La sainte Bible selon la Vulgate (J.-B. Glaire)/Osée (Introduction)

(introductions, notes complémentaires et appendices)
La sainte Bible selon la Vulgate
Traduction par Jean-Baptiste Glaire.
Texte établi par Roger et Chernoviz, Roger et Chernoviz (p. 2037-2038).
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OSÉE[1]

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INTRODUCTION


Osée (Jéhovah sauve), le premier des petits prophètes, nous apprend qu’il était fils de Bééri ; c’est la seule chose certaine que nous sachions de sa vie. La plupart des interprètes s’accordent à reconnaître qu’il était du nord du royaume d’Israël. Une ancienne tradition rapporte qu’il était originaire de la ville, d’ailleurs inconnue, de Bélémoth, dans la tribu d’Issachar, et que c’est là qu’il mourut. On place son tombeau en différents lieux.

Osée est le premier des petits prophètes dans la Vulgate. Cette place lui est donnée probablement à cause de l’étendue de sa prophétie, qui est plus considérable que celle des autres petits prophètes. Ce n’est certainement pas en raison de l’ordre chronologique : car, sans parler des petits prophètes plus anciens dont les écrits ne sont pas datés, Amos, qui n’occupe que le troisième rang, lui est antérieur, comme il résulte de l’inscription de son livre, dans laquelle nous apprenons qu’il florissait du temps d’Ozias.

Osée fut contemporain d’Isaïe. Il prophétisa, après la ruine de la maison d’Achab, sous Jéroboam II, qui fut le second successeur de Jéhu, contre Israël, quoiqu’il parle à l’occasion de Juda. Il a sans cesse présent devant les yeux le crime de la famille de Jéhu, qui, après avoir exterminé la maison d’Achab, en a perpétué l’idolâtrie et continue à faire adorer les veaux d’or. Le mot « encore un peu, » I, 4, indique, d’après presque tous les interprètes, qu’Osée écrivit dans les dernières années du règne de Jéroboam. Ce roi occupa le trône 41 ans, de 825 à 784 avant J.-C. Osée écrivait donc avant l’an 784. La détermination de cette date est importante pour constater le caractère surnaturel de ses prédictions : il annonce à l’avance la ruine de la maison de Jéhu, qui n’eut lieu qu’en 782, et celle du royaume d’Israël, qui ne s’accomplit qu’en 721. Du temps de Jéroboam II, le royaume d’Israël avait atteint son plus haut degré de gloire. C’est au moment où il jetait le plus d’éclat que Dieu en révéla la fin prochaine.

Profondément pénétré des iniquités de son peuple. Osée s’exprime par phrases coupées et brisées; les propositions ne sont pas reliées entre elles, les images se précipitent et s’accumulent; son langage ressemble à un torrent impétueux. Le prophète a cependant un cœur brûlant d’amour pour ses frères et plein de confiance en la bonté et la miséricorde de Dieu : ce contraste entre l’indignation que lui causent les péchés d’Israël, et l’espérance que lui donne l’affection paternelle de Dieu pour les enfants de Jacob, est la source des plus grandes beautés de son livre. Rien de plus tendre que la manière dont le Seigneur parle de son peuple, vi, 3-4 ; rien de plus énergique que sa réprobation du péché, v, 14 ; xiii, 8.

Les prophéties d’Osée ne forment qu’un seul tout ; elles ne renferment pas une série d’oracles écrits à des époques diverses, ou de discours prononcés et adressés au peuple en différents temps, comme les recueils des quatre grands prophètes ; c’est une composition d’un jet, faite en une seule fois, vers la fin de la vie du prophète, dans laquelle il résume lui-même et présente, dans leur ensemble, les prédictions qu’il avait promulguées pendant le cours de son ministère prophétique. Son livre se divise en deux parties : dans la première, i-iii, il expose, sous une forme symbolique, les infidélités d’Israël ; dans la seconde, iv-xiv, il interpelle directement le peuple, lui reproche ses crimes et lui annonce les maux qui en seront le châtiment, mais non sans lui promettre la fin de ses épreuves.


  1. Osée emploie souvent les mots adultère, fornication, ou prostitution ; il faut remarquer qu’ils désignent généralement l’idolâtrie, parce que la nation juive était considérée comme l’épouse de Dieu, par l’alliance qu’il avait contractée avec elle, en lui donnant sa loi.