AVIS
DU TRADUCTEUR FRANÇAIS.

En publiant la présente version française de la comédie chinoise, traduite en anglais par M. Davis, j’ai changé l’orthographe du titre, et adopté la leçon de M. Abel-Rémusat. (Voyez le Journal des Savans, du mois de janvier 1818.) M. Davis écrit Laou-seng-uhr, et M. Abel-Rémusat nous apprend : « Que suivant l’orthographe dont les missionnaires de toutes les nations nous ont fourni les bases, et dont les transcriptions faites à la Chine par les Mandchoux constatent l’exactitude, il faut lire Lao-seng-eul. La nouvelle orthographe, ajoute t-il, adoptée par les auteurs anglais, ne peut convenir qu’aux lecteurs de cette nation, et rend pour tous les autres les mots chinois entièrement méconnaissables. »

Ce même savant rend justice à la fidélité de la traduction de M. Davis, « laquelle, dit-il, quoique incomplète, est en général conforme au texte, et peut même en rendre l’intelligence facile aux commençans. M. Davis, ajoute-t-il en la publiant, a donc rendu un véritable service aux amis de la littérature asiatique. »

Ayant lu ce drame avec beaucoup d’intérêt, j’ai pensé qu’une traduction dans notre langue pourrait être accueillie avec quelque faveur par ceux qui aiment à comparer, dans toutes les littératures, les progrès de l’esprit humain et l’état des sociétés, de leurs mœurs et de leurs connaissances.

C’est en français qu’a paru la première traduction d’une pièce du théâtre chinois, dont Voltaire ne dédaigna point de s’approprier le sujet pour l’exposer sur notre scène. Le père Prémare la tira en 1731, d’un recueil en quatre Tao, intitulé : Youan-jin-pe-tchoung, ce qui veut dire, les cent pièces de théâtre composées sous la dynastie des Youan ou Genghis-khanides. Tchao-chi-kou-eul, ou l’orphelin de la maison de Tchao, est la quatre vingt-cinquième pièce du recueil, et on appelle Tao une enveloppe ou couverture qui renferme dix à douze cahiers chinois.

J’ai fait tous mes efforts pour traduire avec simplicité et exactitude, pensant que, dans un travail de cette nature, c’était le seul mérite auquel il me fût permis de prétendre.

P.S. Depuis que j’ai achevé la présente traduction, j’ai été assez heureux pour pouvoir consulter personnellement M. Abel-Rémusat sur l’orthographe des mots et des noms chinois qui y sont contenus, afin de l’adapter au système de la prononciation française. Je me suis empressé de me conformer à tous les avis éclairés qu’il a bien voulu me donner, et je m’acquitte d’un devoir en lui rendant publiquement grâces de l’accueil que j’ai reçu de lui.