Le Conte du tonneau/Préface du traducteur

Henri Scheurleer (Tome premierp. 4r-11v).

PREFACE
DU
TRADUCTEUR.


Si jamais Livre a eu beſoin d’une Préface, j’oſe dire que c’eſt celui-ci. Il est vrai, qu’il eſt déja tout chargé de toutes ſortes de Diſcours préliminaires ; mais, ce n’eſt nullement dans le deſſein de nous faire entrer dans les veritables Vuës de l’Auteur : ce ſont plûtôt des parties de l’Ouvrage même ; & les Ironies Satiriques, dont ils ſont tout remplis, tendent au même But que tout le Livre.

Les Anglois le conſidérent avec raiſon comme un Chef-d’Oeuvre de fine Plaiſanterie ; &, malgré la langueur, qu’une Traduction doit de neceſſité donner à ces ſortes de Productions d’Eſprit, je croi que le Lecteur conviendra, qu’il eſt difficile de trouver dans aucune Langue un Ouvrage ſi plein de feu, & d’imagination. Il eſt vrai en même tems, qu’il ne ſe peut rien de plus biſarre. La Narration eſt interrompuë continuellement par des Digreſſions, qui occupent plus de place que le Sujet principal ; mais, cette Biſarrerie n’eſt point l’effet d’un Eſprit dereglé, qui s’échape à ſoi-même, & dont la Raiſon ne ſauroit maitriſer la fougue : ce Deſordre eſt affecté, pour tourner en ridicule les Auteurs Anglois les plus modernes, qui ſe plaiſent à ces ſortes d’Ecarts impertinens, uniquement pour donner du volume à leurs Productions.

Ces Digreſſions, d’ailleurs, ſont d’un Tour ſi particulier, & pleines d’un Badinage ſi ingénieux, & ſi peu commun, qu’il eſt impoſſible qu’un Lecteur, qui a aſſez de pénétration & de jugement, pour déveloper la délicate ſolidité de ces Ironies, s’impatiente de retourner au Sujet principal.

La plûpart de ces Diſſertations incidentes ſervent à jetter un Ridicule ſur les Modernes, & ſur-tout ſur ceux d’entr’eux qui s’emparent du beau Nom de Critiques. L’Auteur de cet Ouvrage eſt grand Partiſan des Anciens, & peut-être Partiſan outré. J’aurois tort de décider là-deſſus, parce que adhuc ſub Judice Lis eſt. Le Procès n’eſt pas encore vuidé, & peut-être ne le ſera-t-il jamais. Quoiqu’il en ſoit, jamais le Parti des Anciens n’eut un plus habile Defenſeur. Juſqu’ici, les Avocats de cette Faction n’ont été gueres que des Savantas, qui ne ſavoient que dire des Injures groſſieres, & oppoſer à leurs Antagoniſtes un Bouvelard faſtueux de Citations inutiles, fondé ſur un Orgueil pédantefque. C’étoient des gens ſi familiariſez avec les Langues ſavantes, qu’ils ne ſavoient qu’à peine tourner une Période dans leur Langue maternelle ; &, par malheur pour eux, ils avoient à faire à des gens, qui avoient de l’Eſprit, du feu, du ſtile, & qui ſavoient s’inſinuer dans l’Eſprit du Lecteur par un Badinage élégant, & par une Raillerie délicate.

Notre Auteur eſt le premier de ſon Parti, qui ait ſu mettre les Rieurs de ſon coté, & combatre les Modernes avec leurs propres Armes.

Ceux, à qui il en veut le plus, ſont les Critiques de profeſſion, Race de petits Eſprits, dont le mince bon-ſens animé par une bonne doze de malignité, ne s’ocupe qu’à raſſembler les endroits foibles des Auteurs les plus illuſtres, ſans leur rendre la moindre juſtice ſur l’art qui anime tout le corps de leurs ouvrages, & ſur les paſſages admirables, qui les embelliſſent par-tout. C’eſt avec raiſon, que l’Auteur fait main baſſe ſur cette lâche Vermine de Garçons Beaux-Eſprits ; & je ſuis perſuadé, que les plus éclairez d’entre les Modernes lui en ſauront autant de gré, que les plus zélez Partiſans de la venerable Antiquité.

La Pièce principale, qu’on trouvera dans ce premier Volume, eſt intitulée Le Conte du Tonneau, pour les Raiſons qu’on trouvera dans la Préface de l’Auteur. Le But en eſt de tourner en ridicule la Superſtition, & le Fanatiſme, qui deshonorent abſolument une Religion, qui, dans ſon Inſtitution primitive, n’a eu pour toute Parure qu’une raiſonnable Simplicité. Tout cet Ouvrage eſt une Allégorie parfaitement bien ſoutenue d’un bout à l’autre, & très-propre à faire revenir d’un Paganiſme déguiſé, ceux qui ſe font une gloire d’être apellez Chrétiens : elle eſt capable de les faire renoncer à de certaines Subtilitez metaphyſiques, qui éblouiſſent le plus ceux qui les comprennent le moins, & à de certaines Imaginations creuſes, qu’on honore du titre d’Inſpirations, quoiqu’elles ne ſoient réellement que l’effet de certaines Vapeurs ordinaires à des Conſtitutions atrabilaires & hypocondriaques.

Pour mettre le Lecteur au fait de cet Ouvrage Allégorique, il ſera bon, je crois, de lui en tracer ici un Plan abrégé.

Un Père a trois Fils. Avant que de mourir, il leur donne à chacun un Habit neuf d’une grande Simplicité, mais qui en recompenſe a la propriété de ne s’uſer jamais, & d’etre toujours juſte au corps de celui qui le porte. Il leur ordonne ſous de grandes peines de le broſſer ſouvent, mais de n’y rien changer, ni de le relever par aucun Ornement. Il leur donne encore un Teſtament, qui contient tous les Préceptes, qu’ils doivent obſerver, pour porter leur Habit conformément à ſa volonté, & pour vivre enſemble dans une Amitié fraternelle. Ils obſèrvent ponctuellement ces ordres pendant quelque tems ; mais, ſe voïant mépriſez, parce qu’ils ne ſe conformoient pas à la Mode, ils ne négligent rien pour expliquer les Préceptes du Teſtament d’une manière favorable à leurs Caprices. Un d’entreux, le plus verſé dans la Philoſophie, leur applanit toutes les Difficultez, par des Sophiſmes ſubtils, & leur fait charger leurs Habits de toutes ces Parures introduites par la Folie inconſtante du Genre-humain : il leur perſuade même à la fin d’enfermer le Teſtament dans un coffre-fort, pour s’épargner la fatigue continuelle de l’Interprétation. Enorgueilli par ſes prétenduës Lumières, il s’érige peu à peu en Tyran, & veut obliger ſes Freres à ſouſcrire à ſes imaginations les plus chimeriques & les plus contradictoires : il porte même l’extravagance juſqu’à vouloir être apellé Mylord Pierre ; &, voïant que leur ſoumiſſion n’alloit pas auſſi loin que ſes fantaiſies, il les chaſſe de la Maiſon Paternelle. Avant que de le quitter, ils ſont aſſez habiles pour tirer du Teſtament une Copie Autentique ; &, dès qu’ils s’en ſont emparez ils prennent l’un le Nom de Martin, & l’autre celui de Jean.

Ils ſe logent dans une même Maiſon, & ſe mettent d’abord à réformer leurs Habits. Martin le fait d’une manière calme & ſenſée, & aime mieux y laiſſer quelque Ornement peu eſſentiel, que de le déchirer. Pour, Jean il n’écoute que ſon Zele ; il le met tout en lambeaux : & voïant que ſon Frère ne veut pas l’imiter, il ſe brouille avec lui, cherche un quartier ailleurs, & donne dans les plus hautes Extravagances.

On voit facilement, que, dans cette Allégorie, les Habits ſimples, c’eſt la Religion Chrétienne dans ſa premiere Pureté ; le Teſtament du Père, les Livres du Nouveau Teſtament ; ces Parures, les Ceremonies & les Dogmes de la Religion Catholique ; Mylord Pierre, le Pape, ou l’Egliſe Romaine ; Martin, la Religion Lutherienne, Jean, la Religion Reformée ; & ainſi du suite.

L’Auteur paroit favoriſer ici Martin, aux Dépens de Jean, dont il turlupine preſque par-tout le Zele inconſideré. La raiſon en eſt, qu’il veut plaider la Cauſe de l’Egliſe Anglicane, qui, à l’Exemple des Luthériens, a gardé pluſieurs Cérémonies des Catholiques, dont elle croïoit la Reforme trop dangereuſe : au lieu que les Calviniſtes, pour vouloir reformer avec trop de rigueur, ont mis eux-mêmes des bornes à leur Réformation. D’ailleurs, il range ſous les Etendarts de Jean toutes les différentes Sectes de Fanatiques, qu’il regarde comme ſorties du ſein de la R. Réformée, telle qu’elle eſt établie en Angleterre ſous le Nom de Presbyterianiſme.

Je ſuis perſuadé que ce que je viens de dire à l’avantage de ce Conte ſurprendra beaucoup la plupart des perſonnes, qui en ont entendu parler. Tous les Dévots en Angleterre regardent cet Ouvrage comme le dernier Effort d’une Imagination libertine, qui ne ſonge, qu’à fonder l’Irréligion ſur la Ruine de toutes les Sectes Chrétiennes. De la manière dont la maſſe générale des hommes, qui ont une Religion, eſt faite, il faut de neceſſité qu’elle en forme ce jugement. D’ordinaire, chaque individu humain embraſſe les opinions de ſa Secte, pour ainſi dire, en bloc ; & il croit impoſſible d’être d’une telle, ou d’une telle Religion, ſi l’on héſite ſeulement ſur le moindre Article de ſa Confeſſion de Foi. Nous héritons la Religion de nos Parens : ils nous en délivrent les Dogmes ſolides & raiſonnables pêle-mêle avec le Fanatiſme & la Superſtition. Heritiers crédules, & inconſiderez, nous ne diſtinguons pas ce qu’il y a de réellement beau & d’utile dans ce Tréſor, d’avec la fauſſe monoye, qui, la plûpart du tems, brille & frappe d’avantage que l’or pur & veritable. Dans cette malheureuſe prévention, un homme, qui examine, & qui oſe trouver quelque choſe à redire à la moindre particularité étrangère de chaque Secte Chrêtienne, paſſe dans notre Eſprit pour un Libertin, qui les rejette abſolument les unes & les autres, & qui eſt indigne de porter le nom de Chrêtien.

Il eſt impoſſible, cependant, qu’un homme, qui a des Lumieres, & qui prend l’Evidence pour la ſeule Regle de ſes Opinions, ne ſoit pas dans cette ſituation d’Eſprit ; & qu’il trouve quelque part un Corps de Doctrine & de Cérémonies religieuſes, où l’attention la plus forte ne ſoit pas capable de ſentir le moindre défaut, le moindre foible.

Tous les Chefs de Sectes ont été des Hommes : il eſt naturel, que la vanité, le dépit, & l’eſprit de contradiction, les aïent jettez dans quelque égarement ; & qu’un homme, qui ſe trouve dans une aſſiette calme & Philoſophique, s’en apperçoive ſans peine.

J’ôſe promettre à tous ceux, qui ſont capables de ſentir cette Verité, qu’ils ne trouveront rien ici, qui ait le moindre Air de Libertinage, & d’Irreligion. L’Auteur ne touche jamais à aucun de ces Dogmes, que toutes les Sectes Chrêtiennes regardent comme fondamentaux. Il turlupine, dans l’Egliſe Romaine, ce qu’il conſidere, comme des Doctrines inventées, pour aſſervir la Raiſon à l’Autorité humaine, & à une ſtupide Credulité ; &, par raport aux differentes Branches de la Religion Proteſtante, il tourne en ridicule cet Eſprit d’Enthouſiaſme & de Fanatiſme, qui rend la Pieté incompatible avec le Sens-commun. Je m’imagine que toutes les perſonnes ſenſées en ſeront obligées à l’Auteur. On ne ſauroit rendre veritablement un plus grand ſervice à la ſeule Religion raiſonnable, & digne de la Majeſté de Dieu & de l’Excellence de la Nature humaine, que de la debaraſſer de la Superſtition, & de la Chimere, qui, non ſeulement l’aviliſſent, mais la détruiſent de fond en comble, en l’arrachant de ſa baze unique & ſolide, la Raison & le Bon-Sens. La Pieté eſt pour ainſi dire la Santé de l’Ame : les Superſtitieux, & les Fanatiques, en font une Fièvre chaude ; & quiconque s’efforce à y remedier efficacement mérite les plus grands éloges.

Certaines perſonnes m’objecteront ſans doute, qu’il eſt contraire à la bienſéance de railler ſur les Matières de Religion ; &, qu’au lieu de turlupiner, l’Auteur auroit bien fait de découvrir l’Extravagance de ceux qu’il a en vuë, par des Raiſonnemens graves & ſerieux. La Réponſe ſuit d’elle-même de ce que j’ai déjà établi : il ne s’agit point ici de Matieres de Religion il s’agit de certaines Extravagances, & de certains Egaremens d’Eſprit, qui n’ont rien de commun avec la Religion, & qui y ſont preſque auſſi contraires que l’Irreligion même. D’ailleurs, le moïen de raiſonner ſerieuſement avec des gens, qui n’admettent pas le bon-ſens comme juge naturel de leur ſentimens, & qui trouvent du crime à y avoir recours ? S’il y a quelque choſe qui puiſſe reveiller leur Raiſon de la Lethargie où ils la jettent de propos déliberé, c’eſt le ſel piquant de la Raillerie.

J’avoue que l’Auteur auroit bien fait de badiner un peu plus ſagement, & de ne pas mêler à ſes Ironies certains Tours gaillards, qui révoltent une Imagination un peu délicate. J’ai adouci ces Endroits autant qu’il m’a été poſſible ; & j’oſe eſperer que la Pudeur du Public François ne ſe gendarmera jamais contre mes Expreſſions.

Je conviens encore, qu’à mon avis l’Auteur auroit agi ſagement, en écartant toujours de ſes Badinages tout Paſſage formel de l’Ecriture Sainte. Il eſt vrai qu’il ne les turlupine jamais dans leur Sens naturel, qui dans le fond eſt le ſeul reſpectable ; il n’en tourne en ridicule que l’aplication honteuſe, qu’en font des eſprits foibles : mais, tous les Lecteurs ne ſont pas capables de faire cette Diſtinction, qui eſt quelquefois aſſez délicate ; & il y a de la charité, & de la prudence, à leur épargner ces ſortes de Scandales.

Il n’importe gueres, qui ſoit l’Auteur de cet Ouvrage. Je drai pourtant, que des gens l’ont attribué au célèbre Chevalier Temple ; mais, que l’Opinion générale le donne au Docteur Swift, Miniſtre Anglican, & un des plus beaux Eſprits de la Grande-Bretagne. Si réellement il y a de grands Lambeaux de ce Livre qui ſe ſont perdus ; ou bien ſi l’Auteur a afecté d’y laiſſer un bon nombre de Lacunes, pour le faire mieux reſſembler à un Manuſcrit ancien c’eſt ce que j’ignore abſolument : & le Public peut l’ignorer avec moi, ſans y perdre beaucoup.

Je dirai peu de choſes de ma Traduction. J’ai fait tous mes efforts pour la rendre bonne, malgré la Difficulté terrible, qu’il y a à faire paſſer heureuſement d’une Langue dans une autre tout ce que l’Ironie a de plus fin, tout ce que la Raillerie a de plus vif, & tout ce que les Expreſſions figurées ont de plus hardi. Cette Difficulté eſt ſi grande, que juſqu’ici perſonne n’a entrepris de les ſurmonter ; & que je mérite le titre de Téméraire, ſi je l’ai tenté ſans le moindre ſuccès.

Ce que je ſai d’avance, c’eſt que, quand j’aurois réüſſi autant que je puis le ſouhaiter, les Beaux-Eſprits Anglois ne ſeront pas trop contens de ma Traduction : du moins, ils ne manqueront pas d’en parler ſur ce pied-là. Ce ſont des gens ſpirituels, & judicieux, s’il y en a au monde ; & il y auroit de la ſottiſe à leur diſputer ces qualitez : mais, ils excellent du coté de l’amour-propre autant que du coté du mérite ; & je n’en ai jamais vu un ſeul, qui parlât avec éloge d’un Livre eſtimé chez eux, & traduit dans un autre Langue. Il faut avouer que leur vanité ſe conduit à cet égard avec beaucoup de fineſſe : ſi un Ouvrage, dont ils font grand cas, déplaît aux Etrangers, c’eſt la faute du Traducteur ; &, s’il eſt aprouvé, ils donnent la plus haute idée de l’Original, en faiſant croire qu’il a été affoibli par la Traduction.

Ils me permettront pourtant de leur dire, qu’en parlant avec mépris généralement de tout ce qui paſſe de leur Langue dans une autre, ils ne peuvent que décrediter leurs Productions dans l’Eſprit des gens qui réfléchiſſent : ils font penſer, qu’il eſt impoſſible de bien traduire leurs Ouvrages ; ce qui fait ſoupçonner naturellement, que ce qui y frappe le plus conſiſte plutôt dans l’Expreſſion, que dans le Sens. Pour moi, qui ſuis au fait, & qui ai lu avec attention ce qu’ils ont produit de plus eſtimé, je ne ſaurois être de cette Opinion ; je ſais que leurs meilleurs Ouvrages ont une Bonté réelle, qui ne dépend pas du Langage, & dont on peut rendre à peu près l’équivalent dans toutes les Langues du Monde.

Si leurs plaintes, ſur le ſujet en queſtion, a encore quelque autre motif que la vanité, je croi qu’on peut le deviner ſans peine.

Les Anglois ſont outrez, & libres à l’excès, dans leur tour d’Eſprit, comme dans leur Conduite, & dans leurs Manières : leur Imagination pétulante s’évapore toute entière en Comparaiſons, & en Métaphores ; & je ſuis ſurpris que leurs plus habiles gens ont une eſtime & une vénération ſi grande pour les Anciens, dont ils imitent ſi mal le Naturel & la noble Simplicité. J’avouë que d’ordinaire leurs Expreſſions figurées, malgré la biſarrerie d’imagination qui s’y découvre, ont un Sens admirablement exact ; mais, dans le grand nombre, il s’en trouve d’extrêmement forcées, & dont il faut chercher la juſteſſe. Quoique ces Endroits frapent & charment les Lecteurs Anglois, dont le tour d’Eſprit eſt au niveau de celui des Auteurs, ils ne ſauroient que déplaire à des Etrangers d’un Eſprit plus exact, & moins fougueux ; &, par-là, un Traducteur sensé ſe voit dans l’obligation de mettre dans ſes Periodes quelque degré de chaleur de moins. Les Beaux-Eſprits Britanniques s’en aperçoivent ; & ils prennent un effet de prudence, pour un défaut de génie, & d’imagination : ils ſe plaignent de ce qui mérite peut-être des éloges.

Je finirai cette Préface, peut-être déjà trop longue, en avertiſſant que j’ai trouvé à propos de faire quelques Remarques dans les Endroits qui me paroissent pouvoir arrêter un Lecteur judicieux. Si j’avois voulu en faire aſſez pour rendre tout clair à des gens qui n’ont ni lecture, ni pénétration, le Commentaire auroit étouffé le Livre.