Le Congrès de statistique et la statistique agricole
CONGRÈS DE STATISTIQUE
ET
LA STATISTIQUE AGRICOLE
La statistique est-elle une science? — Malgré les prétentions et la ferveur de quelques adeptes, il ne nous paraît pas qu’elle doive être ainsi qualifiée. La statistique recueille les faits, elle les enregistre et les classe; puis elle les traduit en chiffres qu’elle encadre dans des tableaux, et, sous cette forme plus commode, elle les livre aux études des savans. Voilà son rôle, rôle modeste en apparence, important toutefois et d’une utilité incontestable. Bien qu’elle ne tire rien de son propre fonds, la statistique féconde le domaine de toutes les sciences; elle éclaire et agrandit le champ des découvertes. — Pour accomplir cette mission, elle peut employer des méthodes plus ou moins sûres, des procédés plus ou moins ingénieux; mais ce n’est pas à elle qu’il appartient de rédiger les lois définitives qui doivent résulter de ses observations : elle laisse à d’autres le soin de tirer des faits qu’elle constate la déduction scientifique; elle ne saurait donc être rangée au nombre des sciences.
La statistique est-elle un art? — Sous cette dénomination, elle prêterait singulièrement le flanc à la critique. Que n’a-t-on pas dit de l’art de grouper les chiffres, et n’est-ce point à leur trop grande habileté dans cet art bien connu que beaucoup de statisticiens ont dû attribuer le discrédit qui frappe leurs travaux? Ces malheureux chiffres, qui semblent au premier abord si rigides, si intraitables, sont au contraire d’une docilité et d’une élasticité vraiment merveilleuses. Ils manœuvrent comme des soldats disciplinés; on les presse en colonnes formidables, on les détache en tirailleurs; on les allonge, on les resserre, suivant la nature du terrain et les besoins du combat. Oui, la statistique alors est un art, mais un art fantasque et perfide dont on a depuis longtemps appris à se défier.
Si donc la statistique n’est pas une science, et si l’honneur de figurer parmi les arts est périlleux pour elle, comment la définir ? Cette définition est embarrassante. On comprend qu’un savant s’attache à observer attentivement les faits qui doivent confirmer ses découvertes ou le conduire à des découvertes nouvelles ; on comprend que l’homme d’état, que l’administrateur, que le négociant apportent le plus grand soin à étudier jour par jour et à exprimer en chiffres les résultats d’une loi, d’un règlement, d’une spéculation : les uns et les autres font de la statistique, et seuls ils peuvent, dans la sphère de leurs attributions, se livrer utilement à ce travail. Aussi bien nous faisons tous de la statistique, car tous nous avons à constater la régularité ou l’irrégularité, la permanence ou l’intermittence de certains faits, soit dans la vie publique, soit dans la vie privée ; mais un statisticien qui ne serait que statisticien, c’est-à-dire qui passerait son temps à remuer et à aligner des chiffres ! nous cherchons vainement la classification qui lui convient.
Loin de nous la pensée de contester les services que sont appelés à rendre les travaux statistiques : nous tenons uniquement à établir que ces travaux, au lieu de constituer, comme on l’a souvent prétendu, une science indépendante et spéciale, vivant et se développant par elle-même, dépendent directement au contraire de chacune des sciences au profit desquelles ils sont entrepris. De même qu’un astronome est seul en mesure de noter et de comparer les phénomènes qui marquent le cours des astres, de même le jurisconsulte nous paraît seul apte à rédiger la statistique judiciaire ; l’économiste, la statistique industrielle et commerciale, etc. Autrement, de l’ignorance des lois et des causes résulteraient les méprises les plus grossières dans la constatation des faits et des conséquences.
Ce que l’on doit rechercher surtout dans la statistique, c’est l’exactitude, Par malheur, cette qualité se rencontre rarement, même dans les travaux les plus estimables. Cela tient à diverses causes ; il faut s’en prendre à l’insuffisance des moyens d’information, à l’imperfection des méthodes, à l’extrême mobilité des faits qu’il s’agit de constater, et, pour une bonne part aussi, à l’aveugle manie qui pousse certains esprits, d’ailleurs distingués, à soumettre toutes choses au régime de la statistique. Quant à la statistique commune, qui a pour objet de placer en regard les faits analogues observés dans différens pays, les difficultés deviennent plus grandes encore, et les chances d’erreur se multiplient. Le relevé des faits n’a réellement d’utilité que s’il est établi suivant l’ordre et avec les divisions et catégories dont il convient de chercher le modèle dans la législation en vigueur ; or la législation varie selon les contrées, de telle sorte que pour faire rentrer dans un seul et même cadre les observations que par leur titre on suppose analogues, le statisticien se voit obligé de fausser trop souvent le caractère des faits. Ses tableaux contiennent des chiffres, beaucoup de chiffres, rien de plus. En outre, telle observation est praticable dans un pays et impraticable dans un autre. On peut, sur un territoire peu étendu, obtenir aisément des résultats qu’il serait absolument impossible d’atteindre sur un vaste territoire. Sans aller plus loin, que d’écueils pour la statistique comparée !
L’idée d’un congrès international remonte à l’exposition universelle de Londres. Ainsi que l’exposa M. Quelelet, président de la première session tenue à Bruxelles en 1853, cette pensée fut inspirée par le désir d’établir une comparaison exacte entre les produits, et de ramener à une même appréciation les forces et les richesses des différentes nations. Il s’agissait donc surtout d’améliorer la statistique comparée, reconnue si défectueuse. Le but était clairement indiqué, et la composition du congrès, au sein duquel figuraient la plupart des publicistes et des fonctionnaires qui s’intéressent au progrès des travaux statistiques, permettait d’espérer que les études, entreprises en commun, ne demeureraient pas stériles. D’ailleurs, en même temps que l’on s’attachait à perfectionner la statistique comparée, on devait naturellement s’occuper de la statistique particulière de chaque état : aussi le premier soin des membres du congrès fut-il de faire connaître quelle était, dans leurs pays respectifs, l’organisation administrative de la statistique. De même, à Paris, c’est par un exposé analogue que les travaux du congrès de 1855 ont été inaugurés.
Il existe dans la plupart des pays, comme en France, un bureau spécial de statistique; mais ce bureau n’a point partout les mêmes attributions. Tantôt, ainsi que cela existe en Prusse et en Bavière, il centralise tous les renseignemens qui lui sont transmis par les différentes administrations, et il est seul chargé de les publier. Tantôt il ne recueille directement et ne livre à la publicité que les informations dont l’objet ne se rattache pas d’une manière spéciale et directe aux diverses branches de l’administration; celles-ci alors se réservent la publication des documens qui les concernent. Le dernier système est le plus fréquemment employé. En Belgique, où les travaux statistiques ont pris un grand développement, on a institué une commission centrale, qui tient lieu de bureau, et qui correspond avec des commissions provinciales.
Le congrès de Bruxelles a émis le vœu, reproduit par le congrès de Paris, que l’on créât dans chaque état une commission centrale de statistique ou une institution analogue. Cette commission tiendrait le second rang dans la hiérarchie de l’organisation statistique, le premier rang étant dévolu au congrès international qui se réunirait à des périodes déterminées, et duquel émaneraient les décisions générales, destinées à guider les recherches et les publications dans les différées pays. Le congrès de Bruxelles demandait en outre la création de fonctionnaires, de bureaux et de commissions spéciales, correspondant avec la commission centrale et lui adressant de toutes les circonscriptions les renseignemens qui ne peuvent être recueillis et vérifiés que sur les lieux mêmes. En d’autres termes, il ne s’agirait de rien moins que d’établir une sorte de direction générale, pourvue d’une armée d’agens salariés ou non, répandus sur toute la surface du pays, et se livrant à la statistique depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin.
Que l’on adopte la première partie de la proposition, à savoir l’institution d’une commission centrale dans chaque état, il n’y a aucun inconvénient. Cette commission serait en mesure de signalera l’attention publique les documens recueillis et imprimés, soit dans le pays même, soit dans les pays étrangers, et, à ce point de vue, elle pourrait rendre aux hommes d’étude connue aux administrateurs d’utiles services, car, malgré la facilité des communications et des correspondances, on ignore bien souvent l’existence de tel ou tel document officiel, où se trouvent précisément réunies les informations dont on aurait le plus besoin. Mais que la commission soit chargée à titre général de la collection et de la publication de la statistique, voilà ce qu’il est difficile d’admettre, et il suffit de rappeler le principe en vertu duquel la rédaction de la statistique doit être confiée à ceux qui connaissent et appliquent les lois qui régissent chaque ordre de faits économiques ou sociaux. Il est nécessaire d’insister sur ce principe, parce que le système que l’on préconise dans l’intérêt d’une prétendue centralisation aurait pour résultat inévitable, non-seulement de multiplier les chiffres et les tableaux inutiles, mais encore d’accroître singulièrement les chances d’erreur, et par conséquent de discréditer complètement la statistique. Au lieu d’administrateurs qui informent le public et se tiennent eux-mêmes au courant des faits qu’il leur appartient d’apprécier et de comparer, on n’aurait que des statisticiens uniquement préoccupés d’aligner des totaux et de produire des moyennes, sans examen, sans critique. Pour la France, où toutes les administrations sont fortement organisées, il est désirable que chaque service demeure seul chargé du soin de publier les résultats qu’il constate. Peut-être la publicité devrait-elle être plus régulière et comprendre un plus grand nombre d’objets. À une époque où tant d’esprits éclairés concourent avec les fonctionnaires à l’étude et à la solution des problèmes si complexes qui intéressent la situation économique du pays, il y a tout avantage à mettre à la disposition de chacun les informations administratives; mais, sauf cette observation, les statistiques faites en France par les départemens ministériels sont évidemment beaucoup plus exactes qu’elles ne le seraient si les chiffres qui en forment les élémens étaient livrés à la merci d’une commission centrale, et l’exposé des motifs du décret du 1er juillet 1852, qui a organisé des commissions permanentes de statistique par canton, n’a point entendu modifier sur ce point le régime en vigueur.
Il serait trop long de passer en revue les nombreuses matières qui, à Bruxelles et à Paris, ont été soumises à l’examen du congrès international[1]. Les statistiques relatives au recensement de la population, à l’industrie, au commerce, à l’agriculture, aux établissemens pénitentiaires, aux institutions de bienfaisance, aux épidémies, etc., en un mot presque toutes les statistiques ont été tour à tour étudiées, et l’on a proposé des modèles, des cadres, afin d’obtenir pour tous les pays des renseignemens complets. Ces travaux, résumés dans des notes et dans des rapports dont une grande partie a été déjà publiée, seront lus avec profit; on remarquera cependant que dans la pratique les plans dont ils conseillent l’adoption sont encore très compliqués. Si. l’on tient à posséder des informations exactes, il faut bien se garder d’en trop demander. Assurément, il serait très désirable que des chiffres vrais pussent venir se poser dans les longues colonnes que l’on érige à la statistique de chaque science ou de chaque industrie; mais n’est-on pas suffisamment édifié sur l’abus de ces divisions et classifications multiples, qui, surtout dans les grands pays, ont produit des résultats si contestables? Il ne serait pas téméraire de prétendre que les membres les plus experts du congrès se trouveraient fort embarrassés, s’ils étaient condamnés à fournir, même pour la circonscription la plus restreinte, les observations détaillées qui figurent dans la plupart des programmes. Il vaut mieux recueillir peu de renseignemens avec la certitude qu’ils seront exacts que d’en recueillir un grand nombre avec la chance qu’ils soient faux. Cela est vrai surtout quand il s’agit d’une statistique comparée, qui doit être faite dans des régions différentes, et par conséquent à l’aide de procédés différens et au milieu de populations qui n’ont ni les mêmes lois, ni les mêmes mœurs, ni les mêmes habitudes.
Lorsque la statistique s’applique à des matières directement sujettes à l’impôt ou régies par des lois spéciales, il est possible et souvent même facile de l’extraire des documens administratifs. Ainsi, pour ne citer qu’un exemple, la statistique des importations est généralement exacte, au moins en ce qui concerne les principaux articles de consommation, parce qu’elle repose sur la perception d’un droit de douane; celle des exportations présente moins de garantie, parce que les taxes n’existent pas ou sont très minimes à la sortie, et que par suite la vérification des marchandises est moins rigoureuse. Le fisc dans tous les pays est un excellent statisticien, et l’on peut se fier à ses chiffres; mais en dehors de la catégorie de faits, assez nombreuse d’ailleurs, qui est soumise à l’inflexible règle de l’impôt et qui se prête à des comparaisons aisées, il y a une infinité de faits qui se développent sans contrôle et qu’il n’est pas moins essentiel de constater : tels sont ceux qui se rattachent au commerce intérieur, à l’industrie, à l’agriculture, c’est-à-dire aux grands phénomènes de la production et de la consommation. La statistique aspire avec raison à pénétrer et à voir clair dans ce vaste domaine; mais comment pourra-t-elle s’y reconnaître et obtenir des résultats, sinon tout à fait exacts (ce serait trop exiger), du moins approximatifs? Les difficultés abondent; il faut cependant les affronter bravement. Il est du devoir et de l’intérêt des gouvernemens d’encourager, de protéger les patientes recherches qui, si elles sont bien dirigées, fourniront la solution des plus graves problèmes économiques dont se préoccupe et s’inquiète même le temps présent.
Prenons la statistique agricole. C’est à coup sûr la plus difficile de toutes. Recenser la production du sol, mesurer l’étendue des cultures, évaluer les récoltes, dénombrer les têtes de bétail, opérer ces calculs dans toutes les parties d’un vaste territoire, telle est la tâche à accomplir. Le congrès, à Bruxelles et à Paris, s’y est appliqué avec le zèle le plus louable. Il a rédigé des programmes et indiqué des modes d’exécution. Il y aurait injustice à méconnaître l’autorité de ses conseils. Si la discussion publique, au sein des deux réunions, a paru trop écourtée, Les travaux intérieurs des comités et la préparation du rapport, rédigé par M. Block, attestent des études approfondies. Il faut toutefois examiner si les plans proposés sont de nature à doter chaque pays d’une statistique agricole.
D’après le programme, on procéderait à un recensement annuel et à un recensement décennal. On doit tous les ans connaître la superficie consacrée aux diverses cultures (céréales de chaque espèce, fourrages, vignes, légumes, plantes textiles, graines oléagineuses, etc.), apprécier la quantité et la valeur moyenne de produits récoltés sur ces superficies, recenser les bestiaux, constater l’emploi des machines, les perfectionnemens introduits dans les engrais et pour l’irrigation, etc. La statistique décennale doit, indépendamment des renseignemens annuels, embrasser dans ses recherches une étude approfondie de la condition des travailleurs agricoles et des faits économiques de toute nature qui peuvent influer sur les progrès de la production. « Il n’est pas douteux, a-t-on dit dans la note qui a servi de base aux délibérations du congrès, que les dimensions de ce cadre peuvent encore être élargies; mais il y aurait lieu de craindre qu’en donnant aux enquêtes agricoles une trop grande étendue, on ne finit par en compromettre le succès, soit en imposant aux recenseurs une tâche excessive, soit en inquiétant les populations. » Cette appréhension est très fondée, et on se demande comment, même avec le programme réduit aux proportions qu’on lui a laissées, les recenseurs pourront se tirer d’affaire. Mais à quels agens le congrès propose-t-il de confier le travail de la statistique agricole? — En principe, à des commissions gratuites dans chaque circonscription, et subsidiairement, si ces commissions fonctionnent mal, à des agens salariés par l’état. — Voilà le programme et le mode d’exécution.
Le système qui consiste à créer des comités locaux pour la réunion gratuite des documens statistiques a été institué en France par le décret du 1er juillet 1852. Il existe, en effet, aux termes de ce décret, une commission permanente de statistique au chef-lieu de chaque canton. Cette commission se compose des principaux fonctionnaires et des habitans notables; elle doit tenir à jour les travaux statistiques d’après un questionnaire qui a été rédigé par le ministère de l’agriculture et du commerce Ses réponses sont transmises au sous-préfet, puis au préfet, puis au ministère qui centralise l’ensemble du travail. Préalablement, elles ont été placées sous les yeux du public par un dépôt des pièces dans la salle de la mairie, et soumises à l’appréciation de la chambre consultative d’agriculture de chaque arrondissement, quand il s’agit de statistique agricole. Avec ce mode, on peut dire que la France entière travaille à la statistique, et le contrôle apparaît à chaque pas. Le décret du 1er juillet 1852 est en vigueur depuis trois ans. Le congrès n’a pas été mis en mesure d’apprécier les résultats qu’il a produits; mais on peut, sans trop de hardiesse, supposer que si la statistique agricole, recueillie comme il a été dit plus haut, est une statistique gratuite et très dévouée, elle ne doit pas être une statistique fort exacte. Bien que l’administration, éclairée par l’expérience, ait eu le soin de restreindre ses questionnaires primitifs, ceux-ci présentent encore trop de complication. Est-il admissible que tant de commissions locales aient partout un égal zèle, qu’elles comprennent également et interprètent dans le même sens les questions posées, qu’elles fournissent des élémens homogènes pour la préparation du tableau qui doit contenir le total de leurs calculs et représenter une statistique générale? Quant au contrôle successif des sous-préfectures et des préfectures, il ne suffit pas, à coup sûr, pour redresser les mille erreurs de détail qui, se multipliant par le nombre des commissions, finissent par former une énorme erreur, ni pour maintenir l’harmonie entre tant de chiffres. On est donc en droit de douter dès à présent de l’efficacité du mode établi en 1852. On a prévu, il est vrai, le cas où la commission locale ne pourrait pas être instituée dans de bonnes conditions : on la remplacerait par des agens salariés; mais ne serait-il pas à craindre que l’emploi simultané de deux catégories de statisticiens ne compromit singulièrement l’homogénéité du travail?
Il faut regretter que les représentans de l’Angleterre au sein du congres n’aient point pris part à la discussion, et qu’ils n’aient pas fait connaître les efforts tentés dans leur pays pour fonder la statistique agricole. Pendant la dernière session du parlement, un comité de la chambre des lords a été chargé d’étudier particulièrement cette question; son rapport, déposé vers la fin de juillet, est imprimé dans un blue-book qui contient l’interrogatoire des témoins entendus dans le cours de l’enquête. Il y a longtemps déjà que les Anglais ont compris l’importance de la statistique appliquée à l’agriculture. Avant d’adopter un système, ils ont fait des expériences : en 1831, en 1836, en 1845, des essais partiels ont été tentés dans quelques districts des trois royaumes, et en 1847 le gouvernement proposa un but pour rendre obligatoire la statistique agricole dans les comtés de l’Angleterre et du pays de Galles. D’après ce bill, tout individu cultivant plus de 3 acres devait être tenu, sous peine d’amende, de fournir les renseignemens qui lui seraient demandés par les agens de l’état civil, et de les transmettre à ceux-ci par l’intermédiaire de contrôleurs spéciaux, nommés pour chaque district et salariés. La direction supérieure et la centralisation du travail étaient dévolues au ministère du commerce (Board of Trade). — Le bill de 1847 fut retiré avant la seconde lecture, mais on poursuivit les expériences. En 1853, un crédit de 50,000 francs, et en 1854 un second crédit s’élevant à 250,000 francs, furent affectés par le gouvernement à la rédaction d’une statistique comprenant, d’une part, 11 comtés de l’Angleterre et du pays de Galles, d’autre part l’Ecosse entière. L’épreuve fut jugée décisive. Le comité de la chambre des lords put apprécier à la fois les résultats obtenus et les divers modes employés pour l’exécution : il put faire comparaître devant lui les fonctionnaires et les particuliers qui avaient concouru au travail, les fermiers dont il était si essentiel de connaître les impressions sur l’utilité et l’application pratique de la mesure. Le gouvernement n’avait pas hésité à dépenser, en deux années seulement, 300,000 francs pour expérimenter les différens systèmes pendant qu’il consacrait ainsi à de simples essais les fonds de l’échiquier, les économistes, les négocians et les fermiers eux-mêmes, voyant qu’sait d’un projet sérieux, se livraient de leur côté à d’utiles investigations pour découvrir le meilleur plan de statistique agricole. C’est en présence ses renseignemens qui lui sont arrivés de toutes parts et qui se retrouvent dans un blue-book, c’est à la suite d’expériences répétées, que la commission de la chambre des lords a rédigé, les conclusions suivantes dont elle demande instamment l’adoption définitive :
« La formation régulière des statistiques agricoles dans le royaume-uni est un objet d’intérêt national, et parmi les nombreuses classes qui seraient appelées à en profiter, ce serait la population agricole qui en retirerait assurément les plus grands avantages. Il convient qu’un acte du parlement confère à l’administration les pouvoirs nécessaires pour forcer les propriétaires ou cultivateurs à fournir les renseignemens statistiques. Le ministère du commerce doit être chargé de la direction générale du service pour la réunion des statistiques dans la Grande-Bretagne; il emploiera pour l’Angleterre les agens chargés de percevoir la taxe des pauvres, et pour l’Écosse la Société d’agriculture (Highland Society); en Irlande, le gouvernement emploiera comme par le passé les services de la police, et il se mettra en rapport avec le ministère du commerce, afin d’introduire dans les documens recueillis sur les divers points du royaume l’homogénéité désirable. On dressera chaque année deux états, l’un contenant les faits, l’autre les évaluations. L’état des faits indiquera le dénombrement du bétail ainsi que l’étendue du terrain consacré à chaque culture; il devra être préparé vers le 15 juillet : l’état des évaluations indiquera les chiffres approximatifs du produit de la récolte, et il sera dressé entre le 1er et le 30 novembre. Dans l’Angleterre et dans le pays de Galles, l’enquête ne s’appliquera qu’aux propriétés de plus de deux acres[2]. Les registres des taxes paroissiales seront mis à la disposition des agens officiels chargés de la statistique agricole. Il convient que les dépenses nécessaires pour la rédaction de la statistique soient imputées sur le budget général. »
Il ne faut pas être surpris que dans les trois grandes divisions du royaume-uni le même système n’ait pas été jugé applicable. On sait qu’en Irlande la police a été constituée de telle sorte qu’elle pourrait à la rigueur remplacer tous les services; ses nombreux et habiles agens étaient naturellement désignés aux préférences du comité pour l’exécution d’une enquête qui exige des investigations très minutieuses. En Écosse, la Société d’agriculture, connue sous le nom de Highland and Agricultural Society, exerce une grande influence; sa fondation remonte à près d’un siècle; autour d’elle se sont groupés un grand nombre de sociétés locales dont elle inspire les travaux. Les plus riches propriétaires et les principaux fermiers sont en rapports constans avec elle; enfin c’est la société Highland qui, par les soins de son habile secrétaire, M. John Hall Maxwell, a procédé, en 1853 et en 1854, aux essais statistiques dont nous avons plus haut signalé le succès. L’organisation de la statistique agricole était donc à peu près complète en Écosse, et le comité propose naturellement de conserver un mécanisme déjà éprouvé. Quant à l’Angleterre et au pays de Galles, on a pensé que l’on pourrait utilement avoir recours au Board of Guardians, chargé dans chaque circonscription ou union de suivre les opérations de la taxe des pauvres, en l’invitant : 1° à nommer dans son sein une commission statistique; 2° à faire répandre dans chaque paroisse les formules que doit remplir chaque cultivateur, et à les faire ensuite recueillir par ses agens, exerçant ainsi, pour la statistique, les fonctions d’enumerators; 3° à confier au commis du Board le soin de réunir et de classer les informations émanées des diverses paroisses qui dépendent de l’union. L’ensemble de ces documens serait ensuite transmis au ministère du commerce par l’intermédiaire du Poor-Law Board.
Ce système ne proscrit pas les commissions locales; le comité s’empresse même, dans son rapport, de reconnaître les services qu’elles ont rendus lors des précédentes enquêtes; mais, prévoyant le cas où elles refuseraient leur concours, il maintient dans toutes les circonscriptions, et, s’il y a lieu, en dehors de l’action des Boards of Guardians, les emplois nécessaires pour la réunion et la classification des bulletins statistiques. Ces emplois seraient salariés; ils constitueraient dans l’administration britannique une branche nouvelle d’attributions, et ils existeraient partout, alors même que les commissions locales ne répondraient pas à l’appel qui leur serait fait. Ainsi, au lieu d’une statistique gratuite, à l’instar de celle qui a été établie en France, on aurait une statistique rémunérée, c’est-à-dire soumise à une responsabilité sérieuse, revêtue d’un caractère officiel, procédant partout avec le même esprit et dans les mêmes formes. En second lieu, il convient de remarquer que, dès la présentation du bill de 1847, le gouvernement avait reconnu la nécessité de rendre obligatoire pour les propriétaires ou les fermiers la communication des documens statistiques, et de frapper d’amende les refus de concours ainsi que les déclarations fausses ou incomplètes. Dans l’enquête de 1854, tous les témoins entendus ont affirmé que cette condition était indispensable, si l’on voulait obtenir des chiffres à peu près exacts, et le comité de la chambre des lords n’a pas hésité à proposer l’emploi de mesures coercitives.
Il résulte enfin de l’enquête anglaise que les bulletins statistiques doivent être très simples et ne comprendre que les objets indispensables : on a même critiqué, comme surabondantes et pouvant devenir la source de graves erreurs, certaines indications que l’administration de la police en Irlande a demandées jusqu’ici aux cultivateurs. Cette observation doit s’appliquer à tout travail statistique, et elle a été trop souvent perdue de vue; mais elle s’applique surtout à une statistique agricole, qui exige un grand nombre d’agens et qui ne saurait présenter d’utilité réelle qu’à la condition d’être recueillie dans un délai assez court. Quel est d’ailleurs le but de cette statistique? Le plus essentiel, sans aucun doute, est de faire connaître au gouvernement et au pays : 1° à l’époque des semences, l’étendue de sol qui est consacrée aux substances alimentaires, afin que l’on apprécie à l’avance le chiffre normal de la production; 2° après la récolte, le chiffre réel ou très approximatif de cette production, afin que l’on juge s’il y a lieu de provoquer les importations de l’étranger, et dans quelle mesure; 3° enfin les ressources que l’on possède en bestiaux. Voilà ce qu’il convient de savoir annuellement. Les congrès de Bruxelles et de Paris ne se sont pas placés au même point de vue : ils ont eu la pensée de recenser dans chaque pays les forces productives, non-seulement en ce qui concerne les denrées alimentaires, mais encore pour toutes les autres branches de culture. Les programmes qu’ils ont rédigés avec tant de soin, et qui pourraient être considérés en quelque sorte comme un modèle de classification agricole, ont une portée plutôt scientifique que pratique. En Angleterre, les plans de statistique dont on propose l’exécution ont exclusivement pour but de fournir aux producteurs, aux négocians et aux consommateurs, c’est-à-dire au pays tout entier, l’exposé fie la situation alimentaire de chaque année. Or il est bien évident que cette façon d’envisager et de pratiquer la statistique est de beaucoup la plus utile, et qu’elle mérite d’être recommandée à l’attention de tous les gouvernemens.
Un économiste distingué, M. Leone Levi, mandé devant le comité des lords, a parfaitement exposé les avantages qui résulteraient de la statistique agricole, dans l’intérêt de l’alimentation populaire, de l’industrie, du commerce et de l’agriculture elle-même. L’Angleterre est obligée, chaque année, de demander à l’importation étrangère le complément de ses approvisionnemens. De 1840 à 1846, l’importation annuelle des grains a été en moyenne de 3 millions de quarters[3]; de 1847 à 1853, cette moyenne s’est élevée à 9 millions et demi de quarters. On sait par l’expérience que le prix du grain est en quelque sorte le baromètre sur lequel se règle la hausse ou la baisse de tous les autres articles, ainsi que la situation du marché monétaire. Or comment se détermine aujourd’hui le prix du grain? A l’aide d’impressions values et d’informations sommaires recueillies par un petit nombre de négocians ou de spéculateurs qui très souvent sont intéressés à faire circuler de fausses nouvelles, pour faciliter soit leurs achats, soit leurs ventes. On n’ignore pas qu’il y a déficit et que l’on devra introduire des céréales étrangères, mais dans quelle proportion? Si l’on se trompe sur l’importance du déficit et que l’on tarde à envoyer les commandes au dehors, les prix haussent brusquement, et l’approvisionnement devient d’autant plus difficile que d’une part les autres pays ont pris les devans pour faire leurs achats sur les marchés abondamment pourvus, et que d’autre part, les navires disponibles ne suffisant pas au transport simultané de fortes cargaisons de grains, le fret s’élève à un taux exagéré. En même temps, le numéraire sort du pays par grandes masses, et l’équilibre du marché monétaire est sensiblement affecté au détriment du commerce et de l’industrie. Quant au fermier, il ne profite pas de la hausse, car il a vendu ses grains avant que le déficit ne fut constaté, et il éprouve le dépit de voir les spéculations réaliser sur le produit de ses récoltes de larges bénéfices dont il eût été plus juste que son travail fût rémunéré. Si au contraire on pouvait, à l’aide d’informations inspirait confiance et recueillies par l’entremise désintéressée du gouvernement, se former chaque année une idée à peu près exacte des ressources alimentaires, le commerce prendrait, en temps utiles, ses dispositions pour l’achat au dehors, les prix s’établiraient dès l’origine à leur véritable taux, on ne verrait plus les oscillations si brusques qui se manifestent sur le marché des céréales et qui mettent en état de crise toutes les branches d’industrie; le commerce des grains échapperait aux soubresauts irréguliers de la spéculation, et ce serait le cultivateur qui profiterait de la hausse normale dont jouissent toutes les marchandises, y compris les céréales, lorsque la demande excède l’offre. Tel serait le résultat de l’enquête agricole, non pas minutieuse et compliquée, telle que la science pure l’exigerait, mais approximative et rapide, telle que les esprits pratiques de l’Angleterre voudraient l’obtenir annuellement. L’Europe entière, la France surtout, est intéressée au succès des propositions faites par le comité de la chambre des lords. L’Angleterre est le marché régulateur du prix des céréales, puisque le déficit de la production est chez elle permanent, et que par suite son commerce est toujours plus ou moins en quête de grains pour compléter l’approvisionnement intérieur. Informée à temps de l’état des récoltes anglaises, la France peut, si celles-ci sont évaluées au-dessous de la moyenne et si sa propre récolte est abondante, se préparer à une exportation considérable et exploiter les bénéfices que lui offre le débouché voisin. Si, au contraire, notre récolte parait devoir être insuffisante, nous sommes prévenus que nous rencontrerons nécessairement sur les marchés étrangers la concurrence des négocians anglais, et nous pourrons, en temps utile, suivant le degré constaté du déficit britannique, hâter plus ou moins nos demandes au dehors et nous attendre à des prix plus ou moins élevés. En un mot, la situation du marché anglais étant connue, le commerce français agira plus sûrement à l’intérieur comme au dehors, et le gouvernement pourra utilement faire usage des moyens que la législation lui donne pour favoriser ou entraver, selon les cas, l’exportation ou l’importation des céréales.
Mais à la connaissance exacte de la situation du marché anglais, la France devrait joindre, par des procédés analogues, l’étude de son propre marché. Bien que ses produits agricoles soient en général suffisans pour les besoins de la population, elle est parfois exposée au déficit, et. alors elle subit, comme la Grande-Bretagne, toutes les conséquences d’une crise alimentaire mal calculée ou se révélant trop tard. La statistique ne comblerait pas le déficit, mais elle le signalerait de manière à éveiller la prudence et à prévenir la panique. Il appartient à l’administration supérieure de décider si le plan proposé en Angleterre serait applicable en France, c’est-à-dire si l’on pourrait exécuter le recensement agricole de par la loi et à l’aide d’agens salariés. Nous n’y voyons pas d’empêchement absolu. Les cultivateurs anglais ne sont pas plus désireux que ne le soin les cultivateurs d’autres pays d’ouvrir leurs registres et de révéler le secret de leurs affaires. Lors de l’enquête de la chambre des lords, on a rendu compte des difficultés éprouvées sur certains points pour obtenir les informations nécessaires. Quelques propriétaires s’étaient montrés récalcitrans par tempérament ou par principe; d’autres, moins farouches, se figuraient que l’œil du fisc allait lire leurs déclarations, et ils se défiaient; quant aux fermiers, ils craignaient souvent fournir au landlord un prétexte pour élever le taux de la rente. Mais, en moins de deux ans, ces préventions et ces craintes se sont en partie dissipées, et chaque jour, sous l’influence de la presse et de nombreux meetings, la cause de la statistique agricole gagne du terrain. Pourquoi n’en serait-il pas de même en France? — Quant au choix des agens qui devraient être chargés du recensement, on ne saurait dire qu’il offrirait plus de difficultés en France qu’en Angleterre, où le personnel administratif est beaucoup moins fortement organisé. Si l’on augmentait le nombre des inspecteurs de l’agriculture et si on mettait à leur disposition certains agens qui, moyennant un faible salaire ajouté au traitement de leurs fonctions, déposeraient, et reprendraient les questionnaires auxquels chaque cultivateur serait légalement tenu de répondre, si enfin, à côté de cette organisation salariée, on maintenait le concours gratuit et dévoué des commissions cantonales, qui exerceraient sur l’esprit comme sur les déclarations des cultivateurs une influence et un contrôle très salutaires, ne serait-on pas en bonne voie pour atteindre le but? A l’objection tirée de la dépense, nous répondrions que dans un pays tel que le nôtre, cette dépense, fût-elle d’un million par an, est insignifiante en regard des avantages que la mesure doit procurer et des inconvéniens ou périls même qu’elle peut atténuer. Devant le comité de Londres, M. Leone Levi, dont nous avons cité le témoignage, déclarait que dans sa pensée une bonne statistique agricole de l’Angleterre vaudrait bien un déboursé annuel de 100,000 liv. st. (2,500,000 fr.). Quant aux obstacles pratiques, on ne saurait se les dissimuler : il faudra que plusieurs années s’écoulent avant que les cultivateurs se prêtent sincèrement à l’exécution du nouveau régime, avant que le personnel des agens salariés et même celui des commissions aient acquis l’expérience nécessaire. Les témoins entendus par le comité de la chambre des lords ont déclaré franchement que les premiers recensemens seraient fort incomplets. Néanmoins à la longue ces obstacles seront vaincus, et alors non-seulement on aura la statistique agricole annuelle, recueillie surtout au point de vue de la question alimentaire, mais encore on possédera les instrumens indispensables pour entreprendre efficacement, à des périodes plus éloignées, la statistique complète dont le congrès international a, dans ses deux sessions de 1853 et 1855, rédigé le programme. Entreprendre cette statistique avant d’avoir créé un personnel et longuement préparé le terrain, c’est, pour emprunter une locution inspirée par le sujet même, mettre la charrue avant les bœufs.
Le congrès aura d’ailleurs rendu un grand service en étudiant, dans ses deux sessions, l’importante question de la statistique agricole. Après lui, et à l’instigation des hommes distingués qui représentaient dans son sein les principaux états de l’Europe et du Nouveau-Monde, on verra les gouvernemens se mettre à l’œuvre. Grâce aux progrès de la navigation et au développement du génie commercial, armé de l’électricité et de la vapeur, les disettes qui, dans le cours des derniers siècles, ont décimé les populations ne sont plus à redouter, et le niveau de l’approvisionnement alimentaire doit peu à peu s’établir, à la condition que chaque pays sache évaluer en temps utile l’excédant de sa production ou le chiffre de son déficit. Cette évaluation, entourée, aujourd’hui encore de tant de difficultés, deviendra presque facile à mesure que les saines notions d’économie politique se propageront parmi les peuples, et que la statistique perfectionnera ses procédés. C’est en éclairant chaque pays sur ses forces productives et sur les ressources que lui offrent les régions voisines, c’est en procurant à l’homme d’état et à l’économiste des informations exactes sur les évolutions naturelles des faits comme sur les conséquences des lois appliquées à ces mêmes faits, que la statistique se relèvera au rang qui lui appartient, et qu’elle obtiendra une confiance, une popularité légitime. Il lui en coûtera peut-être d’abdiquer les prétentions scientifiques que certains esprits trop ambitieux voudraient encore lui inspirer; mais qu’elle se contente d’être l’auxiliaire indispensable de toutes les sciences, la lumière qui éclaire tous les problèmes : elle n’en sera pas moins digne de figurer utilement dans les délibérations d’un congrès international.
C. LAVOLLEE.
- ↑ Voici l’énumération des questions qui ont été examinées par le congrès : — statistique des voies de communication; rapporteur, M. de Franqueville (France). — Établissemens pénitentiaires; rapporteur, M. Paul Bucquet (France). — Commerce extérieur; rapporteur, M. Fleury (France). — Accidens dans les mines et sur les voies de communication; rapporteur, M. de Boureuille (France). — Accidens dans les usines et manufactures; rapporteur, M. Achille Penot (France). — Épidémies; rapporteur, M. Tholozan (France). —Nosologie des décès; rapporteur, M. Marc d’Espine (Genève). — Aliénation mentale; rapporteur, M. Parchappe (France). — Établissemens de prévoyance ; rapporteur, M. Julien France). — Idiotie et crétinisme; rapporteur, M. Boudin (France). — Statistique agricole; rapporteur, M. Maurice Block (France). — Statistique des grandes villes; rapporteur, M. le baron Ch. Dupin (France). — Statistique judiciaire et civile; rapporteur, M. Bayle-Mouillard (France). — Vœu pour la création de commissions centrales de statistique dans chaque pays; rapporteur, M. le baron de Czœrnig (Autriche).
Ces rapports doivent être publiés; les procès-verbaux des séances du congrès ont été insérés au Moniteur (n° des 11, 13, 14, 15 et 16 septembre 1855). - ↑ L’acre = 40 ares 46 centiares.
- ↑ Le quarter = 2 hectolitres 90 centilitres.