La sainte Bible selon la Vulgate (J.-B. Glaire)/I Esdras (Introduction)

(introductions, notes complémentaires et appendices)
La sainte Bible selon la Vulgate
Traduction par Jean-Baptiste Glaire.
Texte établi par Roger et Chernoviz, Roger et Chernoviz (p. 881-882).


INTRODUCTION

AU

PREMIER LIVRE D’ESDRAS


Les livres que nous appelons premier et second d’Esdras portent, dans la Bible hébraïque, des noms tout à fait distincts : le premier seul a le titre d’Esdras ; le second a celui de Néhémie, comme l’indique, du reste, notre Vulgate où nous lisons : Néhémie ou second d’Esdras. Ce sont les Juifs qui sont cause qu’on a rangé ces deux histoires tout à fait distinctes sous une même dénomination, parce qu’ils ne les comptaient que pour une, dans leur canon de la Sainte Écriture, afin que le nombre des livres ne dépassât pas celui des lettres de leur alphabet. Ils se relient d’ailleurs intimement l’un à l’autre : le premier nous fait connaître le commencement, et le second la fin de la restauration d’Israël dans la Terre Promise.

A partir de la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor, nous n’avons plus d’histoire suivie du peuple juif. Nous savons seulement comment finit la captivité par le livre d’Esdras, et nous connaissons quelques-uns des faits qui suivirent, par le livre de Néhémie et les deux livres des Machabées. — La première année de Cyrus, 536 avant J.-C., un premier groupe de captifs, conduit par Zorobabel et le grand-prêtre Josué, retourna en Judée. L’année suivante, 535, on commença à faire les préparatifs pour la reconstruction du temple ; mais, par suite de nombreux obstacles, cet édifice ne put être achevé que la sixième année de Darius, fils d’Hystaspe, c’est-à-dire, en 516. Soixante-dix ans plus tard environ, la septième année d’Artaxercès Longuemain, en 459, le scribe Esdras ramena en Judée d’autres captifs, avec l’autorisation de prêcher la loi, d’instituer des juges ; et des chefs du peuple selon les prescriptions mosaïques, et d’organiser le service du temple. Le premier livre d’Esdras embrasse une période d’environ quatre-vingts ans.

Après treize ans écoulés, la vingtième année d’Artaxercès, 443 avant J.-C., Néhémie obtint de ce prince, dont il était échanson, la permission de se rendre à Jérusalem et de rebâtir les murs et les portes de la ville. Il réalisa ses projets, malgré les vives oppositions des peuples voisins, ennemis d’Israël. C’est ainsi que par la protection des rois perses, Cyrus, Darius et Artaxercès Longuemain, et grâce au patriotisme et à la piété de Zorobabel, de Jésus, fils de Josédec, d’Esdras et de Néhémie, Juda recouvra sa patrie, sa capitale et le temple du vrai Dieu.

Le premier livre d’Esdras a toujours été attribué à celui dont il porte le nom. Esdras parle d’ailleurs à la première personne dans plusieurs versets de la seconde partie.

On objecte contre l’authenticité du livre d’Esdras l’emploi successif de la troisième et de la première personne dans la seconde partie. On convient qu’il est facile d’expliquer l’emploi de la troisième personne au chap. vii, 1-10, parce qu’Esdras devait d’abord se faire connaître ; mais on prétend qu’il est impossible de rendre raison de l’emploi de cette troisième personne au chap. x, après qu’il a fait usage de la première personne, à partir de vii, 28, jusqu’à ix. Il suit de là, assure-t-on, que l’auteur de ce livre n’est pas Esdras, mais un écrivain plus récent qui a inséré dans son récit un fragment d’Esdras, c’est-à-dire vii, 27-ix. — En réalité, on ne peut rien conclure du passage d’une personne à l’autre, parce que ce changement était dans les usages des Juifs, comme le prouvent divers endroits des Livres Saints.

Esdras fut le premier des scribes ou docteurs de la loi, et comme le réorganisateur d’Israël, le Moïse du retour de la captivité. Ce fut lui, avec Néhémie et les plus anciens scribes, qui fixa le canon de la Bible hébraïque et qui jeta les fondements définitifs de l’institution des synagogues, en convoquant le peuple à des réunions publiques, pour lui enseigner la loi. Désormais les scribes continuent le rôle des prophètes ; ils expliquent au peuple la parole de Dieu et l’exhortent à la mettre en pratique.