la place manquer pour loger dans la page la note entière :

a) Cette note se continuera à la page suivante, et en bas de page, comme à l’exemple du paragraphe 34, si dans le cours du volume les chapitres suivent sans aller à la page ;

b) Si, au contraire, les chapitres commencent en page, ou en belle page, la fin de la note est placée en tête de la page suivante, immédiatement sous le folio, avec ou sans le filet, selon la règle acceptée dans le volume.

47. Les notes figurant dans la page contenant la fin d’un article, d’un chapitre, d’une partie, etc., ne sont pas, si la division suivante commence en page ou en belle page, rejetées en bas de page : elles sont placées immédiatement après le texte dont elles sont séparées par le blanc séparatif texte-notes adopté dans le volume ; le filet de fin de chapitre, lorsqu’il est employé, figure après les notes.

48. Mais si dans le cours du volume les articles, chapitres, parties ou divisions suivent dans la page, les notes se placent en bas de page, quel que soit le blanc restant en fin de page, lorsque celui-ci ne permet pas de loger le début de la division et qu’on est obligé de renvoyer ce début à la page suivante.

49. Le rejet des notes en bas de page est encore de règle, lorsque le report obligé d’un tableau à la page suivante laisse en fin de page un blanc assez important.

50. Dans un texte d’auteur, une note répond parfois à deux renvois différents qui, dès lors, portent la même numération.

Si, au cours de la mise en pages, les deux renvois figurent dans des pages différentes, la note devra être répétée en entier dans l’une et l’autre page où figure chaque appel.

51. Dans les ouvrages dont le texte est sur plusieurs colonnes, les notes sont composées suivant une disposition analogue :

a) Parfois, selon les auteurs, comme on l’a vu au paragraphe 24, les appels de notes se suivent sans interruption, dans la même page, de la première à la dernière colonne de texte : chacune de celles-ci comporte une égale quantité de lignes de texte, et les notes sont réparties régulièrement sous l’une et l’autre colonne ;

b) D’autres fois, la numération des appels de notes recommence à l’unité avec chaque colonne de texte. Obligatoirement, dès lors, les notes sont placées sous le texte auquel elles appartiennent, sans souci de leur étendue ou du plus ou moins de hauteur du texte dans la colonne ;

c) Toutefois, exceptionnellement, afin d’éviter l’aspect par trop disgracieux d’une page qui pourrait paraître boiteuse, on peut rejeter la fin d’une note d’une colonne à la colonne suivante ; mais on ne saurait, pour le même cas, reporter sur une première colonne le début d’une note appartenant à une deuxième colonne ;

d) C’est dans ces circonstances surtout, lorsqu’on a de courtes notes, qu’il est utile de les composer, si l’auteur y consent, en un seul alinéa, en les séparant par des tirets (§ 56).
xxxx Il ne faut pas oublier que cette manière d’agir, qui n’est, en somme, qu’un expédient, devient, si elle est utilisée, une règle pour le surplus de la mise en pages : on ne saurait, en effet, employer ici cet artifice, et là le rejeter, sans tomber dans l’arbitraire.

52. Dans les ouvrages, classiques ou autres, où les notes, à l’exemple du texte ou non, sont composées sur deux colonnes, il est d’usage, si la page ne comporte qu’une seule note et la note elle-même deux lignes, de réunir celles-ci en une ligne longue, composée sur la justification totale.

53. Dans les ouvrages où le texte ne comporte qu’une seule justification, mais où, exceptionnellement, les notes sont composées sur deux colonnes, le texte de ces notes est partagé régulièrement entre chaque colonne, afin d’éviter autant que possible les colonnes boiteuses ou courtes.

54. Si la note, sur deux colonnes, comprend trois lignes, on peut, réunir ces trois lignes en deux lignes de justification totale, afin d’éviter le rejet en tête de colonne d’une ligne seule, presque toujours courte, et de remédier à l’aspect choquant produit à l’œil par une sorte de manque d’équilibre.

55. Dans tous les cas, pour les ouvrages à deux, trois ou quatre colonnes, lorsqu’il est nécessaire de rejeter une fraction de note à la page suivante, on se conforme aux règles énoncées aux paragraphes 40 et 51.

56. Dans certains classiques, où les notes sont particulièrement nombreuses ou fort courtes et les blancs réduits au strict minimum, les notes placées en pied de page se suivent à raison d’un seul alinéa par page.
xxxx Chaque note est séparée de la suivante par un tiret (ou moins) :

(1) Les Précieuses Ridicules, acte V, sc. ii, v. 450. —
(2) Acte V, sc. iii, v. 525. — (3) Acte V, sc. iv, v. 155. —
(4) Acte V, sc. vi, v. 50.

57. Plus rarement, les notes se suivent, en un seul alinéa, par chapitre, par chant ou par toute autre division :

a) En raison de ce que la numération oblige parfois à employer deux chiffres, les appels de note sont, de préférence, en chiffres supérieurs du corps du texte, avec ou sans parenthèses ; les notes sont séparées l’une de l’autre par lin tiret ;

b) Chaque note (ou, tout au moins, le début de la dernière) doit rigoureusement se trouver dans la même page que son appel.

58. Le départ des notes rejetées en fin de volume se fait en page, parfois même en belle page.

a) Quelques auteurs séparent nettement les notes les unes des autres en composant au milieu de la justification leur ordre de numération, en grandes ou en petites capitales, avec chiffres arabes :

NOTE 2

b) D’autres se contentent, entre chaque note, d’une ligne ou, au moins, d’une demi-ligne de blanc[8], le chiffre de numération se trouvant simplement placé au début de la note ;

c) Dans tous les cas, la numération se continue, depuis la première à la dernière note, de 1 à…

d) Le renvoi de note est parfois suivi de l’indication de la page placée entre parenthèses.

59. Placées dans le corps du volume, après chaque partie, chaque section ou chapitre, les notes continuent sur la page où se terminent la partie, la section ou le chapitre auxquels elles appartiennent.

60. Une note se trouvant en bas de page sous un tableau plus large que la justification normale peut se composer sur la largeur de ce tableau, afin d’éviter le mauvais aspect produit par la différence de justification.

61. Les tableaux intercalés dans le texte peuvent comporter des notes :

a) À défaut d’indications bien spéciales de l’auteur, ces notes peuvent se mettre dans le cadre du tableau, si par ailleurs le texte de la page ne comporte lui-même aucune note ;

b) Si le texte comporte des notes, celles du tableau sont généralement rejetées en bas de page, à la place respective que leur assignent la numération et la concordance de leur appel ;

c) Si le tableau inséré dans une note comporte lui-même quelque note, celle-ci est mise de préférence à l’intérieur du cadre. Les appels ou renvois de ces notes seront différents de ceux du texte.

62. On renvoie après la signature de l’auteur, et conséquemment après la date, les notes se rencontrant dans la page contenant la fin d’un article daté et signé.
xxxx Le filet employé, le cas échéant, pour la séparation des notes et du texte, ne saurait, dans ce cas, être supprimé.

  1. L’emploi d’un caractère (le corps intérieur de 1 point seulement à celui du texte d’un ouvrage ne peut s’expliquer que par l’usage d’un caractère de petit corps (par exemple, du 7) pour le travail lui-même.
  2. Voici les règles observées en principe, au commencement du xviiie siècle, pour le choix des caractères des notes :
    xxxx « Quand le texte était, du gros-romain (corps 16), on composait les notes en saint-augustin (corps 12 ou 13) ;
    xxxx « Avec le gros texte (corps 14), on utilisait comme caractère de notes le cicéro (corps 11) ;
    xxxx « Avec un texte en saint-augnstin (corps 12 ou 13), on employait la philosophie (corps 10) pour les notes ;
    xxxx « Si le cicéro (corps 11) était le caractère du texte, on composait les notes en petit romain (corps 9) ;
    xxxx « Lorsque l’ouvrage était en philosophie (corps 10), on prenait la gaillarde (corps 8) pour le texte des notes ;
    xxxx « Pour un volume en petit romain (corps 9), on composait les notes en petit texte (corps 7 1/2) ou en mignonne (corps 7) ;
    xxxx « Si le texte était en gaillarde (corps 8), on se servait pour les notes de nonpareille (corps 6) ;
    xxxx « Enfin, si le caractère du travail était du petit texte (corps 7 1/2) ou de la mignonne (corps 7), on faisait les notes en parisienne, nommée aussi sédanoise (corps 5).
    xxxx « Naturellement il y avait des exceptions à ces données ; celles-ci cependant étaient suivies dans la mesure du possible. Aujourd’hui encore, dans de nombreux ouvrages, les corps indiqués ci-dessus servent de base pour le choix du caractère des notes. »
  3. Autrefois, dit Leclerc, on se servait de minuscules italiques supérieures dans le corps du texte (sous le nom de lettrine), accompagnées de la parenthèse, quand les notes étaient fréquentes ; lorsqu’elles l’étaient moins, la minuscule était remplacée par l’astérisque entre parenthèses. On doublait l’astérisque pour une seconde note de la même page ; mais pour la troisième, on plaçait une croix, et pour la quatrième un pied-de-mouche.
    xxxx Un autre signe, le diésis () était aussi employé.
    xxxx Des astérisques entre parenthèses, et en nombre égal à celui des renvois, remplacèrent ces divers signes ; plus tard, on se servit simplement de chiffres du corps entre parenthèses.
  4. Cette méthode paraît devoir être la règle. Dans l’exemple cité ici, il est certain que l’appel de note se rapporte au nom propre Lefevre, ou encore, si l’on veut, au mot celui remplaçant le terme manuel. Dès lors, si, au lieu d’être un chiffre entre parenthèses, l’appel de note était un chiffre supérieur, il serait obligatoirement placé, avant la parenthèse, à la suite de Lefevre.
    xxxx La règle recommandée par Th. Lefevre ne peut se soutenir que si la phrase entière est placée entre parenthèses ; encore doit-on remarquer que, dans ce cas, l’appel de note reste isolé du texte avec lequel il semble n’avoir plus aucun rapport.
  5. Cette règle est plus théorique que pratique. Il est en effet particulièrement difficile d’obtenir un blanc répondant de manière parfaite à ces prescriptions : le blanc dépend du nombre de pointa exigés pour l’emplacement des notes, de la ligne de texte où se rencontre l’appel, et aussi de la place disponible après la ligne de composition précédant la note.
  6. a et b En pratique, le blanc placé sous le filet doit toujours être supérieur de 1 à 2 points au blanc précédant le filet.
  7. Contrairement à l’avis de Leclerc (p. 279, édit. 1921).
  8. Lorsque dans une page se rencontre le début d’une seule note, il est évident que, obligatoirement, le blanc séparatif des deux notes doit être égal à une ligne de texte plus l’interligne.
    xxxx La demi-ligne recommandée par ces auteurs ne peut donc être employée que dans le cas où le texte de plusieurs notes figure entier dans la page.
    xxxx Il y a dès lors irrégularité dans l’emploi des blancs ; cette irrégularité deviendra désagréable lorsque deux pages en regard comporteront : l’une, un blanc d’une ligne ; l’autre, un certain nombre de blancs d’une demi-ligne seulement.