La sainte Bible selon la Vulgate (J.-B. Glaire)/Job (Introduction)

(introductions, notes complémentaires et appendices)
La sainte Bible selon la Vulgate
Traduction par Jean-Baptiste Glaire.
Texte établi par Roger et Chernoviz, Roger et Chernoviz (p. 1010-1011).
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INTRODUCTION

AU LIVRE DE JOB


L’existence réelle de Job ne fait aucun doute pour les Juifs et les chrétiens. Elle est attestée par les écrivains sacrés. Du reste, « on peut croire avec le plus grand nombre des interprètes, dit M. Le Hir, que Job et ses amis n’ont prononcé que le fond des discours qu’on leur met à la bouche, et que la diction appartient à l’auteur sacré. »

Le patriarche Job est postérieur à Abraham et à Ésaü, puisque deux de ses amis, Éliphaz et Baldad, descendent d’Abraham, le premier par Théman, fils d’Ésaü, le second par Suah, fils d’Abraham et de Cétura. Il y a lieu de croire qu’il est, au contraire, antérieur à Moïse, parce que dans son histoire, il n’est fait aucune allusion aux faits qui se sont passés pendant ou après l’Exode, tandis qu’on y trouve des allusions à tous les grands événements précédents, à la création, à la chute de l’homme, aux géants, au déluge, à la ruine de Sodome.

Job vivait dans la terre de Hus. D’après S. Jérôme et la plupart des modernes, la terre de Hus se trouvait dans la partie septentrionale du désert d’Arabie, parce que la Genèse en fait une terre araméenne et que Job est appelé Ben-Qédem, mot qui désigne proprement les Arabes. La tradition syrienne et la tradition musulmane placent, avec raison, ce semble, Hus dans le Hauran, non loin de Damas, dans le pays fertile appelé Él-Bethenijé, où se trouve le monastère de Deir Ejjub, élevé en l’honneur du saint patriarche.

La question la plus difficile concernant le livre de Job est celle qui regarde la date de sa composition et son auteur. On l’a souvent attribué à Moïse ou au moins à l’époque de Moïse, mais à cause de la langue et du style, on le reporte aujourd’hui, communément, au temps de Salomon ou à l’intervalle qui s’est écoulé de ce roi à Ézéchias.

Le but du livre de Job est la justification de la Providence, la solution du problème du mal dans le monde. L’occasion des malheurs de Job, leur cause et leur but, la manière dont il les endure et dont ses amis les apprécient, la raison que Dieu en donne, voilà tout le livre.

Tous les critiques sont unanimes à regarder le livre de Job comme un chef-d’œuvre de littérature ; on le regarde généralement aujourd’hui comme un drame, dans un sens large : le prologue en est l’exposition et ressemble beaucoup à la plupart des expositions des tragédies d’Euripide, qui sont aussi une sorte d’introduction épique à la pièce. Dès que le nœud de l’intrigue a été noué dans ce récit préliminaire, il se resserre de plus en plus dans les trois discussions ou les trois actes qui suivent, sous la forme de dialogues entre Job et ses amis. Dans les discours d’Éliu qui viennent ensuite, l’intrigue commence à se dénouer ; ils préparent l’intervention de Dieu qui amène d’une manière admirable le dénouement, complété dans l’épilogue. La préparation, le développement et la conclusion de l’action ne laissent rien à désirer au point de vue de l’art. Le poète procède avec tant d’habileté qu’il détache insensiblement le lecteur des amis de Job, pour le porter de plus en plus vers son héros, et l’intérêt va grandissant jusqu’à la fin.

S. Grégoire le Grand remarque, dans sa Préface sur Job, que ce saint patriarche a été la figure de Notre-Seigneur, non seulement par ses paroles, mais aussi et plus encore par ses souffrances. Quoiqu’il soit innocent, il est accablé de maux, par la permission de Dieu, comme devait l’être le Sauveur, le juste par excellence ; comme lui, il est abandonné des siens et comme lui enfin, il reçoit la récompense de sa patience et de sa résignation.

Le livre de Job se divise en cinq parties : 1o Prologue, i-ii ; 2o discussion de Job et de ses trois amis, iii-xxxi ; 3o discours d’Éliu, xxxii-xxxvii ; 4o apparition et discours de Dieu, xxxviii-xlii, 6 ; 5o épilogue, xlii, 7-16.