Le Cavalier et le Lac de Constance

Traduction par des contributeurs de wikisource.
J. G. Cotta'sche Buchhandlung (p. 2-4).

Le Cavalier et le Lac de Constance

Le cavalier galope dans la vallée lumineuse,
Sur le champ de neige brille le rayon de soleil.

Il traverse la Suisse, ses champs froids de neige,
Voulant atteindre, aujourd’hui encore, le lac de Constance ;

Ce jour encore, il voudrait parvenir avec son cheval,
Avant la nuit, de l’autre côté, sans danger dans la barque.

Son cheval vigoureux dévale le mauvais chemin,
Épineux et pierreux, et le cavalier gronde.

Du sommet des montagnes il voit la robe de neige,
Se dérouler sur la plaine.

Loin derrière lui s’effacent village et ville,
Le chemin devient plat et la voie devient lisse.

Sur cette nouvelle étendue, pas de maison,
Les arbres s’évanouissent, les rochers disparaissent.

Ainsi vole-t-il, un mile, puis deux,
Il entend dans les airs crier les oies de neige.

La poule d’eau voltige,
Le cavalier n’entend rien d’autre.

Son regard ne voit aucun homme, errant,
Qui pourrait lui confier, où est le bon chemin.


Il continue, sur la neige immaculée,
Quand l’eau va-t-elle donc murmurer, quand le lac va-t-il briller ?

Alors le soir va mourir et le matin surgit,
Une lueur au loin clignote, parmi d’autres.

Du brouillard surgissent arbres et bosquets,
Et des collines barrent l’infini de l’espace.

Sur le sol il sent cailloux et épines,
Avec force il éperonne son cheval.

Sur son passage les chiens aboient,
Et au village on lui fait signe de partager la chaleur de l’âtre.

« Bienvenue à toi » jeune fille à ta fenêtre,
mais le lac, le lac, est-il encore loin ?

La fille s’émerveille en regardant le cavalier :
« Le lac s’étend derrière toi et derrière la barque.

Et la croûte de glace ne l’encercle pas
Tu surgis donc de la nuit »

L’étranger frissonne, respire fort :
« Là derrière, c’est la plaine et je l’ai traversée pour venir jusqu’ici ! »

Alors la servante lève les bras au ciel :
« Mon Dieu, ainsi tu as traversé le lac, à cheval,

Le gouffre, les profondeurs sans fin
Ont résonné sous les coups des sabots au galop !


Et sous ton passage les eaux n’étaient-elles pas courroucées ?
Et la croûte épaisse ne craquait-elle pas, t’entraînant vers le fond ?

Tu n’as pas été le repas des alevins silencieux ?
Des brochets affamés, dans les eaux froides ? »

Elle appelle le village à s’assembler autour du cheval
Et les enfants s’attroupent autour de lui ;

Les mères, les vieillards s’assemblent :
« Bienheureux sois-tu, oui, tu es béni !

Approche-toi du fourneau et de la table où fument les mets,
Partage avec nous le pain, et goûte le poisson ! »

Le cavalier, médusé, immobile sur son cheval,
N’a entendu que le premier mot.

Son cœur s’arrête, ses cheveux se dressent,
Immense danger qui derrière lui ricane, encore.

Son regard ne fixe plus que l’affreux gouffre,
Dans son esprit tout s’obscurcit.

À ses oreilles le tonnerre gronde, comme la glace qui craque,
Telle une vague, une sueur glacée le submerge.

Il rend son dernier soupir, bascule de sa monture,
À sec sur la rive, sera sa tombe.