Le Batteur d'estrade (Duplessis)/I/XIX

A. Cadot (Tome IIp. 36-40).

XIX

LENNOX.


Un brillant soleil inondait de ses chauds rayons la montagne du Télégraphe, lorsque Joaquin Dick, gravissant le versant de l’ancienne baie, arriva au lieu du rendez-vous désigné par Lennox.

L’attente du Batteur d’Estrade ne fut pas de longue durée ; l’homme étrange, dont l’existence a si longtemps excité et excite encore la curiosité des populations californiennes, se leva de dessus un quartier de roche où il était assis, et vint presque aussitôt à la rencontre de Joaquin.

le costume de Lennox était des plus bizarres. Il était entièrement composé de peaux de daims. Une espèce de justaucorps, taillé en dehors de toutes les modes connue ? ou usitées, et qui tenait le juste milieu entre une blouse et une casaque, lui descendait un peu plus bas que les hanches ; des guêtres très-hautes, retenues par des attaches de cuir, emprisonnaient ses jambes nerveuses ; un manteau court, assez semblable à un crispin, fixé à son épaule gauche, et dont un pan était passé sous son bras droit, lui donnait un air un peu théâtral qu’augmentait encore une plume d’aigle fixée sur son chapeau de feutre, la seule pièce de son vêtement qui ne fût pas en peau de daim.

Il eût été aussi difficile de supposer un âge à cet être exceptionnel que de lui assigner une race ou une nationalité, tant le hâle épais de son teint, ses rides profondes et l’éclat de ses yeux laissaient une large marge aux suppositions et aux commentaires.

Une calebasse pleine de poudre pendait à son côté gauche ; il portait à la main une carabine à pierre.

— Bonjour, Joaquin, dit-il ; tu as reçu mon message ?

— Ma présence ici répond à ta question. As-tu besoin de moi ?

— Oui.

— Que veux-tu ? de l’or ?…

Lennox frappa sur la calebasse qui lui servait de poudrière, et qui rendit un son mat.

— Merci, elle est pleine. Ce que j’attends de toi, c’est un simple renseignement : sais-tu ce qu’est devenu Evans ?

— Oui, je le sais.

Lennox parut hésiter.

Joaquin Dick attendit un instant ; mais, voyant que le vieux chasseur persévérait dans son silence, il reprit la parole :

— Portes-tu une grande affection à Evans ?

— Je suis habitué à lui… J’ai été pendant dix ans son ennemi sans pouvoir parvenir à le tuer… Deux fois je lui ai traversé le corps d’une balle… deux fois il s’est guéri de cette terrible blessure… Je compris que Dieu voulait que je fusse son ami… Nous nous sommes réconciliés… Depuis lors nous nous rencontrons de temps à autre dans la Prairie… et ces rencontres, que je ne provoque pas, me font plaisir… Evans me fournit ma poudre et me raconte les iniquités des faces pâles ! Il est mort, n’est-ce pas ?…

— Oui !

— Je m’en doutais… voilà six mois que je ne l’ai vu !

Lennox fit une légère pause ; puis, d’une voix flegmatique :

— Tout le monde meurt, excepté moi, continua-t-il. Ma mémoire est peuplée de tombes !… Merci, Joaquin… à revoir !

— Tu pars déjà ?

— Pourquoi resterais-je davantage ici ? Le voisinage des faces pâles m’est odieux. Je sais ce que je voulais savoir… Je retourne là-bas… Ce sera toi, dorénavant, qui m’approvisionneras de poudre…

— Un mot, Lennox…

— Dis.

— N’as-tu pas envie d’apprendre quel a été le genre de mort d’Evans ?

— À quoi bon ? À moins que j’aie à le venger !

— Tu as à le venger.

— Il a été tué ?

— Oui, tué d’un coup de carabine !

— Par un ennemi ?…

— Non, par un traître !

— En ce cas, tu as raison, je dois le venger !… Tu connais l’assassin ?

— Mieux que cela ! j’ai reçu les suprêmes confidences et le dernier soupir d’Evans !…

Lennox ne montra ni surprise, ni curiosité, ni émotion ; il se contenta de se rasseoir sur le quartier de rocher.

— Evans, poursuivit le Batteur d’Estrade, a mérité sa fin tragique ; car, quoiqu’il prétendît être mon ami, il conspirait contre moi lorsqu’il a été assassiné !…

— Evans ne pouvait être honnête puisqu’il était une face pâle, mais, je te le répète, j’étais habitué à lui… je ne l’oublierai jamais…

Cet aveu dans la bouche de Lennox, qui, entièrement façonné à la vie sauvage, se serait cru déshonoré s’il avait laissé voir la moindre marque de sensibilité, accusait de sa part une profonde douleur.

— Evans était cupide, poursuivit Joaquin Dick, sans ménager la mémoire du défunt, et c’est là ce qui l’a perdu !… Il n’ignorait pas que je possède beaucoup d’or, et depuis bien des années déjà, la pensée de s’approprier mes richesses le poursuivait sans cesse…

— Oui, il m’a souvent interrogé sur l’endroit où tu caches ton or.

— Mais cet endroit, tu l’ignores, Lennox ?

— Non… je le connais, répondit toujours avec le même flegme le vieux chasseur.

Cet aveu laissa Joaquin Dick impassible.

— Ainsi, c’est toi, poursuivit-il froidement, qui as fourni à Evans les renseignements qui l’ont conduit à sa perte ?

— Non, car ton or t’appartient légitimement… il t’a été légué par ses véritables maîtres, et tu l’as souvent employé à aider les Peaux-Rouges à se défendre contre les faces pâles. Il y a eu beaucoup de ta poudre de brûlée dans le désert. Écoute-moi bien. Il n’y a pas un homme au monde, quelque sûr qu’il soit de soi, qui puisse répondre qu’on n’arrachera pas la vérité à son sommeil. Nous avons souvent, Evans et moi, reposé et dormi tête contre tête.

— Merci de cet éclaircissement, Lennox, il m’évite un crime !…

— Quel crime ?

— Si j’avais eu la preuve de ton indiscrétion, je t’aurais poignardé !

— Tu aurais bien fait ! Continue.

— N’osant s’aventurer seul dans cette périlleuse entreprise, Evans s’adjoignit un audacieux compagnon. Seulement, afin de détourner les soupçons que son départ aurait pu éveiller en moi, car il se doutait que j’avais deviné ses projets, il lui donna rendez-vous dans la direction de la forêt Santa-Clara ; un misérable Indien Seris, un nommé Traga-Mescal, devait servir de guide à l’Européen avec lequel Evans s’était associé.

— J’ai trouvé le cadavre de ce Traga-Mescal dans la forêt Santa-Clara…Sa blessure m’a dit le nom de ton couteau… ensuite ?

L’Européen avait réfléchi sans doute qu’un trésor partagé perd de sa valeur ; quand il rejoignit Evans, il lui tira un coup de carabine dans le dos.

Le vieux chasseur se mit à rire.

— Quel est le sujet de ta gaieté, Lennox ?

— Je pense que quand deux faces pâles déterrent un trésor, il y a toujours l’un des deux qui tue l’autre… C’est drôle !… Quel a été la dernière parole d’Evans ?

— Ton nom…

Un tressaillement à peu près imperceptible, mais qui n’échappa pas au Batteur d’Estrade, rida le front de Lennox.

— Il y avait du bon dans cet Evans, dit-il de son ton glacial. Comment se nomme l’homme qui l’a assassiné ?

— De Hallay.

— Où demeure-t-il ?

— À San-Francisco.

— Je voudrais le voir. Pourrais-tu me le montrer ?

— Certes, mais il te faudra descendre dans la ville.

Un froncement de sourcils prouva que cette perspective ne souriait nullement au vieux chasseur ; c’était la première marque d’émotion qu’il donnait depuis le commencement de l’entretien.

— Le contact d’une face pâle m’est odieux, répondit-il ; j’ai dû faire hier un appel à toute ma volonté pour me décider à parcourir les abords de San-Francisco, dans l’espoir de te rencontrer. Il y a bien cinquante années au moins que mon pied n’a foulé le pavé d’une ville ; n’importe, j’irai…

— Quand ?

— Ce soir même… Tu m’accompagneras ?

— Soit ! Où te retrouverai-je ?

— Ici, en bas… au pied de la montagne.

Les deux hommes échangèrent une légère inclination de tête et s’éloignèrent chacun dans une direction différente.

Joaquin Dick redescendait le versant qui conduit à l’ancienne baie, lorsqu’il aperçut le comte d’Ambron qui venait à sa rencontre.

— J’ignore si ma présence ne constitue pas une indiscrétion, dit le jeune homme, et je suis prêt, s’il en est ainsi, à me retirer, mais je n’ai pu résister au désir de voir le fameux Lennox. J’ai pensé que du moment où vous m’aviez averti de votre rendez-vous avec lui, vous ne blâmeriez pas ma curiosité. Au reste, mon intention était de me tenir à l’écart.

— Lennox est parti, mais si vous tenez tellement à le connaître, votre souhait ne tardera pas à être accompli. Vous le verrez ce soir, et, si je ne me trompe, vous le verrez agir.

Joaquin et M. d’Ambron marchèrent pendant quelques instants à côté l’un de l’autre sans échanger une parole, Enfin le comte, s’adressant au Batteur d’Estrade :

— Señor, lui dit-il, l’arrivée imprévue de miss Mary et votre rendez-vous avec Lennox ont interrompu si brusquement notre entretien de ce matin, que je vous demanderai la permission de le reprendre. Bien des points sont restés dans l’ombre.

— J’aurais préféré remettre à plus tard la continuation de cette conversation, monsieur, car vous êtes encore sous la première impression de mon récit, et je crains que la réflexion n’ait pas suffisamment mûri le jugement que vous allez porter sur moi.

— Ce jugement, auquel vous paraissez vouloir bien attacher une certaine importance, señor Joaquin, il me serait impossible de le formuler, tant que vous ne m’aurez pas donné certains éclaircissements qui me manquent…

— Parlez !

— Je vous déclare tout d’abord hautement, que je ne reconnais à personne le droit de s’arroger le rôle de la Providence… c’est empiéter sur les privilèges de Dieu et de la société. Toutefois, si vos intentions étaient pures et bonnes, et surtout, en présence de la triste anarchie qui règne et qui régnait bien plus encore jadis dans ce triste pays, vous avez cru devoir prendre sur vous d’agir pour le salut de tous, je ne saurais ni vous condamner ni vous blâmer… mais cela, je vous le répète, à la seule condition que vous n’aurez jamais écouté la voix de vos passions, jamais obéi à votre intérêt personnel… Vous vous êtes mêlé, m’avez-vous dit, à toutes les violences, à tous les combats, à toutes les intrigues du désert ! Cet aveu est d’un grand laconisme et d’une extrême portée !… Oui ou non, avez-vous versé le sang humain en vous exposant à des dangers moindres que ceux encourus par les malheureux qui tombaient sous vos balles ou sous votre couteau ?

— Vous manquez de franchise ou d’énergie dans votre question, comte !… Ce que vous voulez savoir, c’est si je suis un spadassin ou un assassin, n’est-ce pas ? Ni l’un ni l’autre !… Je suis un homme qui, ayant chèrement acquis le droit de ne plus croire à rien, ne voit plus dans ses semblables que des indifférents, des ennemis ou des obstacles !… Les indifférents, je les ai méprisés ; mes ennemis, je les ai détruits !… Toutes les fois que mon intérêt personnel ou mes passions ont été en jeu, je me suis montré et j’ai été impitoyable. Je n’ai pas plus reculé devant de terribles dangers, que je n’ai été désarmé par la faiblesse de mes adversaires, et par la certitude de mon impunité !… Ce que je vous demande, comte, ce n’est pas de peser une à une les actions de ma vie, c’est de me déclarer franchement si, d’après vous, un homme qui n’a jamais manqué à sa parole, jamais trahi personne, et que tout le monde a trompé ou trahi, est coupable d’avoir pris sa revanche…

— Oui, mille fois oui, señor Joaquin, s’écria M. d’Ambron avec un accent de conviction passionnée.

— Et à cet homme, vous ne tendriez pas la main ?

La réponse du comte ne se fit pas attendre :

— Non ! dit-il, d’une voix à la fois ferme et émue.

— Je vous remercie de votre franchise, reprit froidement, mais sans colère et sans raillerie, le Batteur d’Estrade ; l’heure de ce que vous appelleriez ma conversion et de ce que je nommerai, moi, mon changement, n’est pas encore sonnée et ne sonnera probablement jamais, car votre opinion, qui devrait être d’un grand poids à mes yeux, me laisse le cœur calme et l’esprit insoucieux.

Un second silence, plus long que le premier, régna de nouveau entre les deux hommes : cette fois encore ce fut M. d’Ambron qui recommença la conversation.

— Señor Joaquin, dit-il, vous me devez un dernier éclaircissement.

— Lequel ?

— Celui de votre conduite avec Antonia. Cette conduite me paraît assez difficile à concilier avec votre cruel et coupable serment de vengeance. Antonia est jeune, belle, sans défense… Comment se peut-il que la haine que vous portez à toutes les femmes n’ait point rejailli jusque sur elle ? Comment se fait-il que vous l’ayez respectée ?

— Cette question que vous m’adressez, monsieur d’Ambron, je me la suis cent fois posée à moi-même, sans jamais parvenir à la résoudre. Antonia m’a toujours inspiré une tendresse contre laquelle je me suis souvent et en vain indigné et révolté. Mes efforts pour me soustraire à l’influence inouïe qu’elle exerce sur ma volonté, n’ont abouti qu’à constater et consolider cette incroyable et inexplicable influence. Combien de fois n’ai-je pas souhaité la mort d’Antonia !… et pourtant je sens que si mon désir s’était accompli, mon cœur, quelque insensible et desséché qu’il soit, aurait, pour la pleurer, trouvé des larmes !… Le sentiment qui m’attire vers cette enfant ne se rapproche en rien de celui de l’amour… il n’en a ni la violence ni les tempêtes… Je goûte près d’elle un calme délicieux, qui me fait presque oublier le passé… Parfois, sous la magique influence de cette douce fascination, je me suis surpris à faire des rêves d’avenir… à croire à la possibilité du bonheur ici-bas. Et cependant la ressemblance d’Antonia avec Carmen devrait, en me rappelant d’affreux souvenirs, surexciter mes mauvaises passions, augmenter et activer mon ardeur de vengeance… Qui sait même si ce n’est pas la fatale et lâche ténacité de ma première, de mon unique passion, qui m’entraîne vers Antonia ? Je crois revoir Carmen dans toute la splendeur de sa jeunesse, de sa candeur, de son amour ! C’est à ma faiblesse vis-à-vis d’Antonia que je dois les premiers doutes qui aient ébranlé mes convictions. Je me suis demandé si la vérité que j’ai placée dans les extrêmes, ne se trouve pas plutôt entre le bien et le mal ; s’il existe des hommes qui soient absolus en perversité ou en vertu ; si en nous abandonnant à nos passions vacillantes, nous ne trébuchons point à chaque pas, alors que nous nous figurons courir directement vers un but ? Il y a des moments où, irrité et humilié de l’empire d’Antonia, j’ai mentalement appelé un vengeur… souhaité sa chute… Eh bien ! je vous jure que si un homme avait osé porter la main sur sa ceinture, je l’aurais poignardé… Je n’ai pas d’amour, je vous le répète, pour Antonia… mais je suis jaloux d’elle ! J’arrive, comte, à ce qui vous est personnel. Votre rare loyauté, votre caractère chevaleresque, la fermeté de vos convictions, me font admettre qu’il peut se trouver par hasard une exception à la perfidie humaine, et que j’ai rencontré en vous cette exception. Je vous verrais avec joie être aimé d’Antonia… Je ne suis pas jaloux de vous. Pourquoi ? Je l’ignore… Peut-être l’hommage que je rends à votre vertu ne m’est-il précieux que parce qu’il me donne la preuve de mon impartialité, et qu’il justifie mes actes de vengeance !… Maintenant, comte, il me reste à vous adresser une prière et une recommandation : la prière, c’est de vous abstenir de toute allusion aux aveux que j’achève de vous faire !… qu’il ne soit plus jamais question entre nous d’Antonia… Mon orgueil supporte une humiliation venant de moi-même et sans que rien ne m’y ait contraint, mais il ne saurait l’endurer d’autrui… Ma recommandation, c’est de bien vous tenir sur vos gardes vis-à-vis du marquis de Hallay… La démarche accomplie ce matin par miss Mary me donne beaucoup à réfléchir… J’y vois un présage du plus mauvais augure… Tenez-vous sur vos gardes, comte !… tenez-vous sur vos gardes !…

— Je vous remercie beaucoup de votre intérêt, señor Joaquin, mais je ne partage nullement vos soupçons. La démarche de miss Mary ne prouve qu’une chose, que la belle Américaine aime le marquis de Hallay, et qu’elle a craint de voir la chance des armes tourner contre lui.

— Si vous manquez de perspicacité dans cette circonstance, monsieur, au moins ne saurait-on vous accuser de fatuité…

— Je ne vous comprends pas. Expliquez-vous.

— C’est inutile. Revenons au marquis… Pensez-vous qu’un tel homme serait capable de sacrifier son amour-propre à l’attachement d’une femme ! Rappelez-vous donc la façon dont vous l’avez traité… comme un misérable goujat ! Non, non ! l’orgueil de M. de Hallay est trop immense ; sa férocité est trop réelle, pour qu’il oublie jamais l’injure que vous lui avez faite. Soyez persuadé que, pour qu’il ait laissé miss Mary accomplir sa pacifique et humiliante mission, il faut qu’il ait la certitude de tirer plus tard de vous une éclatante vengeance.

— Soit ! qu’il agisse comme il l’entendra ; j’ai confiance dans la bonté de Dieu et dans mon courage ! S’il m’attaque, je me défendrai.

— Et s’il vous provoque à son tour ?

— Je refuserai… On n’accorde pas l’honneur et l’égalité d’un duel à un assassin.

— C’est vrai, mais à la condition qu’on pourra lui dire le nom de sa victime. Or, ce nom, prononcé ailleurs qu’à San-Francisco et par toute autre personne que par moi, constituerait une calomnie et non un châtiment. Dites-moi, monsieur, connaissez-vous l’établissement de la Polka ?

— Certes ! c’est une espèce de cercle où l’on joue, où l’on couche et où l’on mange, C’est le plus vaste établissement de toute la ville.

— C’est cela. Eh bien, si vous voulez écouter mon conseil, rendez-vous ce soir, vers les huit heures, dans les salons de jeu de la Polka.

— Ces sortes de réunions ne sont guère de mon goût…

— En ce cas, promenez-vous dans Pacific-street… puis, quand vous me verrez passer, suivez-moi.

— Mais enfin, ne puis-je savoir…

Joaquin Dick se mit à sourire, et, regardant le comte :

— Quand j’étais jeune comme vous, dit-il, je ne savais pas non plus attendre. Comte, croyez-moi, la patience est la plus grande force qui existe sur la terre… À revoir ! Je traverserai ce soir, à huit heures précises, avec mon ami Lennox, Pacific-street… y serez-vous ?

— Avec Lennox ! répéta vivement le jeune homme, j’y serai…