Le Christianisme et l’esclavage/Texte


DU CHRISTIANISME

ET DE L’ESCLAVAGE.


L’esclavage remonte aux premières origines du monde. Prétendre qu’il devait entrer dans la trame de nos destinées, c’est à la fois blesser la vérité, déroger à Dieu et à la noblesse de notre nature, c’est établir le désordre comme un élément de la création. En effet, qu’est-ce que l’esclavage ? quelle est son essence ? faut-il le placer dans les deux extrêmes d’une domination absolue et d’un asservissement sans limites, dans une dépendance telle qu’elle se confond avec le droit d’une propriété réelle ? Cette soumission aveugle, cette possession de l'homme, acquise ou usurpée par un autre homme, pourra bien nous représenter le fait, la forme extérieure de l’esclavage, mais son essence et sa cause, nullement. On se demandera : Comment un homme a-t-il pu prendre un tel empire sur son semblable ? comment s’est-il trouvé sur la terre des êtres assez faibles ou plutôt assez dégradés pour se résigner et respirer sous le joug ? pourquoi l’esclavage a-t-il pesé plutôt sur certaines races de l'espèce humaine que sur d’autres ? Le développement progressif des passions, l’inégalité des forces de l’esprit et du corps pourraient-ils être considérés comme une solution satisfaisante de problèmes aussi mystérieux ? et en les adoptant comme tels, c’est-à-dire en prenant pour cause ce qui n’est qu’un effet, il faudra prouver que l’action des passions envahissantes et impitoyables, qu’une inégalité de forces qui devait aboutir à la tyrannie, que le désordre et la violence étaient des éléments compris dans l’institution créatrice de l’homme. Mais alors on sera nécessairement en opposition avec une raison saine et religieuse, avec les traditions de tous les peuples. Reste donc à chercher l’origine, l’essence et la cause de l’esclavage dans une perturbation primitive, dans un abus criminel de la liberté, dans ses conséquences et le degré de culpabilité dont se souillèrent les différentes races, et partant dans une dégradation volontaire et héréditaire. Il y a eu servitude intérieure, asservissement de rame, avant que sa triste image, la servitude extérieure, ne régnât sur le monde. Alors la troupe des esclaves et l’orgueil de leurs maîtres attestèrent qu’un grand crime avait été commis, et qu’à la loi d’amour, à la loi de pénétration d’esprit à esprit, avait été substituée la loi du commandement et de l’envahissement. L’homme perdit ses droits pour avoir violé ses devoirs. En effet la source de nos droits réside dans nos devoirs ; nos devoirs et nos droits s’engendrent réciproquement, leur racine est la même ; c’est l'ordre, la mesure, l’harmonie qui sépare le bien du mal, la loi suprême de notre institution primitive. « Le devoir est ce que Dieu nous ordonne de faire, le droit est ce qu’il nous permet et ce qu’il commande aux autres de faire pour nous. Il est de notre devoir d’assister nos semblables dans le besoin, et nous avons droit d’exiger d’eux l’assistance en pareil cas. Ce n’est pas pour nous un devoir d’exercer nos droits dans toute leur étendue et dans toute leur rigueur. Droit et devoir sont donc corrélatifs : la loi ne peut me donner un droit à l’égard de mes semblables, sans leur imposer le devoir de me l’accorder et sans m’imposer aussi des devoirs à leur égard ; autrement elle me favoriserait à leur préjudice. Ainsi nos devoirs sont toujours proportionnés à nos droits[1]. Nos droits sont les privilèges et les excellences de notre nature créée à l’image de Dieu, nos devoirs les voies et les moyens qui doivent les réaliser et nous en assurer la possession définitive. Sans droits point de devoirs. Lorsqu’il est dit à l’homme : Un seul Dieu tu adoreras, voilà un devoir qui lui est imposé, ce devoir se transforme en un droit dans ses rapports avec les autres hommes ; car s’il doit adorer Dieu, il acquiert le droit imprescriptible de le faire, et quiconque, par quelque moyen que ce puisse être, met obstacle à l’accomplissement de ce devoir, viole un droit des plus sublimes et des plus incontestables, et assume par là même sur sa tête toutes les conséquences de cette violation. Lorsqu’il est dit à l’homme : Tu ne voleras point, voilà un devoir qui à son tour engendre un droit ; car s’il ne doit point voler, il a droit à n’être point volé. Le principe sur lequel repose la propriété donne naissance a un devoir et à un droit : à un devoir, lorsque l’initiative de l’action part de nous ; à un droit, lorsque l’initiative de l’action est en dehors de nous et qu’elle doit s’exercer par rapport à nous. C’est ainsi que de tout devoir ressort un droit et réciproquement. Un devoir sans droit, telle est peut-être la définition la plus rigoureuse de la tyrannie ; il représente une obligation arbitraire, isolée, sans garantie, sans lien dans l’ensemble des choses. Un droit sans devoir est le rêve le plus désordonné de la licence, c’est une usurpation, une puissance sans frein, une arme à l’ordre des passions. Dans l’un et l’autre cas, le caprice et la fiction en contravention flagrante avec la mesure et l’harmonie de la loi créatrice, ne peuvent qu’enfanter une perturbation morale et sociale qui conduit à la mort : l’homme est de toute nécessité opprimé ou oppresseur. La corrélation entre le devoir et le droit et l’identité de leur origine étant posées, il s’ensuit qu’enfreindre un devoir c’est violer un droit, c’est attenter aux rapports et aux proportions sur lesquels repose le bien et le juste, c’est s’isoler au milieu de la création et rompre l’anneau qui unit Dieu, les hommes et les choses. Ainsi celui qui refuse à Dieu l’adoration et l’amour qui lui sont dus, foule à ses pieds le droit d’adorer et d’aimer Dieu, c’est-à-dire le plus noble fleuron de sa nature d’homme ; il abdique, par conséquent, la gloire, les lumières, la force qui découlent de nos rapports avec la divinité, et, n’étant plus contenu par Dieu, il tombe sous la puissance de ses semblables ou de créatures inférieures. Celui qui dérobe ce qui ne lui appartient pas renonce implicitement au droit de n’être point volé, non pas qu’il soit permis de voler un voleur, pas plus qu’il n’est permis à tout homme indifféremment de tuer un assassin ; mais par son attentat au principe de la propriété, il provoque les agents et les représentants de l’ordre social à réagir contre lui et à le priver, dans une mesure donnée, de son droit à la propriété. Voilà comment la violation d’un devoir enchaîne avec elle l’anéantissement d’un droit, voilà comment les rapports primitifs, si merveilleusement harmoniques avec notre dignité et notre bonheur, intervertis et faussés par une volonté aveugle et criminelle, se tournent contre nous, suspendent dans notre être l’écoulement de la vie et le livrent en proie au trouble et à la violence. On peut donc affirmer que là où de grands droits sont méconnus et opprimés, là de grands devoirs ont été violés et profanés. La tyrannie, le despotisme, la servitude se traînent aussi nécessairement à la suite des excès du vice et des passions, que les maladies derrière les excès de la débauche et de l’intempérance. L’histoire a-t-elle une page qui n’atteste la vérité de cette observation ? Oui, toujours les abus les plus exécrables, le débordement et la corruption d’une nation ont été la verge et le fléau qui l’ont flagellée, le marche-pied sur lequel se sont posés ses despotes et ses tyrans pour humilier sa tête. Un despote régissant un peuple vertueux ou bien une âme vertueuse un peuple dégénéré offrent une anomalie aussi rare qu’éphémère. Il y a dans la vertu une force secrète qui repousse le vice, comme dans le vice un rayonnement d’antipathie contre la vertu. Cette lutte, cette répulsion entre le bien et le mal, entre l’égoïsme et le dévouement, les principes et l’intérêt matériel, se révèlent d’une manière d’autant plus sensible entre les gouvernants et les gouvernés, que, liés entre eux par une espèce de solidarité, ils en perçoivent les conséquences souvent immédiates. Leur influence réciproque, leurs rapports sont trop intimes pour qu’il ne s’établisse pas entre eux un certain équilibre ; et c’est sous ce point de vue que tout pouvoir est toujours l’expression de la somme de vices et de vertus qui régnent dans un peuple.

L’infraction d’un devoir, un désordre moral et par suite une dégradation de l’âme humaine, telle est donc l’origine et la cause de l’esclavage, de cette plaie qui a dévoré la terre pendant un laps de temps si effrayant et dont elle n’est pas tout à fait guérie. L’homme a été lié, a été esclave, à l’intérieur, esclave de lui-même, avant de l’être à l’extérieur et pour le compte d’autrui ; personne ne peut entrer dans la maison de l’homme fort, a dit la vérité incarnée, et lui piller son bien s’il ne l’a premièrement lié : il peut alors piller sa maison[2]. La force, l’ambition, la féroce antipathie des races n’ont été que les puissances exécutrices d’une destinée, dont le germe avait été posé librement, et n’ont pu se développer et tracer leur sillon que dans une confusion générale de tout devoir et de tout droit, dans un naufrage lamentable de l'énergie et de la noblesse de l’homme, en un mot dans un monde ouvert de toutes parts à la violence de l’envahissement. Elles accomplirent leur œuvre avec une fidélité si désespérante ; sous leur influence la dégradation empira et se manifesta par des symptômes si tranchés que les peuples de l’antiquité regardèrent unanimement les esclaves comme une race inférieure au reste de l’humanité. On conçoit que cette opinion pouvait jusqu’à un certain point leur expliquer les vices et l’infériorité relative des esclaves, que même elle n’était qu’un écho affaibli, que l’ombre incertaine et trompeuse d’une tradition qui faisait naître la servitude d’un désordre antérieur à la servitude elle-même, et de la culpabilité plus ou moins perverse qui avait affecté les différentes races. On conçoit encore qu’elle ne pouvait être détruite que par une lumière supérieure, dont l’antiquité payenne était privée, et que le remède à l’esclavage pouvait seul indiquer aux hommes sa véritable origine.

À la faveur de cette lumière, le principe de l’esclavage pouvait être attaqué dans son essence la plus intime et desséché dans ses racines les plus profondes. Il devenait possible de descendre dans les replis les plus secrets du cœur humain, de sonder la plaie qui le rongeait, de calmer ses douleurs, de le rajeunir par la pureté, de faire revivre la vérité et l’excellence de ses rapports avec Dieu et ses semblables. Si par hypothèse un homme, apparaissant dans l’antiquité, eût par l’effet d’une puissance magique brisé soudain les fers des esclaves, qu’en serait-il résulté ? une révolution des plus sanglantes qui eût jamais agité le monde, un déchaînement d’atrocités et de barbaries, dont le dernier dénouement eût ramené infailliblement l’esclavage sur la terre ; pourquoi ? parce qu’il est dans la nature des choses qu’un fait se reproduise, toutes les fois que son germe n’a pas été anéanti : or le germe de l’esclavage résidait dans l’intérieur de l'homme ; c’était là d’abord que sa dissolution devait s’opérer sous le souffle de la parole de vie à la fois destructive et créatrice. Violence et impuissance étaient, dans cette situation de l’humanité, paroles synonymes. Dire à un peuple : Va, je t’affranchis, n’est qu’une amère dérision ! Un peuple est libre lorsqu’il en est digne ; il en est digne, lorsqu’il naît à la vérité. C’est donc en réalité la vérité qui l’affranchit : il rentre en possession de sa liberté comme le malade de la santé, par la guérison préalable du mal qui l’opprimait. L’homme, infidèle à la loi primitive de ses devoirs, avait perdu ses droits, le sceau divin qui le rendait vénérable parmi ses semblables, leur esprit et leur secours, la liberté de ses actes extérieurs, la puissance de la vertu, le lien de l’amour : l’accomplissement de ses devoirs et par eux le recouvrement de sa dignité personnelle était donc le seul moyen de lui rendre ses droits. Il était vendu au péché, avant de l’être à la servitude ; par conséquent il s’agissait avant tout de le délivrer de ses vices, de le rappeler à sa sublime destination, de ranimer et vivifier son être moral et spirituel, languissant et appauvri. Un rachat, une rédemption était donc nécessaire.

Tel est en effet le plan suivi, exécuté par le rédempteur de l’humanité, lui qui devait mener captive la captivité et répandre ses dons sur les hommes. Nous ne lisons nulle part qu’il ait exhorté les maîtres à affranchir leurs esclaves, ni Stimulé les esclaves à secouer le joug de leurs maîtres. Le joug et les liens doivent plus tard se briser comme par enchantement et l'effet suivre la cause au temps marqué. Le monde lui apparaît comme un vaste esclavage, où gémissent pêle-méle et ceux qui commandent et ceux qui obéissent. Une parole, une seule parole lui a suffi pour l’en convaincre : Quiconque commet le péché est esclave du péché. Il signale, il explique en toute occasion les causes et les transformations de cet esclavage général, il marque le chemin de la seule et vraie liberté, en enseignant à l'homme la source de ses devoirs et de ses droits : Aime Dieu par dessus toutes choses et ton prochain comme toi-même. Il réprouve et abolit l’antipathie et les prétentions des races, et pose comme mesure de la valeur de tout homme le type de sa divinité incarnée. «Qui est ma mère et quels sont mes frères», dit-il, et regardant ceux qui étaient autour de lui : «Voilà ma mère et mes frères ; car celui qui fait la volonté de Dieu est mon frère, ma sœur et ma mère»[3]. A la loi du commandement il substitue la loi de l’amour et du dévouement : «Les rois des nations dominent sur elles, dit-il, et ceux qui ont autorité sur les peuples sont appelés bienfaiteurs. Il n’en doit pas être ainsi parmi vous ; que celui qui est le plus grand se rende comme le plus petit, et que celui qui gouverne soit comme le serviteurs»[4]. Il ennoblit, exalte, étend, fortifie notre nature par l’amour : poursuivant jusqu’à la dernière extrémité la cause de l’esclavage, il immole en son propre corps, image du péché, le corps de la servitude, enfantée par le péché, et afin que sa pensée fût évidente pour tous, il meurt du supplice des esclaves. Sa mort et par sa mort la rédemption étaient la promulgation la plus haute, la plus énergique d’un affranchissement universel. Mais sa réalisation exigeait avant tout que l’esprit de sacrifice, que la vie régénératrice investissent les peuples et leur apprissent à porter la liberté.

Les apôtres suivent fidèlement la voie que leur maître a frayée. Surs de l’avenir, ils mettent la main à l’œuvre. Devant eux se déroule le tableau gigantesque de l’esclavage. Parcourez dans l’antiquité ces nations si vantées par leur liberté et leur civilisation, vous trouverez partout l'inégalité la plus révoltante, partout des castes privilégiées et des castes proscrites, partout des maîtres et des esclaves. L’Egypte a des prêtres, espèce de tyrans religieux, qui laissent le peuple languir dans une perpétuelle enfance, et lui ferment la voie des honneurs et de la fortune. La Gaule a des druides qui cachent soigneusement leur science et leurs mystères ; l'Inde des brabmes et des parias qui n’ont rien de commun que la forme humaine ; Sparte, Athènes ont plus d’esclaves que de citoyens libres ; Rome est divisée en patriciens et en plébéiens, en citoyens et en étrangers, qui n’ont pas les mêmes droits, et sont continuellement en guerre pour conserver ou conquérir des privilèges. Dans la législation civile, même inégalité : la femme n’est pas la compagne de son époux, c’est un être faible dominé par un plus fort et dépouillé de ses plus doux privilèges ; le fils n’est plus l’ami respectueux et soumis de son père, c’est une chose que ce tyran domestique peut vendre et même anéantir. L’antiquité avait fait les trois quarts de la population esclave, et elle parlait de liberté ! Je trouve dans les œuvres de ses législateurs et de ses philosophes bien des paroles éloquentes contre l’esclavage politique, pas une contre cet esclavage domestique, si flétrissant pour l'humanité. Ce mystérieux silence prouve qu’il y avait dans les anciennes sociétés je ne sais quoi de faux, d’incomplet ou de dégrada.

Le Christ est le premier qui ait fait entendre au monde ces belles paroles : « Ne désirez point qu’on vous appelle maîtres, parce que vous n'avez qu’un seul maître et que vous êtes tous frères[5]

Le chef de l’apostolat, Pierre, commente dignement son maître, lorsqu’il montre aux premiers fidèles comment le devoir, la pratique de la vertu les élèvent jusqu’au plus ineffable des privilèges, jusqu’à celui de la participation à la nature divine. Que si l’homme pouvait aspirer si haut, si un tel droit lui était acquis dans les cieux par la vertu de la rédemption, comment l’esclavage ne devait-il pas pâlir sur la terre et rentrer dans le néant en présence de la splendeur divine ? comment l’homme eût-il osé revendiquer comme sa propriété celui que Dieu couronnait d’une auréole de gloire et d’immortalité ? Les paroles de cet apôtre feront ressortir avec plus de force cette observation[6] : « La puissance divine nous a enrichis de toutes les grâces qui regardent la vie et la piété, en nous découvrant celui qui nous a appelés par sa propre gloire et par sa propre vertu, par lequel il nous a donné les choses très-grandes et très-précieuses qu’il avait promises, pour vous rendre par elles participants de la nature divine, pourvu que vous fuyez la corruption de la concupiscence du monde. Employez donc tout votre soin pour ajouter à la foi la vertu, à la vertu la science, à la science l’abstinence, à l’abstinence la patience, à la patience la piété, à la piété l’amour envers vos frères, à l’amour envers vos frères la charité. Car si vous possédez ces vertus et si elles s’augmentent de plus en plus en vous, elles n’y laisseront pas inutile et infructueuse la connaissance que vous avez de Jésus-Christ». Cette dernière phrase rappelle cette parole de l’homme-Dieu si profonde et si constamment vérifiée par l’expérience : «Cherchez d’abord le royaume de Dieu , le reste vous sera donné par-dessus.»

Saint Jacques s’exprime encore plus nettement, lorsqu’il dit : « Mes frères, bannissez d’entre-vous l’ambition, qui fait affecter à plusieurs d’être maîtres, sachant que vous en seriez plus sévèrement jugés[7].» Voyez avec quelle âpre austérité il gourmande les premiers chrétiens, il les reprend des déférences qu’ils rendent aux riches, du mépris qu’ils semblent faire des pauvres, tant il est vrai que l’égalité la plus rigoureuse devient un principe fondamental parmi les hommes régénérés en Jésus-€hrist. Un accent plus noble et plus pur de sainte et généreuse liberté pouvait-il retentir dans le monde de l’esclavage païen ! Écoutez : «Mes frères, que la foi que vous avez en la gloire de Jésus-Christ, notre Seigneur, ne permette point que vous ayez acception de personnes. Car, s’il entre dans votre assemblée un homme qui ait une bague d’or et un habit magnifique, et qu’il y vienne aussi un pauvre mal vêtu, et que regardant celui qui est vêtu richement, vous lui disiez : Asseyez-vous ici dans cette place honorable ; et que vous disiez au pauvre : Tenez-vous là debout, ou asseyez-vous à mes pieds ; ne faites-vous pas différence en vous-même entre l’un et l'autre ? Ne formez-vous pas un jugement sur des pensées injustes ? Écoutez-moi, mes chers frères, Dieu n’a-t-il pas choisi des personnes pauvres en ce monde, mais riches dans la foi, pour être les héritiers du royaume qu’il a promis à ceux qui l’aiment ? Et vous, au contraire, vous avez méprisé le pauvre. Les riches ne vous oppriment-ils pas par leur puissance ? Ne vous traînent-ils pas devant les juges ? [8]..... »

Saint Paul, l’interprète par excellence de la parole divine, commentateur inspiré de la pensée créatrice, ne cesse pas d’appuyer sur la corrélation qui existe entre le principe de l’esclavage et les fruits amers qu’il avait produits. « Ne savez-vous pas que vous vous rendez les esclaves du maître, au service duquel vous engagez votre liberté, soit du péché qui vous donne la mort, soit de l’obéissance qui vous donne la justice. Mais je rends grâce à Dieu de ce qu’ayant été autrefois esclaves du péché, vous vous êtes soumis de cœur à cette doctrine, selon laquelle vous avez été formés, et étant affranchis du péché, vous êtes devenus serviteurs de la justice... Quel fruit avez-vous donc recueilli alors de ces actions, dont vous rougissez maintenant, parce qu’elles ne se terminent qu’à la mort ? Au lieu qu’étant affranchis désormais du péché, et devenus serviteurs de Dieu, le fruit que vous recueillez est la sanctification, et la fin où vous parvenez est la vie éternelle [9]. » Oui, de l’affranchissement du péché sort la sanctification ou le retour au devoir, et de la sanctification, tous les droits de l’homme, la dignité, la puissance de son individualité, le respect de ses semblables, la fraternité universelle, la liberté intérieure, la liberté extérieure, sa compagne inséparable. Pour la première fois le nom de frère apparaît sur la terre, saint Paul la proclame hautement cette fraternité, qui a pour base l’unité en Jésus-Christ. « Vous tous qui avez reçu le baptême de Jésus-Christ, vous avez été revêtus de Jésus-Christ. Il n’y a plus ni Juif, ni Grec, ni libre, ni esclave, ni homme, ni femme, mais vous êtes tous un en Jésus-Christ[10]. » Les prétentions des races, les préjugés qui divisaient les hommes ; la muraille de chair qui les parquait, l’égoïsme prodigieux, la fatale immobilité qui caractérise le fond des sociétés antiques, morne et lugubre émanation de leurs doctrines religieuses, tout cela tombe et s’écroule devant la lumière et l’amour du verbe incarné. Quelle énergie, quel ressort irrésistible dans ces paroles aussi ardentes que nouvelles de l’apostolat chrétien ! Pouvaient-elles être stériles ? pouvaient-elles ne pas germer dans la terre de l’homme ? Volant sur elle avec le temps et la vérité leurs complices, elles minaient les institutions du paganisme ; mais la dissolution qu’elles opéraient était d’autant plus infaillible qu’elle était plus lente en apparence. Près du cadavre la vie s’organisait, et le jour qui devait annoncer la ruine définitive de Rome et de la Grèce devait en même temps révéler une société brillante de jeunesse et d’avenir, forte de sa propre force, s’écriant à son tour : Me voilà ! à moi le monde ! On comprend que les apôtres pouvaient dire aux esclaves : Obéissez à vos maîtres. Cette obéissance était elle-même un élément essentiel dans l’œuvre qu’ils poursuivaient ; et cette patience sous le joug, la sape du mineur qui creusait dans les dernières profondeurs de l’état social. Ils auraient pu maintes fois, par leur influence personnelle, par l’effet d’une simple parole, déterminer plus d’un affranchissement, et ils ne l’ont pas fait, du moins que nous sachions, témoin la conduite de saint Paul à l’égard de Philémon, dont l’esclave Onésime s’était soustrait par la fuite au pouvoir de son maître. Une lettre que cet apôtre lui adresse nous donne la juste mesure de la marche qu’il s’était tracée, et de l’autorité qu’il pouvait exercer. La voici : « Paul, prisonnier de Jésus-Christ, et mon frère Timothée, à notre très-cher Philémon, qui conspire avec nous dans l’œuvre de Dieu. À Appie, notre chère sœur, à Archippe, qui combat avec nous, et à l’Église qui est dans votre maison ; la grâce et la paix soient avec vous, de la part de Dieu notre Père, et de notre Seigneur Jésus-Christ. Je me souviens de vous sans cesse dans mes prières, et je rends grâces à Dieu de ce que j’apprends quelle est votre foi et votre charité envers Jésus-Christ, et envers tous les saints ; et combien la libéralité que votre foi vous inspire se fait connaître a tout le monde par toutes sortes de bonnes œuvres auxquelles vous vous occupez pour l’amour de Jésus-Christ. Car, mon frère j votre charité m’a donné une grande joie et une grande consolation, voyant que les saints ont senti jusqu’au fond du cœur le soulagement que vous leur avez donné. C’est pourquoi, bien que je puisse par l’autorité de Jésus-Christ vous ordonner librement une chose que la bienséance demande de vous, néanmoins l’amour que j’ai pour vous me fait plutôt user de prières, considérant que vous êtes âgé aussi bien que moi Paul, qui suis maintenant dans les chaînes pour Jésus-Christ. La supplication donc que je vous fais est en faveur de mon fils Onésime, que j’ai engendré dans mes liens, qui vous a été autrefois inutile, mais qui maintenant nous est très-utile à vous et à moi. Je vous le renvoie, et je vous prie de le recevoir comme mon propre cœur. J’avais désiré de le retenir auprès de moi, afin qu’il me survit pour vous dans les chaînes dont je suis chargé pour l’Évangile ; mais je n’ai rien voulu résoudre sans votre consentement afin que la bonne œuvre que vous ferez ne soit pas forcée, mais volontaire. Car peut-être qu’il s’est éloigné de vous pour un peu de temps, afin que vous le reçussiez pour l’éternité, non plus comme un esclave, mais comme un de nos frères, qui, m’étant fort cher, vous le doit être beaucoup plus, puisqu’il est à vous et selon le monde et selon le Seigneur. Si vous me considérez donc comme étant uni avec vous, recevez-le comme moi-même. Que s’il vous a fait quelque tort ou s’il vous doit quelque chose, je satisferai pour lui. Moi, Paul, je l’écris de ma propre main ; je vous le rendrai, pour ne pas dire que vous vous devez vous-même à moi. Ah ! mon frère, faites-moi recueillir en notre Seigneur ce fruit de votre amitié : donnez a mon cœur cette joie en notre Seigneur. Je vous écris étant persuadé de votre obéissance, et je sais que vous ferez même plus que je ne dis. Préparez-moi donc aussi un logement, car j’espère que par vos prières Dieu me donnera à vous. Épaphras, qui est comme moi dans les liens pour Jésus-Christ, vous salue ; Marc aussi, Aristarque, Demas et Luc, qui partagent le travail avec moi. La grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit. Amen. »

Quelle exquise sensibilité ! quel empire par l’esprit ! La prière n’est-elle pas ici la forme la plus sublime de l’affranchissement, et l’esclavage pouvait-il tenir long-temps contre l’action d’une doctrine qui ajoutait au cœur des fibres d’amour et de tendresse inconnues jusqu’alors ? C’est en régénérant l’homme moral que les apôtres préparaient la régénération de l’homme politique, du citoyen par le chrétien ; du droit à la cité céleste jaillissait comme un éclair consolateur le droit à la cité terrestre.

Mais le mouvement de l’apostolat rayonne au loin, les faits se pressent et deviennent chaque jour plus imposants. Dans l’Église, centre de fraternité, arche d’alliance entre Dieu et l’homme, les esclaves viennent se réfugier, demander la vie et la liberté du baptême. L’espérance allège le poids de leurs fers ; sur leurs lèvres la parole évangélique emprunte un charme indéfinissable, une puissance qui passe toute conception. En vain le vieux paganisme sourit de pitié à la vue de ces malheureux ennoblis par la croix et taxe de folie leur enthousiasme naissant : la folie triomphe du dédain. À son insu la société a subi une transformation, une métamorphose imprévue ; le temps arrive où le pouvoir, en la personne de Constantin, doit reconnaître un fait désormais indestructible, apprécier sa portée, transiger avec lui par des concessions que lui dictait sa propre sécurité. « Le christianisme avait fait pendant trois siècles, au dedans et au dehors de l’empire, des progrès qu’il n’était plus possible d’arrêter ; le gouvernement fut obligé de céder : il dut lui en coûter. Cette religion, loin de favoriser le despotisme et l’autorité purement militaire dont les empereurs étaient revêtus, en faisait sentir l’abus et l’injustice. L’Évangile en établissant une étroite fraternité entre les hommes tendait par là même à y mettre plus d’égalité, à rapprocher davantage le monarque des peuples. Les maîtres du monde étaient accoutumés à regarder leurs sujets comme des esclaves, il fallait les traiter de frères, partager avec eux les avantages et les devoirs de la religion, s’asseoir à la même table, envisager l’autorité comme une charge redoutable, comme un dépôt reçu de Dieu, accorder aux pasteurs le droit d’enseigner et de reprendre sans distinction de rangs ni de personnes. Ce nouvel ordre de choses devait paraître fort extraordinaire. Il fallait abroger ou adoucir toutes les lois qui blessaient essentiellement les droits de l’humanité, la puissance absolue des pères sur les enfants, la liberté du divorce, la tolérance du concubinage et de la prostitution, l’usage d’exposer les enfants, les peines décernées contre le célibat. Les souverains, plus habitués que les particuliers à jouir de tous ces privilèges odieux, devaient avoir de la peine a y renoncer. Le peuple, accoutumé aux fêtes, aux plaisirs, aux spectacles, aux dérèglements qui faisaient partie du culte des dieux, ne devait pas être fort aisé à corriger. Les maîtres se trouvaient dépouillés du pouvoir absolu et illimité qu’ils exerçaient sur la vie, sur les mœurs, sur toutes les facultés naturelles de leurs esclaves. Le baptême de ceux-ci leur rendait les droits de l’humanité, les réduisait à une obéissance juste et raisonnable, les autorisait ii fraterniser avec leurs maîtres, on le voit par les lettres de saint Paul. Les preuves de la révolution qu’opéra le christianisme dans les idées communes sur cet article important, sont les lois de Constantin. Les philosophes lui en ont fait un crime comme d’un attentat contre le droit public ; en même temps ils reprochent à la religion chrétienne de n’avoir contribué en rien à la suppression de l’esclavage. Cette contradiction devrait déjà les couvrir de confusion[11]. »

Avant Constantin les esclaves recouvraient leur liberté soit en se rachetant par le pécule qu’ils avaient amassé et qu’ils cédaient à leurs maîtres, soit en la méritant par des services qui leur fussent agréables. Les recommandations, les testaments, des circonstances extraordinaires étaient autant de causes d’affranchissement. Les formalités voulues par la loi en rendaient l’exécution difficile et chanceuse. L’affranchissement régulier et complet se faisait de trois façons : ou par le cens, lorsqu’un esclave, suivant l’intention de son maître, était porté par les censeurs au nombre des citoyens sur le registre ; ou par la baguette, lorsque l’esclave et son maître allaient trouver le préteur. Le maître disait : Je demande que cet homme soit libre comme les autres Romains ; si le préteur y consentait, il touchait avec une baguette la tête de l’esclave en disant : Je déclare que cet homme est libre comme les autres Romains. Ensuite un licteur ou le mattre même lui faisait faire ce qu’on appelle vulgairement la pirouette pour lui marquer qu’il avait la liberté d’aller où il voudrait. Enfin la troisième manière d’affranchir se pratiquait par testament : la volonté du testateur avait force de loi[12]. Constantin, par un édit de 31 6, simplifia les formalités d’une loi jalouse et despotique, et permit aux maîtres d’affranchir leurs esclaves dans l’église ou devant l’évêque, et aux clercs d’affranchir les leurs par testament. Ainsi l’intervention de l’Église dans l’acte d’affranchissement était politiquement reconnue : elle le sanctionnait, et la dignité qui respire dans tout ce qu’elle traite palliait l’empreinte d’ignominie, laissée par la baguette du préteur sur la créature qu’elle avait touchée. Ainsi le chemin de la liberté, large et spacieux, était frayé dans les entrailles d’une infinie miséricorde ; au nom du même Sauveur donné aux hommes pour leur bonheur dans l’éternité, leur affranchissement était proclamé sur la terre. L’esclave était promené autour de l’autel, tenant a la main une torche ardente, puis tout à coup il s’inclinait, et l’évêque prononçait sur lui les paroles solennelles de liberté.

De plus, le premier empereur chrétien mit des limites à l’autorité barbare des maîtres sur leurs esclaves, en vertu de laquelle ils pouvaient non-seulement les frapper, les tourmenter, mais encore leur arracher la vie au gré de leurs caprices. La peine des homicides fut décernée contre tout maître convaincu d’avoir tué volontairement son esclave. En 322, Constantin, par une nouvelle loi, facilita aux affranchis la preuve de leur liberté et la rendit à tous ceux à qui elle avait été injustement ravie. Déjà, en 314, il avait rendu un édit qui affranchissait tous ceux que Maxence avait tyranniquement condamnés à l’esclavage[13].

Ces sanctions, cette mansuétude de la législation romaine, première expression politique d’une vertu qui venait de naître, la charité, forment époque dans l’histoire de l’ennoblissement du genre humain. Au-dessus du pouvoir, l’amour chrétien luttait contre la dureté des races païennes ; par lui les richesses de la conquête, mises en activite pour le soulagement du pauvre, se répandent dans le monde. D’illustres et puissantes familles, ivres de foi et fières de leur noblesse en Jésus Christ, rendent à la liberté les multitudes d’esclaves qu’elles possédaient, et leur en garantissent la jouissance en leur assurant les moyens d’une existence honnête et convenable. L’héroïsme de la charité est poussé par quelques-uns jusqu’à se rendre eux-mêmes esclaves pour en délivrer d’autres : saint Clément de Rome nous l’apprend, et saint Paulin en est un exemple. Les évêques crurent ne pouvoir faire un plus saint usage des richesses de l’Église que de les consacrer au rachat des esclaves. Combien de fois ne vendirent ils pas les vases sacrés pour accomplir jusque dans ses dernières conséquences l’œuvre de la rédemption ! La cause de ces infortunés est défendue par les voix les plus pures et les plus éloquentes que le monde grec et romain ait jamais entendues : les Ambroise, les Chrysostôme, les Augustin accusent, refoulent, stigmatisent du haut de la tribune évangélique le luxe et la superbe du patricien, et rappellent sous mille formes diverses l’égalité en Jésus-Christ, la contradiction criante entre un Dieu crucifié pour les hommes, et des hommes commandant à leurs semblables avec un despotisme illimité[14].

Devant un tel enthousiasme, ces efforts infatigables et les envahissements de la vie chrétienne, l’esclavage décrédité, pressé de toutes parts, aurait infailliblement succombé. Mais un événement qui ouvrait une ère nouvelle, l’invasion des barbares, devait en retarder la ruine. Les peuples du nord venaient s’asseoir sur les débris de l’empire romain avec leurs mœurs, leurs traditions, leur ébauche de société. Dans leurs tribus figuraient les esclaves, cette proie de la conquête, ce monument vivant du droit de la force sur les Vaincus. Sous plus d’un rapport leur sort était plus doux et plus supportable que sous le joug des Grecs et des Romains. La nature, livrée à elle-même, remportait en grâce et en humanité sur les raffinements d’une civilisation corrompue et corruptrice. Néanmoins la servitude existait dans ce qu’elle avait de plus triste et de plus positif, inconciliable par conséquent avec l’esprit du christianisme. Quel moyen de la détruire et d’arracher au vainqueur le sceptre d’un pouvoir aveugle et indompté ? Tempérer leur barbarie, amollir leurs cœurs, leur imposer une doctrine de mansuétude et d’amour, les élever sous la lumière de l’esprit, les mettre en présence d’un Dieu de miséricorde, leur développer le dogme de la rédemption et la pensée d’un rachat universel, telle était la carrière qui s’ouvrait devant l’Église. Le triomphe avait pour conditions imprescriptibles le temps et la persévérance.

À cette époque de désastres et de désolation, de fluctuation et d’incertitude, l’Église formait seule un corps compact, vivant et résistant par son unité aux saillies de la violence, aux attaques de l’arbitraire. Aussi devient-elle comme un vaste asile, où s’abritent toutes les misères, toutes les espérances, tous les germes de liberté, dispersés par la tempête, épars dans le chaos de la société. Elle ouvre son sein aux esclaves, les admet, les consacre parmi ses ministres, les revêt d’une autorité sacrée et les place sous la garde du sanctuaire.

Les enfants des esclaves, après quelques études, étaient facilement promus aux ordres de l’Église. Mais le concile de Calcédoine, ayant déclaré que la bassesse de l’esclavage s’alliait peu avec l’élévation du sacerdoce[15], force était aux maîtres de leur rendre d’abord la liberté, et bien plus, de renoncer au droit de patronage qu’ils conservaient sur leurs affranchis. Que si, à l’insu et sans la permission de son maître, un esclave entrait dans le clergé, les lois le faisaient rentrer dans la servitude. L’esclavage était rangé au nombre des irrégularités qui excluaient du sacerdoce. Néanmoins le nouvel élu était maintenu dans son indépendance, toutes les fois qu’on pouvait prouver que son maître avait été instruit de sa promotion et qu’il ne s’y était pas opposé. L’ordination fut donc en quelque sorte le premier mode d’affranchissement, qui ordinairement était précédé de l’affranchissement légal, que le motif du service divin rendait plus prompt et plus facile.

Par là un grand nombre d’esclaves étaient consacrés au ministère ecclésiastique. Les évêques, les moines, les laïcs eux-mêmes qui jouissaient du droit de patronage sur des églises et des oratoires, secondaient d’autant plus volontiers ce mouvement, qu’ils pouvaient les confier à des personnes sûres et dévouées. La chose en vint au point que Charlemagne dut établir une loi qui prescrivait de n’ordonner les serfs et de ne donner le voile à leurs filles que dans une mesure convenable, afin d’empêcher que les campagnes ne demeurassent incultes et désolées[16]. Ce prince ordonna encore : ut servum alterius nemo sollicitet ad clericalem ascendere ordinem sine licentiâ et voluntale domini sui[17]. Les Capitulaires de Louis le Débonnaire nous attestent combien de plaintes et de récriminations étaient portées contre les esclaves indiscrètement promus aux ordres sacrés. « Les clercs, observe M. Guizot, étaient exempts du service militaire[18] ; les rois ne voulaient pas que les hommes libres pussent à ce titre s’en affranchir à leur gré. Aussi l’Église, à cette époque, apparaît-elle peuplée d’esclaves. C’est surtout parmi ses propres esclaves, parmi les serfs ou les colons de ses domaines qu’elle se recrute ; et cette circonstance n’est peut-être pas une de celles qui ont le moins contribué aux efforts de l’Église pour améliorer la condition des serfs. Beaucoup de clercs en étaient sortis, et indépendamment des motifs religieux, ils en connaissaient les misères, ils portaient quelque sympathie à ceux qui y étaient plongés. »

L’affranchissement parmi les barbares se pratiquait de différentes manières. Le roi Rothari nous en a laissé une dans la 225e loi : on l’appelait affranchissement par la quatrième main, parce que le maître qui voulait affranchir son esclave le consignait à un homme libre, celui-ci à un troisième, le troisième à un quatrième. Ce dernier le conduisait à l’embranchement de quatre chemins, et, en présence de témoins, il lui disait : Tu es libre de prendre le chemin qui te plaît. £t dès ce moment la liberté lui appartenait. L’autorité du roi nous offre un autre mode d’affranchissement. L’esclave lui était présenté, et le roi disait : Celui-ci est libre. La loi salique et ripuaire ajoutait à cette forme si simple un rite particulier : le roi faisait tomber de la main de l’esclave une monnaie d’or, d’argent, ou d’airain, comme pour exprimer l’acte de son rachat. Les esclaves payaient presque toujours quelque chose à leurs maîtres au moment où ils recevaient la liberté, qui par là même ne semblait pas être un don gratuit. D’autres étaient affranchis sous la forme d’un contrat et sont désignés dans les Capitulaires sous le nom de chartularii ou chartulati[19], mis en liberté par une charte. Mais le mode d’affranchissement le plus usité était celui qui se pratiquait dans l’église, nous l’avons décrit ci-dessus.

C’était alors une pieuse coutume que les maîtres, à l’article de la mort, léguassent à leurs esclaves la liberté, anticipant ainsi de quelques heures la terrible égalité, où eux-mêmes allaient se trouver en présence du juge souverain. Constantin avait accordé aux clercs ce privilège de l’affranchissement qui par la suite s’était étendu jusqu’aux laïcs. Après la mort du testateur, ses dernières volontés recevaient leur exécution à la face de l’Église[20].

Or, que l’influence du christianisme puisse revendiquer la plus noble et la plus large part dans ces affranchissements, c’est ce dont ne nous permettent pas de douter les monuments de cette époque. Les formules que nous a conservées le moine Marculfe, et d’après lesquelles étaient rédigés les principaux actes de la vie civile, sont l’expression la plus irréfragable de cette vérité. Citons ici celle qui était relative à l’affranchissement des esclaves. « Puisque Dieu tout puissant nous a conservé dans ce siècle la santé du corps, nous devons, pour le salut de notre âme, penser souvent à diminuer un peu le nombre de nos péchés. C’est pourquoi moi, au nom de Dieu et pour le bien de mon âme, pour le rachat de mes péchés, et dans l’espérance que le Seigneur daignera me pardonner, j’ai mis en liberté l’esclave qui m’appartient, nommé… Que dès le jour présent il soit libre comme s’il était né ou sorti de parents libres. Que son pécule ou que le produit de son travail qu’il a pu gagner par la grâce du Christ, devienne sa propriété. Qu’il ne rende aucun service d’esclave ou d’affranchi à mes héritiers présents ou futurs ; qu’il serve Dieu seul, à qui toirtes choses sont soumises. Qu’il puisse tester et se mettre sous ja dépendance des églises Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/51 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/52 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/53 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/54 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/55 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/56 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/57 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/58 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/59 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/60 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/61 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/62 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/63 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/64 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/65 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/66 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/67 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/68 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/69 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/70 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/71 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/72 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/73 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/74 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/75 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/76 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/77 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/78 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/79 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/80 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/81 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/82 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/83 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/84 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/85 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/86 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/87 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/88 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/89 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/90 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/91 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/92 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/93 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/94 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/95 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/96 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/97 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/98 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/99 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/100 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/101 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/102 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/103 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/104 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/105 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/106 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/107 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/108 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/109 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/110 bien des choses, et ils en ont d’ailleurs toutes les bonnes qualités.

» Les paresseux étaient condamnés à cultiver une plus grande portion du champ commun ; ainsi une sage économie avait fait tourner les défauts mêmes de ces hommes innocents au profit de la prospérité publique.

» On avait soin de marier les jeunes gens de bonne heure pour éviter le libertinage. Les femmes qui n’avaient point d’enfants se retiraient, pendant l’absence de leurs maris, à une maison particulière appelée Maison de refuge. Les deux sexes étaient à peu près séparés, comme dans les républiques grecques ; ils avaient des bancs distincts à l’église, et des portes différentes par où ils sortaient sans se confondre.

» Tout était réglé, jusqu’à l’habillement, qui convenait à la modestie, sans nuire aux grâces. Les femmes portaient une tunique blanche, rattachée par une ceinture ; leurs bras et leurs jambes étaient nus ; elles laissaient flotter leur chevelure, qui leur servait de voile.

» Les hommes étaient vêtus comme les anciens Castillans. Lorsqu’ils allaient an travail, ils couvraient ce noble habit d’un sarrau de toile Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/112 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/113 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/114 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/115 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/116 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/117 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/118 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/119 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/120 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/121 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/122 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/123 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/124 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/125 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/126 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/127 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/128 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/129 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/130 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/131 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/132 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/133 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/134 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/135 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/136 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/137 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/138 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/139 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/140 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/141 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/142 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/143 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/144 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/145 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/146 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/147 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/148 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/149 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/150 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/151 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/152 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/153 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/154 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/155 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/156 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/157 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/158 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/159 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/160 le point d’appui fût pris en dehors de l’humanité et que son centre, fût reporté en Dieu. Il fallait que la vie déifiée coulât dans ses veines pour la reconstruire par l’intérieur et lui donner la vision d’une création nouvelle. Sous ce rapport l’humanité languissait impuissante, perdue dans des ténèbres invincibles. Si le christianisme a pu détruire l’esclavage c’est qu’il en a indiqué, sondé, purifié l’origine et la cause, c’est qu’il a refait l’homme intérieur pour affranchir l’homme extérieur, c’est qu’il a fixé dans la vérité la mesure et les proportions des choses, en sanctionnant le droit par le devoir et réciproquement. La liberté est sortie de l’humanité, le pouvoir de la continence, la science d’une douleur volontaire. Le christianisme est, à proprement parler, la seule révolution, le seul moteur original qui ait animé et modifié radicalement le genre humain. Que les peuples ne disent donc pas : c’est nous qui nous sommes faits, tandis que tout leur a été donné. Ils ont tout reçu, sciences, arts, morale, politique, législation. Pourraient-ils prouver qu’ils ont ajouté au don du Christ et que déjà ils n’ont pas flétri sa fleur de vie, sa grâce d’amour et sa puissance d’intelligence ? Parmi les idées Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/162 Page:Thérou de Sancerre - Le Christianisme et l'esclavage, 1841.djvu/163 descendu sur eux d’une manière visible. Liberté ! liberté ! affranchissement des erreurs qui occupaient la place des vérités les plus importantes, affranchissement des crimes qui dominaient tyranniquement sous le titre de vertus, affranchissement des passions qui furent la première et véritable source et des erreurs et des crimes. Au nom d’une liberté toute nouvelle, le monde frémit de rage et de fureur, il persécute par des massacres et l’effusion du sang les plus saints prédicateurs de la liberté évangélique. Peu après il rentre en lui-même, et avec l’Évangile il embrasse la véritable liberté des enfants de Dieu… Dieu nous a créés libres pour honorer et perfectionner notre nature ; mais en même temps il nous a créés dépendants pour nous faire entendre qu’il ne peut exister de liberté véritable sans une soumission réglée par la raison. Nous avons par conséquent trois lois : la loi de Dieu qui nous dirige, la loi de la nécessité qui nous entraîne, la loi du péché qui nous séduit. Obéir à la loi de Dieu, adorer la providence dans la loi de la nécessité, résister à la loi du péché, telle est l’idée précise de la liberté humaine. Sans ces lois, quelle serait notre liberté ? Ce serait la liberté des brutes, si ou voulait les appeler libres parce qu’elles n’ont aucune loi. Désobéir à Dieu, blasphémer la providence dans les diverses nécessités, adopter la loi du péché, serait la liberté d’un rebelle qui se croit libre parce qu’il ne veut aucune loi[21]. »


  1. Bergier, Dictionnaire de Théologie, article Droit
  2. Saint Marc, chap. III, v. 27.
  3. Saint Marc, chap. III, v. 33.
  4. Saint Marc, chap. XXII, v. 25, 26.
  5. Saint Matth., chap. XXIII v. 8
  6. 2e Épitre de saint Pierre, chap. I.
  7. Saint Jacques, Épitre catholique, chap. III, v. 1.
  8. Saint Jacques, Épître catholique, chap. II, v. 12 et ss.
  9. Aux Romains, chap. VI, v. 16 et ss.
  10. Aux Galates, chap. iii, v. 27.
  11. Traité de la vraie religion, par Bergier, 3e partie, chap. x, t. XI, p. 413.
  12. Coutumes et cérémonies observées chez les Romains, p. 296.
  13. Tillemont, Vie de Const., art. 36, 40, 46. Cod. Théod., lib. IX, tit. XII, No 12.
  14. Voyez dans Mœhler les preuves et les développements de ces faits.
  15. Can. IV.
  16. Muratori, Diss. XV, p. 196.
  17. Leg. 138.
  18. Leçon XII, p. 448.
  19. Voici la loi du IIe capitulaire de 803 : Si quis per chartam ingenuitalis à domino suo légitimè libertatem est consecutus, liber permaneat. Si verò aliquis cùm injustè inservire tentaverit, et ille chartam ingenuitatis suae ostenderit, et adversarium injustè se insenrire velle comprobaverit, ille qui hoc tentavit mulctam quae in chartà descripla est, solvere cogatur. (Capitularia regura Franc. Steph. Baluz., 1. 1, p. 589.)
  20. Muratori, Dnsert. xv.
  21. Turchi, Homélie pour le Jour de la Pentecôte, 1793.