À mon frère
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à mon frère

Sous-lieutenant de dragons.



À toi je veux offrir d’abord mon nouveau livre,
Frère, pour que là-bas les fanfares du cuivre,
S’envolant à la brise avec d’ardents frissons,
T’apportent un écho lointain de mes chansons.

Pour qu’auprès des soldats cheminant sur la route,
Calme dans le devoir, sans regret et sans doute,
Tu penses à ton frère, au poète qui suit
Un sentier périlleux, seul, à travers la nuit.

Et pour que retrouvant les heures écoulées,
Tu reviennes le soir, parcourant nos allées
Au fond du parc ombreux, rêver comme autrefois
Dans la sérénité profonde des grands bois.

Si je suis trop païen, si ma philosophie
Est trop désespérée, ou si je glorifie
Trop durement la mort, Frère, rappelle-toi
Que tu n’écoutes pas un Docteur de la Loi,

Mais un chanteur, jetant ses tristes rêveries
Aux nuages, aux prés couverts d’herbes fleuries,
Aux bruyantes cités, car, neveu de Villon,
Je suis fils d’Hésiode et fervent d’Apollon.