Le Beau Réveil/Le Beau Réveil

Marcel Cattier (p. titre-viii).


Camille MELLOY


LE
BEAU RÉVEIL

le renouveau catholique dans les lettres
les caractères
de la poésie catholique d’aujourd’hui
les maîtres : claudel — jammes
les disciples : latil
un maître inconnu : gezelle
parenthèses
la littérature et la guerre



librairie alfred cattier
MARCEL CATTIER, ÉDITEUR
TOURS



1922


imprimi potest :
F. E. VLIEGHE, sup. gén. c. j.

imprimatur :
Mechliniae, 2 maii 1922
J. THIJS,
can. lib. cens.

LE BEAU RÉVEIL



Il planait sur le pays une étrange torpeur ; … un sommeil semblable à une léthargie que dénouerait la mort. Des magiciens à l’étrange sourire contemplaient le résultat de leurs philtres et de leurs poisons. Çà et là, des voix s’élevaient encore, — paroles incohérentes de somnambules, plaintes de chloroformés, râles d’agonisants. Le ciel était livide, inquiétant, gros d’orage. Par intervalles, un éclair luisait.

… Mais il y avait des maisons dont les volets clos laissaient filtrer une douce lumière : on y travaillait. Et des églises aux vitraux éclairés : on y priait…

Et voilà que, brusquement, un carillon sonna matines. Des voix montèrent, pures ; on eût dit qu’elles chantaient des hymnes.

La vie revenait. Il y eut des réveils. On voyait s’évanouir le sourire des magiciens, puis leur figure.

À l’orient, une blancheur grandissait, une blancheur d’hostie… De clocher en clocher, les cloches maintenant se répondaient…

Et voici qu’à ces voix-là, celle des clairons joignit son appel. En sursaut ou lentement, des hommes se dressèrent, qu’on croyait morts.

Ce fut un beau réveil.

Telle apparaît l’histoire contemporaine de l’élite intellectuelle. C’est une résurrection. Le « Veni foras ! » a été lancé par les plus belles voix que l’âme puisse entendre : celle de la Vérité outragée qui crie vengeance ; celle de la Patrie menacée qui appelle au secours ; celle de la Grâce qui « parle sans bruit de paroles » et qui « persuade sans réplique ».

J’ai été frappé de ces évolutions, de ces retours. J’ai admiré comme la plupart aboutissaient à la Croix. Cherchant des maîtres et des guides pour ma pensée, je les ai trouvés dans l’armée de plus en plus imposante des écrivains catholiques. Quelques figures m’ont particulièrement retenu. À la jeunesse qui m’entoure, je les ai fait connaître. On m’a conseillé de faire partager à plus d’âmes mon bonheur, en publiant ces modestes notes[1].

Mon but n’est point de conseiller à tous indifféremment la lecture des œuvres dont je fais l’éloge. Car tout, dans cette littérature nouvelle, n’est pas sans tache.

Mais il importe que la jeunesse et le grand public entendent au moins un faible écho des voix puissantes qui proclament aujourd’hui, de diverses façons, que la Vérité, que l’Harmonie, que la Beauté, il les faut chercher dans l’Église catholique, et que la parole du Christ est vraie partout et toujours : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie. »

 Pâques 1922.C. M.

  1. Il ne faudrait pas chercher dans cet ouvrage une unité rigoureuse : c’est un recueil d’articles et de causeries, non un traité divisé en chapitres.