Lausanne à travers les âges/Aperçu/01

Collectif
Librairie Rouge (p. 7-8).

I

Lousonna.


L
a ville de Lausanne tire son origine de l’ancienne Lousonna ou Losonium qui était située dans la plaine de Vidy près de l’embouchure du Flon, vers le pont de la Maladière. La bifurcation des chemins tendant de Vevey à Besançon d’une part, et de Genève à Avenches de l’autre, doit, suivant toute vraisemblance, avoir été la cause déterminante de la formation d’une ville en cet endroit. Le ruisseau du Flon était appelé autrefois « Laus » ou « Lous », ce qui signifie eau ; il donna probablement son nom à la localité, qui était loin d’avoir alors l’importance de l’ancienne Nyon et de l’ancienne Avenches.

On ignore absolument l’histoire de l’antique Lousonna. La ville est mentionnée cependant dans l’itinéraire d’Antonin. D’après les vestiges que l’on a découverts en creusant le sol, l’agglomération principale était au pied de la colline du Bois-de-Vaux ; elle recouvrait un espace d’une trentaine d’hectares, et se trouvait entourée de villas qui rayonnaient du côté de Cour, de Contigny et de Malley. Une inscription, remontant au deuxième siècle de l’ère chrétienne, trouvée le 7 avril 1735[1] dans la propriété du bourgmestre de Seigneux, entre la route de Chavannes et celle de Morges, près de la chapelle des lépreux, témoigne des sentiments de piété du président de la municipalité de l’époque. Elle a été placée dans la salle des pas-perdus de l’Hôtel de ville. C’est un vœu adressé au Soleil, au Génie protecteur de la ville et à la Lune, par Publius Clodius Primus, de la tribu Cornelia, pour la conservation des empereurs Marc-Aurèle et Lucius Verus. Ce Clodius y prend le titre de curateur des habitants de Lausanne et de « sévir augustal ». Il semble avoir agi au nom de l’Helvétie entière en érigeant ce monument.

  1. Cette inscription est le seul monument épigraphique de l’époque romaine relatif au passé de Lausanne. En se basant sur l’expression de curator vicanorum Lousonnensium, et d’autre part sur la table de Peutinger, on doit donner la préférence au terme de Lousonna ; ceux de Lausonnium, Lausanna, Lausannensis n’ont prévalu qu’au moyen âge. Voir à ce sujet le mémoire de l’épigraphiste Ch. Morel sur les Associations de citoyens romains, dans le tome XXXIV de la série des Mémoires et Documents de la Société d’histoire de la Suisse romande.