L'Action sociale (p. 453-457).

IX

LES PREMIERS DISCIPLES PARMI LES GENTILS


Cette grande manifestation de la suprême et universelle royauté du Fils de David avait eu d’autres témoins, qui n’étaient pas Juifs, mais qui avaient partagé la profonde émotion des disciples.

Dans les derniers rangs de la foule, au bas de la colline, se tenaient à l’écart dans le silence et la stupéfaction plusieurs personnages à cheval. C’étaient le Centurion, Camilla, Claudia, et le vieux sénateur Claudius, avec leur escorte.

Sur la route qui les conduisait à Tibériade ils avaient rencontré la foule des disciples, se rendant à la montagne où Jésus devait se montrer à eux, et ils les avaient suivis, dans l’espoir d’assister peut-être à quelque nouveau prodige.

Or, non seulement ils avaient contemplé de leurs yeux la divine apparition, et entendu de leurs oreilles sa merveilleuse parole ; mais un autre miracle s’était accompli dans l’âme du vieux Claudius.

Il avait senti dans tout son être la plus grande émotion de sa vie, et il avait dit à Camilla avant qu’elle eût prononcé elle-même une seule parole : « J’ai vu, j’ai entendu et je crois ! » Des larmes abondantes coulaient de ses yeux ; de grands soupirs soulevaient sa poitrine ; et ne trouvant pas de paroles pour exprimer ce qu’il sentait il poussait des cris d’admiration : Ô merveille ! Ô mystère ! Ô maître souverain de la terre et du ciel !

Lentement la foule redescendit vers les bords du lac de Galilée, et la petite caravane du Centurion la suivit. Camilla et Claudia étaient aussi émerveillées, et leurs cœurs débordaient de joie, en écoutant les professions de foi de leur père.

Bientôt il§ arrivèrent aux bords du lac dont ils avaient vu scintiller les vagues de loin, et après avoir visité Tibériade, ils chevauchèrent vers Magdala, en longeant le rivage.

Qu’elle était belle la Galilée dans les splendeurs de la renaissance printanière, avec son lac étincelant qui reflétait ses beautés ! Mais ce n’était pas seulement la fête de la nature ; c’était la fête de la foi nouvelle unissant toutes ces âmes de bonne volonté ; c’était la fête de deux cœurs dont un amour désormais indissoluble allait sceller les destinées.

Le vieux Claudius était dans le ravissement, et quand ils eurent pris le repas du soir sous une tonnelle, au bord du lac, il prit la main de Camilla et la mettant dans celle de Caïus, il leur dit : Soyez unis, mes enfants. Et gloire au fils de David, Fils de Dieu !




À partir de Magdala, le voyage devint un vrai pèlerinage aux lieux sanctifiés par la vie terrestre de l’Homme-Dieu. Les quatre pèlerins, qui ne formaient plus qu’une seule famille, allèrent visiter l’humble ville où Jésus avait passé trente années de sa vie.

Nazareth — dont le nom signifie fleur et rejeton — était en pleine efflorescence. Les arbres étaient déjà couverts de feuilles, l’air était embaumé de parfums ; et dans les cœurs des deux fiancés, la fleur d’amour s’épanouissait sous le regard charmé du vieux patricien.

Jamais voyage n’avait été plus beau, et n’avait si bien répondu aux aspirations de tous.

Ces nouveaux disciples de Jésus ne se lassaient pas d’interroger les Nazaréens, sur les années d’enfance et d’adolescence du regretté Prophète, et tout ce qu’on leur racontait les émerveillait.

Ils voulurent voir aussi Naïm, et connaître la veuve dont le fils unique était ressuscité. Quelle ne fut pas leur émotion en écoutant cette mère et son fils raconter le grand miracle opéré par Jésus en leur faveur !

À petites journées, le cœur débordant d’idéal et de bonheur, ils revinrent à Jérusalem, en passant par la Samarie, pour voir Sichar et le puits de Jacob, et pour entendre la touchante histoire de Photina, la Samaritaine.

Ils retrouvèrent à Jérusalem le scepticisme, l’incrédulité, et la haine des prêtres et des scribes. Mais rien ne pouvait plus ébranler leur foi dans la résurrection et la divinité de Jésus.

Les événements merveilleux qui suivirent les confirmèrent davantage dans leur foi.

Du Cénacle au sommet du mont des Oliviers, ils accompagnèrent le Christ ressuscité, suivi de ses nombreux disciples, et ils le virent s’élever majestueusement vers le ciel.

Témoins de la descente du Saint-Esprit sur les apôtres, ils entendirent les premières prédications de Pierre, qui convertirent des milliers de Juifs.

Enfin, ils furent les premiers, parmi les Gentils, qui reçurent le baptême. Plus tard, dans le Cénacle, devenu la première église chrétienne, le chef des apôtres célébra le mariage des deux fiancés de Magdala.


FIN