Le Correcteur typographe (Brossard)/volume 2/19/03
III
PIÈCES DE THÉÂTRE
161. Les règles générales de la composition des pièces de théâtre en vers ne diffèrent en rien de celles qui viennent d’être exposées ; d’autre part, les pièces en prose sont soumises aux principes généraux de la composition courante, au sujet desquels un bon compositeur ne doit éprouver ni hésitation ni tâtonnement. Ce genre de travaux n’offrant, dès lors, aucune difficulté particulière[1], les lignes qu’il est utile de leur consacrer se borneront à quelques indications sur la composition des noms ou des qualités des interlocuteurs, des apartés ou jeux de scène, sur les coupures de vers, et à une rapide énumération de certaines règles spéciales de mise en pages (style classique) pour les pièces en vers, ainsi que pour celles en prose.
§1. — Pièces en vers
162. L’énumération ou la désignation de tous les personnages ayant un rôle dans la pièce figure généralement, sur une page paire, en face la première page du texte, ou, à défaut de place, immédiatement après le titre de départ et les indications qui sont relatives à ce dernier.
163. Les noms des personnages désignés nommément sont composés en grandes capitales ; — les personnages énumérés à titre impersonnel (un garde, un domestique) ou encore en totalité, en globe (troupe de soldats, peuple), sont en petites capitales ; les qualités des personnages, en bas de casse.
L’indication générale du lieu où se passe la pièce ou l’événement est placée, immédiatement au-dessous, sur la même page.
Le caractère employé doit être inférieur à celui du texte, particulièrement pour l’indication du lieu, du temps et des circonstances dans lesquelles se passe l’action :
JULES CÉSAR, général romain.
MARC ANTOINE, général romain,
LÉPIDE, général romain.
CORNÉLIE, femme de Pompée.
PTOLÉMÉE, roi d’Égypte.
CLÈOPATRE, sœur de Ptolémée.
PHOTIN, chef du conseil d’Égypte.
PHILIPPE, affranchi de Pompée.
Un esclave.
Troupe de soldats romains.
Troupe d’égyptiens.
La scène se passe en Égypte, quelques mois après la bataille d’Actium.
164. Dans les œuvres complètes d’un auteur, comprenant toutes — ou une grande partie — les pièces écrites par lui, chaque pièce, précédée fréquemment d’un faux titre, est mise en belle page ; l’énumération des personnages figure, au dos du faux titre ou sur une page blanche qu’on a soin de ménager en face la première page de texte ; le titre de la pièce, figurant au haut de cette première page, est séparé de l’acte Ier par un filet maigre ou double maigre, sur toute la largeur de la justification, plus rarement par un couillard orné ou non.
165. Les nombres indiquant le rang des actes sont composés en chiffres romains grandes capitales, sans être accompagnés de supérieures [premier étant toujours composé en entier[2]] :
166. Les jeux de scène explicatifs ou descriptifs placés sous les mots acte ou scène, ne comprenant qu’une ligne, se justifient au milieu :
Au fond du théâtre, le palais des Atrides. Devant ce palais, un peu de côté, s’élève un tertre : le tombeau d’Agamemnon. L’aube se lève. Par la gauche…
167. Après les mots scène, les noms des personnages remplissant un rôle et nommément désignés (noms formant en quelque sorte le sommaire de la scène annoncée) se composent en grandes capitales ; ceux des figurants sans importance ou groupés en séries, en petites capitales ; les autres mots figurant fortuitement dans l’énumération, en bas de casse :
un affranchi, gardes, esclaves
168. Mais, au contraire, bien que figurant sous le mot scène, le nom d’un personnage, qui à lui seul occupe toute l’action de la scène annoncée, se compose en caractère de même force que celui employé au cours du dialogue, pour les noms des interlocuteurs de la pièce[3] :
169. On exprime au long les mots scène première[4] :
mais on compose Scène II, Scène III, etc.
170. Pour la composition des titres Acte, Scène et des noms de personnages, il est essentiel d’observer une gradation d’importance décroissante, afin d’aider à l’intelligence du texte :
171. Les noms des interlocuteurs se composent en petites capitales du caractère du texte employé, ou encore, pour éviter les parangonnages, en capitales du corps (petits caractères) des apartés ou jeux de scène intercalés dans le texte ; ils sont justifiés au milieu de la ligne :
Ma fille, ce mot-là garde-le pour toi-même.
Hermès infernal, dont l’œil reste attaché au trône.
Par la diversité des caractères, il faut éviter la confusion qui pourrait s’établir entre un folio et un nom d’interlocuteur, lors de leur rencontre éventuelle :
Il est temps de nous joindre aux prières publiques.
172. Dans les pièces de théâtre, les vers sont fréquemment divisés dans leur étendue par plusieurs interlocuteurs :
Ma fille, ce mot-là garde-le pour toi-même,
Si tu l’entends de lui…
Jamais !
Il a tort…
Ainsi qu’on l’a vu précédemment, la deuxième fraction du vers coupé (paroles du deuxième interlocuteur) doit s’aligner exactement, plus une espace, avec les points de suspension qui suivent les paroles du premier interlocuteur, et ainsi de suite.
173. Si le vers ainsi divisé dépasse la longueur de la justification, pour éviter le crochetage, on rentre légèrement de la quantité nécessaire, sous la précédente, chacune des parties du vers coupé, ainsi qu’il a déjà été expliqué plus haut.
174. Les mots Madame, Monsieur, Mademoiselle, Maître, Comte, etc., qui accompagnent fréquemment les noms d’interlocuteurs placés en vedette, s’expriment généralement en entier :
Souvent je contemple la pierre
Où commencèrent mes douleurs…
Jamais nous ne goûtons de parfaite allégresse.
175. Les règles qui régissent la composition des jeux de scène ou apartés (jeux de scène proprement dits) des pièces de poésie ne semblent pas fixées de façon définitive : il faut en effet tenir compte de multiples circonstances, parmi lesquelles les usages des imprimeries et surtout le matériel dont elles disposent figurent en bonne place.
176. Trois genres de composition paraissent pourtant plus fréquemment suivis :
a) Tous les jeux de scène, aussi bien ceux accompagnant les noms des interlocuteurs que ceux figurant sous les mots acte, scène (jeux de scène descriptifs) et ceux intercalés au milieu des vers, sont composés en italique bas de casse du caractère employé pour le texte :
On m’appelle ! C’est lui ! Fuyez !… Par où ?
… Par là !
b) Les jeux de scène accompagnant les noms des interlocuteurs sont composés en italique bas de casse du caractère employé pour ces noms (afin d’éviter un parangonnage) ; — les jeux de scène descriptifs des actes et des scènes, ainsi que ceux de l’action intercalés au milieu des vers, sont composés en petit caractère romain :
On m’appelle ! C’est lui ! Fuyez !… Par où ?
… Par là !
c) Tous les jeux de scène, quels qu’ils soient, sont composés en petit caractère romain :
On m’appelle ! C’est lui ! Fuyez !… Par où ?
… Par là !
177. L’emploi d’un caractère de corps inférieur est préférable dans tous les cas. — Le nom de l’interlocuteur peut alors être composé en grandes capitales de ce corps, d’œil généralement plus petit que celui employé pour les noms des personnages figurant à la suite du mot scène. — Dans le texte, l’intercalation des jeux de scène composés en caractère d’un corps inférieur est d’un aspect meilleur, et il chasse moins le texte au cas de coupure obligée des vers (ce qui peut rendre service avec une justification étroite et des vers longs). — Certaines imprimeries possèdent, pour cet usage spécial, des caractères d’œils différents fondus sur même corps.
178. Lorsqu’ils suivent le nom de l’interlocuteur, les jeux de scène ou apartés peuvent en être séparés par une virgule, et alors certains auteurs typographiques exigent que ces apartés soient suivis du point :
Les noms d’interlocuteurs (comme toutes les autres lignes en capitales justifiées au milieu de la ligne) ne prenant plus habituellement, à l’heure actuelle, de ponctuation finale, il y a là une irrégularité.
179. Aussi, quoi qu’on en dise, est-il préférable, au point de vue de la régularité générale, de mettre ces jeux de scène entre parenthèses[5] :
180. Dans tous les autres cas, les jeux de scène proprement dits se mettent entre parenthèses.
181. D’après, le rôle qu’ils font jouer aux personnages et suivant les indications de l’auteur, les apartés, ou jeux de scène proprement dits, lorsqu’ils précèdent l’action, sont soumis, quant à la place qu’ils doivent occuper, à des règles différentes :
a) L’aparté se place à côté, à la suite du nom de l’interlocuteur (entre parenthèses, ou en le séparant du nom par une virgule), s’il se rapporte à toutes les paroles prononcées par lui :
Seigneur, à découvert, toute âme généreuse
D’avoir votre amitié doit se tenir heureuse ; …
Nous vous la demandons hors de la servitude,
Où le nom d’ennemi nous semblera moins rude.
C’est de quoi le Sénat pourra délibérer…
b) Si, au contraire, l’aparté n’intéresse qu’une fraction, qu’une partie des paroles prononcées, mais au moins un vers entier, il se place au-dessus et immédiatement au début du vers, sur lequel on le rentre, toutefois, de 1 cadratin :
Un baiser sur ta joue en pleurs m’amusera.
Si le gars pousse un cri…
Si, exceptionnellement, le jeu de scène était d’une étendue presque égale à celle du vers, il serait préférable de le composer en deux lignes, avec une coupure naturelle : la ligne la plus longue se renfoncerait de 1 cadratin sur le début du vers, la ligne la plus courte serait justifiée au milieu de la plus longue (la coupure exigée par le sens indiquant si la première ligne doit être la plus longue ou, au contraire, la seconde).
c) Le jeu de scène indiquant une action ou un fait dont le début se trouve au cours d’un vers est placé près des paroles auxquelles il se rapporte (toujours au moins 1 cadratin après leur début) :
Oui, ses haillons enfin achevés par l’orage
L’ont quitté. Nous avons un paquet…
Le jeu de scène ainsi placé, auquel son étendue ne permettrait pas de tenir dans le blanc resté disponible jusqu’à la fin de la justification, ne doit jamais être ramené au-dessus des paroles qui le précèdent et avec lesquelles il n’a aucun rapport. On le compose en deux lignes, en suivant pour la disposition la règle énoncée au paragraphe b ; ou, encore, si cette disposition n’est pas possible, on a recours à l’artifice suivant.
182. Lorsque le jeu de scène est trop long, pour ne pas enjamber sur une partie de vers auquel ce jeu n’appartient pas, on coupe le vers à l’endroit qui appelle le jeu de scène, et on intercale ce jeu de scène entre la première et la deuxième partie du vers :
Pourvu qu’il n’aille rien m’arriver !
Suis-je fou !
Voici un autre exemple dont la disposition est également intéressante (M. Bouchor, Comédies ; Cornély, éd.) :
Père, ma brave et douce bête
Portera votre patient.
Bien ! Aide-moi.
Le Samaritain lui dit :)
Venez !
et le soutiennent.)
Que nous partions, une prière !
183. Si, dans un même vers, se trouvent deux jeux de scène que leur étendue ne permet pas de placer dans une seule ligne, on coupe le vers en deux parties (la première se termine après le texte commandé par le premier jeu de scène, généralement suivi d’un point : voir l’exemple ci-dessus) et on intercale le deuxième jeu de scène au-dessus de la partie du vers à laquelle il appartient :
Quant à l’instigateur, il ne fut pas pendu,
On le brûla !
Gauthier ne bronche pas.)
Est-il un individu ?…
184. Le jeu de scène, ou aparté, intercalé dans le texte, et qui ne se rapporte pas expressément à un vers ou à une fraction de vers, de même que celui qui suit l’action, est repoussé vers la fin de la justification et se place après le vers :
Cela marchait si bien… l’étude !… Quel dommage !
Alors, si le vers occupe la totalité de la justification, ou s’il ne reste en fin de ligne qu’un blanc minime, le jeu de scène ou aparté se ramène vers la gauche de 1 cadratin à partir de la fin du vers.
Au contraire, un blanc convenable restant en fin de justification après le dernier mot du vers, le jeu de scène est sorti après ce dernier mot, vers la droite, de 1, 2 ou 3 cadratins, selon les cas et suivant sa longueur.
185. Si les vers sont coupés en plusieurs fragments par les noms d’interlocuteurs, le jeu de scène éventuel qui accompagne un fragment est composé en débordant légèrement, suivant sa longueur, vers la droite, et jamais repoussé à l’extrémité de la justification :
Oui, mais…
Qu’est-ce encore ?…
On dit : « Mon prochain», ou : « Mon frère »,
De certains hommes ; …
186. Le jeu de scène trop long pour tenir dans une ligne se repousse légèrement vers la droite, la deuxième ligne se justifiant au milieu de la première, et la première débordant d’au moins 1 cadratin sur la seconde :
Sur ce, mes chers amis, recevez mes adieux !…
en toute hâte vers le château.)
187. S’il exige plus de deux lignes, l’aparté se compose en sommaire :
Où courez-vous ainsi, tout pâle et hors d’haleine ?
188. Le jeu de scène prend, à l’intérieur des parenthèses, la ponctuation commandée par le sens de sa phrase.
§ 2. — Mise en pages
189. La mise en pages des pièces de théâtre en vers n’offre aucune difficulté spéciale, sauf les inconvénients qui résultent des jeux de scène, des coupures de vers, des interlocuteurs et de l’obligation de ne point séparer deux rimes plates de même catégorie.
190. Les interlocuteurs placés en vedette au milieu de la justification peuvent suivre et précéder le texte sans autre blanc que l’interligne habituelle du reste du texte :
Son nom ? Veux-tu savoir le mien également ?
Ce vieillard m’a maudit ! Pourquoi cette pensée
Revient-elle toujours lorsque je l’ai chassée ?
Cette disposition, toutefois, ne doit être prise que dans des circonstances exceptionnelles, manque de place ou autre : elle est peu esthétique.
191. Un usage plus fréquent est de séparer l’interlocuteur, du texte qui suit, par une ligne, une demi-ligne de blanc ou seulement une interligne supplémentaire, le blanc placé au-dessus du nom étant toujours tenu légèrement plus fort, de 1, 2 ou 3 points, que le blanc placé au-dessous :
La mienne se flétrit, si César te veut croire.
Et la mienne se perd si vous tirez à vous
Toute celle qui suit fie si généreux coups.
192. Un nom d’interlocuteur ne peut être placé seul en pied de page, avec ou sans jeu de scène, alors que le texte qui lui appartient est rejeté à la page suivante.
Le nom doit être joint à son texte et reporté à la page qui suit, en blanchissant légèrement et régulièrement à chacun des interlocuteurs de la page ; — ou, au contraire, une partie du texte ou le texte entier, suivant les cas, doit être ramené dans la même page que l’interlocuteur en resserrant de la quantité nécessaire, sans que cependant il puisse y avoir trop disparité de blanc avec les pages voisines.
193. Un jeu de scène ne saurait être coupé d’une page à l’autre.
194. Autant que possible, il faut éviter soigneusement de terminer ou de commencer une page au milieu d’une coupure de vers.
195. Comme dans les pièces de poésie, deux rimes plates de même catégorie, masculines ou féminines, ne peuvent se séparer d’une page à la suivante.
Il est, d’ailleurs, parfois impossible de tenir compte des prescriptions précédemment énumérées au sujet de la non-séparation des rimes, au cours de la mise en pages, deux vers de rimes semblables pouvant se trouver séparés d’une scène à une autre et même, comme dans Racine (Athalie, acte IV et acte V) d’un acte à l’autre (licence que l’on rencontre rarement).
196. Suivant les indications de l’auteur ou de l’éditeur, les actes se suivent dans la page, ou, au contraire, sont rejetés en page ; toutefois, même dans ce dernier cas, les queues de page doivent être aussi courtes que possible.
197. Les scènes se suivent toujours dans la page, et les queues de page ne sont point autorisées.
Lorsque le blanc normal d’une page ne permet point d’amorcer la scène — avec, au moins, un interlocuteur, le jeu de scène, le cas échéant, et deux lignes du texte qui lui appartiennent — il faut rejeter le tout à la page suivante et répartir les blancs afin de diminuer la queue de page, — ou alors reprendre deux ou trois pages en avant et serrer légèrement pour faire entrer avec le début de la scène le texte nécessaire.
Le nom d’un interlocuteur composé en vedette, au milieu de la ligne, peut se trouver en tête de page : l’intervalle placé entre cette ligne et le titre courant doit alors être égal au blanc qui dans la même pièce précède chaque nom de personnage, sans, toutefois, pouvoir être moindre que le blanc habituellement placé sous le folio.
§ 3. — Pièces en prose
198. La composition des pièces de théâtre en prose ne diffère en rien de la composition courante. Dès lors toutes les règles typographiques doivent être régulièrement et rigoureusement appliquées.
199. Les apartés, ou jeux de scène, se composent dans la ligne de texte en caractère d’un corps inférieur à celui du texte, et entre parenthèses comme dans la poésie.
200. Plus fréquemment, cependant (lorsque l’auteur ou l’éditeur ne l’ont pas exigé), les imprimeries qui ne possèdent point de petit romain fondu sur corps supérieur, ou qui veulent éviter un parangonnage coûteux et ennuyeux, emploient pour les jeux de scène et apartés l’italique du caractère du texte.
Les jeux de scène et apartés se composent alors dans la ligne de texte
entre parenthèses et avant le texte régi par le jeu de scène :
Ah !! oui, nous voilà bien ! (On entend un bruit de vaisselle cassée.) Allons, bon ! on casse quelque chose à la cuisine.
201. Lorsque le sens de la phrase qui précède le jeu de scène appelle une ponctuation, cette ponctuation se met avant le jeu de scène, celui-ci appartenant à la phrase ou au membre de phrase suivant :
Heu ! (Don Juan lui donne un soufflet.) Tétigué, ne me frappez pas ! (Autre soufflet.) Ventregué !…
202. Le jeu de scène, même placé au milieu d’une phrase du texte, prend toujours la grande capitale et la ponctuation finale nécessitée par son sens propre :
Bah ! bah ! le temps est un grand maître. Et puis (Avec un tremblement dans la voix.) où est-ce que vous voulez que j’aille, moi et mes petits ?
203. Les noms d’interlocuteurs se composent au milieu de la ligne, en petites capitales du caractère employé pour le texte ou de force sensiblement égale, ou encore, pour éviter un parangonnage, en grandes capitales de petits caractères (si on emploie pour les jeux de scène un caractère de corps inférieur) ; le jeu de scène qui les suit, composé soit en italique, soit en romain, est séparé d’eux par une virgule ou mis entre parenthèses :
Le soir, dans les bois, lorsque Phœbé, de son disque argenté…
204. Parfois, cependant, les noms d’interlocuteurs sont intercalés, soit en grandes capitales, soit en petites capitales avec une grande capitale initiale, au début du texte, dont ils sont séparés par un point et un tiret :
Auguste. — Il n’est plus de mode, et vous l’apprendrez à vos dépens, Monsieur, de se jouer ainsi de ses serviteurs.
On sépare alors par une ligne de blanc ou, au moins, par une interligne supplémentaire le discours d’un interlocuteur des paroles de l’interlocuteur suivant.
205. Certains auteurs abrègent souvent les noms fréquemment répétés.
À part les abréviations courantes, Madame, Mademoiselle, Monsieur, etc., il paraît cependant préférable d’exprimer en entier les noms des personnages.
206. Les jeux de scène explicatifs figurant au début de la pièce ou au commencement de chaque acte seront toujours, de préférence à l’italique, composés en caractère romain de corps inférieur à celui du texte.
207. Lorsqu’une citation en prose ou en poésie est accompagnée du nom de l’auteur et de l’ouvrage d’où elle est extraite, ces indications se placent, à droite, un peu avant la fin de la justification.
208. Le nom de l’auteur est composé en romain bas de casse ou petites capitales ; — le nom de l’ouvrage, en italique ; — le numéro de l’acte en grandes capitales, le mot acte le plus souvent exprimé en toutes lettres ; — le numéro de la scène, en petites capitales, le mot scène abrégé sc. ; — l’in-dication des vers (quand il s’agit de poésie), en chiffres arabes.
209. Cette signature se met le plus souvent entre parenthèses et se compose en caractère d’un corps inférieur à celui du texte :
Je vous prie, Monsieur, de me donner le petit secours que je vous demande.
210. Dans la poésie, si le vers précédant la signature remplit la totalité de la justification, cette signature est rentrée vers la gauche de 1 ou 2 cadratins sur la fin du vers.
Ah ! qu’il s’en faut encore !
Que pouvez-vous prétendre ?
Si, au contraire, la ligne contenant le dernier vers se termine par des cadrats, la signature déborde le texte de 1 ou 2 cadratins, sans cependant, autant que possible, être repoussée en fin de ligne :
Et que tout l’univers, sachant ce qui m’anime,
S’étonne du supplice, aussi bien que du crime.
211. Les adjectifs numéraux ordinaux donnant, dans les indications de sources ou dans les renvois, l’ordre, le rang des fables, des contes, des chants, se composent en grandes capitales, comme on l’a vu précédemment :
- ↑ Sans doute pour ce motif, les manuels de composition sont plutôt sobres de documents sur ce sujet : les uns passent cette question sous silence (tels Frey, Brun, Tassis, J. Claye, Fournier, par exemple) ; les autres renvoient le lecteur aux règles générales de la composition des textes en vers ou en prose ; un petit nombre (et parmi eux Jean Dumont dans le Vade-Mecnm du Typographe, 4e édit., p. 144) donnent, sans explication, des exemples des règles à suivre ou bien (à l’exemple de A. Muller, dans le Nouveau Manuel de Typographie, p. 89) consacrent à ce chapitre quelques pages hâtives.
- ↑ Il est bon de remarquer, cependant, que partout aujourd’hui, dans les maisons de labeur, la tendance se manifeste de plus en plus d’enfreindre les prescriptions de cette règle et de composer : ACTE I, SCÈNE I.
- ↑ Cette règle est conforme à celle donnée par Th. Lefevre, mais contraire aux indications de M. Leclerc, qui, après les mots scène, emploie constamment le même caractère que pour les noms des personnages formant le sommaire.
- ↑ Même observation que ci-dessus, au mot Actes, pour première.
- ↑ À vrai dire, il est difficile de comprendre pourquoi certains jeux de scène proprement dits, ou apartés, ne prennent pas de parenthèses, alors que d’autres sont obligatoirement composés entre parenthèses. Il serait puéril, pour justifier cette anomalie, d’arguer de l’importance attribuée gratuitement aux jeux de scène accolés aux noms d’interlocuteurs, alors qu’un bon nombre de ceux intercalés au milieu du texte ont autant de force et ne sont pas moins nécessaires à une diction correcte du discours et à une exécution parfaite de la pièce.