Le Correcteur typographe (Brossard)/volume 1/07

E. Arrault et cie (1p. 274-368).


CHAPITRE VII

LES SIGNES DE CORRECTION
LEUR ORIGINE. — LEURS FORMES. — LEUR EMPLOI



§ 1. — LES RÈGLES DE LA CORRECTION


I. — Avant-propos.


Le dessein d’entreprendre, dans ce travail, une nouvelle étude des signes de correction paraîtra présomptueux à beaucoup de typographes. Tant de traités — au nombre desquels il est toujours nécessaire de citer en première place celui de Th. Lefevre, parfois égalé, jamais dépassé — se sont occupés de cette question, tant d’articles ou de notices spéciales, telles celle de D. Greffier, ont été consacrés à cet objet qu’il semble superflu et oiseux d’aborder à nouveau ce sujet.

Cependant, suivant l’expression de Boutmy, « nous n’avons pas hésité à entreprendre cette étude, pour deux motifs : le premier, c’est que nous appartenons à la corporation ; le second, qu’il est bien difficile de se connaître soi-même »…

De nombre de correcteurs on dit couramment : « Il connaît bien son métier. » Une telle affirmation paraît osée : trop souvent on oublie que, suivant Boutmy et A. Bernard, « le correcteur n’est réellement correcteur typographe que s’il est en même temps compositeur » ; trop souvent ces compositeurs, ces correcteurs typographes ignorent même certaines des connaissances élémentaires de leur profession : telles l’origine des signes de correction, leur forme, leurs modifications à travers les âges, les variantes qu’ils présentent dans leur figuration et dans les conditions de leur emploi.

Alors ce n’est plus seulement dans l’application que le correcteur doit faire des règles typographiques que l’on constate des irrégularités inexplicables ; les signes à l’aide desquels il indique la rectification des erreurs typographiques et littéraires ne sont pas sujets à moins de différences et à moins de contradictions que rien ne justifie et dont les auteurs ne peuvent donner la moindre raison.

La plupart des littérateurs ne connaissant qu’imparfaitement les signes de correction usités en imprimerie, le correcteur ne doit pas être surpris de se trouver parfois en présence d’indications peu conformes à ses notions techniques. Une figuration différente de celle enseignée peut, il est vrai, être aussi claire que celle employée couramment, et c’est l’essentiel ; mais souvent un auteur reste obscur et incomplet ; il faut alors un certain travail de l’esprit pour deviner sa pensée. Il est indispensable que le correcteur puisse interpréter d’une façon claire et complète l’idée qu’a voulu exprimer cet auteur ; il doit dès lors être familiarisé avec tous les signes dont on peut faire usage en typographie.

On nous permettra de rappeler qu’en 1908, au Congrès de Nantes, la Société amicale des Protes et Correcteurs d’Imprimerie de France désignait une Commission chargée de procéder à l’élaboration d’un Code typographique, tâche fort lourde qui aurait, peut-être, obtenu enfin l’unification des règles typographiques, mais que les intéressés, on l’a vu, ne purent ou ne surent mener à bien.

L’unification des protocoles de correction serait, assurément, une « tâche moins lourde » ; elle serait fort intéressante et fort importante, quoi que certains prétendent : il ne suffit point de se faire comprendre ici ou là, il est indispensable de « se faire comprendre partout et chez tous ». Ce serait faire œuvre utile que s’attacher à cette besogne.


II. — Bibliographie.


Afin d’aider à l’intelligence du texte qui va suivre, il est nécessaire d’énumérer ici les divers ouvrages consultés pour la rédaction de ces lignes, et entre lesquels une comparaison a été établie :

Louis Chollet, « attaché » à la Maison A. Marne et Fils, Petit Manuel de composition à l’usage des typographes et des correcteurs ; sans date ; Imprimerie A. Marne et Fils, Tours. — Le « Modèle et Signes de corrections », comportant une seule page, est imprimé en page 124, verso ; à la marge extérieure (gauche) est la « valeur des signes » ; les signes et les corrections figurent à la marge intérieure (droite). Ce protocole a été exécuté d’après le protocole de la Maison Marne dont il emprunte le texte. Dans son ensemble, sauf quelques variantes de peu d’importance, il est le même que celui de Fournier (Traité de la Typographie), qui sera maintes fois cité dans cette étude.

G. Daupeley-Gouverneur, le Compositeur et le Correcteur typographes ; 1880 : Rouvier et Logeat, libraires à Paris ; Daupeley-Gouverneur, imprimeur à Nogent-le-Rotrou. — Le « Texte à corriger » est, avec le « Texte corrigé », imprimé, en pages 2 et 3, sur un encart de quatre pages (non compté dans le foliotage) dont les pages 1 et 4 sont blanches ; les signes et les corrections sont portés dans la marge intérieure, soit à droite. — Pages 218 et suivantes, un commentaire détaillé complète assez heureusement « l’explication des signes ». — D’ailleurs, tout le chapitre Rôle du Correcteur est un des plus intéressants, des plus instructifs et surtout des plus vécus, qu’ait jamais contenus un manuel de typographie.

Théotiste Lefevre, Guide pratique du Compositeur et de l’Imprimeur typographes, nouv. éd., augmentée et refondue en un seul vol. ; 1883 ; Librairie de Firmin-Didot et Cie, Paris ; Typographie Firmin-Didot, Le Mesnil (Eure). — Le « Texte à corriger » est imprimé pages 541 et 542 et accompagné d’un vocabulaire des signes ; il est imprimé au cours du chapitre viii, Lecture des Épreuves. Un commentaire de deux pages complète, sous le titre Observations, les explications du vocabulaire qui accompagne le texte à corriger. — Ce protocole de correction a été exécuté, ainsi que l’apprend une note de la page 541, sur le modèle de celui donné par Brun dans le Manuel de Typographie ; le texte de la première page a été emprunté au Manuel (1re éd.) de M. Fournier.
xxxx Il n’est pas inutile de faire remarquer que, par une anomalie difficilement explicable, le « texte à corriger » indiqué verso est imprimé page 541 ; et celui indiqué recto, page 542. — Un tirage à part de ce chapitre a été fait sous le titre Instruction pour la lecture des épreuves, où l’ordre régulier des pages été rétabli, faisant plus vivement ressortir l’erreur du Guide lui-même. H. Fournier, Traité de la Typographie, 4e éd. revue par A. Viot ; 1903 ; Garnier Frères, éditeurs, Paris. — Le « Texte à corriger » est imprimé page 237 et accompagné de la « Valeur des signes » ; il est placé au milieu du chapitre De la Lecture des Épreuves, contenant de précieux conseils sur les connaissances et les capacités à exiger d’un bon correcteur, ainsi que sur le rôle qui lui est dévolu. Aucun commentaire explicatif des signes n’accompagne le texte. — Alors que le texte a été imprimé par Deslis Frères à Tours, le protocole a été exécuté par la Maison A. Mame et Fils.

VALEUR DES SIGNES

TEXTE À CORRIGER

SIGNES


protocole de L. Chollet.

Protocole de Daupeley-Gouverneur.

EXPLICATION
des signes.

xxÀ mettre au milieu.

01. Suppression, coquille.
02. Lettre à retourner, à
xxxx intercaler.
03. Doublon, substitution.
04. À séparer, rapprocher,
xxxx redresser.
05. Aligner, substitution.
06. Séparer, rapprocher.
07. Apostrophe.
08. Grande capitale, rentrer.
09. Mot oublie ou bourdon.
10. Bas de casse, espaces
xxxx à baisser.
11. Transpositions.
12 Corps ou œil différent,
xxxx transposition.
13. Substitution, grandes
xxxx capitales.
14. Bourdon, en romain.
15. En romain.
17-20. Vers à rentrer.
17. Lettres estropiées.
18. À séparer et grande
xxxx capitale.
20. Lettre défectueuse.
21. Alinéa, redresser.
22-24. Lignes à redresser.
22. Lettres supérieures, lettre
xxxx bas de casse et
xxxx à réunir.
23. Espacement à rectifier.
24, 25. En italique.
25, 26. Pas d’alinéa.
27, 28. Lignes à rapprocher.
28, 29. Lignes à écarter.
29-32. Lignes à remanier.
30. Lettres à décrasser.
31. Supérieure d’un autre œil.
32. Correction marquée à tort.
34. Vers à rentrer d’un
xxxx cadratin.
36, 37. Rentrées à diminuer
xxxx d’un cadratin
38, 39. Transposition de
xxxx lignes.
40. Supprimer et mettre une
xxxx espace, grande capitale
xxxx italique.
41. Petites capitales,
xxxx transposition.

 
TEXTE CORRIGÉ.

Avant même que Mme Deshoulières se fût fait connaître par son talent poétique, la captivité qu’elle avait subie, pour avoir suivi son mari en Belgique, avait servi, non moins que son esprit et sa beauté, à la mettre en réputation. Les vers qu’on lui adressait de toutes parts lui donnèrent l’idée de répondre dans le même style : c’est ainsi qu’elle fut poète sans y penser. L’étude qu’elle avait faite de l’italien, de l’espagnol et même du latin lui fut plus utile que les conseils de d’Hesnaud, qui se vantait de lui avoir appris les règles de la poésie. Mme Deshoulières était pauvre au point de se trouver heureuse de recevoir une pension de 2,000 francs de la munificence de Louis XIV. Cette pension fut le prix de l’idylle si connue qu’elle adressa au roi après la mort de son mari et qui commence par ces mots :

Dans ces prés fleuris
Qu’arrose la Seine,
Cherchez qui vous mène,
Mes chères brebis.

Ces vers ne doivent toutefois pas être comptés parmi les meilleurs de Mme Deshoulières. Elle se montre à nous sous un aspect plus favorable dans les idylles intitulées les Moutons, les Oiseaux, le Ruisseau et les Fleurs. Celles-ci renferment des pensées ingénieuses, délicates, un peu recherchées peut-être : c’est l’inconvénient des comparaisons trop prolongées ; il est difficile qu’elles soient toujours également justes, qu’elles ne deviennent pas à la longue forcées, maniérées et prétentieuses. C’est ce qui arrive lorsque Mme Deshoulières dit au ruisseau, dont elle compare poétiquement la destinée à celle de l’homme :

FontRuisseau, que vous êtes heureux !
Il n’est point parmi vous de ruisseaux infidèles.
FontLorsque les ordres absolus
De l’Être indépendant qui gouverne le monde
Font qu’un autre ruisseau se mêle avec votre onde.
Quand vous êtes unis, vous ne vous quittez plus.

(Édouard Mennechet, Cours complet de littérature moderne,
t. II, leçon xxii, p. 192.)
Protocole de Daupeley-Gouverneur.
TEXTE À CORRIGER (verso)


Protocole de Th. Lefevre.

TEXTE À CORRIGER (recto)


Protocole de Th. Lefevre.

VALEUR DES SIGNES

TEXTE À CORRIGER

SIGNES


protocole de H. Fournier.
 

D. Greffier, Manuel des Signes de la Correction typographique à l’usage des auteurs, correcteurs et compositeurs ; sans date, mais imprimé il y a une vingtaine d’années environ ; A. Muller, imprimeur-éditeur, Paris. — Le « Modèle de corrections est imprimé à livre ouvert,

 


 
protocole de D. Greffier.
 

pages 22 et 23 ; il suit la nomenclature, avec explications détaillées, des signes de correction, et précède une étude sur la lecture typographique.

E. Leclerc, Nouveau Manuel complet de Typographie (Collection des Manuels Roret); 1897; L. Mulo, éditeur, Paris ; Lahure, imprimeur, Paris. — Le « Protocole de corrections », comportant une seule page, est imprimé verso, page 102; le recto suivant, page 103, comprend le texte corrigé et les « indications » ou vocabulaire des signes. Ce protocole est accompagné d’un commentaire de quelques lignes, à l’article Correction en galée. — E. Leclerc semble ignorer le correcteur, auquel il n’a même pas consacré une brève mention de quelques lignes.


Protocole de E. Leclerc.
A. Tassis, Guide du Correcteur ou Complément des grammaires et des lexiques donnant la solution des principales difficultés pour l’emploi des lettres majuscules et minuscules dans l’écriture et l’impression ; sans date ; Typographie Firmin-Didot, Le Mesnil (Eure). — Le « Protocole pour la correction des épreuves » que contient ce travail est extrait du Manuel typographique de M. Brun, publié en 1824. Ce protocole, imprimé à livre ouvert, pages 8 et 9, n’est accompagné d’aucun texte ou commentaire, en dehors du vocabulaire des signes.

INDICATIONS TEXTE CORRIGÉ
Lettres à changer La France a été, si j’ose m’exprimer
Lettre à intercaler ainsi, la mère nourrice de presque toutes
xxxx à retourner. les anciennes Fonderies de l’Europe :
xxxx à changer. c’est des mains de ses Artistes que sont
Mot et lettre à transposer sorties les plus grandes et les plus pré-
Partie de mot à changer cieuses productions qui ont servi à les
Mot à supprimer former dans leur origine. Je commence
Alinéa à faire. donc par les Fonderies de France.
Lettre et mot à supprimer. xxxParmi les Fonderies qui existent aujour-
Lettre grande capitale d’hui en France, celle dont l’origine re-
Lettre et mot en italique monte le plus haut est la Fonderie du Roi.
Lignes à transposer. Elle a été commencée sous François Ier.
Lettres supérieures. Ce Prince fit graver, par Garamond, trois
Régulariser l’espacement caractères grecs, qui restèrent sous la
Lettre petite capitale. garde de Robert Étienne : ces caractères
Mots et lettre à redresser
Apostrophe Virgule furent suivis de plusieurs autres, tant
Échelle de remaniement. romains qu italiques, accompagnés des
Alinéa à supprimer. Cadrat à baisser. moules nécessaires. Les premiers fonds de
Espacer. Réunir. cette fonderie, qui consistaient en poinçons
Lettre à changer et matrices de plusieurs caractères grecs,
Lettres d’un autre œil. romains, italiques, avec des moules d’assor-
Nettoyer. timent, étaient un dépôt confié à la garde
Espaces et interligne à baisser. d’un Directeur qui faisait fondre dans les
Lignes à séparer moules et matrices du roi les caractères
À mettre en romain. dont l’Imprimerie royale avait besoin. On
Mot a transposer. confiait à un fondeur de Paris les moules
lignes à rapprocher. et matrices des caractères dont on voulait
Petites capitales faire usage Fournier.
Protocole  de  E. Leclerc.

Folio verso. Folio recto.


Protocole de Tassis.

P.-F. Didot, dit le Jeune, l’Art de l’Imprimerie (d’après Documents typographiques de Edmond Morin), extrait du Dictionnaire des Arts et Métiers ; 1773. — Le texte à corriger, dont l’irrégularité de justification frappe tout particulièrement, est accompagné, dans la marge gauche, de l’explication des signes de correction portés dans la marge droite.

MANIÈRE DE CORRIGER LES ÉPREUVES
QUE L’ON ENVOYE DE L’IMPRIMERIE


Protocole de Didot.

Jean Dumont, Vade-Mecum du Typographe, 2e éd. ; 1884 ; P. Weissenbruch, imprimeur, Bruxelles. — Le texte à corriger est imprimé en page impaire (p. 123) et en page paire (p. 124) ; il est accompagné de la « valeur des signes » et précédé d’un court alinéa sur la place des

SIGNES DE CORRECTION

Les fautes doivent être marquées de préférence dans la marge extérieure de la page. La première correction est mise près du texte ; les autres s’éloignent successivement vers le bord de la marge. Les mots omis par le compositeur, ainsi que les changements apportés par l’auteur, s’indiquent au bas ou en tête de la page, au moyen d’un signe quelconque.


VALEUR DES SIGNES.   SIGNES.


Protocole de J. Dumont.
 

MÉMENTO DES CORRECTIONS


Protocole de V. Breton.
 


Protocole de L’Annuaire Desechaliers.

Protocole de L’Annuaire Desechaliers.
corrections dans les marges. Dans la quatrième édition dont nous avons eu connaissance alors que notre travail était à l’impression, le texte à corriger est imprimé aux pages 167 et 168 ; le protocole est analogue à celui de la deuxième édition. — Les considérations relatives au correcteur et à la lecture des épreuves occupent environ deux pages de texte : elles résument sommairement les devoirs du correcteur en premières, en secondes et en bon à tirer ; elles donnent, en outre, une courte définition de ces expressions, ainsi que des obligations du correcteur tierceur.

V. Breton, Cours élémentaire de Composition typographique à l’usage des Élèves de première année (École municipale Estienne, Ville de Paris) ; Paris, 1904 ; Imprimerie de l’École Estienne. — Le « Mémento des corrections » comporte une seule page ; il est imprimé au recto, page 57. Les signes et les corrections sont indiqués dans la marge intérieure, soit à gauche ; la « valeur des signes » est donnée à droite, soit dans la marge extérieure. — En raison sans doute du caractère de ce travail, l’auteur n’a consacré que quelques pages à la correction, envisagée exclusivement sous le rapport de son exécution par le compositeur.

Annuaire Desechaliers. — Le texte à corriger est accompagné de l’explication des signes de correction. Ce protocole imprimé, dans l’exemplaire que nous avons sous les yeux, aux pages 74 et 75 (verso et recto, soit à livre ouvert), porte ses corrections dans les marges de gauche.

Agenda Lefranc (avant l’année 1914). — Les « Signes de correction » ne sont accompagnés d’aucun texte ou commentaire, en dehors du vocabulaire des signes, et sont imprimés en page impaire ou recto.

E. Desormes, Notions de Typographie à l’usage des Écoles professionnelles ; 3e éd. ; 1896 ; École professionnelle Gutenberg, Paris. — Le « Modèle de correction » comporte deux pages, verso et recto (p. 298 et 299) ; les signes et les corrections sont indiqués, pour la page 298, dans la marge intérieure, et, pour la page 299, dans la marge extérieure, soit toujours à droite. — Aucun commentaire explicatif.

Imprimerie Nationale. — Les correcteurs, les lecteurs d’épreuves et les compositeurs de cet établissement sont tenus d’appliquer le Règlement de composition typographique et de correction imprimé exclusivement pour eux en l’année 1887. Nous aurions voulu connaître ce Règlement et, surtout, le « protocole des signes de correction » qu’il doit contenir ; mais l’Administration, à laquelle nous avons présenté une demande de prêt, nous a simplement transmis… ses regrets de ne pouvoir nous donner satisfaction, l’ouvrage dont il s’agit n’étant pas destiné au commerce.

Les nécessités de la mise en pages ne nous ont pas permis de disposer ici les protocoles aux folios pairs ou impairs, ainsi qu’ils sont placés dans les différents manuels que nous citons. Nous pensons, toutefois, que les indications données dans les lignes qui précèdent, et rappelées parfois au cours des explications qui vont suivre, suffiront au lecteur désireux d’étudier avec nous les quelques protocoles de correction qui nous paraissent être les plus connus.
Protocole de l’Agenda Lefranc.

Protocole de E. Desormes.

Protocole de E. Desormes.


III. — Le symbolisme de la correction.


1. La correction utilise, aussi bien pour l’indication des « fautes de composition » que pour les « changements à faire au texte », un certain nombre de signes conventionnels abréviatifs.

2. Parmi ces signes, les uns ont été empruntés par les premiers correcteurs aux manuscrits des anciens copistes : a) leur forme primitive a été quelquefois conservée, mais plus souvent légèrement modifiée ; b) d’autres ont été imposés par les circonstances ; c) enfin, un certain nombre ont été créés de toutes pièces.

Dans son Manuel de Paléographie latine et française du vie au xviie siècle, M. M. Prou écrit[1] :

À partir de l’époque carolingienne les abréviations se multiplient, à ce point que les divers fac-similé d’écriture que nous donnerons deviendraient incompréhensibles pour nos lecteurs, si nous n’avions exposé auparavant les divers modes d’abréviation employés au moyen âge, soit dans les textes latins, soit dans les textes français. Remarquons tout de suite que, lorsqu’on se mit au xiiie siècle à rédiger les textes en français, ou à transcrire des poésies françaises, les scribes transposeront dans la graphie française les habitudes de la graphie latine ; les mêmes signes d’abréviation furent conservés ; c’est à peine si la valeur de quelques-uns fut modifiée.

Au nombre des abréviations dont M. Prou indique l’emploi, figurent les suivantes : 1° les sigles, dont on retrouvera un exemple typique dans le « signe de transposition » ;… 5° les signes spéciaux, qui sont la base même de la correction typographique, si essentiellement abréviative.

— Parmi ces derniers figure au premier rang la cruphie, ou cryphie, qui fut, au moyen âge, l’un des signes les plus fréquemment employés, et qui est devenue notre signe de « lettre douteuse ou mauvaise ».

M. Prou[2] nous donne l’énumération de quelques autres :

Un point placé au-dessous d’une lettre indique que cette lettre a été écrite par erreur et qu’elle doit être supprimée. Ce système de suppression, appelé exponctuation, était déjà en usage au ve siècle. Plus rarement, les points sont placés au-dessus des lettres à supprimer. Quand il s’agit d’un mot écrit tout entier par erreur, pour indiquer qu’il doit être retranché, on a recours à divers procédés : on le met entre deux points, on l’encadre dans une série de points ou bien on le souligne…

On ne sait exactement pour quelle raison les premiers typographes ne suivirent point les errements anciens et créèrent, pour indiquer une suppression, un signe nouveau, le deleatur, dont la forme et l’origine seront étudiées plus loin. Sans doute, ils estimèrent que le point n’était pas suffisamment explicite et pouvait prêter à confusion. Mais, cette constatation faite, il n’est que plus surprenant de voir ces mêmes typographes reprendre l’exponctuation et lui attribuer le sens opposé à celui qui lui avait été donné par les copistes : « pour indiquer qu’une correction a été faite par erreur et que le mot ou les lettres doivent être conservés sans changement », ils soulignèrent ce mot ou ces lettres d’une série de points.

— ” Deux petits traits ” imitant les guillemets[3] indiquent que l’ordre des mots doit être renversé. Ainsi ” adeos doit être lu eos ad[4].

La signification de ce signe ne s’imposait point avec force à l’esprit. Une sigle, dont l’emploi, d’ailleurs, était non moins courant que celui des « deux petits traits », lui fut substituée, à laquelle on apporta, soit dès le début, soit au cours des années, de légères modifications.

— Quand les corrections sont mises dans la marge, ou, quand il s’agit d’une charte, au bas de la feuille de parchemin, les renvois se font à l’aide de petits guillemets ou de croix de formes diverses[5].

Les « petits guillemets » ne sont plus, de nos jours, employés en ce sens ; mais la barre verticale de renvoi et les différenciations qu’elle subit, suivant les besoins, sont bien des imitations serviles des « croix de diverses formes ». Il est nécessaire de faire remarquer que les pays d’outre Atlantique, l’Angleterre et l’Amérique notamment, ont conservé l’emploi des croix de formes diverses, auxquelles sont venus se joindre les astérisques, pour leurs renvois de notes.

Ces quelques exemples pourraient être accompagnés d’autres non moins probants ; mais cette étude sommaire s’étendrait bien au delà des limites permises ; quelques notes ultérieures donneront d’ailleurs des preuves nouvelles de l’origine ancienne des signes de correction.

Dans son Dictionnaire typographique (1903), M. E. Morin écrit (p. 89, 1re col., v° Corrections) : … « La correction sur l’épreuve se fait, par le correcteur, au moyen de signes conventionnels qui ont peu changé depuis le xviiie siècle et qui sont probablement antérieurs. » — « Qui ont peu changé », dit M. Morin ; nous affirmerions plus volontiers : « qui n’ont pas changé » ; il suffit en effet d’examiner les quelques signes de correction donnés par Bertrand-Quinquet à la fin de son Traité de l’Imprimerie[6] pour se convaincre que nous utilisons encore ces signes tels que nous les a transmis notre immortel devancier et sans doute tels qu’il les connut lui-même aux primes années de sa jeunesse ou les reçut des auteurs qui le précédèrent. Mais cette affirmation ne saurait s’étendre à des siècles « bien au delà » ; il est certain — et nous en donnerons la preuve manifeste dans les pages qui vont suivre — que nombre des signes de correction utilisés de nos jours ont subi dans leur forme primitive des altérations ou des variantes dont l’importance n’est pas contestable.

3. Les signes de correction sont, si l’on peut s’exprimer ainsi, essentiellement symboliques : pour suppléer l’indication en toutes lettres — toujours ennuyeuse et onéreuse — d’un acte, d’une opération typographique, on a choisi des figures, des marques, auxquelles on a attribué une signification conventionnelle bien déterminée.


IV. — Le mécanisme de la correction.


4. Le mécanisme de l’emploi de ces signes est particulièrement simple : la lettre ou le mot erronés, la phrase tronquée sont surchargés ou accompagnés, suivant les cas, du renvoi ou du signe convenable ; le renvoi est répété dans la marge de l’épreuve près de la lettre, du mot, du signe rectifiés, ou près de la phrase restituée.


V. — La classification des signes.


5. Sans vouloir créer, à l’instar de D. Greffier, une classification étroite — peut-être un peu arbitraire — on peut admettre, pour l’étude du mécanisme de la correction, la division suivante : le renvoi, la correction, les signes conventionnels proprement dits :

a) Le renvoi est employé dans le texte pour indiquer qu’une modification doit être apportée à la composition là où il se trouve placé : ce signe « renvoie » à la rectification indiquée sur les marges de l’épreuve ;

b) La correction est la modification proprement dite, la rectification apportée à la composition ; la correction est toujours placée dans la marge ; elle est, en outre, et toujours également, accompagnée d’un renvoi analogue à celui qui dans le texte lui impose sa place ;

c) Les signes conventionnels sont par eux-mêmes indicatifs de la correction à effectuer ; pour ce motif, c’est le signe conventionnel lui-même qui, dans la marge, fait généralement office de correction :

1° Parfois, dans le texte, un renvoi appelle le signe conventionnel placé dans la marge et accompagné ou non du renvoi répété : le deleatur (), le signe de l’espacement (), l’indication à retourner () ;

2° D’autres fois, le signe conventionnel, utilisé directement dans le texte (à l’exclusion du renvoi), est répété encore dans la marge, avec ou sans renvoi : la transposition (), le blanc à diminuer (), le blanc à supprimer () ;

3° Enfin, certains signes sont exprimés uniquement dans la composition : tels les interlignes ou blancs de lingots à rectifier, les alinéas à faire suivre, que nombre d’auteurs typographiques ne répètent pas dans la marge ;

4° Exceptionnellement, quelques signes conventionnels — celui de la lettre d’un autre œil () et celui de la lettre gâtée () — sont accompagnés obligatoirement de la correction.

Les auteurs, toutefois, ne s’accordent guère sur ces différents points : les protocoles de correction présentent, dans l’emploi simultané des signes conventionnels et des renvois, des divergences telles qu’il est impossible de tirer de leur étude une conclusion même approchée et de songer entre eux à une classification quelconque. Il suffit de jeter un rapide coup d’œil sur ces protocoles pour se convaincre qu’aucune raison ne peut expliquer ces différences.


VI. — Place des corrections, des signes et de leurs renvois.


6. Les corrections se marquent dans la marge ; elles sont toujours, et toutes autant qu’il est possible, placées d’un même côté.

I. — Théotiste Lefevre, un maître auquel il est d’usage de se référer, dit très nettement : « Les corrections doivent s’indiquer, d’une manière claire, sur la marge extérieure des pages, la première partant de la droite des lignes pour la page recto, et de la gauche pour la page verso, et les suivantes s’étendant successivement dans ces deux sens selon leur nombre. »

— Le protocole de Didot le Jeune porte cette courte prescription : « Les corrections doivent toujours se faire sur la marge de dehors, c’est-à-dire à droite sur le folio recto, et à gauche sur le verso. »

— Comme Didot le Jeune, Bertrand-Quinquet avait écrit[7], lui aussi : « Il est d’autres soins qui regardent directement le prote ou le directeur de l’imprimerie. Ils doivent s’assurer que les auteurs connaissent les signes usités pour indiquer les corrections ; les leur montrer, s’ils les ignorent ; les prier de marquer toujours les fautes sur le même côté de la même page, c’est-à-dire sur la marge de gauche pour les pages paires, et sur la marge droite, pour les pages impaires. »

D. Greffier, à l’exemple de Th. Lefevre, écrit après Didot et Bertrand-Quinquet : « Si les épreuves sont en feuilles, on marquera les corrections des pages recto dans la marge à droite ; mais, pour les pages verso, les corrections seront portées dans la marge de gauche. »

Tassis n’a donné aucun commentaire du protocole de correction emprunté à Brun : pour le folio verso, les corrections figurent sur la marge extérieure (gauche) ; pour le recto, également sur la marge extérieure (droite).

— Didot le Jeune, Bertrand-Quinquet, Th. Lefevre — et, après eux, D. Greffier[8], en compagnie de quelques autres dont nous regrettons d’ignorer les noms — se sont bornés à rappeler, sans rien plus, une règle empruntée aux auteurs qui les ont précédés. Mais quelles raisons obligèrent nos ancêtres à observer cette prescription, voilà qui eût été intéressant à élucider. Ces raisons, d’ailleurs, n’apparaissent point aux esprits peu avertis des antiques méthodes typographiques : c’est qu’en effet l’usage rappelé par Didot, Brun, Th. Lefevre et Tassis paraît inexplicable. Au cours de la lecture, l’œil et la main vont, naturellement, et cela sans gêne de l’œil par la main, de la gauche vers la droite : ainsi, en inscrivant, pour les pages recto, les corrections sur la marge de droite, la main continue un mouvement naturel, auquel l’œil collabore aisément. Tout au contraire, lorsqu’il est nécessaire, pour les pages verso, de reporter les corrections sur la marge de gauche, le retour de la main vers ce point cause un sentiment de gêne, alors que l’œil voudrait poursuivre vers la droite. — Une seule explication paraît plausible de cette indication de la « marge de gauche (lorsqu’il s’agit des pages verso) pour l’inscription des corrections » : durant une longue période la lecture typographique se fit exclusivement sur des épreuves mises en pages et imposées ; il semble dès lors tout naturel que nos prédécesseurs aient, pour inscrire leurs corrections, préféré dans les pages paires la marge de gauche beaucoup plus grande que celle de droite (petits fonds).

II. — Il ne faut pas croire, d’ailleurs, que tous les auteurs typographiques se sont conformés à la règle mise en pratique par Bertrand-Quinquet et Brun et rappelée par Th. Lefevre. Pour des raisons ici encore inconnues — car sur ce sujet le silence paraît devoir être un mot d’ordre pour tous — nombre de manuels ont cru devoir ignorer ou négliger cette règle.

V. Breton, dans son Cours élémentaire de Composition typographique, ne dit mot de la place des signes ou des corrections reportés dans les marges. Le lecteur se souvient que le protocole imprimé sur un recto porte les corrections dans la marge intérieure, soit à gauche[9].

— D’après Fournier, « les corrections doivent être placées sur la marge soit intérieure, soit extérieure, celle-ci de préférence ». — C’est, on le voit, un système mixte (?) ; il n’est plus question d’épreuves en pages ou en placards, ni de recto ou de verso : à droite, ou à gauche, qu’importe ! L’auteur ose à peine formuler non pas une règle, mais ses préférences ; et on ne sait, en définitive, si la marge intérieure dont il parle est celle de la page impaire (recto), ou celle de la page paire (verso) : le texte manque vraiment de précision.
xxxx Le protocole de correction est imprimé sur une page impaire (p. 237) ; les corrections sont indiquées dans la marge extérieure (droite).

G. Daupeley-Gouverneur, qui n’a pas songé, semble-t-il, à la correction des épreuves en pages, n’a de ce fait envisagé qu’un seul côté de la question qui nous occupe : « Il est nécessaire de ne marquer les corrections que d’un même côté, à droite de préférence, lorsque la composition a été mise en placards à plusieurs colonnes. » — On peut déjà s’étonner, à bon droit, de cette prescription, en contradiction avec tous les usages (qui recommandent une séparation rigoureuse, par colonne, des modifications à apporter au texte) ; mais la suite du texte n’est pas moins extraordinaire : « Si les épreuves typographiques sont faites en paquets sur des feuillets détachés, les corrections pourront sans inconvénient être réparties à droite et à gauche. » — On ne saurait être plus libéral et moins soucieux d’une irréprochable régularité.
xxxx Le protocole est imprimé à livre ouvert, en un carton supplémentaire de quatre pages (les pages 1 et 4 blanches) ; le texte à corriger est au verso (p. 2) ; les corrections, dans la marge intérieure, soit à droite ; le texte rectifié est en page 3.

E. Leclerc : « Les corrections doivent se marquer dans la marge d’un même côté du texte… Dans les épreuves dites premières typographiques, les corrections peuvent être, à la rigueur, réparties à gauche et à droite ; il n’en est pas de même pour les épreuves devant être corrigées sur le marbre. » — Ainsi, sauf un cas bien déterminé, pour lequel, d’ailleurs, il ne formule pas de règle précise, l’auteur du Nouveau Manuel complet de Typographie n’a aucune préférence : recto ou verso, à droite ou à gauche, peu importe, et, « à la rigueur, à droite et à gauche », en même temps.
xxxx Le protocole de correction est imprimé sur un verso (page paire) ; les corrections sont indiquées dans la marge intérieure (droite).

Desormes n’a formulé, sur le sujet qui nous occupe, aucune prescription spéciale ; on peut dire même qu’il n’y a pas fait la moindre allusion.
xxxx Le protocole de correction assez étendu est réparti sur deux pages, paire (verso) et impaire (recto), à livre ouvert ; les corrections sont portées, pour la page paire, dans la marge intérieure, pour la page impaire dans la marge extérieure, soit toujours sur la droite.

— Le protocole de Louis Chollet, « attaché » à la Maison A. Marne (Petit Manuel de Composition, p. 124), est tiré sur une page paire ou verso ; les corrections figurent à la marge intérieure (droite). — Ce protocole — nous l’avons déjà dit — est sensiblement le même que celui de Fournier, imprimé en page impaire avec corrections à droite.

L’Agenda Lefranc, dans lequel le protocole semble avoir été volontairement placé en page impaire (recto), — puisqu’il est précédé, dans l’exemplaire que nous avons sous les yeux, d’une page blanche, dont l’utilité n’apparaît pas — porte ses corrections sur la marge extérieure (droite).

E. Morin (Dictionnaire typographique, p. 89, 1re col., vo Corrections) écrit : « Il est de règle de marquer ces signes [les signes conventionnels de correction] à la marge extérieure, c’est-à-dire à droite pour les pages impaires et à gauche pour les pages paires. Sur l’épreuve en blanc on marque naturellement les corrections à droite, comme sur le recto. »

M. Jean Dumont a fait précéder les Signes de correction de l’alinéa suivant : « Les fautes doivent être marquées de préférence dans la marge extérieure de la page. La première correction est mise près du texte ; les autres s’éloignent successivement vers le bord de la marge. Les mots omis par le compositeur, ainsi que les changements apportés par l’auteur, s’indiquent au bas ou en tête de la page, au moyen d’un signe quelconque. » — Il s’agit ici évidemment de la correction des épreuves en pages. M. Dumont ne parle pas de la place des corrections dans les épreuves en premières.
xxxx Les corrections du protocole sont placées comme l’indique l’alinéa-préface cité ci-dessus.

Sans se préoccuper de ces divergences, nombre de correcteurs ont accepté une méthode uniforme : Les corrections se marquent toujours — à moins d’impossibilité évidente — dans la marge droite du texte, que les épreuves soient en paquets, en placards ou en pages.

7. Dans les travaux comportant deux colonnes, afin d’éviter une perte de temps dans la recherche des corrections et toute chance d’erreur, les corrections de la première colonne se marquent nécessairement à gauche ; celles de la deuxième colonne, à droite.

8. Pour les ouvrages à trois colonnes ou plus, on tire dans les marges autant de traits verticaux qu’il y a de colonnes ; les corrections sont indiquées par colonne dans l’espace compris entre chacun de ces traits, et le plus près possible du texte auquel elles appartiennent ; pour faciliter le travail du corrigeur, chaque espace est affecté d’un numéro correspondant à celui de la colonne dont il a reçu les corrections.

Ainsi le trait vertical limitant l’espace affecté aux corrections de la colonne 1 sera tiré sur la gauche de l’épreuve, qui est « le plus près possible du texte auquel les corrections appartiennent » ; les traits des emplacements des corrections des colonnes 2 et 3 seront tirés sur la droite ; s’il y a quatre colonnes, on reportera sur la gauche les traits relatifs aux colonnes 1 et 2, et sur la droite ceux des colonnes 3 et 4.

9. Dans les pages de tableaux, le nombre des colonnes de chiffres est souvent tel que les différents artifices signalés plus haut pour l’indication des corrections ne peuvent être utilisés. — Les procédés employés par les correcteurs — car aucun auteur technique n’a étudié ce cas particulier — sont différents :

a) Les uns indiquent les corrections dans la marge de pied, au-dessous de chaque colonne, en variant le renvoi pour la même colonne : méthode acceptable, si les erreurs sont peu nombreuses (ce qu’il est difficile de prévoir) ;

b) Certains utilisent la marge la plus rapprochée, en menant un trait du nombre erroné au chiffre rectifié : mais l’aspect d’une telle épreuve est souvent de nature à rendre maussade le plus calme des « singes » ;

c) Les autres, plus simplement, à chaque colonne logent la correction dans le blanc le plus rapproché : ce qui, peut-on supposer, est chose relativement aisée dans la plupart des cas.

10. Nombre d’auteurs recommandent « d’inscrire les corrections sur une seule marge, pour les épreuves à corriger en forme sur le marbre : la tâche du corrigeur en est singulièrement facilitée lors de la levée des corrections ; en outre, celui-ci court moins le risque d’omissions ».
xxxx Cette remarque a sa valeur pour les ouvrages à justification unique ; mais il ne faut pas oublier qu’avec un tel procédé, dans les ouvrages à plusieurs colonnes, la recherche de la correction à effectuer, l’obligation qui s’impose au compositeur, pour suivre ses corrections, de passer d’une colonne à l’autre à maintes reprises sont causes de difficultés, voire de retards et d’incertitudes sur une exécution correcte du travail.

11. Les corrections se marquent au niveau de la ligne à laquelle elles appartiennent ; la première correction est toujours la plus rapprochée de l’extrémité de la justification.

12. Pour une même ligne, les corrections s’indiquent, sans interversion, dans l’ordre où le correcteur les rencontre.
xxxx Si des raisons particulières conduisent exceptionnellement à adopter un arrangement différent, ou si une correction omise et ajoutée après coup ne peut figurer à sa place normale, on modifie la physionomie du renvoi en y ajoutant, soit en haut, soit en bas, un signe accessoire.

Th. Lefevre, seul, donne un exemple d’interversion de correction (p. 542, ligne 4).

Daupeley-Gouverneur mentionne le cas dans son commentaire, mais n’en donne pas d’exemple.

13. Lorsque les corrections, trop nombreuses, vont déborder au delà de la marge, on reporte l’excédent sur la marge non utilisée ; la première correction de l’excédent s’inscrit toujours près de la ligne ; les autres corrections se suivent dans leur ordre en s’éloignant du texte.

Il est nécessaire de remarquer que, dans ce cas, les corrections ne se suivent pas dans l’ordre régulier. Exemple : les corrections sont indiquées dans la marge de droite, suivant les conventions acceptées ; l’excédent des corrections sera forcément reporté dans la marge de gauche ; seule alors, une différenciation des traits de renvoi permettra au compositeur de retrouver l’ordre. L’idéal serait évidemment dans cette circonstance de commencer l’indication des corrections sur la marge de gauche, pour continuer ensuite à la marge de droite ; mais, hélas ! le correcteur « ne lit point dans l’avenir », il ignore les traquenards que lui réserve la ligne dont il commence la lecture, et il lui est impossible de « se garder de… l’incohérence ».
xxxx Cependant, en de rares conjonctures, le correcteur peut prévoir la nécessité probable d’employer les deux marges de l’épreuve pour l’inscription des corrections : par exemple, au cas d’un manuscrit défectueux ou de lecture difficile, avec un compositeur de capacités techniques et de connaissances littéraires insuffisantes. Dans ces conditions, le correcteur utilisera, d’abord, la marge de gauche, puis, s’il est nécessaire, la marge de droite ; le changement de marge sera indiqué par les modifications apportées aux traits de renvoi. Le correcteur pourrait encore se servir alternativement des deux marges, de deux lignes en deux lignes : ligne 1, marge de droite ; ligne 2, marge de gauche ; ligne 3, marge de droite ; ligne 4, marge de gauche ; etc. : les corrections de chaque ligne de texte seraient groupées sur deux lignes dans la même marge, la différenciation des traits de renvoi indiquant suffisamment au corrigeur l’ordre, certes compliqué, dans lequel les corrections se suivent.

14. Le trait de renvoi qui accompagne la correction se place toujours à droite de celle-ci :

— Lorsque les corrections sont portées sur la marge de gauche (page paire ou verso), Tassis, Th. Lefevre, l’Annuaire Deseohallers et D. Greffier placent le renvoi à gauche de la correction :

Breton, même dans ce cas, met le trait de renvoi à droite de la correction :


VII. — Généralités.


15. Suivant le conseil de Daupeley-Gouverneur, il est indispensable « d’entourer d’un trait toute mention ou observation ayant rapport à la correction, mais qui n’est point à composer ».

18. Dans un but de rapidité et pour faciliter la tâche du compositeur, le correcteur doit s’astreindre strictement à la seule indication des lettres erronées à enlever ou à modifier :

La répétition du mot entier serait plus simple, plus claire peut-être pour le corrigeur ; mais la vérification des lettres qu’il lui est nécessaire de lever et, au cas d’inattention, la composition entière du mot seraient pour lui cause d’une perte de temps fort préjudiciable.

— Exceptionnellement, toutefois, s’il s’agit d’un terme d’usage peu courant, d’un mot appartenant à une langue étrangère, d’un nom complètement dénaturé, la transcription de l’expression à rectifier semble préférable.



§ 2. — LES CORRECTIONS


I. — Coquilles.


17. Dans le langage typographique on donne le nom de coquille[10] aux lettres, aux signes, aux chiffres, etc., qui, par erreur, occupent la place de la lettre ou du signe demandés par le sens ou l’orthographe.
---- La coquille peut affecter, on le voit, une ou plusieurs lettres, un ou plusieurs signes.

Les raisons qui ont conduit les premiers typographes à donner le nom de coquilles aux « lettres erronées » sont restées inconnues, malgré les recherches les plus minutieuses. — Des explications que nous avons rencontrées nous n’avons cru devoir retenir que les suivantes :

— D’après E. Leclerc, « il est probable que, le caractère d’imprimerie sortant d’un moule alors appelé « coquille », toute lettre trouvée mauvaise, défectueuse, dans un texte, ait été désignée pour retourner à la « coquille » et soit devenue de même, par abréviation, une « coquille ». Remarquons que le terme ne s’applique qu’aux lettres mauvaises ; ce serait donc par extension que, depuis, on l’aurait également appliqué aux lettres erronées exclusivement. »

— Aux premières années de l’imprimerie, il y eut maintes fois « des imprimeurs allant de ville en ville, de pays en pays, avec armes et bagages, répandant leur art et leurs procédés ». Comme le pèlerin du moyen âge, le typographe eut sa coquille de voyageur.

— Pour comprendre l’explication qui va suivre, il suffit de se souvenir qu’au moyen âge le symbolisme, la représentation parlante d’un fait ou d’un acte, fut l’un des moyens d’instruire ou de convaincre le peuple les plus couramment employés. Les pèlerinages aux lieux saints, aux tombeaux des grands apôtres étaient fréquents : pour expier ses fautes, pour implorer le pardon de ses crimes, le pécheur se rendait au Mont Saint-Michel, à Rome, à Saint-Jacques de Compostelle, à Jérusalem. Au retour, en témoignage de sa pénitence, le pèlerin apparaissait le vêtement recouvert de coquilles qui alors possédaient le privilège d’indiquer la pureté de l’âme. « Ainsi, dit M. Locard, la comparaison entre le pèlerin et le compositeur devient facile à établir : lorsque le typographe met une lettre à la place d’une autre, il dénature la pensée de l’auteur et se rend coupable d’une faute ; cette faute nécessite une correction » ; la situation du compositeur est alors analogue à celle du pèlerin au moment où celui-ci se met en route pour accomplir sa pénitence. La correction exécutée, la pénitence accomplie, le typographe et le pèlerin reçoivent ou rapportent une coquille, preuve évidente que leur texte est purifié, que leur âme est lavée de sa souillure.

Presque dès les origines de l’imprimerie, les compagnons typographes de Lyon parurent dans les réjouissances publiques sous les enseignes de la « coquille », comme nous le raconte M. J. Baudrier : « La corporation des imprimeurs nommait un capitaine, un lieutenant et un enseigne pour la commander lorsqu’elle paraissait, sous les armes, aux réjouissances publiques. En termes du métier, le capitaine portait le titre de « seigneur de la Coquille » ; et les deux autres dignitaires, celui de « supposts du seigneur de la Coquille ». L’ignorance de la véritable signification de ces appellations a causé de bien curieuses méprises à certains bibliographes… Chastain dit aussi Dauphin (Pierre) (1562-1595), fils de Ondinet Chastain dit Dauphin (menuisier), parvint à la maîtrise d’imprimerie à la fin de 1586 ou au commencement de 1587. Neveu des imprimeurs Florys Maréchal et Antoine Dumergue, cousin germain et pupille de Benoît Rigaud, P. Chastain ne tarda pas à prendre de l’influence dans sa corporation et fut élu capitaine des imprimeurs, charge qu’il conserva jusqu’à sa mort et qui lui valut l’honneur d’imprimer les Plaisants Devis de 1589, 1593 et 1594. »

18. La coquille — lettres ou signes à changer — est barrée d’un trait vertical[11] ou renvoi :

ce renvoi, on l’a déjà dit, est répété dans la marge ; il se place près et à droite de la lettre à utiliser pour la rectification indiquée (n° 14).

19. Lorsqu’une même ligne comporte plusieurs renvois successifs de même catégorie, il est nécessaire, pour éviter toute erreur dans la correction sur le plomb, de différencier les renvois : à la partie supérieure du trait vertical on ajoute, à droite ou à gauche, un trait horizontal, soit simple, soit double ou triple :


on utilise également les croix, les doubles croix, dans leur sens naturel ou renversé :


enfin, tout autre signe accessoire ajouté au trait ou renvoi principal :

20. Si la rectification exigée par la coquille oblige à un changement affectant plusieurs lettres, un mot entier ou même un certain nombre de mots, on barre d’une ligne horizontale les lettres ou mots erronés ; chaque extrémité de cette ligne est terminée par un trait vertical :

— Le protocole de Tassis est, sur ce point, d’une irrégularité inexplicable : les lettres ou mots sont barrés tantôt d’une ligne horizontale (lignes 4 et 13), tantôt d’une ligne oblique soit à droite (lignes 4, 11, 13), soit à gauche, dont les extrémités ne reçoivent aucun trait vertical ; d’autres fois, particulièrement dans le cas de deux lettres erronées (ligne 13), chaque lettre est barrée d’un trait vertical. Dans la marge, un seul trait vertical accompagne les lettres ou les mots rectifiés.

— Le protocole de Didot donne lieu à des observations analogues, notamment aux lignes 5 et 6.

— Fournier omet le trait vertical à chaque extrémité de la ligne horizontale.

21. Plusieurs renvois successifs de cette catégorie se rencontrant dans une même ligne doivent être différenciés les uns des autres :

Les combinaisons sont nombreuses et variables, le correcteur pouvant, à chaque extrémité de la ligne horizontale barrant le mot, utiliser avec ses différentes modifications le trait vertical employé pour la coquille d’une lettre ; ces combinaisons ne sont, d’ailleurs, soumises à aucune règle ou prescription particulière.

On a vu plus haut (n° 5) les divergences qui existent entre les auteurs, pour l’emploi ou, plutôt, pour la répétition du trait de renvoi dans la marge.
---- Les divergences ne sont pas moindres, dans les manuels, en ce qui concerne les modifications à apporter au renvoi au cas de différenciation nécessaire :

Tassis, Desormes, l’Annuaire Desechaliers, l’Agenda Lefranc ne font aucune modification à la forme du renvoi, soit dans la marge, soit dans le texte, au cas de corrections multiples dans une même ligne.

— D. Greffier, dans ses commentaires, indique les différenciations possibles à apporter aux « renvois pour éviter toute erreur » ; dans son protocole il emploie correctement ces différenciations pour les « lettres changer (coquilles) », mais à ne les utilise pas aux « grandes capitales ».

Daupeley-Gouverneur tantôt différencie les signes de renvoi (ligne 1 du texte), tantôt emploie dans une même ligne la même forme de renvoi pour plusieurs corrections (lignes 3, 22 et 40). Il est à remarquer que cet auteur supprime fréquemment le report du trait de renvoi dans la marge, à côté de la correction ou du signe abréviatif (lignes 4, 5, 6, 11, 12, etc.).

E. Leclerc se conforme à la règle de la différenciation des renvois dans la ligne 1 de son « Protocole de corrections » ; puis, sans raisons plausibles, il semble ignorer cette règle dont on ne retrouve plus un seul exemple pour les corrections ultérieures.

Th. Lefevre ne différencie les renvois que s’il « est obligé de rompre l’ordre naturel dans lequel les corrections doivent se suivre » (ligne 4, p. 542).

Didot le Jeune écrit « Lorsqu’il y a plusieurs fautes dans une épreuve, l’on peut, pour éviter la confusion, se servir des signes suivants à chaque ligne : première faute,  ; deuxième, ; troisième, ; quatrième, … »

Il y aurait certes inconvénient à utiliser cette dernière figuration, que le compositeur peut involontairement confondre avec le signe d’espacement. D’ailleurs, Didot n’applique pas la règle qu’il expose.

22. La «lettre renversée », c’est-à-dire bloquée, est considérée comme une coquille. Comme la coquille, elle est barrée d’un trait vertical, reporté dans la marge avec la correction :

Desormes et Leclerc seuls signalent cette correction.

23. Lorsqu’une correction se présente à plusieurs reprises la même, et seule, dans une ligne, Th. Lefevre se borne à indiquer une seule fois la correction ; il répète le trait de renvoi autant de fois que cette correction est à exécuter :

Cette manière de procéder, bonne en théorie, dans un protocole préparé pour les « besoins de la cause », ne peut en pratique être suivie : la main indique la correction au fur et à mesure que l’œil rencontré la coquille, et le correcteur ignore quelles sortes de corrections il aura à effectuer dans la ligne dont il commence et poursuit la lecture.


II. — Le doublon.


24. La répétition, au cours de la composition, d’un alinéa, d’une ligne, d’un mot et même d’une lettre ou d’un signe, s’appelle doublon[12].

25. Les lettres ou signes en double à supprimer sont barrés d’un trait vertical de renvoi, comme pour la coquille :


ce trait est reporté en marge à côté du signe particulier indiquant la suppression (n° 40).

26. Lorsque le doublon affecte un ou plusieurs mots, une ligne entière, un alinéa, on emploie toujours, comme pour la coquille, pour barrer l’ensemble des mots, le trait horizontal accompagné à chacune de ses extrémités d’un trait vertical :


le renvoi est reporté en marge à côté du signe indiquant la suppression (n° 40).

27. Pour différencier, le cas échéant, les renvois de doublons successifs dans une même ligne, les renvois reçoivent — et les signes en sont accompagnés — les légères modifications vues plus haut pourla coquille (nos 19, 20 et 21).


III. — Le bourdon.


28. « Le bourdon, dit Fournier, est l’omission, faite par le compositeur, d’une partie quelconque de la copie. »
xxxx Suivant les circonstances, le bourdon peut avoir plus ou moins d’importance : généralement, c’est l’omission de plusieurs mots, d’un membre de phrase, d’une phrase entière, ou même plus. Mais, sous le nom générique de « bourdon », on désigne encore, quels qu’ils soient, toute lettre ou tout mot omis, à ajouter : si le bourdon peut être un nom entier, une syllabe, ce peut être aussi une simple lettre dans un mot, un signe, un chiffre.

Faire un bourdon a pour locution synonyme, en argot typographique : « aller à Saint-Jacques ». — « Un compositeur que l’on envoie à Saint-Jacques, dit Momoro, est un compositeur à qui l’on indique sur ses épreuves des remaniements à faire, parce que celui qui corrige les épreuves figure avec sa plume une espèce de bourdon aux endroits omis, pour indiquer l’omission. » — Le mot bourdon, ajoute E. Leclerc, viendrait donc de cette représentation graphique du bâton des pèlerins qui se rendaient à Saint-Jacques de Compostelle. — Nouvelle preuve du symbolisme qui a présidé au choix de la plupart des signes utilisés pour la correction des épreuves, le bourdon était, avec la coquille, l’un des insignes distinctifs du pèlerin moyenâgeux se rendant aux lieux saints pour y faire pénitence ou revenant, l’âme en paix, des sanctuaires vénérés[13].

29. a) Pour signaler l’omission de mots ou de lettres, on emploie parfois, à titre de renvoi, le trait vertical simple, comme pour la coquille () ; ce trait vertical indique la place que doivent occuper les mots ou lettres omis par le compositeur ; il est reporté dans la marge après l’indication de la rectification :

Tassis, dans son protocole de correction, utilise exclusivement ce signe, pour ses ajoutés.

Didot, Desormes et l’Agenda Lefranc agissent de même.

30. b) On emploie aussi une sorte de , dans sa position naturelle ou renversée, placé là où l’omission a eu lieu :

-----


ce signe est peu employé ; il est, d’ailleurs, d’une visibilité moindre que le précédent et, dans sa position renversée, il présente trop de similitude avec le signe indicatif de la « lettre supérieure » (n° 66).

Daupeley-Gouverneur utilise ce signe (ligne 6) pour « séparer » deux mots collés et pour une « lettre à intercaler » (ligne 2).

Th. Lefevre et l’Annuaire Desechaliers emploient ce signe concurremment avec le trait simple (ligne 3).

31. c) Enfin, on a combiné en un seul les deux signes précédents (nos 29 et 30) : au trait vertical on a ajouté, soit en bas, soit en haut, à droite ou à gauche, le , dans sa position naturelle ou renversée :

E. Leclerc emploie la première forme de ces divers signes.

H. Fournier et L. Chollet se servent également de ce signe (lignes 3 et 17) ; mais L. Chollet emploie aussi, sans doute pour différencier les renvois, le signe ; et H. Fournier, le trait vertical simple.

Daupeley-Gouverneur utilise, (ligne 4) cette même forme entre deux mots « à séparer » (ligne 6, nous l’avons vu, le signe indiqué est  ; pour un « bourdon » (un mot omis), il fait emploi (ligne 14) du trait vertical simple terminé à la base par un trait horizontal :


antérieurement (ligne 9), pour une correction semblable, ce même auteur utilise le trait simple de renvoi () sans modification.

— Sans indiquer ses préférences, D. Greffier constate l’existence de trois signes différents :


mais, dans son protocole, il emploie pour des « lettres à ajouter », le signe


pour un « mot à ajouter », le signe


et, enfin, pour des « mots oubliés » (bourdon), le signe


cependant que, dans ses commentaires, il ne signale nullement l’emploi de ces deux derniers signes.

— Th. Lefevre, pour une « lettre » ou une apostrophe « à ajouter », utilise le signe

et pour un « mot à ajouter », le signe

d) À tous égards, il semble bien que des trois formes de renvoi connues la dernière (no 31) soit la préférable :


on ne saurait, comme cela peut se produire avec l’emploi du trait vertical simple, hésiter entre l’indication d’une correction de coquille et l’indication d’un bourdon ; de même que la deuxième forme (no 30), elle indique mieux que le trait simple la nécessité d’écarter les lettres voisines pour loger la lettre ou le signe omis ; enfin, elle est d’une plus grande visibilité que la deuxième forme. — La première variante () est celle qui peut être considérée comme la forme normale du signe indiquant le bourdon ; les modifications suivantes
() sont des variantes à employer dans le cas où il y aurait deux bourdons ou plus dans une même ligne, circonstance dans laquelle on peut encore utiliser les signes suivants : , etc.

32. De manière générale, le correcteur recopie seulement sur les épreuves les omissions de peu d’importance : a) celles de deux ou trois mots sont inscrites, avec les autres corrections, sur la marge convenable et à leur rang ; b) celles qui ont une certaine étendue sont reportées, avec un renvoi spécial, sur la marge opposée, et même parfois en tête ou en pied de l’épreuve si, en raison de la longueur, on craint d’occuper une trop grande partie de la marge.

33. Lorsque l’omission, ou bourdon, est de grande importance, soit trois ou quatre lignes ou plus, on écrit, dans la marge, à côté du signe de correction :

ou simplement :


cependant que, sur le manuscrit, le passage omis est entouré d’une manière spéciale (au crayon bleu ou rouge, ou autrement), avec l’indication dans la marge :


ou mieux :

Le feuillet manuscrit est alors joint à l’épreuve, lorsque celle-ci, pour être corrigée, est retournée au compositeur.

Didot, pour un bourdon d’une ligne entière, se sert du signe suivant :


et note avec précision : « Quand il y a quelques phrases de passées, ce que l’on appelle bourdon, l’on fait le renvoi et on la[14] transcrit au bas de la page avec le même renvoi , ou l’on renvoye à la copie en marquant les premiers mots, etc. »

Tassis, pour un bourdon dont l’importance n’est pas indiquée, tire un trait sur les trois quarts de la justification et, du côté où ce trait s’aligne avec l’extrémité du texte, ajoute les mots : voy. copie :


il donne, en outre, un exemple de bourdon placé, en raison de sa longueur, au bas de la page : un trait de plume entoure les mots omis et rejoint le texte à l’endroit convenable.

— Un bourdon d’importance à peu près égale, placé de même en bas de page, est précédé, dans Th. Lefevre et dans l’Annuaire Desechaliers, d’un renvoi à double croix qui a son analogue dans le texte :

— E. Desormes, Th. Lefevre, l’Agenda Lefranc, l’Annuaire Desechaliers indiquent de manière à peu près semblable les bourdons de grande importance : un renvoi de forme spéciale[15], dans le texte et à la marge,


accompagné, dans la marge, de l’indication :

V. Breton utilise ce signe même pour un bourdon d’un seul mot.

H. Fournier, E. Leclerc, Daupeley-Gouverneur ne donnent, en exemples, que des bourdons d’un mot ou d’une lettre.


IV. — Lettres défectueuses.


34. Au cours de sa lecture, le correcteur doit éliminer avec soin, de la composition qu’il vérifie, les lettres écrasées ou présentant un défaut[16].

35. Ces lettres sont, dans la composition, barrées d’un trait vertical ; elles sont reportées dans la marge et entourées d’un quart de cercle accompagné d’un signe analogue au renvoi du texte :

L’origine de ce signe ne semble point susceptible de longues recherches, non plus que de discussions.

Les copistes du moyen âge furent, en maintes circonstances, pour la reproduction des textes, aux prises avec des difficultés presque insurmontables : les manuscrits ne présentaient pas toujours une lisibilité suffisante ; le parchemin était plus ou moins altéré ; des abréviations nombreuses augmentaient encore les incertitudes de l’écrivain ; celui-ci d’ailleurs ne possédait pas toujours la science nécessaire pour déchiffrer sans erreur possible le texte ou le rétablir dans sa pureté primitive.

Aux prises avec ces difficultés, les copistes estimèrent qu’il était nécessaire de prévenir le lecteur et de le mettre en garde contre une interprétation erronée d’un passage douteux ou dont le sens réel était resté douteux : ils utilisèrent à cet effet un signe appelé cruphie ou cryphie, dont le nom tiré de la langue grecque (xpupatos) signifiait caché ; ce signe était formé d’une demi-circonférence (partie supérieure) au centre de laquelle figurait un point [17]. Pour indiquer les lettres ou les caractères de qualité douteuse, c’est-à-dire qu’ils lisaient mal et qu’ils jugeaient nécessaire dès lors de faire remplacer, les premiers correcteurs empruntèrent aux manuscrits dont ils assumaient la mise au point et la revision typographiques le signe de cruphie ; toutefois, ils déplacèrent légèrement la demi-circonférence dans le sens vertical et ils remplacèrent le point médian par la lettre douteuse.

Suivant les auteurs, le quart de cercle enserrant la lettre figure tantôt à droite, tantôt à gauche et même au-dessous de celle-ci.

Tassis l’indique à gauche :

Larousse, dans le Grand Dictionnaire universel du xixe siècle, donne la figuration suivante :


et sans aucun signe de renvoi.

De l’étude de ce protocole on ne peut, d’ailleurs, tirer la conclusion que le quart de cercle soit l’indication caractéristique du changement d’une lettre gâtée.

Ligne 1 du « folio verso », se trouve, dans la marge de droite, la mention : Lettres ou mots à changer. À l’exactement, il apparaît bien, autant qu’on peut en juger, que les lettres i, m, s à changer sont mauvaises, gâtées ; cependant elles ne sont point, dans la marge de gauche, entourées du quart de cercle qui accompagne les « lettres gâtées à changer » de la ligne 3 du même folio. — L’explication de ce fait est difficile, pour ne pas dire impossible.

Pour les « lettres basses », qui sont surtout dans ce protocole des lettres manquantes, Tassis utilise le trait de renvoi indicatif de la coquille.

Th. Lefevre et l’Annuaire Desechaliers emploient, eux aussi, pour les « lettres gâtées » le quart de cercle placé à la gauche de la correction.

Daupeley-Gouverneur utilise le quart de cercle placé à droite, sans y joindre le signe de renvoi :

— Dans les protocoles de Didot, de Th. Lefevre et de l’Annuaire Desechaliers, se rencontre un signe dont l’analogue ne se retrouve dans aucun autre manuel : les « lettres basses » sont accompagnées à leur partie inférieure d’un quart de cercle :


il ne semble point que ce signe soit d’une utilité bien réelle. La lettre basse, si une fraction est visible, est, sans conteste possible, une lettre mauvaise, gâtée (peu importe pour quelle raison) : le signe conventionnel des « lettres gâtées » doit donc être utilisé ; au contraire, la lettre réellement basse, que le rouleau n’a point touchée, et qui dès lors ne paraît pas à l’épreuve, est généralement traitée comme coquille.

E. Leclerc ne donne pas d’exemple de cette correction.

V. Breton considère les « lettres écrasées » comme de simples coquilles ; le trait de renvoi accompagne seul la correction.

L’Agenda Lefranc, pour une « lettre mauvaise », utilise le même renvoi que pour la coquille, sans aucun autre signe spécial.

— Le protocole de H. Fournier porte une seule indication de lettre écrasée « à remplacer » ; la lettre est reportée en marge accompagnée du signe de renvoi, mais sans le quart de cercle.

L. Chollet, dont le protocole est, sur presque tous les points, analogue à celui de Fournier, se sépare ici légèrement de ce dernier : pour une « lettre à remplacer », il esquisse une « sorte » de trait courbe qu’avec quelque bonne volonté il est possible d’assimiler à un quart de cercle ; le trait de renvoi n’est pas indiqué.

— Desormes entoure d’un rectangle, dans le texte, les « lettres écrasées » :


puis, reportant ce rectangle dans la marge, il y enferme des points et accompagne le tout d’un trait de renvoi :


signe qu’il indique (même page, ligne 4) comme caractéristique des « lettres à nettoyer » !

D. Greffier, dans son commentaire comme dans son protocole, entoure d’un cercle complet « les lettres gâtées, mauvaises » :


C’est le seul de nos auteurs typographiques qui ait adopté cette forme de correction dont il ne donne aucune explication.

36. Les lettres de caractère étranger ou d’œil différent rencontrées dans le texte, au cours de la lecture, sont, comme toute coquille, barrées d’un trait vertical ; elles sont ensuite inscrites dans la marge, entourées d’un cercle et suivies du signe de renvoi analogue à celui du texte :

— Les protocoles de Tassis et de Didot ne font pas mention de ce genre de correction.

Daupeley-Gouverneur, Jean Dumont et H. Fournier entourent d’un cercle les « lettres d’un autre œil » et d’un « corps différent » ; le renvoi n’est pas répété dans la marge.

E. Leclerc et l’Agenda Lefranc emploient un rectangle, au lieu d’un cercle ; ils reportent dans la marge le renvoi, ou trait vertical, qui dans le texte barre la lettre à changer.

Th. Lefevre, E. Desormes, V. Breton, l’Annuaire Desechaliers et Greffier, au lieu du cercle, utilisent également le rectangle, mais sans répéter après celui-ci le signe du renvoi : Greffier estimant que « la correction entourée est suffisamment distincte ».

Que l’on emploie le cercle ou que l’on utilise le rectangle semble d’importance secondaire : ces deux signes procèdent, en définitive, d’une même idée : indiquer au compositeur que la lettre signalée, d’œil ou de caractère différent, ne devait pas être contenue dans sa casse, mais doit être remise, renfermée si l’on veut, dans une autre. D’ailleurs, la rapidité d’écriture et la répétition fréquente d’un même mot aident, en raison d’une lecture souvent hâtive, à une déformation plus ou moins accentuée de la forme régulière d’un signe ; et, si en théorie ces deux signes, cercle et rectangle, diffèrent essentiellement par leur aspect, dans la pratique le rond est plus ou moins circulaire, et le carré plus ou moins rectangulaire : tous deux acquièrent ainsi par certains traits une ressemblance qui permet même aux esprits les plus prévenus de se reconnaître au milieu de ce dédale.

— Il n’est pas cependant inutile de rappeler que Desormes semble avoir commis une erreur singulière en indiquant, sans motifs plausibles, par un rectangle


le signe de « l’alinéa à faire » (p. 350) ; et que Greffler ne paraît pas davantage fondé à recommander le cercle


comme signe distinctif du changement des « lettres gâtées » (p. 320).


V. — Caractères à changer.


37. Les changements de caractères à effectuer dans le texte sont, suivant le genre, indiqués de manières différentes.

Dans un texte, soit romain, soit italique, soit gras, les passages, les membres de phrases, les mots à mettre respectivement en italique, en romain ou en gras, sont :

a) Entourés ou encadrés de manière compréhensible :


ou :

b) Ou simplement soulignés sur toute leur longueur du trait distinctif du caractère, terminé à chaque extrémité par un trait vertical :

c) Dans la marge, on répète le signe du texte, en portant à l’intérieur l’indication voulue :


ou :


ou simplement :


ou encore :

Ici, comme en maintes autres circonstances, l’emploi des traits de renvoi qui indiquent la correction dans le texte et l’accompagnent dans la marge varie suivant les auteurs :

Tassis-Brun se borne à souligner dans le texte le mot à corriger ; dans la marge, il porte l’indication de la correction qu’il souligne et accompagne d’un trait vertical de renvoi (remarquer que celui-ci n’existe pas dans le texte):
xxxx Texte :

mobiles ; et les livres d’images, qui parurent


marge :

Daupeley-Gouverneur utilise, dans le texte et dans la marge, l’un des signes indiqués plus haut, sans l’accompagner du trait de renvoi :
---- Texte :


marge :

Th. Lefevre et D. Greffier utilisent tous deux le même signe, sans l’accompagner, soit dans le texte, soit en marge, du trait de renvoi :
---- Texte :


marge :

Desormes, dans deux corrections, emploie le signe de Th. Lefevre et de D. Greffier ; dans une autre, il omet dans le texte le trait vertical initial placé au début de la correction (ligne 16, p. 299).

— L’Agenda Lefranc souligne sur toute sa longueur le mot à modifier et termine chacune des extrémités de cette barre par un trait vertical ; ce signe est répété dans la marge sans trait de renvoi :
---- Texte :


marge :

Fournier indique ainsi la correction :
---- Texte :

certitude irréfragable sur aucun des trois points


marge :

L. Chollet :

Texte :


marge :

E. Leclerc :
xxxx Texte :


marge :

Didot souligne les mots dont le caractère est à modifier ; il reporte en marge les traits distinctifs de la modification et les accompagne du trait vertical de renvoi qui ne figure pas dans le texte :
xxxx Texte :


marge :

38. Si la modification porte sur une ou plusieurs lettres, sur un mot au plus, les lettres ou le mot sont —  on l’a vu par certains exemples donnés ici —  comme pour les lettres à changer ou coquilles, barrés d’un trait vertical ou d’un trait horizontal terminé à chacune de ses extrémités par un trait vertical :

Les lettres, le mot sont alors reportés dans la marge accompagnés du trait convenable de renvoi ; pour l’indication du caractère à employer, ils sont soulignés des traits conventionnels particuliers à chaque type de caractères, auxquels on ajoute fréquemment la désignation elle-même :


plus rare est l’abréviation :


encore mieux abrégé :


ou autres désignations nécessaires, toujours entourées d’un trait.

a) Les lettres ou mots à mettre en sont soulignés de deux traits :

b) Les sont indiquées par trois traits :

c) Les lettres ou mots à mettre en italique bas de casse sont soulignés d’un trait simple :

d) Les , dont l’emploi est assez rare, parce que peu d’imprimeries les possèdent dans tous les corps et dans tous les types de caractères, seront indiquées par les mots  » soulignés de deux traits et le mot ital. entouré ou non :

e) Les sont marquées de quatre traits :

— Dans l’Instruction pour la lecture des épreuves (extrait du Guide pratique du Compositeur, chap. VIII), Th. Lefevre indique (p. 8, note 2):

Dans aucun autre auteur ne se rencontre semblable indication, particulièrement pour « la minuscule à mettre en majuscule », — D’autre part, on peut estimer que les termes « bas de casse », grandes capitales », essentiellement techniques, auraient avantageusement suppléé dans cet ouvrage… typographique les expressions littéraires « minuscule » et « majuscule ».

Jean Dumont indique la correction d’une « grande capitale italique » d’une manière qui lui est particulière : pour remplacer, dans le prénom Eugène (ligne 13, p. 124), l’e initial, qui dans le texte est un bas de casse, par un e grande capitale, cet auteur emploie la figure suivante :

Il est certain qu’en France cette méthode est peu ou pas suivie. Il semble qu’une confusion fréquente doive se produire entre ce signe et celui de la « lettre d’un autre œil », pour la figuration duquel nombre d’auteurs, on l’a vu (n° 36), utilisent un rectangle.

f) Les mots ou lettres à composer en etc.) sont soulignés d’un trait tremblé et accompagnés, suivant les cas, du mot norm., ég. ou égypt., ou autre convenable, entouré :

g) Les sont indiquées par deux traits, dont le premier est un trait tremblé[18], avec la mention ég., égypt., norm., etc., suivant le caractère à employer :

h) Les seront soulignées de trois traits, dont le premier tremblé, avec la mention convenable, ég., norm. ou autre :

— Cependant D. Greffier souligne de la manière suivante les grandes capitales de caractères gras :


soit : un filet tremblé, caractère gras, et trois traits, grandes capitales. Sans doute, cet auteur est parti de ce principe : le filet tremblé est le signe spécial de l’indication du caractère gras ; à ce titre, il doit obligatoirement figurer dans toutes les indications de caractères gras. Le raisonnement est plutôt spécieux ; ce qui semble vrai pour les caractères gras ne le paraît pas moins pour l’italique, dont le filet simple est la caractéristique par excellence, et qui à ce titre devrait figurer dans toutes les indications d’italiques. Les petites capitales italiques seraient alors indiquées par trois traits simples : un pour l’italique, deux pour les petites capitales. — Il est superflu d’insister sur les confusions multiples qui en résulteraient entre grandes capitales et petites capitales .

Suivant ce même ordre d’idées, comment devront être soulignées les grandes capitales grasses italiques, les petites capitales grasses italiques, les italiques grasses bas de casse, etc. ? — Autant de points que D. Greffier n’a point cherché ou peut-être même songé à résoudre, car avec son système la solution eût été plutôt embarrassante ou compliquée.

Aucun écrivain typographique n’a d’ailleurs jamais pensé, que nous sachions, aborder semblable problème tous, sans vouloir innover sur ce sujet, se sont simplement conformés aux usages courants. Il suffisait, dans ces conditions, de rappeler des règles universellement connues et admises.




§ 3. — LES SIGNES DE CORRECTION


39. L’emploi des signes de correction donne, pour la bonne rectification des fautes ou des erreurs, une sécurité relative, à laquelle ne pourrait prétendre une explication parfois longue ou quelque peu embarrassée. Une plus grande rapidité de lecture est, en outre, la conséquence naturelle de l’usage des signes.

Par exemple, à une personne quelque peu initiée le signe


indiquera très nettement qu’il faut retourner telle lettre ou tel chiffre ; il évitera l’inscription sur l’épreuve des mots à retourner ou retourner, que dans un moment d’inattention le compositeur pourrait insérer dans le texte.

La plupart des auteurs présentent dans leur protocole une nomenclature à peu près complète des signes de correction. Mais on rencontre maintes fois des variantes dans la forme de ces signes, dans leur emploi ; le signe de renvoi qui souvent les accompagne, est parfois omis ; enfin, l’origine de ces signes, fort curieuse, n’est étudiée dans aucun manuel.


I. — Le « deleatur ».


40. Lettres ou mots à supprimer : La lettre ou le mot sont, dans le texte, barrés, suivant le cas, du trait vertical ou du trait horizontal terminé à chaque extrémité par un trait vertical ; en marge, le correcteur figure le signe suivant :


qu’il accompagne d’un trait de renvoi analogue à celui du texte :

Ce signe a reçu le nom de deleatur, mot latin signifiant qu’il soit effacé ou effacez, ou encore enlevez, qu’il soit enlevé. De manière générale, on dit abusivement que sa forme se rapproche quelque peu de celle de la lettre grecque φ (phi) ; mais certains auteurs en modifient légèrement l’aspect :

— E. Leclerc, dans son protocole, le figure ainsi : , alors que dans son texte (p. 101) il le représente par un ϑ (thêta grec initial), tout en écrivant : « C’est la première lettre du mot latin signifiant : « qu’il soit effacé. » Quelle est cette lettre ? Quel est ce mot ? Leclerc ne le dit pas.

— E. Morin, dans son Dictionnaire typographique, au mot Deleatur, écrit : « Le deleatur est le signe de correction qui signifie, comme l’indique ce mot latin : qu’il soit effacé. Il se rapproche par sa forme du delta grec (δ).

— Didot, Tassis, Dumont et Th. Lefevre donnent le signe du deleatur avec une forme se rapprochant du thêta initial, alors que chez les autres auteurs il semble plutôt avoir quelque parenté avec le φ (phi).
Fig. 1. — Épreuve corrigée datant de l’époque de Plantin : le lecteur remarquera
la forme du « deleatur » dont l’altération était déjà caractéristique.

— Cependant, il est bon de le rappeler, le signe du deleatur ne fut nullement emprunté à l’alphabet grec. Pour le prouver, il suffit, d’abord, de rappeler le principe du symbolisme attribué à l’ensemble des signes conventionnels de la correction — le signe du deleatur n’a pu échapper à cette règle, — de rechercher le symbole de ce signe, — enfin de se souvenir que le nom du signe lui-même est un mot latin.

Les premiers typographes furent pour la plupart, on le sait, des lettrés remarquables ; pour la correction de leurs épreuves ils ne dédaignèrent point cependant de s’adjoindre des érudits de premier ordre. La langue latine, la langue grecque aussi furent d’usage courant dans les imprimeries du xve et du xvie siècle : typographes et correcteurs, maîtres imprimeurs et « clients », tous non seulement connaissent, mais parlent le latin à l’instar d’une langue maternelle. Ce n’est point dès lors à l’aide du « beau langage françois » que l’on créera les mots nouveaux que nécessitera à cette époque la technique de l’art de Gutenberg ; Homère et Virgile l’emporteront sans conteste possible. Il n’est donc pas étonnant que, dans notre profession, certaines expressions techniques latines, certains termes tirés directement du grec, en petit nombre, il est vrai, nous soient parvenus tels qu’ils furent employés aux premiers temps de l’imprimerie.

Pour indiquer, sur une épreuve, « le retranchement d’une lettre, d’un signe, d’un ou de plusieurs mots », l’expression typique fut tout naturellement empruntée au latin (langue dans laquelle, il est bon de le rappeler en la circonstance, fut imprimé le premier livre paru à Paris) : au lieu de discuter, d’examiner longuement s’il était préférable d’écrire, en termes vulgaires : ostez, à oster, que ce mot soit ostez, ou enlevez, à enlever, que ce mot soit enlevez, ou tout autre terme équivalent, les savants adoptèrent un seul mot latin — deleatur — qui résume toutes ces expressions.

Mais, le mot accepté, sa répétition incessante parut sans doute fastidieuse ; et la nécessité de l’écrire au long, hors de propos : on décida, ou on fut obligé par la force même des choses, par l’habitude, de le traduire, de le symboliser en un signe, en une lettre unique. Ce fut ainsi, dans un but de clarté, de concision et surtout de rapidité, que les premiers imprimeurs acceptèrent que le mot deleatur serait toujours figuré par une seule lettre : cette lettre fut le d, initiale du mot.

Et ce ne fut point, comme on a pu le croire, à un alphabet étranger, bien que de langue savante, que nos ancêtres eurent recours pour symboliser le mot deleatur. Très simplement, ils se bornèrent à faire appel à l’écriture courante de leur époque. Il est facile de s’en rendre compte à l’examen de nombre de documents : les manuscrits du xve siècle offrent en effet dans la cursive une forme très connue de d minuscule


qui, très légèrement modifiée, se rencontre encore fréquemment de nos jours dans l’écriture courante.

Point n’est besoin d’un long examen comparatif pour reconnaître que le deleatur typographique tel qu’il est employé par Didot, Tassis et Th. Lefevre, intentionnellement ou non — nous ignorons ce détail — tend à imiter un d d’écriture cursive médiévale, et non pas un thêta grec initial.

Sans doute, au cours des temps, suivant les usages des différentes Maisons, d’après les manies de chaque correcteur, le d médiéval s’est légèrement modifié ; au xvie siècle, les correcteurs de l’imprimerie Plantin d’Anvers avaient déjà subi ces influences, ainsi qu’on le voit sur la figure 1. Mais cette altération regrettable, qui ne tient qu’à des raisons locales et personnelles, ne saurait faire oublier l’origine de l’un des signes les plus connus de la correction.

Aucun motif technique ou linguistique n’a d’ailleurs jamais été invoqué pour justifier, en faveur du delealur, la paternité grecque du φ (phi), celle du ϑ (thêta initial), non plus que celle du δ (delta.)


II. — Lettres et mots à retourner et à transposer.


41. Lettres ou mots à retourner : La lettre ou le mot à retourner sont barrés, suivant le cas, du signe de renvoi vertical ou du trait horizontal accompagné à chacune de ses extrémités d’un signe vertical. Dans la marge le correcteur porte le signe :


qu’il accompagne d’un trait de renvoi analogue à celui du texte :

— De manière générale, tous les auteurs typographiques figurent, plus ou moins correctement, tel qu’il est indiqué ici, le signe « à retourner ».

Jean Dumont utilise une figure qui lui est particulière et que l’on ne rencontre dans aucun autre manuel de langue française .

Ce signe est analogue à celui employé à l’imprimerie Plantin au xvie siècle, ainsi que nous le voyons ici (fig. 2) ; il est proche parent de celui employé par les Américains et les Anglais ; il rappelle incontestablement la sigle antique , conservée par les copistes du moyen âge, sigle qui a donné naissance, nous le verrons (n° 45), à notre signe actuel.
Fig. 2. — Épreuve datant de l’époque de Plantin : le lecteur remarquera la forme
du signe « à retourner ».
42. Lettres ou mots à déplacer, à transposer horizontalement, dans la même ligne :


ce signe est figuré dans le texte ; il est reporté dans la marge et accompagné d’un trait de renvoi simple :

43. Lignes à transposer :


ce signe est figuré dans le texte ; il est reporté dans la marge et accompagné d’un trait de renvoi simple, et parfois, par certains correcteurs, des mots à transposer[19] écrits au long ou abrégés, entourés d’un trait :

44. De ce signe on peut rapprocher le suivant, qui de même est figuré dans le texte et reporté en marge accompagné d’un trait de renvoi et parfois, par certains correcteurs, des mots suivre, à suivre[20], entourés d’un trait simple :

Alinéa à supprimer[21] :


qui n’est, en définitive, que l’indication du « texte d’une ligne à transposer, à mettre dans une autre ligne » :

45. Lettres ou mots à déplacer d’une ligne dans une autre ligne :


ou autre disposition suivant la place que doit occuper le nouveau renvoi ; ce signe est figuré dans le texte ; il est reporté dans la marge et accompagné d’un trait de renvoi simple :

— D’après E. Leclerc, « pour indiquer les vers à transposer, dans les ouvrages de poésie, les anciens copistes se servaient de l’antisigma, signe de correction ayant la forme d’un C retourné (). Les correcteurs anglais se servent de ce signe[22] qui indique la lettre à retourner. Pour ce dernier usage, le signe habituel de notre correction () en serait le redoublement[23]. »

II. Le Grand Dictionnaire universel illustré du xixe siècle de Pierre Larousse rappelle aussi l’usage que firent du les copistes du vieux temps. — Il faut toutefois faire observer que Larousse, qui donne également au C retourné le nom d’antisigma, attribue à l’antisigma réel une tout autre forme, celle de deux C adossés, .

III. Malgré l’autorité incontestable de ces auteurs, il est bon de se montrer très réservé à l’égard de leur interprétation et du rôle qu’ils attribuent à l’antisigma :

a) On peut remarquer, d’abord, que l’antisigma fut introduit dans l’alphabet monumental romain par l’empereur Claude : ce signe avait, d’après R. Cagnat[24], la forme suivante :  ; il exprimait le son ps et remplaçait le ψ (psi grec). L’antisigma disparut des inscriptions monumentales aussitôt après la mort de Claude. — Il est certain que les copistes suivirent l’exemple des graveurs et abandonnèrent, eux aussi, l’usage de ce signe après le décès de son créateur.

b) Il est nécessaire, en outre, de dire que, dans la question présente, le rôle de l’antisigma, tel que l’avait imaginé l’empereur Claude, est aussi incertain et aussi obscur que son existence fut courte. — Quelle idée un signe ayant, d’après son inventeur même et d’après les grammairiens (notamment Priscien), le son ps, pouvait-il éveiller dans l’esprit du lecteur ? Et comment ce son ps pouvait-il inciter, même un érudit averti, à lire, en le transposant, le texte parcouru ? La question est complexe ; Leclerc n’a point cherché à la résoudre ; et certes a-t-il sagement agi, car sous cet aspect elle paraît insoluble.

— Mais tout autrement en est-il si, toujours avec M. Cagnat et d’après de nombreux documents, l’on admet que, en dehors de l’époque de Claude, « le C retourné — C — est non point une lettre », mais une sigle qui a plusieurs significations :

Les textes épigraphiques latins ne sont pas toujours écrits en toutes lettres ; la majorité même se présentent en abrégé. Ces abréviations, que les Romains appelèrent d’abord notæ, et postérieurement sigta, sont de deux sortes : les unes se composent seulement de la première lettre du mot, et, dans ce cas, on les nomme « sigles » ; … les autres, et c’est peut-être le plus grand nombre, consistent en un groupe de plusieurs lettres, généralement les lettres initiales du mot.

Et M. Cagnat ajoute[25] :

Certaines lettres abréviatives sont retournées sur les inscriptions. Une semblable disposition indique souvent le féminin… Mais, dans d’autres cas, il ne faut chercher dans cette disposition qu’une convention paléographique ; on verra ci-dessous que signifie caput, conductor, contra, corona et d’autres mots encore qui n’ont entre eux de commun que de commencer par un C.

— La « table alphabétique des sigles et abréviations » dressée par le même auteur donne, pour C dans sa forme régulière ou légèrement modifiée, >, huit significations différentes, parmi lesquelles celle de contra. Ce dernier mot latin, tantôt préposition, tantôt adverbe, se traduit, suivant les cas, par les expressions en face de, en sens contraire, en montant, et en face, vis-à-vis, d’autre part, de l’autre côté.

La solution de la question qui nous occupe s’impose dès lors avec force à l’esprit. — Les copistes, des premiers temps de l’ère chrétienne jusqu’au moyen âge, furent presque exclusivement des moines ou des clercs particulièrement versés dans l’étude des langues grecque et latine. Ayant, soit par suite d’une erreur, soit pour tout autre motif, des vers à transposer, c’est-à-dire à remonter, ou à placer d’autre part, de l’autre côté d’autres vers, ils se souvinrent — simplement peut-être parce que ce signe figurait déjà sur les manuscrits qu’ils avaient à recopier — qu’une sigle latine courante, C, leur permettait d’indiquer la transposition sans recourir à l’inscription, dans la marge, du mot contra indispensable pour prévenir le lecteur[26].

Il est à supposer que cette sigle — convention paléographique — si expressive par elle-même, n’ayant pas, comme d’ailleurs les autres sigles, de nom spécial, reçut plus tard, abusivement, par simple raison de sa similitude avec la lettre alphabétique de Claude, le nom d’antisigma qu’elle conserva.

Au xve siècle, pour indiquer les transpositions qu’ils pouvaient trouver au cours de la lecture de leurs épreuves, les premiers imprimeurs se contentèrent sans doute, à leur tour, de recourir aux bons offices du signe dont ils rencontraient fréquemment l’emploi dans les manuscrits, l’antisigma des copistes. Toutefois, comme ils avaient non plus seulement des vers ou des lignes à transposer, mais encore des mots ou même de simples lettres, ils durent apporter, suivant les circonstances et suivant le genre de transpositions, certaines modifications au signe primitif :

a) La sigle , improprement appelée, il faut le répéter, antisigma, fut exclusivement réservée à l’indication des « lignes ou vers à transposer ». Il n’est pas d’ailleurs inutile de faire remarquer que le signe primitif de « transposition des lignes ou des vers » s’est lui-même modifié. La sigle unique a été renforcée d’une autre sigle, inversée :


pour former le signe


plus ou moins développé.

b) Par la superposition[27] et l’enchaînement de deux sigles


on créa un signe particulier pour les « lettres ou mots à retourner » :

c) Au lieu d’utiliser la sigle dans son sens réel, le sens vertical, on imagina de l’employer dans le sens horizontal . La combinaison de deux sigles horizontales, dont l’une était inversée , donna naissance au signe actuel des « lettres ou mots à transposer » :

Ainsi, à la lumière des faits, on peut affirmer l’origine commune, la sigle , de trois de nos signes de correction actuels — d’un caractère symbolique certain — qui par leurs formes s’affirment cependant d’essences fort dissemblables.

46. Le protocole de l’Agenda Lefranc offre une particularité que l’on ne rencontre dans aucun autre manuel : le texte renferme un « mot illisible » : ainsi s’exprime l’auteur dans la colonne « Désignation des signes » ; le typographe a composé un mot quelconque (?), « à l’envers et les lettres renversées ». L’auteur s’est borné à entourer ce mot, dans le texte, d’un trait :


et à reporter ce trait dans la marge, en l’accompagnant d’un trait de renvoi simple.

Cette correction est d’usage peu fréquent. Elle eût été, d’ailleurs, dans le cas actuel, incompréhensible, si l’annotation « mot illisible » n’en avait indiqué la signification ; et il est certain que le compositeur non prévenu, retournant les lettres dans leur ordre et leur position normale, eût lors de la correction composé sans hésitation le mot voulu.

Si le correcteur hésite — ce cas doit être exceptionnel — dans la lecture d’un mot, il semble indispensable d’annoter « l’indication d’incertitude », telle que la figure l’Agenda Lefranc, du terme illisible.

Sur la copie, le terme illisible est entouré d’un trait de crayon rouge ou bleu très apparent, destiné à attirer l’attention de l’auteur ; en outre, à la marge l’annotation illisible, ou autre, renseigne l’écrivain.

Sur le plomb, le blanc paraît préférable au mot retourné : le blanc frappe plus vivement l’œil, au milieu de la composition ; tout au moins, il est plus recommandable que le « bloquage », le pied de la lettre marquant sur l’épreuve : cette opération entraîne le plus souvent la mise au rebut des lettres ayant servi au bloquage, car leur œil est égratigné ou écrasé au cours des manipulations nombreuses que subissent les compositions.


III. — Blancs et interlignes.


47. Lettres ou mots à espacer, à écarter : Dans le texte, le correcteur place un trait de renvoi à l’endroit où le compositeur doit jeter un blanc :


puis dans la marge il indique le signe d’espacement :


qu’il accompagne du trait de renvoi figurant dans le texte.

La forme première de ce signe fut, sans conteste possible, un retangle parfait :


qui symbolise rigoureusement l’idée d’espace, de cadrat, de blanc enfin à placer entre les lettres ou les mots.
xxxx Par une déformation naturelle qu’expliquent le désir d’aller vite et la nécessité de n’être précis que dans les limites où le besoin d’être compris l’exige, chaque trait ne tarda pas à déborder au delà des limites du carré régulier :

De plus en plus, le signe s’est éloigné de sa forme primitive, — et les mieux intentionnés, comme ceux qui se prétendent bien renseignés, nous disent aujourd’hui : Ce signe ressemble à un dièze. » — Et c’est à l’aide d’un dièze (𝄰) que Fournier figure ce signe dans son protocole !

48. Blanc irrégulier de deux ou trois mots : Entre chaque mot dont le blanc doit être régularisé, on trace un trait vertical :

Les traits de renvoi sont reportés groupés dans la marge et accompagnés une seule fois du signe de correction de l’espacement, si aucune autre correction ne se rencontre dans la ligne :


au cas contraire, chaque trait de renvoi doit être accompagné du signe de correction qu’il appelle.

49. Interlignes à ajouter dans le texte, ou blancs à augmenter dans les titres : Entre les lignes dont l’intervalle de composition est à modifier, on figure à l’extrémité de la justification le signe :

À la suite de ce signe, dans la marge, le correcteur doit indiquer quelle correction doit être effectuée : interligner, ou blanc 3 points, 6 points, etc.
xxxx Quelques correcteurs méticuleux répètent dans la marge le signe de l’espacement suivi du trait de renvoi et accompagné de l’indication nécessaire :


ou :

— D. Greffier figure ce signe tel qu’il est donné ici : un trait horizontal d’une longueur du tiers ou au plus de la moitié de la justification, placé entre les deux lignes, à l’extrémité droite, et traversé par un double trait vertical se trouvant dans la marge ; le signe n’est pas répété dans la marge.

— Au lieu du double trait vertical, l’Agenda Lefranc emploie un simple trait :


il répète dans la marge le signe caractéristique de la correction, mais sans l’accompagner d’un trait de renvoi.

— Th. Lefevre, Daupeley-Gouverneur, H. Fournier, Breton et Jean Dumont prolongent le trait horizontal sur toute la longueur de la ligne de texte et terminent chacune des extrémités, en dehors du texte, par un double trait vertical ; le signe n’est pas répété dans la marge :

L’Annuaire Desechaliers trace le trait horizontal sur toute la justification ; l’extrémité gauche seule porte un trait vertical :

E. Leclerc emploie le trait horizontal sur toute la longueur de la justification ; une seule des extrémités de ce trait porte l’indication spéciale de la correction à effectuer : au lieu du double trait vertical, cet auteur utilise, en le plaçant sur le trait débordant légèrement dans la marge, le signe d’ « espacement à ajouter » :

Le signe n’est pas répété dans la marge, mais il est accompagné du trait particulier de l’omission :

Tassis, comme les divers auteurs qui précèdent, utilise le trait horizontal de longueur égale à celle de la justification ; l’extrémité débordant dans la marge où sont reportées les corrections porte un triple trait vertical, dont la signification symbolique échappe :

Le signe n’est pas répété dans la marge.

Desormes différencie le « blanc à mettre » et « l’interligne à mettre » : sur la moitié environ de la justification, il emploie pour le premier le signe :

Entre Salde (Bougie) et Rusginæ (cap Matifou), les
pour le second, le signe :


aucun n’est répété dans la marge.

Didot place, dans la marge, tout au début de la justification, le signe


qu’il répète de la manière suivante dans la marge de droite :

50. Espacement défectueux d’une ligne de texte à régulariser : Entre chacun des mots on trace un trait vertical de renvoi :


dans la marge on répète, en les groupant, les traits de renvoi accompagnés une seule fois de la correction, si aucune autre correction ne se rencontre dans la ligne :


au cas contraire, chaque trait de renvoi doit être accompagné du signe de correction qu’il appelle.
xxxx Cette correction est à rapprocher de celle du numéro 48, où est indiqué le signe du « blanc à régulariser ».

Desormes, Greffier, Leclerc, Th. Lefevre et l’Annuaire Descchaliers n’indiquent pas le signe caractéristique de la correction à effectuer, ou  ; ils reportent simplement dans la marge quelques traits :

— L’Agenda Lefranc répète dans la marge le signe caractéristique de la correction à exécuter :


accompagné des renvois qui existent dans le texte ; il indique dans la même ligne la correction de « blanc à diminuer entre deux mots » (que nous verrons plus loin, nº 52) ; chaque signe est suivi des traits de renvoi qui lui sont particuliers.

Daupeley-Gouverneur, à l’exemple de l’Agenda Lefranc, combine dans la même ligne les deux corrections de « blanc irrégulier » et de « blanc à diminuer » ; mais les traits verticaux de renvoi sont accompagnés des deux signes de correction juxtaposés :

Didot, H. Fournier, Chollet et Breton ne donnent pas, dans leur protocole, ce cas spécial de correction.

51. Lettres à rapprocher pour les coller sans espace, blanc à supprimer à l’intérieur d’un mot :


ce signe est placé dans le texte à l’endroit où la correction est à effectuer ; il est répété en marge accompagné d’un trait de renvoi :

52. Blanc à diminuer entre deux mots :


ce signe est placé dans le texte à l’endroit où la correction est à effectuer ; il est répété en marge et est accompagné d’un trait de renvoi :

— Chez nombre d’auteurs les signes des numéros 51 et 52 ne comportent de différences ni dans leur forme ni dans leur emploi ; certains même — tel Daupeley-Gouverneur — ne font pas de distinction entre les signes

et


et emploient indifféremment l’un ou l’autre pour une même correction : ce qui est une faute, à notre sens.

53. Blanc à diminuer dans une ligne : Entre chaque mot dont le blanc séparatif est trop fort[28], on trace un trait vertical :


ces traits de renvoi sont répétés dans la marge et accompagnés du signe de blanc à diminuer :

Remarquons que, dans le cas du numéro 53, le correcteur peut encore employer la correction indiquée au numéro 52 ; l’une et l’autre de ces deux méthodes sont également techniques.

54. Lignes à rapprocher, blancs à supprimer ou à diminuer : Entre les lignes dont l’intervalle de composition est à modifier, le correcteur figure le signe :

Par excès de précautions, certains correcteurs reportent ce signe dans la marge en l’accompagnant d’un trait de renvoi et parfois de l’annotation trop interligné[29], en abrégé ou au long, entourée d’un trait simple :

Ce signe, très compréhensible, est accepté par tous les auteurs, sauf quelques modifications de détail :

— L’Agenda Lefranc, E. Leclerc, D. Greffier figurent la partie caractéristique du signe, le quart de cercle , à une seule des extrémités du trait horizontal plus ou moins long (dans Leclerc ce trait règne sur toute la justification) :

— Desormes fait une distinction entre le « blanc à enlever », pour lequel il enploie, sur la moitié de la justification environ, le signe

encore debout à leur place primitive.


et « l’interligne à enlever », pour laquelle il utilise le signe

— Th. Lefevre, Fournier, Daupeley-Gouverneur, Breton et Dumont répètent le quart de cercle à chaque extrémité du trait qui règne sur toute la justification. Cette répétition semble, d’ailleurs, superflue :

Pour aucun de ces auteurs, à l’exception de l’Agenda Lefranc, le signe n’est reporté dans la marge ; seul, Leclerc accompagne le signe placé dans le texte du trait vertical indicatif de la coquille mis dans la marge :

Didot et Tassis utilisent à chaque extrémité de la justification le quart de cercle seul, et , à l’exclusion du trait horizontal :


la correction, on le voit, est répétée dans la marge, accompagnée d’un trait et d’un signe de renvoi dont l’analogue ne figure pas dans le texte.


IV. — Remaniements du texte.


55. Alinéa à faire :

Ce signe est placé dans le texte à l’endroit voulu. Il est reporté dans la marge, accompagné d’un trait de renvoi :

56. Alinéa à supprimer :

Certains pourraient considérer comme faisant double emploi avec celui des numéros 44 et 57, ce signe qui est cependant d’essence fort différente : il est exclusivement employé dans le cas où, la ligne de l’alinéa qui précède se terminant en pleine justification, le seul blanc à faire disparaître, pour supprimer l’alinéa, est celui du cadratin du début de la justification :

Ce signe est placé dans le texte ; il est reporté en marge et accompagné du trait de renvoi.

57. Faire suivre :

Déjà signalé au numéro 44, ce signe est utilisé dans tous les cas où la première ligne « à faire suivre » est terminée par des cadrats :

Ce signe est placé dans le texte ; il est reporté en marge et accompagné du trait de renvoi.

58. Ligne à gagner, mot, lettre ou signe à renvoyer à une ligne précédente (en cas de remaniement, de mauvaise division, etc.) :

Cette correction procède de la même idée que « l’alinéa à supprimer » ; aussi le signe est-il analogue : il est placé à la suite de la ou des syllabes à faire rentrer dans la ligne précédente, reporté en marge et accompagné du trait de renvoi :

59. Ligne à faire en plus, mot, lettre ou signe à renvoyer à une ligne suivante (en cas de mauvaise division, de remaniement, etc.), — dans les vers, texte à repousser vers la droite :

Ce signe procède de la même idée que le signe de « l’alinéa à faire » : renvoyer le texte à la ligne suivante ; aussi lui est-il analogue :

Le signe est placé dans le texte ; il est reporté dans la marge et accompagné du trait de renvoi.

60. Dans les vers, texte à ramener vers la gauche :

Ce signe est placé dans le texte ; il est reporté dans la marge accompagné du trait de renvoi :

61. Au début de la justification : lignes, mots ou lettres à rentrer, pour aligner avec le reste du texte :

lignes, mots ou lettres à sortir :

Les signes se prolongent jusqu’à l’alignement du texte ; ils sont reportés dans la marge accompagnés du trait de renvoi :

62. À une fin de justification, les signes du numéro 61 sont respectivement inversés, en raison même de la situation des lignes, mots ou lettres à aligner :

On a différencié ici, d’après quelques auteurs, le signe de « l’alinéa à faire » et celui des « lignes, mots ou lettres à rentrer ». À vrai dire, ces deux signes, bien que différents, procèdent d’une même idée : le rejet, vers la droite, d’un texte. Leur différenciation paraît dès lors quelque peu spécieuse. Tout au plus, peut-on dire que la présence, dans le signe


des traits supérieur et inférieur rappelle très vivement l’idée d’aplomb, d’alignement jointe à celle de rentrée. Cette distinction entre les signes indicatifs d’alinéa, de rentrée et d’alignement est plutôt théorique : dans la pratique journalière, nombre de correcteurs se bornent à l’emploi d’un seul de ces deux signes pour l’indication de l’une et de l’autre rectification.

Il en est de même pour le signe de « l’alinéa à supprimer » et pour celui des « lignes, mots ou lettres à ramener » vers la gauche :

ces signes sont si « proches parents » que la majorité des correcteurs utilisent un même signe pour les deux corrections.

L’Agenda Lefranc, de même que Th. Lefevre, et l’Annuaire Desechaliers, dans son protocole, différencie ainsi que nous l’avons fait ici les divers signes qui viennent d’être étudiés.

G. Daupeley-Gouverneur tient compte des distinctions que nous avons acceptées pour les signes dont il s’agit, lorsqu’il les emploie dans le texte ; mais, par une bizarrerie inexplicable, il ignore ces distinctions, lorsqu’il reporte les signes dans la marge sans trait de renvoi.

H. Fournier et L. Chollet se servent exclusivement des signes des numéros 59 et 60, qu’il s’agisse d’un « alinéa à faire » ou à supprimer, de « lettres ou de mots à rentrer » vers la droite ou vers la gauche.
xxxx Dans la marge, Fournier ajoute au signe le trait vertical de renvoi.

— Tout au contraire, pour un « alinéa à faire », E. Leclerc emploie le signe


qu’il répète dans la marge avec le trait de renvoi. En dehors d’une « échelle de remaniement » il ne donne pas d’exemple de ligne ou de lettres à rentrer ou à sortir ; il n’indique pas dès lors l’emploi des signes

et


dont il ne fait aucune mention.

D. Greffier, pour « l’alinéa à faire » et pour « aligner », emploie le même signe que Leclerc :


qu’il reporte dans la marge sans l’accompagner du trait de renvoi. — Pour les « mots à sortir » ou pour une « mauvaise division » à reporter à la ligne suivante, il emploie le signe


qu’il répète en marge sans trait de renvoi.

E. Desormes s’éloigne des idées et des faits acceptés généralement et apporte à ces signes des modifications inattendues. Alors que, dans le texte du protocole, le signe indicatif d’un « alinéa à faire » est représenté par


dans la marge ce signe est figuré par un rectangle :


accompagné du trait de renvoi :

Aucun autre auteur ne donne, pour la correction de « l’alinéa à faire », une figuration approchante. Celle-ci, d’ailleurs, ne s’explique nullement : elle est en contradiction avec l’idée qui a présidé au choix des signes conventionnels de la correction, que l’on a voulu essentiellement symboliques, c’est-à-dire indiquant à leur seul aspect la correction à effectuer. — À notre avis, dans cette figuration inattendue il faut voir seulement le résultat d’une erreur ou d’un manque d’attention ; puisque, pour « l’alinéa à rentrer », c’est-à-dire à repousser, à ramener vers la droite de 1 ou de 2 cadratins — correction que l’on peut, sans doute, estimer procéder de la même idée que la précédente — notre auteur


accompagné du trait de renvoi.
xxxx Enfin, lignes 3 et 5 de la page 2 de son protocole, pour deux fins de justification « à aligner » — très exactement à ramener vers la droite— Desormes imagine le signe


combinaison de deux signes


superposés, — signes qui sont indiqués par tous les auteurs pour les « textes, mots ou lettres à ramener vers la gauche ». D’ailleurs, Desormes lui-même, à la ligne 18 de cette même page, emploie ce même signe

sauf la légère variante de deux traits verticaux, pour « sortir » vers la gauche :

Étranges contradictions dont Desormes ne paraît point s’être rendu compte !

— Pour un « alinéa » — ou plutôt pour la rentrée de 1 cadratin d’un alinéa commencé en pleine ligne — Tassis se sert, dans le texte, d’une sorte de demi-cercle

Mais la correction reportée dans la marge ne rappelle en rien ce signe ; pour elle, en effet, Tassis a adopté la forme généralement connue :


accompagnée d’un trait de renvoi :

Enfin, pour un « blanc à supprimer » au début d’une ligne, c’est-à-dire pour un texte à aligner vers la gauche avec un commencement de justification, Tassis, au lieu du signe


couramment utilisé, emploie le signe


qu’il répète en marge de la manière suivante, sans trait de renvoi :

À ce point de vue, la comparaison du protocole de Tassis, « extrait » du Manuel typographique de Brun, avec le protocole de Th. Lefevre, « imité » de Brun, est fort instructive par les dissemblances inexplicables qu’elle révèle.

— Pour un « blanc à supprimer » au début de la justification, Didot utilise un tiret :

1470, que Ulrich Gering introduisit
— à Paris l’usage de l’imprimerie


qu’il reporte en marge en le faisant suivre d’un trait de renvoi :

63. Espaces, cadrats, interlignes, lingots et, généralement, blancs marquant à l’épreuve, à baisser : L’espace ou le blanc sont, dans le texte, barrés d’un trait vertical de renvoi :


en marge, le correcteur figure une sorte de signe rappelant le « multiplié » :


ce signe est accompagné du trait de renvoi.

Il n’est pas nécessaire de souligner le symbolisme de ce signe ; même un profane de la typographie utilise le signe X s’il veut, dans un manuscrit, « annuler, éliminer, faire disparaître », une partie défectueuse de certaine étendue.

Nombre de correcteurs, au lieu du trait de renvoi, emploient dans le texte le signe lui-même, qu’ils répètent dans la marge, tantôt avec, tantôt sans le trait de renvoi.

Didot et Tassis emploient également ce signe pour les lettres hautes, c’est-à-dire marquant trop à l’épreuve : le mécanisme de cette correction est exactement le même que pour les « blancs à baisser ».

— Pour les espaces, D. Greffier suit les errements du numéro 63 ci-dessus, c’est-à-dire le trait de renvoi barrant l’espace ; pour une interligne « à baisser », il surcharge l’interligne du signe lui-même reporté ensuite dans la marge avec un trait de renvoi :

64. Lettres ou mots à redresser : Les lettres ou mots qui chevauchent, à l’intérieur du texte, sont placés entre deux traits horizontaux :


ces deux traits encadrant un trait tremblé sont reportés dans la marge, accompagnés d’un trait de renvoi :

Les auteurs ne paraissent pas d’accord sur la forme exacte de ce signe :

— H. Fournier et L. Chollet indiquent dans leur protocole la forme que nous avons donnée.

— E. Desormes, J. Dumont, l’Annuaire Desechaliers acceptent cette même forme qui paraît la plus usitée et, tout au moins, la plus parlante, la plus symbolique, à l’esprit et aux yeux.

Th. Lefevre, qui n’a fait qu’ « imiter Brun », donne également en marge le signe


mais Tassis, qui a « extrait » son protocole du Manuel typographique de M. Brun, se borne à l’emploi de deux traits horizontaux simples :

Lequel, de Th. Lefevre ou de Tassis, a commis une erreur, et quel signe exactement Brun a-t-il indiqué dans son Manuel ? Nous regrettons de ne pouvoir répondre à cette question, ne connaissant pas le protocole original auquel se réfèrent nos deux auteurs.

— L’Agenda Lefranc, Didot, Daupeley-Gouverneur, Breton et Greffier figurent le signe de la manière suivante dans le texte et en marge où il n’est pas accompagné du trait de renvoi, sauf dans l’Agenda Lefranc :

E. Leclerc, dans son texte, đonne à ce signe le même aspect, mais lui apporte une légère modification dans la marge, en revenant à la figuration que nous avons indiquée :

65. Texte à remanier, soit pour une mauvaise division, soit pour exécuter une correction, doublon ou bourdon, ligne à faire en plus ou autre :

Ce signe, combinaison du signe indicatif des « lettres ou mots à renvoyer à une ligne suivante » du numéro 59, est placé dans le texte ; il se compose d’autant de signes du numéro 59 superposés qu’il comprend de lignes à remanier, et ces signes eux-mêmes se reculent vers la gauche si le nombre des syllabes qu’ils doivent embrasser augmente :


le signe est répété dans la marge, accompagné d’un trait de renvoi.

En principe, il est nécessaire que le correcteur soit fort prudent et très réservé dans l’indication des remaniements à effectuer. — « Une correction impose quelquefois le devoir de remanier plusieurs lignes, dit Daupeley-Gouverneur. Le correcteur n’a point à indiquer comment le remaniement devra être fait ; c’est au compositeur à l’effectuer d’une manière irréprochable… Mais, s’il s’agit de remédier à un mauvais espacement ou de faire disparaître de mauvaises divisions, le correcteur fera mieux de tracer une échelle pour indiquer le mode de remaniement qui lui paraîtra le meilleur. »

De manière générale, il semble qu’en premières le correcteur doit se borner à indiquer la modification d’une coupe de texte défectueuse ; en secondes, en bon à tirer, il utilise les « échelles » pour les remaniements, ne laissant au typographe aucune initiative. — Cependant, même dans ces cas, nombre de correcteurs n’osent ou ne veulent prendre leur responsabilité. S’ils tâtonnent, s’ils hésitent, il est certes préférable qu’ils se bornent à signaler dans la composition, à l’aide du signe de sortie, , « la division mauvaise à faire disparaître », le passage de composition défectueuse à rectifier ; dans la marge, ils répètent le signe, en inscrivant à la suite la mention nécessaire :


ou simplement, sans répéter le signe :

Le compositeur doit alors effectuer au mieux le remaniement demandé et laissé à son appréciation. — Mais le correcteur a le devoir de s’assurer que le remaniement a été exécuté dans des conditions convenables et suivant toutes les règles ; fréquemment, en effet, si le compositeur n’est ni intelligent ni consciencieux — ces choses se rencontrent, quoi qu’on dise — le mal s’est aggravé au lieu de disparaître.


V. — Lettres supérieures et apostrophes.


66. Les lettres supérieures et l’apostrophe s’indiquent par un ou deux traits verticaux placés sous la lettre ou le signe :

Dans le texte, pour appeler la correction, on utilise, de manière générale et suivant les circonstances, le trait de renvoi de la coquille ( / ), sous ses différentes formes (voir n° 19), s’il s’agit de lettres à remplacer, ou celui du bourdon ( λ ), s’il s’agit d’une omission. — Le trait de renvoi est répété dans la marge où il accompagne la correction convenable :

67. Par contre, les lettres et signes inférieurs s’indiquent par un ou deux traits verticaux[30] placés au-dessus de la lettre ou du signe :

On suit, pour l’emploi du trait vertical de correction convenable, les règles exposées au numéro 66 ; en marge, le signe de renvoi accompagne toujours l’indication de la correction.

— E. Desormes, Dumont et G. Daupeley-Gouverneur emploient, pour l’une comme pour l’autre des deux corrections précédentes (nos 66 et 67), deux traits au-dessus ou au-dessous de la lettre ou du signe.

E. Leclerc, qui, dans une circonstance, emploie un seul trait pour chaque lettre supérieure :


utilise deux traits pour l’indication d’une apostrophe (voir, ci-dessous Tassis).

Didot, Th. Lefevre, l’Agenda Lefranc, H. Fournier, V. Breton et D. Greffier utilisent un seul trait.

L. Chollet dont, pour les raisons dites antérieurement, le protocole devrait être semblable à celui de Fournier — emploie deux traits.

Tassis, pour une « correction d’apostrophe », se sert d’un seul trait :


puis, pour une « supérieure à rehausser », il crée un signe, sans doute suffisamment explicite, mais qui n’est signalé par aucun autre auteur :


cependant que Leclerc, pour une « apostrophe », emploie dans le texte (ligne 17) un signe nouveau, mais contraire à celui de Tassis :

avec dans la marge une correction régulière ; et pour une « virgule », le même signe :

Quelle idée peut représenter un tel signe utilisé pour l’indication de corrections typographiques d’essences si différentes ?


VI. — Mise en pages à remanier.


68. Dans un travail mis en pages, le report d’une ou de plusieurs lignes d’une page à une autre, en descendant, est figuré par un trait horizontal régnant sur toute la longueur de la justification, au-dessus des lignes « à chasser », et terminé à chaque extrémité par un trait vertical dirigé du côté vers lequel les lignes sont à chasser :


parfois, pour éviter toute cause d’erreur, on écrit, dans la marge : à reporter p. suiv., ou : mettre p…, indications que l’on entoure d’un trait, suivant le conseil de Daupeley-Gouverneur :

— Seul, le protocole de Desormes mentionne le signe de la « ligne à chasser », dont les autres manuels ne parlent pas.

69. Le report d’une ou de plusieurs lignes d’une page à une autre, en remontant, est figuré par un trait horizontal régnant sur toute la longueur de la justification, au-dessous des « lignes à regagner » ; il est terminé à chaque extrémité par un trait vertical dirigé du côté vers lequel les lignes sont à chasser :


en marge figurent les indications analogues à celles du signe précédent, modifiées, toutefois, de façon convenable :

— Aucun protocole ne donne ce signe de correction.


VII. — Corrections erronées à annuler.


70. Il peut arriver qu’une correction ait été indiquée par erreur, là où aucune modification ne devait être apportée au texte.

a) Si l’indication erronée affecte un groupe de mots ou même un mot seul, on trace sous toute la longueur de ces mots une série de points :


dans la marge on répète le signe de renvoi, accompagné des points :


et, à la suite, on écrit, en les entourant, les mots bon, à conserver, pas de correction, ou autres suffisamment explicites

Certains correcteurs ne répètent point le signe de renvoi, non plus que les points, et se contentent de l’indication : bon, pas de correct., etc., placée en marge et entourée d’un trait.

Nous avons indiqué plus haut[31] le signe appelé exponctuation qui, pensons-nous, est l’ancêtre du signe que nous étudions ici.

b) Si l’erreur intéresse simplement un signe, une lettre ou une fraction minime d’un mot, il paraît plus simple de reporter dans la marge, à l’instar d’une correction réelle, les lettres barrées par erreur :

Devant une telle correction dont il ignore les raisons, le compositeur peut tâtonner ; en tous cas l’hésitation d’un esprit averti ne saurait être de longue durée.

Cette manière de faire est plus rapide que l’inscription des indications habituelles, qui paraissent un peu hors de proportion, lorsqu’il s’agit d’une simple lettre ; d’autre part, elle est préférable au barbouillage inconsidéré auquel certains correcteurs se livrent pour cacher leur erreur.

— Les protocoles de l’Agenda Lefranc, Tassis, Fournier, Leclerc, Greffler, Didot, L. Chollet ignorent la lettre ou le « mot à conserver ».

Th. Lefevre, Daupeley-Gouverneur, J. Dumont, Breton et l’Annuaire Desechaliers donnent dans le texte pour le « mot biffé à conserver » le signe indiqué ici. — Dans la marge, Th. Lefevre, Breton et l’Annuaire Desechaliers répètent le trait de renvoi, mais non les points, et l’accompagnent du mot bon non entouré :

Daupeley-Gouverneur inscrit dans la marge le mot bon en l’entourant, mais sans trait de renvoi :

— Desormes supprime les points sous le mot ; il les remplace par une série de petits traits verticaux barrant la ligne horizontale du renvoi :


qu’il répète dans la marge avec l’indication bon :

— À l’expression bon, à laquelle certains corrigeurs peuvent prêter un sens douteux, nombre de correcteurs préfèrent les mots


ou :


qui ne laissent place à aucune ambiguïté.


VIII. — Lettres à nettoyer.


71. Dans le texte, les lettres ou mots empâtés « à nettoyer » sont entourés, encadrés ou accompagnés dessous et dessus d’un trait horizontal :

Dans la marge, on répète les deux traits horizontaux, la circonférence ou le rectangle au milieu desquels on place quelques points :


bien que le texte ne comporte pas de renvoi, la correction reportée dans la marge est accompagnée du trait de renvoi.
xxxx Le premier de ces signes rappelle vaguement celui des « lettres ou mots à redresser » (n° 64) :


il est donc indispensable, pour éviter toute chance d’erreur, de l’exécuter de manière convenable.

Th. Lefevre, l’Annuaire Desechaliers et G. Daupeley-Gouverneur emploient, pour les « lettres à décrasser », pour les « lettres bouchées », le trait horizontal, au-dessus et au-dessous ; les deux traits sont reportés dans la marge avec les points (Daupeley-Gouverneur omet le trait de renvoi).

E. Leclerc barre d’une ligne horizontale terminée à chaque extrémité par un trait vertical :


les mots ou lettres à « nettoyer » ; dans la marge, la correction est figurée par les deux traits horizontaux, avec les points, accompagnés d’un signe de renvoi :

E. Desormes enferme dans un rectangle les « lettres à nettoyer » et les « lettres écrasées » (voir p. 320) :


le rectangle est reporté dans la marge, avec, en son milieu, les points :


dans le premier exemple aucun signe de renvoi n’est exprimé après la correction ; le signe de renvoi figure au deuxième exemple du protocole.

H. Fournier et L. Chollet utilisent les deux traits horizontaux dans le texte et dans la marge :


mais l’explication placée en regard est libellée « à niveler » : le mot, se trouvant légèrement haut, a été empâté au tirage ; le trait de renvoi n’est pas utilisé dans la marge.

— Dans le texte Didot enserre entre deux traits horizontaux les « lettres à nettoyer » ; puis dans la marge il inscrit la ligne de points entre deux filets tremblés ; il omet le signe de renvoi.

L’Agenda Lefranc emploie dans le texte et dans la marge les traits tremblés.

Tassis et Breton n’ont indiqué dans le texte, ni par un renvoi, ni par un signe quelconque, la ou les « lettres à nettoyer » : sans doute ont-ils voulu seulement mentionner la correction, sans rien autre chose ; dans la marge ils figurent ainsi la correction :

Tassis :

Breton :

— D. Greffier ne mentionne cette correction ni dans son protocole, ni dans ses commentaires.

Dans tous les cas que nous venons de voir, l’indication caractéristique de la correction est figurée par les points. Les traits qui accompagnent les points varient légèrement quant à la forme et à la disposition, mais les points ne subissent pas l’influence de ces modifications, et on les rencontre immuables dans tous les protocoles de correction.


IX. — Signes divers.


72. Coins de pages ou ensemble de lignes qui se suivent, soit à un début, soit à une fin de justification, à redresser :

Ce signe est figuré dans le texte ; il est reporté dans la marge, accompagné d’un trait de renvoi :

— Daupeley-Gouverneur, Th. Lefevre et l’Annuaire Desechaliers ne reportent point ce signe dans la marge.

— Les autres auteurs ne font pas mention de cette correction.

73. Lettre qui chevauche, à une fin de ligne :

Le signe est figuré dans le texte ; il est reporté dans la marge, accompagné d’un trait de renvoi.

74. À un début de justification :

Le signe est figuré dans le texte ; il est reporté dans la marge, accompagné d’un trait de renvoi.

Th. Lefevre et l’Annuaire Desechaliers ne reportent point ces signes dans la marge.

Daupeley-Gouverneur reporte dans la marge ce signe composé seulement de deux traits aux courbes opposées ; il omet le trait de renvoi.

— Les autres auteurs ne font pas mention de cette correction.

75. Addition ou manchette à remonter :

Ce signe est figuré sous l’addition ; il est reporté dans la marge, accompagné d’un trait de renvoi et, fréquemment, de l’annotation :

Daupeley-Gouverneur, pour une numération de marge « à aligner » (à remonter), utilise un signe analogue, mais sans les traits horizontaux supérieurs :


il reporte le signe dans la marge, mais sans trait de renvoi.

76. À descendre :

C’est le signe du numéro 75 inversé ; il est figuré au-dessus de l’addition, les traits verticaux dirigés vers le bas ; il est reporté dans la marge, accompagné d’un trait de renvoi et, le cas échéant, de l’annotation convenable :

En principe, le correcteur doit exécuter sa correction de manière que les petits traits horizontaux placés aux extrémités des traits verticaux (n° 75 et n° 76) soient situés exactement face à l’endroit à occuper par le texte, la correction régulièrement exécutée.
xxxx Le correcteur peut modifier l’annotation en indiquant le nombre de points dont l’addition doit être déplacée :

— Ces signes (nos 75 et 76) dérivent, on peut l’affirmer, de la correction « ligne à chasser », « ligne à regagner » (nos 68 et 69), utilisée pour les remaniements de mise en pages.

— Seul le protocole de Th. Lefevre donne le signe du numéro 75. Les autres auteurs ne signalent pas l’emploi des signes des numéros 75 et 76.

77. Ligne à mettre au milieu :

Ces signes , sont reportés dans la marge, accompagnés d’un trait de renvoi, avec l’indication :


entourée d’un trait, — ou bien les mots :


entourés d’un trait sont seuls placés en marge.

— Pour cette correction, dont un seul manuel typographique fait mention, Daupeley-Gouverneur utilise les signes suivants :

Le signe de droite, qui limite approximativement la rentrée indiquée, est seul reporté en marge sans trait de renvoi. — Pour une sortie vers la gauche, les deux signes seraient intervertis.

78. Dans Th. Lefevre, une correction se rencontre, dont l’analogue se trouve dans H. Fournier, L. Chollet et l’Annuaire Desechaliers seulement : « morsure de la frisquette » :

solder cette troupe. Les gendarmes doivent)

Ce signe n’est pas reporté en marge ; il est remplacé par l’indication « coupez ».

— Ce signe ne semble plus avoir aujourd’hui qu’une vague raison d’être, les tirages à la presse à bras disparaissant de plus en plus. — Il faut, d’ailleurs, faire remarquer que la « morsure de la frisquette », très apparente à la page 542 du Guide du Compositeur, ne l’est plus à la page 7 du tirage à part du Guide (Instruction pour la lecture des Épreuves). Il semble que le conducteur a « soigné,» sa mise et, non prévenu, a lui-même… fait la correction. — Les « morsures » n’apparaissent point dans les protocoles de L. Chollet, de H. Fournier et de l’Annuaire Desechaliers.

79. Dans un tableau, un filet maigre a été employé là où il eût fallu un filet quart gras : afin de rendre la correction fort visible, le filet peut être barré à plusieurs reprises du signe

×

Dans la marge est portée, entourée d’un trait, l’indication


ou simplement :


accompagnée du trait de renvoi.

80. Les angles des filets de cadre d’un tableau ne « joignent » pas ou joignent mal :

Quelques correcteurs se bornent à entourer d’un trait l’extrémité des deux filets de cadre :


d’autres barrent du signe × ces deux mêmes filets :


ou emploient simplement le trait vertical :


et portent dans la marge, entourée d’un trait, l’indication


ou toute autre exprimant clairement la correction, accompagnée du trait de renvoi.

81. Un filet, un couillard, longs ou, au contraire, courts, sont barrés du trait vertical simple / ou du signe × ; en marge, le correcteur porte, entourée d’un trait, l’indication convenable : court, long, plus long de 3 cic., filet orné, filet gras, filet de 4 cic., ou toute autre. Le trait de renvoi accompagne l’indication.

82. Pour indiquer qu’un filet placé l’œil en dessous doit être retourné, il est préférable de ne pas employer le signe courant

le correcteur doit en effet considérer qu’il ignore le genre de filet utilisé ; il vaut mieux barrer le filet du signe
×


et indiquer dans la marge, en entourant l’annotation, la nature, le genre du filet, ou encore les mots :


si le correcteur estime qu’il n’a pas à se préoccuper de l’emploi de tel ou tel filet, ce qui est un cas plutôt exceptionnel.

83. Il est d’autres corrections à indiquer qui dans les manuels n’ont point de signes particuliers, de signes conventionnels ou symboliques, telles les lézardes et les rues[32].
xxxx Le correcteur se souviendra que, dans ces circonstances, il doit dans le texte employer le trait de renvoi vertical soit simple /, soit double , barrant le passage, le chiffre ou le signe défectueux, soit encore le suivant[33] ×, — ou entourer d’un trait simple l’endroit à rectifier ; l’indication de la correction est toujours reportée en marge de la manière la plus claire, mais cependant la plus concise possible et entourée d’un trait accompagné du trait de renvoi, si cette indication ne doit pas être composée (n° 14).

Arrivé à ce point d’une étude fastidieuse, nombre de lecteurs qui ont eu le courage de suivre cette monographie seraient sans doute désireux de consulter le protocole type qu’ils estiment devoir en résulter.
xxxx Est-il possible de se récuser ? Sans doute, car les diverses questions litigieuses soulevées ici ne paraissent point suffisamment élucidées pour permettre de répondre utilement à cette question.
xxxx D’ailleurs, cette tâche doit être réservée à de plus qualifiés.

Et, maintenant, nous prions le lecteur d’excuser les défauts, les hypothèses hasardées d’une telle étude.
xxxx Bien que le souvenir de l’adage Ejice primum trabem de oculo tuo soit, au cours de ce travail, resté présent à notre esprit, nous avons conscience des erreurs, des contradictions, des omissions, involontaires certes, qui s’y rencontrent. Le désir de bien faire, qui a été notre seul objectif, nous vaudra l’indulgence. Ceux mêmes dont nous avons relevé les fautes commettraient une injustice en justifiant à notre égard la pensée du poète latin que fut le correcteur Kiliaan :

Errata alterius quisquis correxerit, illum
Plus satis invidiæ, gloria nulla manet
.


    auteurs : « Mais un auteur emploie également bien, sur la copie manuscrite ou imprimée, avec la même signification, un trait horizontal occupant la partie blanche de la ligne finissant à tort l’alinéa, comme nous le faisons ici.
    — La plupart des auteurs ne connaissant, d’ailleurs, qu’imparfaitement… »
    xxxDidot indique de la même manière la « suppression d’un blanc » au début d’une ligne.

  1. Page 45 (Paris, Alph. Picard, édit.).
  2. Ibid., p. 151.
  3. Guillemets allemands actuels.
  4. M. Prou, Manuel de Paléographie latine et française du vie au xviie siècle.
  5. Id., ibid.
  6. « Au bas de la planche IX on voit les signes usités pour la correction des épreuves. Lorsqu’il y a des mots, des phrases oubliés, on les indique par des renvois, et, on les écrit sur l’épreuve. Quand il y en a de trop, ou qu’ils sont trop longs, on renvoie le compositeur à la copie. » (P. 284.)
    xxxx Voici, d’ailleurs, les signes donnés par Bertrand-Quinquet :
  7. Bertrand-Quinquet, Traité de l’Imprimerie, p. 121.
  8. Une remarque est nécessaire ici : les protocoles de correction de Brun-Tassis et Greffier se conforment rigoureusement aux habitudes d’antan qu’ils rappellent ; par contre, celui de Th. Lefevre, imprimé pages 541 et 542 du Guide du Compositeur, présente une particularité bizarre : la première page (p. 541), page impaire ou recto, porte ses corrections dans la marge intérieure, sur la gauche ; pour la deuxième page (p. 542), page paire ou verso, les corrections figurent également dans la marge intérieure, sur la droite. Au lecteur qui s’étonne de cette contradiction par trop flagrante avec les prescriptions du texte, un simple mot placé dans le titre « Texte à corriger » apprend que la page impaire 541 est un verso, et la page paire 542 un recto !
  9. Afin d’éviter au lecteur des recherches inutiles, nous rappelons ici et dans les alinéas suivants quelques-unes des indications déjà données antérieurement et relatives aux protocoles.
  10. Interprétant le mot coquille dans son sens le plus large, un dictionnaire définit ainsi ce terme :
    ---- « Coquille. — On donne ce nom à l’omission, à l’addition, à l’interversion ou à la substitution, dans les ouvrages imprimés, d’un ou de plusieurs caractères typographiques. » — Cette interprétation parait légèrement erronée : en effet, l’omission s’appelle plus proprement bourdon (n° 28) ; l’addition, ou plutôt la répétition, est désignée du nom de doublon (n" 24) ; et, si l’interversion est comprise dans le cadre générique des coquilles, ce n’est assurément que grâce à une extension abusive de ce terme.
    ---- L’Anglais H. Johnson publia, en 1783, une notice relative à un procédé qu’il avait découvert, procédé qui devait inévitablement faire paraître toute erreur typographique contenue dans une composition ; mais la notice elle-même contenait, une coquille : on y lisait Najesty pour Majesty.
  11. Le terme vertical est surtout théorique ; dans la pratique il exprime mal la position donnée obligatoirement par l’écriture au trait de renvoi : celui-ci en effet est plutôt légèrement incliné de la droite vers la gauche.
  12. L’expression indique suffisamment par elle-même le caractère de la faute commise par le compositeur ; il est dès lors inutile, croyons-nous, de nous arrêter à faire remarquer le bien-fondé et le symbolisme de son emploi.
  13. Voir plus loin, page 317, la note 1 relative à la forme traditionnelle () ou primitive du signe indiquant le bourdon.
  14. Sic, dans le texte de Didot qui évidemment fait allusion à une seule phrase « passée ».
  15. Cette forme spéciale est précisément la « représentation graphique du bâton des pèlerins » dont parlent Momoro et E. Leclerc (voir texte, p. 313). — Le Grand Dictionnaire universel du xixe siècle (P. Larousse) définit le bourdon « un long bâton de pèlerin, orné à sa partie supérieure d’une gourde ou d’une pièce tournée on forme de pomme ».
  16. « Le correcteur doit éliminer les lettres écrasées ou défectueuses » : telle est la règle. Il n’entre point dans le cadre de ce travail de décider à qui incombe la correction de ces lettres « sur le plomb », lorsque leur nombre est élevé. Au compositeur, au metteur en pages, au chef de matériel, au prote même est après examen réservée la décision à prendre. — Il en est de même lorsque le typographe a composé dans une « boîte » qui n’a pas été « mastiquée » par lui. Le correcteur signale au crayon bleu, à l’encre rouge ou de toute autre manière, suivant les conventions — les lettres d’œil différent. Au besoin, dès qu’il rencontre un « mastic », il prévient, le cas échéant, le correcteur chef, le metteur ou le chef de matériel. Mais à cela se borne son rôle. Son devoir est de corriger ; son droit n’est point d’imposer, arbitrairement ou non, une décision ici, et une autre là : le correcteur ne peut qu’exiger l’exécution de sa correction.
  17. Larousse, dans le Grand Dictionnaire universel du xixe siècle, donne la figuration suivante : partie inférieure de la circonférence).
  18. Il est bon de remarquer que, par suite d’une erreur d’écriture, la correction de l’exemple n’est pas conforme à l’énoncé de la règle : le premier trait qui souligne l’e n’est pas un trait tremblé, comme il eût été nécessaire.
  19. À notre avis, cette mention est une redondance qu’il est préférable d’éviter.
  20. Ces mots sont également une redondance.
  21. Daupeley-Gouverneur (le Compositeur et le Correcteur typographes, p. 221) signale une manière d’indiquer la suppression d’un alinéa fréquemment employée par les
  22. En réalité, à l’usage, le signe du correcteur anglais se rapproche si sensiblement du signe de Jean Dumont que l’on peut dire : il en est le « frère jumeau ».
  23. Voir, sur cette opinion, la note 1 de la page 337.
  24. Cours d’Épigraphie latine, p. 5.
  25. Cours d’épigraphie latine, p. 374.
  26. Cette sigle se rencontre dans les premières productions de l’imprimerie, et maints incunables la possèdent. On constate encore son emploi aux premières années du xvie siècle, notamment dans le premier livre imprimé à Sisteron, en 1513 Breviarinm ecclesie cathedralis sistaricensis, par Thomas de Cloches, au feuillet 166 (ce volume existe à la Bibl. Nat.).
  27. Il est nécessaire en effet de remarquer qu’il n’y a pas dans ce signe redoublement, comme le dit E. Leclerc (ce qui aurait donné , mais simple superposition, ainsi que l’indique la figuration donnée ici.
  28. En argot typographique, cette faute de composition s’appelle un nid.
  29. Cette annotation est assurément superflue.
  30. Nous assimilons aux traits verticaux la troisième forme de l’exemple.
  31. Page 296.
  32. Parmi ces corrections on peut encore ranger les suivantes — dont nous avons négligé volontairement l’étude, car elles nous paraissent rentrer dans le cadre des « coquilles courantes » ou pouvoir être assimilées à des rectifications de manquements aux règles typographiques examinées ici — que nous avons rencontrées dans le protocole de correction de E. Desormes : « Mettre en abrégé : 0 mètre 30 » ; — « Mettre en chiffres : mil huit cent cinquante-huit » ; « Mettre au long : 9 localités » ; — et « Désespacer : M O D E L E » ; etc.…
  33. Certains correcteurs font du signe × un usage fréquent, que rien ne justifie parfois, mais qui a au moins le mérite d’être plus visible que le simple trait /.