La sainte Bible selon la Vulgate (J.-B. Glaire)/I Machabées (Introduction)

(introductions, notes complémentaires et appendices)
La sainte Bible selon la Vulgate
Traduction par Jean-Baptiste Glaire.
Texte établi par Roger et Chernoviz, Roger et Chernoviz (p. 2162-2164).
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LES MACHABÉES

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I MACHABÉES


INTRODUCTION

Les quatre siècles qui s’écoulèrent depuis Néhémie jusqu’à la naissance de Notre-Seigneur ne nous sont pas connus par une histoire suivie. Nous ne possédons, sur toute celle période, que les deux livres des Machabées, qui nous ont conservé la mémoire des luttes soutenues par les Juifs fidèles contre l’impiété.

Machabée fut d’abord un surnom de Judas, troisième fils du prêtre Mathathias ; la gloire qu’il s’acquit par ses exploits fit donner ce nom à toute sa famille. Dans le Talmud, dans Josèphe, et dans beaucoup d’histoires modernes, les descendants de Mathathias sont appelés, non pas Machabées, mais Asmonéens, du nom de leur ancêtre Asamôn.

Le premier livre des Machabées s’ouvre par une introduction, i-ii, et raconte ensuite, en trois sections, 1o l’hisloire des guerres de Judas Machabée, iii, ix, 22 ; 2o l’histoire du gouvernement de Jonathas, ix, 23-xii, 54 ; 3o l’histoire du gouvernement de Simon, xiii-xvi. La période historique qu’il embrasse et qu’il expose selon l’ordre chronologique est de 33 ans ; elle s’étend de l’an 168 à l’an 135 avant J.-C., c’est-à-dire depuis le commencement des guerres entreprises par les fils de Mathathias pour la défense de la religion jusqu’à la mort de Simon.

Le texte original du premier livre des Machabées est aujourd’hui perdu, mais nous savons qu’il avait été écrit en hébreu. A travers la traduction, en grec alexandrin, perce la phrase sémitique ; les expressions sont helléniques, la construction et la manière de parler sont hébraïques ; des idiotismes sémitiques ont été traduits mot à mot.

Les derniers mots de ce livre, qui renvoient aux annales du pontificat de Jean Hyrcan, mort en l’an 107 avant J.-C., indiquent que l’auteur écrivait quelques années après la mort de Simon, laquelle eut lieu en 130 avant J.-C., peut-être pendant que le grand-prêtre Jean Hyrcan vivait encore. L’ensemble du récit montre que l’historien était peu éloigné des événements qu’il raconte. Nous ne savons du reste absolument rien sur sa personne. La traduction grecque est fort ancienne, car Josèphe s’en est servi dans la rédaction de ses Antiquités hébraïques, et l’a souvent copiée mot pour mot.

Voici l’analyse du premier livre des Machabées. Il s’ouvre par une introduction qui se divise en trois parties : — 1o i, 1-10, coup d’œil sur les conquêtes d’Alexandre et sur le partage de son empire par ses généraux. — 2o i, 11-67, récit des maux qu’occasionnèrent en Judée les Juifs infidèles, sous le règne d’Antiochus IV Epiphane, monté sur le trône en 173 : le pillage de Jérusalem et du temple, construction d’une forteresse sur le mont Sion, introduction du culte polythéiste dans la ville sainte et dans toute la Palestine, — 3o ii. Ces crimes indignèrent le prêtre Mathathias ; il prit les armes avec ses enfants et les Juifs fidèles, et commença la guerre glorieuse des Machabées contre l’étranger, pour l’indépendance de la patrie et surtout pour la conservation de la foi. Le ch. ii finit par la mort de Mathathias, l’an 166 avant J.-C.

Après cette introduction historique, l’auteur raconte en trois sections et dans l’ordre chronologique les événements principaux de cette époque, les combats et les victoires de Judas Machabée et de ses frères. La 1re section contient l’histoire des guerres de Judas, iii-ix, 22 ; la 2e celle du gouvernement de Jonathas, ix, 23-xii, et la 3e celle du gouvernement de Simon, xiii-xvi.

Ire section : Histoire des guerres de Judas Machabée, iii-ix, 22. Après la mort de son père Mathathias, Judas Machabée se mit à la tète des Juifs fidèles au Dieu de leurs pères. — 1o Il battit les généraux syriens Apollonius et Séron, puis Gorgias et enfin Lysias, vice-roi d’Antiochus ; il reprit Jérusalem, à part la citadelle, purifia le temple et rétablit le service divin, iii-iv. — 2o Le ch. v raconte comment le vainqueur des Syriens châtia les voisins des Juifs, animés contre eux d’intentions hostiles. — 3o La mort terrible d’Antiochus IV Epiphane, l’auteur de tous les maux des Juifs, est dépeinte en traits éloquents, vi, 1-16. — 4o Son successeur, Antiochus V Eupator, marcha contre Judas, qui assiégait la forteresse de Jérusalem ; la campagne ne fut décisive ni d’un côté ni de l’autre, vi, 17-63. — 5o Quand, en 162, Démétrius Ier, cousin d’Antiochus V, se fut emparé du trône des Séleucides, il envoya contre la Judée Bacchide et Alcime, mais ils ne purent réussir à la vaincre. Nicanor fut envoyé à son tour. Ce général fut battu d’abord à Capharsalama et tué ensuite dans une seconde bataille, à Béthoron. La défaite des Syriens fut si complète que les Juifs instituèrent une fête pour en perpétuer la mémoire, vii. — 6o Judas profita de la paix pour faire alliance avec les Romains, viii. — 7o Sur ces entrefaites, Bacchide et Alcime envahirent de nouveau la Judée avec une armée formidable. Judas les attaqua à Laïsa, mais il périt dans ce combat, ix, 1-22.

IIe section : Gouvernement de Jonathas, ix, 23-xii. — 1o La mort de Judas Machabée devint funeste aux Juifs fidèles. Le parti hellénisant l’emporta avec l’aide de Bacchide. Jonathas, frère de Judas, choisi pour succéder à ce grand homme, fut contraint de se réfugier, avec ses partisans, dans le désert de Thécué. Il voulut faire mettre en sûreté chez les Nabathéens, ses alliés, les trésors de sa famille (texte grec), mais la caravane qui les transportait, sous la conduite de Jean, son frère, fut pillée par les Arabes Bédouins de Madaba et Jean fait prisonnier. Jonathas alla châtier ces brigands. A son retour, l’armée de Bacchide lui barra passage à l’embouchure du Jourdain ; il réussit à se frayer un chemin à travers les ennemis, en tuant mille d’entre eux. Bacchide se dédommagea de cet échec en couvrant la Judée de places fortes. Sur ces entrefaites, il revint auprès du roi de Syrie, après la mort d’Alcime. Au bout de deux ans, il retourna en Judée, appelé par les Juifs de son parti ; il assiégea Bethbessen, où s’était réfugié Jonathas, mais celui-ci parvint à sortir de cette place, et Simon, son frère, battit les Syriens. Jonathas obtint alors de vivre indépendant à Machinas. Ainsi se termina la guerre de Jonathas contre Bacchide, ix, 23-72. — 2o En 152, il éleva contre le roi Démétrius Ier un compétiteur, Alexandre Balas. L’un et l’autre recherchèrent l’appui de Jonathas. Celui-ci se prononça pour Alexandre et fut reconnu par lui comme grand-prêtre des Juifs. En 146, Démétrius II voulut s’emparer de la couronne des Séleucides ; il envoya Apollonius contre les Juifs ; Jonathas le battit, et sa victoire lui valut de nouvelles faveurs de la part d’Alexandre, x. — 3o Pendant la guerre entre Ptolémée VI Philométor d’Egypte et Alexandre, Jonathas sut, par sa prudence, conserver ses avantages, et, après la mort de ces deux rois, en obtenir de nouveaux de Démétrius II. Il en témoigna sa reconnaissance en envoyant à ce dernier un corps de troupes auxiliaires, pour l’aider à réprimer une sédition qui avait éclaté à Antioche, mais il en fut mal récompensé : Démétrius II ne tint pas ses promesses. La position devenait critique pour le grand-prêtre juif, lorsque Tryphon opposa à Démétrius le fils d’Alexandre, Antiochus VI. Jonathas se déclara pour le jeune roi et l’aida à triompher de ses adversaires, xi. — 4o Il renouvela alors l’alliance avec les Romains, ainsi qu’une alliance ancienne avec les Spartiates ; il remporta de nouveaux succès contre les généraux de Démétrius et augmenta les fortifications de Jérusalem ; mais il périt enfin, victime de la fourberie de Tryphon, qui, aspirant à la couronne, voulait se débarrasser auparavant d’un homme qui pouvait contrarier efficacement ses projets (143 avant J.-C.), xii ; voir xiii, 23.

IIIe section : Gouvernement de Simon, xiii-xvi. — 1o Jonathas eut pour successeur son frère Simon. Le nouveau grand-prêtre fit enterrer Jonathas à Modin et élever, en ce lieu, à sa famille un monument magnifique. Il obtint de Démétrius divers privilèges et reprit enfin la forteresse de Jérusalem sur les Syriens, xiii. — 2o Il employa les années de paix qui suivirent à agrandir ses Etats, à orner le temple et à faire prospérer le commerce ; il renouvela l’alliance avec les Romains et les Lacédémoniens. Le peuple, en reconnaissance de ses bienfaits, le reconnut, lui et sa postérité, comme pontife et prince, xiv. — 3o Quelque temps après, Antiochus VII Sidètes, voulant reconquérir le trône sur Tryphon, chercha à s’assurer l’alliance de Simon et lui renouvela toutes les concessions qui lui avaient été déjà faites par ses prédécesseurs, en y ajoutant le droit de battre monnaie ; mais après avoir triomphé de son adversaire, il oublia ses promesses et fit marcher contre la Judée son général Cendébée. Celui-ci fut battu par les fils du grand-prêtre, Judas et Jean. Cependant Ptolémée, gendre de Simon et gouverneur de Jéricho, ne laissa pas son beau-père jouir de la victoire de ses enfants. Il le fit périr par trahison. Simon eut pour successeur son fils Jean Hyrcan, xv-xvi. Le premier livre des Machabées s’arrête à l’avénement de ce prince