Le Correcteur typographe (Brossard)/volume 1/01

E. Arrault et cie (1p. 1-18).


CHAPITRE PREMIER

LE CORRECTEUR. — DÉFINITION



§ 1. — ORIGINE


Les premiers typographes furent, pour la plupart, des lettrés remarquables. L’hébreu, le grec étaient d’usage courant dans les imprimeries du xve et du xvie siècle ; maîtres imprimeurs et « clients » non seulement connaissent, mais parlent le latin à l’instar d’une langue maternelle.

Il ne faut donc point s’étonner de rencontrer, dès cette époque, dans la technique typographique, en plus grand nombre peut-être que dans celle de professions différentes, un chiffre élevé d’expressions et de termes tirés directement du latin et, en moindre quantité, des mots venus du grec.

Les mots correcteur et correction possèdent incontestablement une origine latine.

La correction (du latin correctio) est « l’action de corriger, de redresser, d’améliorer ».

Le correcteur (en latin corrector, nom que l’on rencontre à l’époque de Cicéron et de Virgile, mais qui sans doute était bien antérieur) était, chez les Romains, « celui qui corrige, qui redresse, qui réforme, qui améliore enfin ». — Dans le sens le plus large, dans le sens indéterminé, un correcteur est « une personne qui corrige ».

Les genres de correcteurs ont été, de par le monde, aussi nombreux que leurs attributions furent diverses. Suivant Larousse[1], le même nom de correcteur désignait, au temps de l’ancienne Rome, le magistrat provincial chargé de maintenir l’ordre et de surveiller les édifices[2], et l’esclave lettré qui chez le librarius revisait les manuscrits[3]. Dans l’ancien droit, l’officier de la Chambre des Comptes qui vérifiait les « mémoires » était appelé correcteur ; de même, le supérieur de certains ordres religieux, tels les Minimes. Correcteurs encore furent nommés les canonistes qui, vers le milieu du xvie siècle, dirigèrent la revision du décret de Gratien. Enfin, dans un ordre d’idées fort différent, au temps de Balzac, les correcteurs étaient « encore, au collège, un vivant et surtout un… cuisant « souvenir ».

De nos jours, peut-être parce que les verges dont ils se servaient, si elles corrigeaient parfois sévèrement, n’amendaient point toujours l’élève fautif, les correcteurs du collège sont devenus des répétiteurs ou des… « pions[4] ». L’officier correcteur est aujourd’hui contrôleur ou maître des comptes, cependant que le procureur a remplacé le correcteur religieux. Le magistrat provincial chargé de maintenir l’ordre est maintenant le préfet de police, le commissaire ou le… gendarme. Seul, le correcteur esclave qui, chez les libraires romains, vérifiait les manuscrits, a vu son nom et ses fonctions, illustrés par des hommes éminents, se transmettre jusqu’à nous.




§ 2. — DÉFINITION DU CORRECTEUR


La définition du correcteur donnée, dans le Dictionnaire de l’Imprimerie et des Arts graphiques, par E. Desormes et A. Muller, deux praticiens cependant avertis, est d’une telle concision qu’elle manque réellement de précision :

Correcteur, n. m. — Personne qui lit les épreuves. À l’Imprimerie Nationale[5], celle qui lit en premières se nomme lecteur d’épreuves ; on n’est correcteur que si l’on a les aptitudes requises pour lire en secondes et en revision[6].

Cette brièveté certes est regrettable ; elle contribue à entretenir dans l’esprit du public une conception par trop restreinte, et conséquemment erronée, du rôle du correcteur. Même parmi le monde lettré l’usage s’est établi de considérer et de voir exclusivement dans le correcteur « celui qui lit les épreuves pour corriger les fautes d’impression ».

Les « auteurs » du Dictionnaire de l’Académie paraissent avoir eu malencontreusement une manière de voir analogue : « La correction est l’art ou l’action de corriger les épreuves, d’indiquer les fautes de composition, afin que l’ouvrier les fasse disparaître. »

Remarquons, à l’excuse des « Immortels », que l’erreur qu’ils ont ainsi contribué à encourager ne date pas d’aujourd’hui : au xviiie siècle, l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert disait déjà[7] : « Le correcteur d’imprimerie est celui qui lit les épreuves, pour marquer à la marge, avec différents signes usités dans l’imprimerie, les fautes que le compositeur a faites dans l’arrangement des caractères[8]. »

Le prote-correcteur qui rédigea l’article Imprimerie de l’Encyclopédie — et qui peut-être écrivit également les lignes précédentes — fut, cela est certain, pour Diderot et d’Alembert, un collaborateur précieux et apprécié. On ne peut supposer qu’il ait délibérément songé à diminuer l’importance de ses fonctions. Cependant le rôle qu’il impartit à la correction est exclusivement technique : « marquer les fautes faites dans l’arrangement des caractères ». Par une distraction impardonnable, mais fort commune toutefois chez ses pareils, cet auteur technicien omet de mettre en vedette une partie, non la moins belle et la moins utile, de sa charge ; il n’envisage qu’une fraction de la question ; une épreuve, quelle qu’elle soit, peut cependant comporter des erreurs autres que des fautes d’impression, erreurs non moins préjudiciables et qu’il importe avec non moins de nécessité « de corriger, de redresser ».

Littré, dans son Dictionnaire de la Langue française, serre la question de plus près : « La correction des épreuves, en terme d’imprimerie, est l’action d’indiquer les fautes de composition ou les changements à faire au texte avant le tirage. »

Cette définition envisage sous un double aspect le rôle dévolu à la correction : typographique, lorsqu’elle « indique les fautes de composition » ; littéraire, lorsqu’elle signale « les changements à faire au texte avant le tirage ».

Mais Littré ne semble point avoir songé qu’il était nécessaire d’établir une démarcation très nette entre l’écrivain qui revise les épreuves de son travail et le technicien qui assure la reproduction fidèle du manuscrit ou améliore cette reproduction[9] : à son sens, tous deux, dont les efforts tendent à un but unique, la pureté du texte, « font de la correction ». Ainsi « le premier pédagogue venu pourrait, avec l’aide d’une scrupuleuse attention, corriger une épreuve en la châtiant au double point de vue de la syntaxe et de l’orthographe[10] » (fautes de composition littéraire et erreurs d’écriture). Agir ainsi ne serait, il est bon de l’affirmer, être correcteur qu’à demi et ne « faire de la correction » que par à peu près. Pour mériter réellement le nom de correcteur, il faut être typographe et lettré : le rôle que le correcteur doit remplir est en effet tout à la fois manuel[11] et intellectuel.

Dans son Guide pratique du Compositeur et de l’Imprimeur typographes[12], Th. Lefevre affirme, bien qu’un peu timidement, la nécessité de ce double rôle : « La personne qui est chargée de la lecture des épreuves, et que nous supposerons connaître, au moins théoriquement, la composition dans tous ses détails, doit non seulement corriger les fautes contre la langue (française ou autre) et la ponctuation, mais encore… »

Le correcteur, d’après Th. Lefevre, doit être lettré et technicien au moins théorique ; à notre sens, il serait préférable qu’il ait exercé quelque peu la typographie pour remplir les conditions suivantes : « Le correcteur doit non seulement corriger les fautes d’orthographe, mais aussi celles de ponctuation, avec les réserves que nous faisons d’autre part. Il doit encore veiller — et c’est là, nous l’avons déjà dit, une des parties les plus importantes de ses fonctions — veiller avec soin à l’application des règles typographiques. »

N’en déplaise à l’auteur de ces lignes, « l’application des règles typographiques » ne saurait être d’essence plus importante que « la correction des fautes d’orthographe ». Règles typographiques et règles grammaticales sont toutes deux d’égale valeur : dans un livre que l’on veut parfait les unes ne sauraient se concevoir sans les autres.

Fournier et Daupeley-Gouverneur, pour ne citer que ces deux auteurs, sont fort explicites sur ce point : « Étant posées les règles de composition et de mise en pages, il est nécessaire qu’un gardien fidèle en assure l’exécution : le correcteur est ce gardien.

« … Le correcteur, pour n’avoir point un rôle actif dans les opérations manuelles qui ont pour base le composteur et la presse, n’en est pas moins l’auxiliaire le plus indispensable, faute duquel une œuvre peut être lucrative, mais nullement honorable. Si les membres agissants ont la mission de donner à celle-ci le cachet artistique dont elle est susceptible, c’est au correcteur que reviennent l’immense tâche et l’insigne honneur d’y attacher définitivement le sceau de perfection intellectuelle que réclame toute œuvre qui s’adresse à l’esprit. »

« Les fautes qui peuvent déparer un livre sont donc de deux sortes : celles qui regardent les règles de composition et de mise en pages, celles qui concernent le texte.

« Un ouvrage peut être exécuté d’après les principes d’agencement matériel, tout en altérant le texte original et blessant les règles syntaxiques et orthographiques. Inversement, il peut reproduire correctement le texte, exprimer la pensée précise de l’auteur et cependant violer les règles typographiques. Dans ces deux états, l’ouvrage est mal imprimé[13]. »

Pour mériter réellement son titre, pour s’acquitter consciencieusement de sa tâche, le correcteur a donc un double rôle à remplir, et la définition de ce mot n’est exacte que si l’on envisage, à parties égales, ce double rôle : « Toute personne qui est chargée habituellement, soit dans une imprimerie, soit dans une librairie, soit dans un bureau quelconque de publications, de corriger les fautes typographiques, grammaticales et littéraires, qui se trouvent sur les épreuves de toutes espèces d’impressions, est un correcteur[14]. »




§ 3. — LE PROTE ET LE CORRECTEUR


« Les personnes étrangères à l’imprimerie confondent souvent le correcteur avec le prote. »

L’origine et les causes de cette confusion remontent aux débuts de l’imprimerie. À cette époque, il n’y eut que très peu de correcteurs spéciaux, c’est-à-dire se livrant exclusivement, et pour une seule imprimerie, à la correction des épreuves. La plupart des lettrés occupés dans les ateliers remplissaient les doubles fonctions d’auteur ou de traducteur et de correcteur. Ils revisaient les manuscrits, les annotaient et surveillaient la correction de l’édition dont ils avaient, à la demande d’un atelier ou d’un maître, accepté de prendre la responsabilité ; puis ils préparaient, souvent pour un atelier concurrent, une autre édition qu’ils conduisaient de même à achèvement.

À la même date, « le maître imprimeur cumule fréquemment les fonctions de patron, de prote, de correcteur, voire même de compositeur et d’imprimeur ».

Peu à peu, par suite du développement des ateliers typographiques, par suite des nécessités qui en sont la conséquence, les fonctions se divisent : le maître imprimeur, absorbé par les soucis d’une industrie de plus en plus complexe, devient le patron, le chef, auquel les exigences de la clientèle, les relations avec l’extérieur ne permettent plus que de connaître dans ses grandes lignes la direction de l’atelier ; sous la pression de besoins nouveaux et impérieux, « le prote se transforme en ce qu’il est encore aujourd’hui : un ouvrier actif et intelligent, choisi par le patron pour diriger le travail des compositeurs ses anciens confrères » ; à défaut du maître imprimeur, le prote assume le soin de la correction.

Mais, un jour, « débordé par la multiplicité de ses attributions, le prote, lui aussi, doit se décharger d’une partie de l’énorme responsabilité qu’elles entraînent : il abandonne tout ce qui concerne la correction devenue incompatible avec sa présence presque constante à l’atelier et la surveillance qu’il doit y exercer » ; il impose alors le souci de la lecture des épreuves au correcteur — un personnage non point nouveau, on le sait — que les exigences du travail astreignent à une présence régulière à l’imprimerie et qui peu à peu devient ce que nous le voyons aujourd’hui.

Cependant la confusion d’attributions qui exista tant d’années, par la réunion en une même individualité des obligations du prote et de celles du correcteur, devait subsister longtemps encore dans l’esprit du public. Le prote et le correcteur ont élevé si haut des fonctions qui leur furent communes que de nos jours les profanes ne songent que vaguement à une distinction possible de ces deux rôles[15].

L’Académie elle-même, dans une des éditions de son Dictionnaire, a imité sur ce point l’erreur populaire : après avoir défini le prote « celui qui, sous les ordres de l’imprimeur, est chargé de diriger et de conduire tous les travaux, de maintenir l’ordre dans l’établissement et de payer les ouvriers », elle ajoute : « Il se dit aussi de ceux qui lisent et corrigent les épreuves[16]. » N’en déplaise à la docte compagnie, si la première partie de sa définition est, sauf parfois en ce qui concerne les salaires, toujours exacte, nous récusons complètement la seconde, qui est fausse[17].

Littré n’était pas, lui non plus, d’accord sur ce point avec l’Académie, et, reprenant les termes mêmes de la définition qu’on vient de lire, il écrivait : « Abusivement, prote se dit de ceux qui lisent ou corrigent les épreuves. »

Ch. Ifan[18], d’ordinaire mieux inspiré, s’élève contre ces lignes du célèbre Universitaire : « Au sujet de l’instruction du prote, ces Messieurs[19] [certains écrivains très descriptifs] sont perplexes ; … il y en a même d’irréductibles qui ne l’admettent pas. Ils taxent leurs contradicteurs d’ignorance ; selon eux, prote a été confondu avec correcteur. »

Certains de ces « Messieurs » estimeront certes que, si par erreur ils ont confondu le prote avec le correcteur, ils n’ont pas été perplexes au sujet de son instruction : l’opinion qu’on leur reproche leur faisant une obligation d’accorder au moins au prote l’instruction qu’on ne saurait dénier au correcteur. Mais Littré, on peut le croire, n’a jamais eu cette pensée de « confondre le prote avec le correcteur » : il nous paraît tout simplement avoir fait remarquer que, s’abusant sur le sens réel des mots, certains auteurs donnaient parfois à « ceux qui lisent ou corrigent les épreuves » le nom de prote. Pour notre compte personnel, nous pensons, tout au contraire de Ch. Ifan, que le public, qui confond souvent le correcteur avec le prote, en imputant au second les attributions du premier, ne commet que fort rarement — jamais, pourrait-on dire, en osant quelque peu — cette méprise de transporter les fonctions du prote au correcteur :

« Le prote est le représentant immédiat du maître imprimeur : il dirige et administre l’établissement, reçoit les auteurs et traite avec eux, embauche et débauche le personnel attaché à l’imprimerie, distribue la besogne, etc.

« Le correcteur n’a pas à s’immiscer dans l’administration industrielle : il est le représentant de la science et de la littérature dans l’imprimerie. Son département est du domaine de l’intelligence pure. Il n’est placé sous la direction du prote que comme faisant partie de l’usine typographique. Dans l’exercice propre de ses fonctions, il est seul juge ou, tout au moins, le juge le plus compétent des concessions à faire aux écrivains sous le rapport de ce que l’on appelle, en terme d’imprimerie, la marche à suivre pour chaque ouvrage[20]… » ; « il est l’homme de l’art, connaissant parfaitement et sa langue et l’imprimerie, capable d’amener un ouvrage à ce degré de perfection tangible qui doit être l’objet de sa préoccupation la plus ardente[21]. »

« S’il appartient à l’auteur de confectionner son texte, d’agencer ses phrases, de les ponctuer[22] », en un mot d’écrire son livre, il est du devoir du correcteur de corriger les fautes d’impression, de redresser les erreurs d’orthographe ou de syntaxe, de rectifier la ponctuation défectueuse et de veiller à la régularité de la marche. « Son intelligence, ses connaissances ne sauraient lui permettre d’accepter également le bon et le mauvais. Pour limitée que soit son initiative, il ne doit pas oublier qu’il la possède, et il doit en user, en connaissance de cause, pour le plus grand bien des intérêts qui lui sont confiés. »




§ 4. — LES « FRÈRES » DU CORRECTEUR AUX TEMPS ANCIENS


Dans les pages qui précèdent nous avons donné les définitions qui nous ont semblé les plus complètes et les plus exactes du mot correction.

Le travailleur intellectuel qui assume la tâche délimitée par ce mot porte, nous l’avons vu, le nom de correcteur : qu’il s’agisse d’un travail de lecture en premières épreuves ou en typographiques[23], en secondes ou en bons à tirer[24], le titre est le même ; à peine, lorsque les fonctions se bornent exclusivement à la revision des épreuves ou à la vérification des tierces[25], une légère variante se rencontre-t-elle avec les désignations de reviseur ou de tierceur, qui ne sont, au reste, que des expressions abréviatives rappelant le travail spécial auquel est attaché le correcteur reviseur ou le correcteur tierceur.

Ainsi presque partout, à l’heure actuelle, en France, le mot correcteur désigne de manière générale le typographe érudit auquel le maître imprimeur commet la réputation littéraire et technique[26] de sa maison. Nous disons presque, car sur ce point, comme en nombre d’autre, l’Imprimerie Nationale s’écarte de nos usages : elle classe en deux catégories bien distinctes les employés auxquels elle confie le travail de la correction : les lecteurs d’épreuves assurent la correction des premières, pour une fraction celle des bons à tirer, ainsi que les revisions ; les correcteurs se consacrent exclusivement à la lecture des bons à tirer[27].

Faut-il voir, dans ces dénominations et dans ces attributions dont les limites paraissent quelque peu élastiques, un souvenir des temps anciens ? Bien que la chose soit possible, nous ne le pensons pas ; cependant l’idée que ce fait eût pu être vaut tout au moins d’être signalée, ne serait-ce que pour rappeler un usage dont notre corporation a perdu aujourd’hui la mémoire.

À l’époque où notre art était encore dans l’enfance ou sortait à peine du berceau, des noms différents ont été employés, en outre du mot correcteur, pour qualifier la situation occupée dans notre profession par maints érudits. M. Baudrier dans sa Bibliographie lyonnaise[28] reproduit parfois en entier, souvent en longs extraits, ou fréquemment analyse les actes notariés ou consulaires relatifs à l’imprimerie ; ce sont ces études qui nous ont fait connaître les désignations dont nous allons parler.

Nous donnerons ici quelques citations de ce travail :

« Du 23 avril 1549 : Vente faite par « Charles Fontaine, prélecteur d’imprymerie, à Lyon[29]… » ;

« En 1581, Laurent Candie, prélecteur de livres, est taxé à 45 sous, à Lyon[30] ;

« Dans un acte du 16 juillet 1581, Gabriel Chappuis[31] est dénommé prélecteur d’imprimerie » ;

« Le 23 février 1583, Vincent Bourland, « collationneur de livres », est témoin dans un acte d’obligation, et, le 14 juillet 1584, dans une vente de papier[32] ;

« 15 avril 1583 : Jean Fleury, collationneur de livres, loue à Basile Bocquet[33] (Bouquet ou Boucquet), imprimeur, une chambre[34] ;

« 30 juillet 1583 : Quittance par Jean Fleury, collationneur de livres, à Basile Bouquet pour les loyers arriérés[35] ;

« 9 janvier 1584 : Contrat de mariage de Guillauma Fleury, fille de Jehan Fleury, collationneur de livres, avec François Esmier, taffetatier[36] ;

« 3 décembre 1584 : Jehan Faynin, collationneur d’imprimerie, citoyen de Lyon, intervient dans un acte notarié[37]… »

Le prélecteur d’imprimerie et le collationneur de livres ont depuis longtemps, pensons-nous, disparu de la pensée de nos auteurs typographiques qui, dans leurs manuels, sont muets sur ce point particulier[38]. Nous n’avons donc pu songer leur demander une définition de ces termes nouveaux pour nous et des fonctions qu’elles comportaient pour leurs titulaires ; mais d’autres écrivains nous ont été de meilleur secours.

I. La prélecture, nous dit P. Larousse[39], est en terme d’imprimerie la « lecture de l’épreuve faite à l’imprimerie avant l’envoi à l’auteur : Réitérez les prélectures pour rendre « moins chanceuse la lecture » (Diderot). » — Ainsi envisagée, la prélecture paraît désigner exclusivement la lecture en premières et les révisions occasionnelles qui la complètent.

Est-ce bien le sens dans lequel l’entendaient les devanciers de Diderot et les ancêtres de l’imprimeur Le Breton[40] ? Quelque respect que nous ayons pour l’érudition du célèbre philosophe, quelque inférieur à l’auteur et à l’imprimeur de l’Encyclopédie qu’on veuille bien nous considérer, on nous permettra d’en douter : le prélecteur fut peut-être, en quelques circonstances, un « lecteur d’épreuves », mais il fut surtout autre chose que cela. Un exemple suffira pour confirmer notre opinion, exemple que nous emprunterons à M. Baudrier[41] et dans lequel on voit figurer Michel de Villeneuve, alias le fameux Michel Servet[42] :

14 février 1540 : « Personnellement estably Monsieur Me Michel de Villeneuve dict de Villanovanus, docteur en médecine, demeurant de présent à Lion, lequel saichant et confesse avoir prins en charge et prent par ces présentes de honnorables personnes Hugues de la Porte[43], Lucembourg de Gabiano, Anthoine Vyncent et Jacques de Joncte, marchants libraires, citoiens de lion, présents, et premièrement de prélire la glose ordinaire sur la bible contenant six volumes. Item la orthograffier, accentuer, punctuer et dythonguer, item de restituer les dictes dictions grecques ou hébraiques que sont en lettres latines et les marquer en grec et hebrieu. Item marquer les lieux là où il fauldra insérer les annotations de Haugubinus au Vieil Testament et les annotations de Herasme au Nouveau ainsi qu’il sera advisé par ledit Me Michel de Villeneuve et par Mr maistre Claude Guilliaud, docteur en théologie de Parys, chanoine d’Ostun [Autun]. Item de escripre en marge les additions marginalles contenues en la bible de Robert Estienne, suyvant l’ordre dudit Guilliaud et aussi prendre garde aux gloses interlinéaires quelles ne se soient duplicquées et sembles (sic pour semblables) aux marginalles. Item de faire le répertoire desdicts six vollumes. Laquelle œuvre ledict Me Michel sera tenu et devra commencer de présent et fournir à deux ou trois presses, lesquelles presses commenceront à la prochaine foyre de Pacques et continuer icelle œuvre sans icelle interrompre jusques en fin d’icelle œuvre parfaicte et parachevée[44]… »

Le travail assumé, « prins en charge », pour employer l’expression notariale, était, on le voit, tout autre que celui dont parlent Larousse et Diderot : Michel Servet acceptait, suivant un terme d’usage courant à notre époque, de « reviser soigneusement » la glose ordinaire de la Bible et ses traductions, puis de « l’augmenter » d’additions et d’annotations, de faire les tables et de « fournir œuvre » à deux ou trois presses ; il était tenu, en outre, suivant les usages typographiques d’alors, « d’orthograffier, accentuer, punctuer et dythonguer ». Ainsi Michel Servet était, en même temps, auteur, prélecteur ou préparateur de manuscrit et correcteur : c’était évidemment un peu plus que ne le comportent d’ordinaire les fonctions de lecteur d’épreuves[45].

Le travail auquel fait allusion l’annotation suivante nous paraît bien encore être une des attributions réservées, au xvie siècle, au « prélecteur d’imprymerie ». Au verso du feuillet 120, le dernier chiffré, d’une édition de Dioscoride imprimée en 1512, à Lyon, par Gilbert de Villiers, pour le compte de Barthélemy Trot[46], on lit : Explicit liber Dyoscoridis de Natura Simplicium quem Petrus Paduanensis Padue legendo correxit et exponendo que utiliora sunt in lucem deduxit[47].

II. Voyons maintenant ce que pouvait être le collationneur d’imprimerie.

D’après Larousse, « collationner c’est, en typographie, vérifier sur une épreuve d’imprimerie si les corrections indiquées sur une épreuve précédente ont été faites. On dit plus ordinairement reviser. » — L’érudit du xvie siècle n’eût été ainsi qu’un très ordinaire correcteur reviseur. Le fait nous semble peu probable.

Littré, d’ailleurs, donne du mot collation un sens fort différent de celui indiqué par Larousse. La « collation est l’action de conférer, de confronter une copie avec l’original pour en constater l’exactitude : Les clercs de la vie commune aux Pays-Bas s’occupaient de la collation des originaux dans les bibliothèques » (Chateaubriand, Génie du Christianisme, IV, vi, 5) ».

Egger, dans son Histoire du Livre, nous paraît donner du mot collationner une définition encore plus explicite : « L’incorrection des anciens manuscrits a fait naître peu à peu une science presque nouvelle, la critique des textes, celle qui s’exerce à conférer entre eux les manuscrits d’un même ouvrage, à en relever les variantes, pour choisir la meilleure leçon, quelquefois pour la restituer par conjecture, dans certains passages où toutes les copies présentent une leçon fautive[48]. »

La différence entre cette rédaction et le texte de Larousse rappelé plus haut est certes d’importance ; et c’est incontestablement, pensons-nous, dans le sens indiqué par Egger qu’il faut considérer le travail auquel dut se livrer le collationneur qui accepta la tâche à laquelle font allusion les deux actes suivants rapportés par M. Baudrier :

19 mai 1548 : Conventions relatives à l’impression d’un Cours de droit civil avec glose d’Accurse. L’Université d’Avignon avait dans ses archives un manuscrit de droit civil avec les gloses d’Accurse, en parchemin de 643 feuillets qui lui avait été légué par le cardinal de Saluces. Barthélemy Bordel, docteur ès droits, au nom de Jacques, Jean et Claude Senneton, marchands à Lyon, voulant faire imprimer ce Cours de droit civil dont ils avaient aussi un exemplaire, demandèrent celui de l’Université pour leur servir de contre-copie. Le primicier et les docteurs de l’Université y consentent par l’intermédiaire de Me Jacques Navarin, primicier, Pierre Girard, Jacques Claret, Antoine Parisii, Thomas de Mande et François de Sobiros, docteurs, à condition que le manuscrit leur soit rendu, dans trois ans, sans « aucune fracture, corruption, rature ni macule » … Barthélemy Candale, marchand d’Avignon, se porte caution pour Barthélemy Bordel et les frères Senneton et s’oblige jusqu’à la somme de 500 écus pour la garantie de l’Université[49].

25 juin 1554 : Pactes et conventions sur l’impression de certains libvres cy apres désignés entre les frères du couvent des Jacopins d’Avignon, d’une part, et les frères Senectons de Lyon, d’aultre, avec caution. « Saichent toutz presentz et advenir comme aynsi soyt que les Beau, pere prieur, et religieulx de l’ordre des frères Jacoppins du couvent de la presente cité d’Avignon eussent dans leurs archieux et livrerie les livres intitullés « Mille loquium beati Ambrosii » in quatuor voluminibus et « Mille loquium Augustini » in uno volumine, relies et scriplz a la main en parchemin, lesquels livres nobles Jehan et Claude Senectons, frères, bourgeoys de la ville de Lion, eussent désir et vouloyr d’imprimer ou fayre imprimer… » Ladite impression sera parachevée « dans deux ans prochain venans, et, passés lesdicts deux ans, leur rendre lesdicts libvres sens aulcune fracture, corruption, rasure ni macule, et aultrement en la mesme sorte que le susdict leur procurer [des frères Senneton] les a receuz et recoyt. » — Macé Bonhomme, libraire à Lyon, est caution pour les frères Senneton, qui, en cas de perte des volumes, auront à payer aux religieux « deux centz escus d’or sol[50] ».

Le lettré qui, en 1545, avait accepté d’assurer, pour le compte des libraires Godefroy et Marcellin Beringen, la publication du travail d’Erasme, Colloquiorum familiorum opus, avait bien fait œuvre de « collationneur de livre », ainsi que le titre du volume lui-même l’indiquait : Nunc denuo ad autoris αὐτόγραφον diligenter collatum vigilantissimeque excusum[51].

La démarcation était-elle très nette entre les fonctions de « prélecteur d’imprymerie » et celles de « collationneur de livres » ? Les limites entre les attributions de ces lettrés et celles de correcteur étaient-elles suffisamment tranchées ? Nous ne pouvons l’affirmer. Tout au moins, les intéressés paraissent avoir pris soin, dans maintes circonstances, de préciser qu’ils exerçaient l’une ou l’autre fonction, parfois les deux en même temps. Il en est ainsi dans l’acte suivant :

4 mars 1569 : Honorable homme Jean Bergier, licencié es loix, prélecteur et correcteur, promet à honor. homme Charles Penot[52], marchand libraire, habitant à Genève, présent, de traduire[53] et mettre en langue françoise, avec annotations en marges, un livre de St Augustin intitulé De la Cité de Dieu, pour le prix de 30 sols de roi par chaque feuille traduite de la copie latine in-8 de l’impression de Bastien Honorat, sans y comprendre les commentaires de Jean-Louis Vives, insérés parmi, ladite traduction devant être rendue dans l’espace d’un an et demi[54].

III. Disons, enfin, que tel docteur ou tel licencié qualifié ici prélecteur, là collationneur, est ultérieurement, ou même entre temps, dénommé correcteur.

Philippe Romain, dont nous nous occuperons plus longuement dans les pages suivantes[55], est, en 1551, déclaré « correcteur et imprimeur » ; en 1555, en 1559 et en 1560, il est « correcteur d’imprimerie » ; mais, dans un acte daté du 23 mai 1557, il loue ses services en qualité de « prélecteur en l’imprymerie ». — Jean II Huguetan, libraire à Lyon de 1559 à 1600, « employa comme correcteur d’imprimerie, pour soigner ses publications », le Tourangeau Gabriel Chappuis ; ce dernier, dans un acte du 16 juillet 1581, est désigné du nom de prélecteur d’imprimerie. — D’après M. Baudrier[56], « Charles Fontaine[57] fut pendant quelque temps, ainsi que Nicolas Edoard, prélecteur de l’imprimerie » Payen Thibaud, un Champenois qui exerça à Lyon de 1529 à 1570 ; ce même Fontaine est encore désigné comme prélecteur dans un acte du 23 avril 1549 rappelé plus haut[58] ; mais, à cette même époque (1549-1550), il est qualifié du nom de « correcteur » par Guillaume Ier Rouillé[59] qui avait fait appel à ses services pour reviser une nouvelle édition des Œuvres de Clément Marot. — Condio Laurenzio (dit Laurent Condie) est, en 1581, taxé à 45 sous comme prélecteur de livres ; dans un acte notarié du 6 mars 1587, il est dénommé « en son vivant correcteur d’imprimerie[60] ».

Est-il possible de déduire de cet ensemble qu’une sorte de hiérarchie s’était établie du fait de ces dénominations et des attributions qu’elles comportaient ? Ou bien les agents du Pouvoir royal, comme ceux du Consulat, les notaires, les maîtres imprimeurs ou libraires, le public, enfin les intéressés eux-mêmes employaient-ils indifféremment l’une ou l’autre de ces appellations ? Y avait-il simplement équivalence entre elles ?

À notre grand regret, nous n’avons rencontré quoi que ce soit qui ait pu nous permettre de répondre à cette question. Nous nous sommes borné dès lors à rappeler — le fait au point de vue historique en valait certes la peine — qu’aux débuts de l’imprimerie, aux côtés du correcteur, le prélecteur et le collationneur contribuèrent puissamment à asseoir sur de solides fondements la réputation littéraire des lettrés dont, non moins aujourd’hui qu’au temps passé, la présence est indispensable dans les ateliers dont le patron tient à sauvegarder et à accroître la réputation technique et savante.

IV. Nous aurions regret maintenant d’étendre plus longuement ce chapitre ; mais, avant de le clore, nous tenons cependant à rappeler que naguère tel lettré, qui fut journaliste et longtemps « correcteur » dans une de nos plus importantes et plus célèbres imprimeries de province, répudiant un titre que tant d’autres tiennent à honneur, crut devoir se dire, à l’instar d’un fonctionnaire au petit pied, « attaché d’imprimerie ».

Le terme était nouveau autant qu’inattendu et bien moderne : il étonnera plus d’un collègue encore sous le charme des désignations archaïques du prélecteur et du collationneur ; nous aurions eu quelque souci de ne point le signaler ; mais nous n’oserions dire que, le jour où il « inventa » ce titre, ce correcteur, qui voulut bien parfois nous témoigner sa sympathie, se souvint de certaine épigramme du maître de la satire française.



  1. P. Larousse, Grand Dictionnaire universel du xixe siècle, t. V, p. 181 (1869), au mot Correcteur.
  2. Ce magistrat était un personnage de l’ordre « sénatorial ». — R. Cagnat (Cours d’épigraphie latine, 3e éd., p. 102), indiquant la concordance des termes latins et grecs désignant ce fonctionnaire, lui donne le titre de ϰονρήϰτωρ.
  3. Voir chapitre ii, le Correcteur à travers les âges : § 1, les Manuscrits et les Correcteurs, p. 19.
  4. Balzac, dans son roman le Lys dans la vallée, emploie en ce sens, croyons-nous, le mot gâcheux.
  5. La situation du correcteur et celle du lecteur d’épreuves à l’Imprimerie Nationale feront l’objet d’une étude spéciale (p. 135).
  6. Cette démarcation est inexacte, on le verra plus loin (p. 136 : Lecteurs d’épreuves et viseurs de tierces : Fonctions).
  7. Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers, par une Société de Gens de lettres, mis en ordre et publié par M. Diderot, et quant à la partie Mathématique par M. d’Alembert, t. IX, p. 543 (Genève, 1777).
  8. Presque dans des termes analogues, M. Jean Dumont écrit : « Le correcteur lit les épreuves et indique au moyen de signes toutes les fautes qui se sont glissées dans la composition. » (Jean Dumont, Vade-Mecum du Typographe, 2e éd., 1884.)
  9. « La meilleure édition est donc celle qui présente une entière conformité avec le modèle dont elle est la reproduction, et qu’en outre elle a su dégager des fautes évidentes qu’il pouvait contenir. » (H. Fournier, Traité de la Typographie, p. 231.)
  10. G. Daupeley-Gouverneur, le Compositeur et le Correcteur typographes, p. 213.
  11. Manuel : nous employons ce mot non point dans son sens strict, mais simplement parce que le correcteur doit veiller à l’application rigoureuse des règles typographiques.
  12. Th. Lefevre, chap. viii, Lecture des épreuves, p. 535.
  13. Daupeley-Gouverneur, le Compositeur et le Correcteur typographes, p. 212-213.
  14. Bernier, président de la Société des Correcteurs parisiens, Grand Dictionnaire universel du xixe siècle (P. Larousse), t. V, art. Correcteur, p. 181 (1869).
  15. Breton (Physiologie du Correcteur d’imprimerie, p. 8) nous paraît ainsi commettre une erreur, ou plutôt avoir une défaillance de mémoire, lorsqu’il écrit : « … Sauf quelques exceptions que nous signalerons en leur lieu, leurs fonctions [celles du correcteur et celles du prote] sont tellement distinctes, que nous ne comprenons pas qu’on ait pu leur attribuer une dénomination commune. »
  16. Dictionnaire de l’Académie française, t. II, p. 526 (1878). — Il faut reconnaître, toutefois, que l’Académie ajoute : « On dit plus souvent aujourd’hui correcteur. »
  17. D’après Bernier, cité par Boutmy.
  18. Le Prote, étude-causerie : chapitre De l’Instruction du Prote, p. 25.
  19. Nous n’aurions osé « situer » parmi ces « Messieurs » le célèbre Littré, si Ch. Ifan lui-même n’avait pris soin, par une note spéciale, de désigner celui auquel il tenait à faire allusion.
  20. D’après Bernier et le Grand Dictionnaire universel du xixe siècle de P. Larousse, t. V, p. 181 (1869).
  21. Daupeley-Gouverneur, le Compositeur et le Correcteur typographes, p. 213.
  22. Id., Ibid., p. 216.
  23. Voir la définition de ces expressions au chapitre viii, p. 369.
  24. Chapitre ix, p. 401.
  25. Chapitre x, p. 411.
  26. Au prote est confié le soin de veiller à la réputation technique et commerciale.
  27. Voir note 2, page 3. — Voir également, plus loin, chapitre iii, p. 135.
  28. Douze volumes parus au 1er août 1922. Ces recueils dont l’érudition est remarquable sont pour l’étude de la typographie lyonnaise, et aussi française, tant au point de vue patronal qu’au point de vue ouvrier, une source incomparable de renseignements à laquelle nous avons eu recours en de nombreuses circonstances. Les volumes que nous avons consultés s’étendent des dernières années du xve siècle au début du xviie. — Se trouvent en vente : à Lyon, chez M. Louis Brun (Librairie Ancienne), rue du Plat, 13 ; à Paris, chez A. Picard et Fils, libraires, rue Bonaparte, 82.
  29. Baudrier, Bibliographie lyonnaise, 3e série, p. 93.
  30. Id., Ibid., 1re série, p. 103.
  31. Gabriel Chappuis, originaire de Touraine, habita Lyon jusqu’en 1593, époque à laquelle il alla se fixer à Paris. Il est l’auteur fort connu de nombreuses traductions (Baudrier, 1re série, p. 87).
  32. Bibliographie lyonnaise, 1re série, p. 63.
  33. Maître imprimeur à Lyon vers 1574 ; décédé après le 9 octobre 1586 (Bibliographie lyonnaise, 10e série, p. 270).
  34. Bibliographie lyonnaise, 10e série, p. 273.
  35. Ibid., 1re série, p. 273.
  36. Ibid., 1re série, p. 159.
  37. Ibid., 1re série, p. 152.
  38. Bertrand-Quinquet, dont le Traité de l’Imprimerie date de l’an VII (1799), ignore ces mots. — Il est vrai que ce même auteur, qui nous a paru cependant accorder une importance toute particulière à la correction, n’écrit pas une seule fois dans son Traité le mot correcteur. Bertrand-Quinquet n’a connu, semble-t-il, que le « prote », travailleur manuel et intellectuel qui remplit les fonctions de correcteur, et c’est à lui exclusivement qu’il songe lorsqu’il parle de correction. — Voir aussi, sur cette question, une citation fie Crapelet, p. 190.
  39. Grand Dictionnaire universel du xixe siècle, t. XIII, p. 66.
  40. Le Breton fut l’imprimeur de l’Encyclopédie (dont le privilège était daté de 1746) pour les sept premiers volumes qui seuls furent publiés à Paris (de 1751 à 1757) par les libraires Durand, Briasson, David et Le Breton (l’imprimeur en même temps). Le privilège ayant été supprimé par un arrêt du Parlement, en date de février 1759, les volumes qui suivirent furent imprimés à Genève.
  41. Bibliographie lyonnaise, 7e série, p. 265-266.
  42. Sur Michel Servet, voir page 68.
  43. Hugues de la Porte, libraire à Lyon, né en 1500, mort en 1572, fut l’un des créateurs de la Compagnie des Libraires deo Lyon, fondée, le 19 février 1519, par son père Aymé de la Porte, Jacques Giunta, L. de Gabiano, Simon Vincent et J. Senneton, également marchands libraires à Lyon et présents pour la plupart à l’acte rapporté ici. (D’après Baudrier.)
  44. Voir la suite du contrat, relative aux émoluments accordés pour ce travail à Michel Servet, au chapitre xii, page 495. — La Bible dont parle cet acte parut en 1542 sous le titre « Biblia sacra » ex Santis Pagnini translatione ; elle fut imprimée par Gaspar Trechsel, imprimeur à Lyon, qui figurait au contrat comme témoin. — Au folio ij on lit : Michael Villanovanus lectori suo S.
  45. Voir, page 495, les salaires accordés à Barthélemy Aneau et à Bonnaud de Sausset pour un travail de « prélection ».
  46. Libraire à Lyon de 1491 à 1535.
  47. « Ici se termine le livre De la Nature des Simples de Dioscoride, lu et corrigé par Pierre le Padouan qui dans ses annotations a mis lumière les choses les plus utiles. »

    Nous nous abstiendrons fréquemment de donner la traduction des textes latins que nous rapporterons dans ce travail. Nous supposons que les correcteurs, auxquels nous nous adressons, lisent à livre ouvert les courtes citations latines de notre étude.

  48. Egger, Histoire du Livre, p. 238.
  49. Baudrier, Bibliographie lyonnaise, 7e série, p. 373-374. — L’ouvrage étant imprimé, le 4 novembre 1552, « les docteurs de l’Université d’Avignon reconnaissent avoir reçu des frères Jacques, Jean et Claude Senneton, un volume appelé Cours civil en parchemin de 643 feuillets » remis à ces derniers « aux fins icelly imprimer et servir de contrecopie ».
  50. Bibliographie lyonnaise, 7e série, p. 375-378 (extraits).
  51. ibid., 3e série, p. 40. — « Maintenant enfin soigneusement collationné sur le manuscrit autographe de l’auteur et ciselé [c’est-à-dire corrigé] très attentivement. »
  52. Charles Pesnot fut l’associé de Claude Senneton, libraire à Lyon.
  53. Au xve et au xvie siècle, aux côtés du correcteur, du prélecteur d’imprimerie et du collationneur, les libraires et les imprimeurs occupèrent également le « traducteur de libvres ».
  54. Bibliographie lyonnaise, 7e série, p. 383 (d’après une communication de M. A. Cartier : minutes d’Aimé Sauteur, not. à Genève, vol. 3, fol. 171).
  55. Voir, page 63, note 3, et page 493, les lignes consacrées à Philippe Romain.
  56. Bibliographie lyonnaise, 4e série, p. 206.
  57. Voir, page 66), les ligues consacrées à Charles Fontaine.
  58. Voir page 11.
  59. Voir page 60.
  60. Bibliographie lyonnaise, 1re série, p. 103.