Le Chemin des ombres heureuses/Mindon

Édition du Mercure de France (p. 96-97).

MINDON


Ô vieil Homère, aïeul des poètes,
du profond de ce tertre je t’adresse un salut !
Les chanteurs d’aujourd’hui se raillent des ancêtres ;
ils fuient ton ombre large comme celle d’un chêne
et vont se brûler au soleil.
— Laissons derrière nous le passé révolu
disent-ils, et créons une beauté nouvelle. —
Et leur sottise les rend pareils à l’architecte
qui rêverait un temple sans assises.
Le culte change, mais la beauté est éternelle.

Salut, ô vieil Homère, le maître à tous ;

sans toi, j’aurais balbutié toujours ;
reçois donc en ma voix le paiement d’une dette.