Lausanne à travers les âges/Commerce/02

Collectif
Librairie Rouge (p. 179-180).


II


Industrie du bâtiment, industrie hôtelière, pensionnats.

L’industrie la plus prospère que nous ayons à Lausanne et qui fournit aux banques précitées un élément important d’activité est sans contredit celle du bâtiment. Depuis quelques années, les transactions immobilières sont, en effet, de plus en plus nombreuses à Lausanne.

École enfantine de la Solitude (1899)

On compte sur l’ouverture de la ligne internationale du Simplon pour amener dans notre ville de nouveaux éléments de prospérité. Stimulé par la spéculation, le marché des terrains suit une très rapide progression. Les permis de construction accordés en 1903 ont été au nombre de 178, en 1904 de 286, en 1905 de 262. On comprendra que, dans ces conditions, la main-d’œuvre soit recherchée. Des milliers d’ouvriers étrangers, surtout des Italiens, affluent de tous côtés.

Tous les métiers bénéficient de cette activité. En premier lieu l’entrepreneur de maçonnerie, puis le charpentier, le gypsier, le serrurier, le menuisier, le ferblantier, le couvreur, le vitrier, etc. On compte à Lausanne environ 500 maîtres d’état. — La ville est aujourd’hui doté d’un plan d’extension bien compris. De nouveaux quartiers, sillonnés de larges avenues plantées d’arbres se sont créés, des oasis de verdure ont été ménagés çà et là pour le plus grand plaisir des yeux et le plus grand bien des poumons.

L’industrie hôtelière progresse d’une façon réjouissante. En 1905, le nombre des journées des étrangers logés dans les hôtels et pensions s’est élevé à 335 mille contre 296 mille en 1904. — Cette augmentation que l’on constate depuis quelques années montre que Lausanne tend à devenir de plus en plus une station d’étrangers et à justifier les espérances que l’on fonde sur son avenir. Les étrangers choisissent de plus en plus notre ville comme station intermédiaire entre le Nord, le Midi et la montagne.

Lausanne possède une trentaine d’hôtels de premier et second rang et une vingtaine d’hôtels de troisième rang, y compris ceux qui sont en construction et qui s’ouvriront en 1906. À côté de ses pensions d’étrangers, elle a ses maisons d’éducation. C’est la ville où fleurit ce que l’on est convenu d’appeler « l’industrie des pensionnats ». Il en a déjà été question plus haut, dans la notice de M. Schnetzler, relative à l’instruction publique.

Lausanne n’a pas de grandes usines, et partant, peu de ces cheminées de fabrique qui dans certaines villes répandent de la fumée sur toute une contrée. N’ayant pas à sa portée immédiate des forces naturelles, elle est moins privilégiée que d’autres villes sous le rapport de la production industrielle. Cependant la ville s’est imposée dernièrement de lourds sacrifices pour offrir au public l’énergie électrique dans de bonnes conditions, et se trouve en mesure, maintenant, de la livrer à des prix relativement peu élevés. Ainsi encouragées et stimulées, les affaires prennent un élan qui va s’accentuant chaque année.