Laure d’Estell (1864)/Préface

Michel Lévy frères, libraires éditeurs (p. xxiii-xxiv).


PRÉFACE


Un grand nom, une fortune brillante de l’esprit et un cœur bienfaisant, telles ont été les titres de Madame N*** à l’estime publique. Ces mêmes titres devaient lui attirer la proscription et la mort, dans un temps où les richesses excitaient l’envie de tyrans sanguinaires, dont la barbarie allait jusqu’à punir la vertu de pleurer sur leurs crimes. Cette malheureuse victime de l’anarchie me confia ces lettres presque au moment de monter sur l’échafaud. Elles ne furent longtemps pour moi qu’un témoignage de sa confiance, et un gage précieux de son amitié ; mais ayant appris qu’une de ses parentes était dans l’infortune, j’ai cru devoir les lui remettre. C’est elle qui m’a chargée de les publier. J’aurais mieux fait, sans doute, d’en laisser le soin à une personne plus en état que moi de corriger les fautes de cet ouvrage, et le public ne me tiendra pas compte du motif qui m’a portée à m’acquitter seule d’un devoir que l’amitié pouvait me prescrire, mais dont la raison suffisait pour m’affranchir. N’importe, je prendrai pour moi les critiques, et laisserai à l’auteur le succès qu’il plaira au lecteur de lui accorder. Puisse ma part ne pas excéder la sienne !