La sainte Bible selon la Vulgate (J.-B. Glaire)/Les Épitres Pastorales

(introductions, notes complémentaires et appendices)
La sainte Bible selon la Vulgate
Traduction par Jean-Baptiste Glaire.
Texte établi par Roger et Chernoviz, Roger et Chernoviz (p. 2835-2836).


LES

ÉPÎTRES PASTORALES

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On désigne sous ce titre trois Épîtres de S. Paul à ses disciples de prédilection. Deux sont adressées à Timothée et une à Tite. On les nomme pastorales, parce qu’elles traitent de sujets relatifs au saint ministère, en particulier du choix, des devoirs et des vertus des pasteurs.

Timothée avait suivi S. Paul dans une grande partie de ses voyages, et reçu de lui diverses missions, en Macédoine, en Grèce, à Philippe, à Thessalonique, à Corinthe. Il lui était aussi attaché qu’un fils peut l’être à son père ; néanmoins, l’Apôtre l’avait placé à la tête de l’Église d’Ephèse, pour se conformer à une révélation du ciel. Quant à Tite, il l’avait aussi élevé à l’épiscopat, après plusieurs missions, et l’avait chargé spécialement d’achever son œuvre dans l’île de Crète, en y organisant le ministère ecclésiastique.

La date de la seconde Épître à Timothée ne paraît pas douteuse. On la rapporte aux derniers temps de la vie de l’Apôtre. L’Épître elle-même nous apprend qu’il est à Rome, prisonnier pour la foi, qu’il a passé récemment à Troas, à Milet et à Corinthe, qu’il n’a plus à ses côtés qu’un seul disciple, S. Luc, et qu’il s’attend à une mort prochaine.

Pour les deux autres Épîtres, il ne paraît pas possible d’en fixer la date d’une manière précise. Néanmoins on a lieu de croire qu’elles sont à peu près de la même époque et qu’elles ont été écrites peu de temps avant la dernière captivité de l’Apôtre. Ce qui le fait penser, c’est l’analogie frappante et toute exceptionnelle qu’elles ont avec la seconde à Timothée, pour le fond comme pour la forme. Non seulement l’auteur y traite des mêmes sujets, mais il est placé au même point de vue, il a les mêmes préoccupations, il voit l’Église dans le même état. Mêmes périls pour la foi ; même goût des nouveautés dans les fidèles ; mêmes défauts dans la prédication ; les avis et les recommandations sont presque identiques. C’est aussi le même style, plus pur, plus coulant et moins chargé d’hébraïsmes qu’à l’ordinaire : ce sont les mêmes locutions et souvent les mêmes termes, qu’on lit dans chacune de ces Épîtres, et qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Aucune d’elles ne ressemble à un traité dogmatique ou polémique. Ce sont des Lettres proprement dites, des communications affectueuses, des instructions toutes pratiques, telles que l’âge de l’Apôtre, sa dignité et ses relations avec ses disciples le mettaient en position de leur en adresser. Convaincu qu’ils ne demandent qu’à connaître ses sentiments pour entrer dans ses vues, il leur écrit au courant de la plume, sans se préoccuper d’ordre ni de méthode. Les préceptes, les exhortations, les maximes, les pressentiments, les détails intimes arrivent pêle-mêle et se pressent sur le papier comme dans son esprit. Aussi serait-il difficile d’en faire un résumé ou une analyse proprement dite.

Ajoutons que diverses indications, fournies par ces Lettres mêmes, ne permettent guère de leur fixer une place dans la partie de la vie de S. Paul que les Actes nous retracent. Ainsi, dans la première à Timothée, on voit que, lorsqu’il l’écrivit, l’Apôtre venait de quitter Éphèse pour se rendre en Macédoine, qu’il avait laissé à son disciple le soin de cette Église et qu’il espérait l’y rejoindre bientôt. Or, ceci n’a pu avoir lieu au moment où les Actes nous montrent S. Paul quittant Éphèse pour passer en Europe ; car alors Timothée le devançait en Macédoine et l’Apôtre n’avait pas l’intention de revenir à Éphèse. À ce moment d’ailleurs, S. Paul ne fait encore que prédire l’apparition des faux Docteurs dont il expose et combat les principes dans les deux Lettres à Timothée. De même quand il écrit à Tite : il vient de passer dans l’île de Crète, où il l’a laissé. Il ne saurait être ici question de son passage en Crète avec le vaisseau qui l’emmenait captif à Rome : comment eût-il pu dire qu’il se proposait de passer l’hiver à Nicopolis? On ne voit donc pas où placer cette Épître, sinon dans l’intervalle de ses deux captivités, intervalle dont nous ignorons le détail, mais qui n’a pas été imaginé pour soutenir l’authenticité de ces écrits et durant lequel nous sommes fondés à croire qu’il parcourut de nouveau l’Orient, après avoir évangélisé l’Espagne.

Quelques auteurs objectent le jeune âge de Timothée, à l’époque où fut écrite la première Épître, S. Paul lui recommandant de faire respecter sa jeunesse. Mais il faut tenir compte de l’âge avancé de l’Apôtre, qui se qualifie de vieillard et qui avait au moins une soixantaine d’années, de l’habitude où il était de parler à Timothée comme à son disciple, et de la pratique commune au premier siècle de n’appliquer aux fonctions pastorales que les hommes qui touchaient à la vieillesse. (L. Bacuez.)