Alphonse Picard et Fils, Éditeurs (p. v-vi).

AVANT-PROPOS




J’ai réuni dans ce volume diverses lectures faites à la Société des Études historiques sur des ouvrages dont elle me chargeait de lui rendre compte, ou sur des sujets qui avaient frappé mon attention. J’y ai joint une conférence sur Treilhard qui m’a été demandée en 1882 par l’Association Corrézienne, et des « Souvenirs », publiés l’an dernier par la Revue des Deux Mondes, sur une affaire concernant le Grand Orient de France, dont j’ai été rapporteur au Conseil d’État en 1863.

J’ai eu soin de rappeler la date de chacune de ces études. Les choses changent vite en France ; et peut-être aujourd’hui ne songerais-je plus à écrire quelques passages, notamment sur l’idée de patrie, qui datent à peine de quelques années.

J’avais intitulé autrefois « Le Charme de l’Histoire » une courte allocution que j’avais prononcée en ouvrant la séance publique de la Société des Études Historiques l’année où elle m’avait fait l’honneur de me nommer son président. J’ai cru pouvoir conserver ce titre à tout le volume : il indique que, si j’aime l’histoire et ses enseignements, je n’ai nullement la prétention d’être un historien. On ne trouvera dans ce modeste recueil ni les grands aperçus qui jettent un jour lumineux sur la marche progressive de l’huma­nité, ni même des découvertes nouvelles sur quelque sujet encore ignoré, mais seulement de simples notes prises sur quelques-unes de mes lectures. Lorsque, dans une œuvre historique ou littéraire, je rencontre le tableau vivant de mœurs différentes des nôtres ou de situations analogues à celles que nous traversons, j’aime à comparer ces différences ou ces analogies, à voir ce qu’étaient nos pères, comment ils ont supporté leurs épreuves, et par quelles vertus, quels efforts ils sont parvenus à s’en relever.

Regarder le passé console parfois des tristesses et des misères du présent.


Mars 1902.