La région du lac Saint-Jean, grenier de la province de Québec/V

V.


En 1888, on avait coupé sur la ligne du chemin de fer du lac Saint-Jean 210,000 billots ; l’année dernière, on en a coupé 365,000. Autrefois, on ne faisait pas un seul billot dans toute cette région. Aujourd’hui, le département des Terres de la Couronne en tire un revenu très considérable qui ira sans cesse en augmentant, et qui est déjà assez considérable pour payer l’intérêt sur une grande partie des subsides votés à ce chemin de fer par la province. Cette année quatre nouvelles scieries seront établies le long de la ligne, dont la plus considérable a fonctionné à Saint-Raymond dès les premiers jours de l’été.

En 1889, le chemin de fer transportait 79,000 voyageurs, 104,000 tonneaux de fret, 27,000 cordes de bois de chauffage, 25,000,000 de pieds de bois de commerce et 24,000 tonneaux d’autres marchandises.

Les diverses industries qui alimentent ce trafic et le commerce de bois donnent de l’emploi à près de 3,000 hommes.

On a pris cette année des mesures qui permettront de donner trois fois plus de logement au grand hôtel de Roberval. En outre la construction d’un autre hôtel à la Grande Décharge, presque aussi vaste que ce dernier, vient d’être terminée.

La Compagnie se propose d’étendre ses opérations à l’ouest, à l’est et au nord, de façon à établir un vaste réseau sur toute la région septentrionale de notre province.

L’extension de l’Ouest, ayant pour point de départ la Rivière-à-Pierre, traversera toute la région du Saint-Maurice, et, suivant la vallée de l’Outaouais Supérieur, aboutira à l’extrémité nord du lac Témiscamingue. La Compagnie se propose d’établir un service de vapeurs sur le Saint-Maurice, entre la Tuque et les Piles, une longueur de 70 milles, ce qui serait d’un grand secours aux colons déjà établis dans la vallée du Saint-Maurice, et augmenterait considérablement le commerce de bois dans cette région. Dans les vallées de l’Outaouais Supérieur et de ses tributaires, on coupe annuellement près de 4,000,000 de billots de pin, ce qui forme le chiffre énorme de 600,000,000 de pieds de bois. Le chemin de fer dont il est question une fois construit, la plus grande partie de ce bois serait scié dans des moulins établis sur son parcours, transporté à Québec et de là expédié en Europe et aux ports de l’Amérique méridionale. Le pays que le nouveau chemin de fer traverserait est loin d’être aussi montagneux qu’on le croit. Il est établi entre autres choses que le Saint-Maurice à La Tuque est à peu près au niveau de Lorette. Une grande partie de ce pays, surtout les régions du Témiscamingue et de l’Outaouais, est éminemment propre à la colonisation.

En jetant un coup d’œil sur la carte, on constate immédiatement que la ligne projetée constitue la base du triangle formé par le fleuve Saint-Laurent et la rivière Outaouais, diminuant la distance entre le Témiscamingue et la mer. Mais il y a plus. Si du Témiscamingue on construisait une extension jusqu’au Sault Sainte-Marie, les exportateurs de grain des États de l’Ouest auraient 120 milles de moins à parcourir jusqu’au port d’embarquement. Ajoutons que si le pont sur le Saint-Laurent, à Québec, était construit, la distance entre Winnipeg et Halifax, en passant par Chapleau, Témiscamingue, Québec et Témiscouata serait de 180 milles plus courte que par la ligne courte du Maine.

Québec deviendrait ainsi un des plus grands entrepôts de grain du continent. On pourrait objecter que notre port n’est ouvert à la navigation que pendant sept mois de l’année. Ce n’est pas une objection sérieuse. Le grand entrepôt de grain de la Russie est Archangel, au fond de la mer Blanche, dans le cercle arctique. La navigation n’y dure que quatre mois. Cependant les exportations de cette seule ville dépassent, nous dit-on, celles du Canada tout entier.

L’extension orientale consisterait d’abord en un chemin de fer entre Chambord, Chicoutimi et Saint-Alphonse, plus de 60 milles à travers une région agricole comptant les deux tiers de la population du comté. Saint-Alphonse serait choisi comme terminus, parce que son port est accessible aux plus gros vaisseaux en presque toute saison et sans tenir compte de la marée. La Compagnie établirait alors une ligne de paquebots entre Saint-Alphonse et la Rivière-du-Loup, de telle sorte qu’un touriste, parti de Québec à huit heures du soir, pourrait y être de retour le lendemain à la même heure, ayant accompli en vingt-quatre heures tout le tour du Saguenay, ce qui ne peut se faire aujourd’hui en moins de deux jours.

Il n’est pas du tout inopportun, en parlant des projets de la Compagnie du chemin de fer du Lac Saint-Jean, de signaler le puissant concours que leur apporterait la construction d’un pont entre Québec et Lévis. L’exécution de cette entreprise doublerait le mouvement des voyageurs et augmenterait dans une forte mesure le trafic général sur le chemin de fer du lac Saint-Jean. Un des principaux avantages serait de permettre l’exploitation en grand des carrières de granit des montagnes du nord. Dans l’État du Maine il existe des carrières semblables qui donnent tout le long de l’année de l’emploi à plus de 1,000 hommes. Une autre carrière du même genre dans le New Hampshire a donné naissance à une ville florissante. On en expédie de grandes quantités à Cincinnati, ainsi qu’à Chicago et à toutes les villes de l’Ouest Américain.

Nous allons maintenant passer en détail les différents cantons qui constituent la partie arpentée du territoire du lac Saint-Jean, et donner sur chacun d’eux des appréciations succinctes, tirées des rapports des arpenteurs qui en ont fait des explorations officielles.


Canton Bourget


Toute la partie du canton Bourget, que je viens de subdiviser, méritait au plus haut point l’attention du département de la colonisation. Le sol est de qualité supérieure, composé en grande partie de terre argileuse, grise, noire et jaune dans les vallées, et de terre jaune sablonneuse sur les hauteurs, très propre à la culture. Cette étendue est suffisante pour former une paroisse, et surtout une des plus avantageusement situées du Haut-Saguenay.

(P. H. Dumais, 24 mars 1870.)

Dans la partie de Bourget que je viens de subdiviser, le terrain est supérieur sous tous les rapports, le climat, surtout, ne laisse rien à désirer, car les gelées du mois de juin, qui se sont fait sentir ailleurs, ont passé là inaperçues. Deux cents minots de grains ont été semés ce printemps, et la récolte promet un bon rendement. Un chemin ouvert par le gouvernement à travers ce canton serait le salut de tous les pauvres colons qui veulent sincèrement s’y établir.

(P. H. Dumais, 30 août 1870.)

Cantons Caron et Mésy


Le sol, dans le cinquième et le sixième rangs de Caron, à l’est de la ligne centrale, est très favorable à l’ouverture de nouveaux établissements, tandis qu’à l’ouest de cette même ligne, dans les mêmes rangs, il est très accidenté et rocheux ; la terre, cependant, est de bonne qualité et le bois magnifique.

Le terrain, à l’est, est accidenté, près de la ligne centrale ; mais le sol est excellent sur toute la ligne. À l’ouest, le voisinage du cordon est rocheux ; mais si l’on s’en éloigne quelque peu, les roches disparaissent et le sol s’améliore considérablement dans les environs du chemin de Québec, où une bonne partie des lots est marquée par de petits abattis, depuis l’automne dernier.

Les bois de toutes les essences que l’on rencontre dans les autres parties de Chicoutimi sont ici d’une grosseur peu ordinaire et d’une grande hauteur, surtout dans la vallée de la Belle-Rivière et de ses tributaires. Les pouvoirs d’eau sont nombreux et le bois de construction abonde partout, malgré l’exploitation faite par la maison Price.

Les montagnes et les rochers qui s’y rencontrent et qui seront toujours incultes, comprennent à peu près le quart de la superficie subdivisée ; mais le bois dont ils sont couverts indemnisera amplement le colon, si, profitant de l’expérience des années passées, il montre plus de sagesse, de prudence et de discernement dans la destruction de la forêt.

(P. H. Dumais, 31 janvier 1871.)


Canton Chamouchouan


Le sol, dans cette partie du canton, est généralement une terre jaune, avec des fonds çà et là de terre grise et de terre noire. La surface du sol est en grande partie unie, avec les caractères d’ondulation que j’ai mentionnés pour le canton de Roberval. Il n’y a pas de montagnes, quelques rochers seulement percent le sol ici et là. Les rivières Iroquois et à l’Ours, en creusant leurs lits jusqu’au roc, ont formé de profondes coulées, comme on en voit généralement sur les rivières du lac Saint-Jean. Ces rivières donnent de bons pouvoirs d’eau en plusieurs endroits, avec des sites fort avantageux pour la construction des moulins.

J’ai l’honneur de vous informer qu’un certain nombre de colons ont déjà été choisir des lots ; ce sont presque tous des gens arrivés depuis l’année dernière au lac Saint-Jean. Ils se proposent de faire des travaux de défrichement le printemps prochain.

Avec des routes, heureusement fort faciles à faire, ces colons seraient en demeure de jeter dans ces cantons le noyau d’une paroisse florissante.

(P. J. C. Dumais, 4 février 1880.)


Cantons Chamouchouan et Demeules


D’après les rapports que j’ai transmis à divers intervalles, autant que les circonstances m’ont permis de le faire, vous avez pu remarquer la grande étendue de terre arable que renferment les cantons Ashuapmouchouan et DesMeules. Quant à la qualité du sol, il n’est certainement rien de préférable à celui de la vallée de la rivière Ashuapmouchouan. L’argile prédomine, comme dans toutes les autres parties du Saguenay ; en plusieurs endroits, cette argile est recouverte d’une couche de sable, de trois à quatre pouces d’épaisseur, élément précieux, particulièrement pour la culture du blé, qui dans ces terrains m’a paru être exempt des atteintes de la mouche. Ce qui forme le trait caractéristique de cette vallée de la rivière Ashuapmouchouan, c’est que le terrain, quoique très bien arrosé, n’offre point les accidents, tels que ravins profonds et rochers escarpés, si communs dans les autres parties du Saguenay. Trois belles paroisses, au moins, peuvent être formées dans les cantons Ashuapmouchouan et Demeules, et j’espère qu’elles le seront bientôt, si le gouvernement seconde les efforts des nombreux colons qui doivent s’y diriger. Des renseignements que j’ai obtenus de diverses personnes et une exploration que j’ai faite moi-même au nord-est de la rivière Ashuapmouchouan, me portent à croire qu’il y a de ce côté une étendue considérable de bonne terre. La preuve de la bonté du climat se trouve dans les succès obtenus par les colons qui peuplent actuellement le canton Roberval, lequel avoisine la réserve des Sauvages. La température d’été est à peu près celle de Québec, avec cette différence, cependant, que les vents du nord-est se font peu sentir et sont presque aussi doux que ceux du sud-ouest. Les froids de l’hiver sont très intenses, circonstance due très probablement aux immenses brûlis situés au nord et au nord-ouest.

L’unique moyen de développer les ressources de cette partie importante du Saguenay est d’ouvrir des voies de communication, d’abord entre Chicoutimi et la partie nord-ouest du lac Saint-Jean, et plus tard, si c’est possible, entre le lac et l’une des paroisses du comté de Québec.

(P. A. Tremblay, 1er mai 1882.)

La partie centrale, comprenant environ le tiers du terrain que j’ai arpenté, est à peu près impropre à la culture, étant couverte de roches et de crans. Cette première partie, représentée sur le plan, n’est pas montagneuse ; mais elle est très accidentée, couverte de petits cyprès, bouleaux rouges, vinaigriers, cerisiers sauvages et autres petits bois chétifs. Ces lots peuvent à la rigueur être vendus comme lots à bois.

La deuxième partie, comprise dans la première et représentée aussi sur le plan, est en brûlis. Cette deuxième partie est impropre à la culture et n’a aucune valeur pour le moment. Le reste, comprenant les deux tiers du terrain arpenté et étant les parties nord-est, nord-ouest, et sud-est, est de terre forte argileuse de première qualité, principalement la partie nord-ouest : cette dernière partie est très plane, régulière et sans obstacle pour la colonisation. Les essences forestières dans cette dernière partie sont variées. L’épinette blanche est abondante et propre à faire du bois marchand. Il y a aussi beaucoup de beaux cyprès dont on peut tirer partie. En substance, les deux tiers du terrain que j’ai arpenté sont bons et propres à la culture. Le reste ne l’est pas.

(J. B. Du Tremblay, 12 octobre 1885,)


Comté de Chicoutimi — Île d’Alma


La surface de l’île n’est pas parfaitement unie : il y a quelques crans, mais néanmoins je considère que c’est un beau terrain plat, sans compter quelques rochers que j’ai rencontrés le long de l’arrière-ligne du premier et celle du cinquième rang. Une charrue passerait partout. Le sol est en général composé d’une belle marne, quelquefois mélangée d’une marne grisâtre. Dans certains cas, la première couche est un terrain végétal, et, à quelques pouces de profondeur, on trouve de la terre glaise et de l’argile. Le seul marécage ou savane que j’aie rencontré se trouve entre les numéros deux et cinq du deuxième rang, et il s’étend à dix chaînes environ au nord. À la surface, la couche de terre noire a huit ou neuf pouces d’épaisseur. Le bois est généralement gros et de haute stature. Au côté nord, il se compose de bouleau blanc et noir, d’épinette blanche et grise, de sapin, de broussailles de toute sorte, de cèdre, de frêne et de sureau. Au côté sud, on rencontre aussi une montagne de frêne ; on n’y rencontre pas aussi fréquemment le bouleau noir, mais toutes les autres espèces s’y trouvent ; l’épinette noire est rare.

(E. A. Duberger, 8 mars 1864.)

L’île d’Alma est une des plus belles parties du comté de Chicoutimi. Elle est en général basse et fortement boisée. Le sol se compose en général d’une marne riche, mélangée à un peu de terre glaise. Je suis convaincu qu’il n’y a pas sur cette île deux cents acres de terrain sans valeur. Avec tous ces avantages, elle ne sera pas habitée d’ici a quelques années, vu la difficulté de communication par la Grande-Décharge, qui est difficile et fatigante, surtout quand les eaux sont hautes, ce qui est généralement le cas après une couple de jours de pluie.

Sur la rive nord de la Grande-Décharge, les bords immédiats sont élevés et rocheux, depuis le numéro un jusqu’au numéro dix. En somme, la hauteur des rives varie depuis le numéro un jusqu’au numéro quarante-neuf. En certains endroits, l’aspect est pauvre ; mais le terrain change et devient meilleur à quelque distance ; au nord de la rive.



Cantons Dalmas et Taillon


J’ai l’honneur de vous faire le rapport suivant sur les terrains que je viens d’arpenter au nord du lac Saint-Jean, dans les cantons Dalmas et Taillon.

Le terrain que j’ai arpenté a une superficie de 39,952 acres et 8 perches et se trouve sur la latitude moyenne de 48° 45′, environ à quatre heures quarante-cinq minutes de longitude.

Je suis heureux de pouvoir vous informer que ce domaine, ainsi que la contrée qui l’entoure, est supérieur à tous les terrains arables que j’ai arpentés jusqu’à présent. Je crois pouvoir assurer que, sous le rapport de la richesse du sol et par son étendue, c’est une contrée merveilleuse, supérieure à tout le reste du lac Saint-Jean ; c’est peut-être la contrée inhabitée la plus fertile et la plus avantageuse de notre province ; c’est d’elle que le gouvernement peut attendre les plus beaux résultats pour le développement de la colonisation.

Il est hors de propos d’entrer ici dans les détails du Field-Book relatifs à la qualité de la terre, aux essences forestières, à la topographie, etc., parce que ces terrains sont uniformément plats, de même terre forte, argileuse, très fertile et couverte de toutes les essences de gros bois qui croissent sur un sol végétal ou d’alluvion. Une minime partie, cependant, en front du canton, telle que montrée sur le plan, est en terre jaune. Ici, seulement dans cette espèce de terrain, le cyprès et le pin rouge croissent en assez grande quantité et deviennent très gros. Les autres essences dont est composée la forêt partout ailleurs sont l’épinette blanche, l’épinette rouge et l’épinette noire, le sapin blanc, qui pousse dans les terres froides et humides, et une autre espèce de sapin (Pinus Lambertina) qui atteint d’énormes proportions. L’épinette blanche est l’essence la plus commune et atteint souvent trente-cinq pouces de diamètre. Il y a beaucoup de trembles et de peupliers du Canada, dans les voisinages de la petite Péribonka, qui sont de belle dimension.

La forêt des bois durs se compose de merisiers, qui sont énormes, de bouleaux blancs et rouges, francs-frênes, aulnes communes, cormiers, frênes rouges, frênes de savane, frênes noirs, merisiers blancs, petites merises, plaines bâtardes, saules noirs et vinaigriers.

Les gros bois qui composent la forêt sont remarquablement clairsemés ; mais à leurs pieds croissent vigoureusement des gadelliers, des groseilliers ou des buissons. Heureusement, et en opposition au vilain spectacle que l’on voit partout ailleurs au Saguenay, le feu n’a pas encore pénétré dans ces belles forêts.

Je n’ai jamais vu une contrée mieux arrosée par une foule de ruisseaux et de petites rivières, qui coulent tous sur de la terre forte et sur des lits très bas ; leurs rives ne sont pas à pic et n’ont pas de berges. Les grandes rivières peuvent, par leurs chutes, devenir des moteurs hydrauliques très puissants.

Ce domaine fertile, pittoresque et d’avenir, s’étend jusqu’à quarante-cinq milles vers le nord environ. J’ai vu moi-même le lac Saint-Jean à quatorze milles de distance du point où j’étais et l’immense plaine s’étend en tous sens, à perte de vue, sans interruption. Nous pouvons compter, au nord du lac Saint-Jean, sur une étendue de quelques trois mille six cents milles carrés de terre arable absolument plane, franche et fertile, et susceptible de contenir l’établissement de cinquante paroisses.

Ce terrain jouit d’un climat magnifique. La vaste nappe d’eau du lac Saint-Jean, en répandant ses vapeurs bienfaisantes, joue un rôle climatologique important. Une autre cause en faveur de la température de cette région, au point de vue de la maturation des céréales, c’est la longueur des jours d’été.

Tel est le caractère du climat et de la richesse de ce vaste terrain du lac Saint-Jean qui devra être un foyer convergeant de la colonisation, attirée encore par la présence du nouveau chemin de fer existant déjà et celle d’un bateau à vapeur qui pourrait faire un service régulier sur le lac Saint-Jean.

(Geo. B. Du Tremblay, 25 octobre 1887.)

(Le rapport de M. Du Tremblay est confirmé par l’exemple de M. B. A. Scott qui, ayant ouvert une ferme, pour les besoins de son commerce de bois, sur la rivière Peribonca, a eu cette année (1890) une magnifique récolte d’avoine, et qui, pour moins d’un tiers d’arpent ensemencé, a obtenu le rendement énorme de deux cent cinquante minois de patates.)



Canton Delisle


La description du pays situé le long de la ligne ouest du canton ne varie pas beaucoup. Il est généralement irrégulier. Le sol se compose de belle terre glaise avec un sous-sol de marne. Le bois consiste en sapin, merisier noir et merisier blanc, en broussailles de toute sorte, y compris une montagne de frêne, d’épinette marchande, et de pin blanc.

(Geo. B. Du Tremblay, 12 octobre 1885)


Canton DeQuen


Cette partie du canton DeQuen, que j’ai arpentée, en arrière du quatrième rang, entre le lac Bouchette et la rivière Métabetchouan, a une superficie de trente-cinq mille huit cent soixante-et-dix-neuf acres.

Je suis heureux de vous informer que ce canton, d’environ cent milles carrés, dans son ensemble est propre à la culture, couvert de beaux bois et qu’il sera vendu assez avantageusement comme lots de ferme.

Ce canton est arrosé par la rivière Métabetchouan, la rivière Noire, la rivière à Prudent, la rivière Qui mène du train ; par le lac Saint-Paul et par plusieurs ruisseaux magnifiques qui le sillonnent. Il y a plusieurs sites de moulin sur la rivière Métabetchouan. Les lacs sont généralement très poissonneux. Leurs eaux sont pures, et ils occupent en somme une superficie de neuf cent dix-huit acres.

Les squatters, qui ont fait des ébauches de défrichement en profondeur du quinzième rang, ainsi que les colons qui habitent sur les rives du lac Bouchette, parlent avantageusement du climat.

Ce domaine, actuellement le plus important de toute la vallée du lac Saint-Jean, par sa position sur le parcours immédiat du chemin de fer, sera avant peu un foyer convergent de colonisation, la présence du chemin de fer devant amener ce résultat.

(Geo. B. Du Tremblay, 26 juin 1886.)

La plus grande partie des rangs huit, neuf, dix, onze, douze et treize est généralement de terre forte, ou autres terres végétales fertiles. Il y a un peu de roches dans certains endroits ; mais il n’y a pas de montagnes ni rien de nuisible ; c’est un terrain plan ou onduleux.

Les feux de forêts qui sévissent d’une saison à l’autre font plus de mal que la dévastation causée par l’industrie forestière dans le Saguenay. La fréquence de ces feux a aussi le résultat pernicieux de détruire les matières organiques du sol.

(Geo. B. Du Tremblay, 7 août 1886.)


Canton Dolbeau


Les rives de la rivière Péribonka sont basses partout et de terre forte. Il n’y a pas une seule roche, et le terrain est plan et uni : je n’y ai pas vu de montagnes. La forêt est magnifique. Dans cette dernière partie mentionnée de l’arpentage, j’ai remarqué qu’il y a encore beaucoup d’épinettes à billots et quelques pins. On trouve les rives boisées d’épinettes, sapins, ormes, frênes, trembles, etc.

Les rives de la rivière Mistassini sont basses, généralement, excepté vis-à-vis de la grosse île. Les plus beaux bois verts couvrent les deux rives. J’ai remarqué qu’il y a joliment du pin blanc sur la rive droite.

Cette rivière traverse le plus beau terrain du monde sous le rapport de la richesse du sol. C’est aussi un paysage des plus pittoresques, qui a beaucoup de vogue à ce temps-ci. J’ai vu tout le long de cette rivière la plus belle et la plus abondante forêt, consistant en ormes, frênes, trembles du Canada, peupliers, gadelliers, cerisiers, gros merisiers, bouleaux, etc., etc.

(G. T. du Tremblay, 2 mai 1888.)


Canton Dufferin


Le terrain traversé par l’arrière-ligne est de bonne qualité, étant généralement uni, composé de terre forte, recouverte en différents endroits de terre jaune. Il est aussi d’une bonne qualité dans les 5ème, 6ème et 7ème rangs, au nord-ouest de la ligne centrale. La pousse du bois franc et mou, dans ces rangs, date de 25 à 30 ans environ. Les anciens troncs d’arbres que l’on trouve en différents endroits indiquent que tous ces terrains étaient originairement richement boisés en bois franc et mou de grosses dimensions, les mêmes que les terrains traversés par les lignes tirées du côté opposé à la ligne centrale, où le feu n’a pas pénétré. On trouve partout des arbres fruitiers sauvages, tels que le cerisier, le gadellier, la vigne, le pembina et le mascouabina.

Dans tout le cours de mes opérations, j’ai remarqué que le terrain dans les lignes que j’ai tirées est excellent, étant partout de terre forte, et le plus souvent on remarque une couche de terre jaune grasse sur la terre glaise, et en quelques endroits une couche de sable gras sur la glaise. Partout le terrain est uni et sans roche. Je considère que ce canton est supérieur à tous les autres, dans ce territoire, sous le rapport de la culture et du climat. Ces terrains sont complantés de bois franc et mou d’une grosse pousse, le merisier, l’orme, le frêne, le tremble, l’épinette, le sapin et quelques pins, partout où le feu n’a pas pénétré.

Le climat du canton Dufferin est supérieur à celui de tous les autres cantons du lac Saint-Jean, les gelées s’y faisant sentir plus tard en automne.

(Gédéon Gagnon, 25 mars et 17 juillet 1879.)


Canton Kenogami


Le terrain que j’ai arpenté dans ce canton est en grande partie propre à la culture et avantageux pour la colonisation. Le sol n’est pas, en général, composé d’alluvion, c’est plutôt un mélange de terre jaune avec de la terre grise ou noire, souvent mêlée avec du sable. Ce terrain est assez fertile et n’oblige pas à de grands frais pour une première préparation à la culture. C’est cette qualité qui le fait souvent rechercher par les colons. Il y a cependant de magnifiques alluvions de chaque côté de la rivière Bédard, depuis le septième rang jusqu’au dixième inclusivement. La rivière Dorval coule aussi, en grande partie, dans une belle vallée de terre argileuse et marneuse, en traversant des fonds d’une beauté remarquable, couverts de foin sauvage.

Il est à regretter que les incendies, que nous avons trop souvent dans le Saguenay, aient décimé en grande partie le bois de toutes les essences qui enrichissait autrefois ces terrains. Le merisier, l’épinette et le pin blanc, qui jonchaient cette contrée, sont remplacés par une jeune pousse de bouleaux et de trembles qui croissent à travers des innombrables troncs d’arbres noircis et d’apparence désolée.

La rivière Bédard et la rivière Dorval, avec leurs tributaires, peuvent être avantageusement utilisées et ont de magnifiques pouvoirs d’eau.

Plusieurs colons ont fait là des ébauches de culture ; d’autres ont fait des améliorations plus considérables et y sèment du blé. Ils paraissent satisfaits de leurs succès de culture, et ils font un récit très avantageux du climat.

(G. B. du Tremblay, 26 juin 1881.)


Cantons Metabetchouan et Charlevoix


Le sol, dans le septième et le sixième rangs de Métabetchouan, est très propre à la culture, étant une terre jaune, grasse, et boisée de bois franc et mou d’une belle venue. Dans le cinquième rang, quoique rocheux en différents endroits, le terrain est aussi susceptible de culture.

Le reste de Charlevoix, comprenant le septième, le sixième et le cinquième rangs, est également propre à la culture, étant aussi une terre jaune grasse, et de terre forte en différents endroits, bien boisé en bois franc et mou, et bien égoutté, excepté le long de la rivière Ouiatchouan, dans le cinquième rang et le quatrième rang, où le terrain est rocheux sur une certaine distance.

D’après mes connaissances personnelles, le climat sera tout aussi favorable pour la culture que celui des terres qui bordent le lac Saint-Jean.

Le feu a presque détruit les bois le long de la rivière Ouiatchouan, dans le quatrième et dans une partie du cinquième rang, sur une distance variant de dix à douze arpents de chaque côté de la rivière.

Il serait nécessaire d’ouvrir une route le long de la rivière Ouiatchouan jusqu’à l’arrière-ligne de Charlevoix, puis de la continuer jusqu’au lac des Commissaires, pour coloniser les terres dans le canton Charlevoix et Dablon et autour du lac des Commissaires.

La route que l’on a ouverte l’été dernier dans Métabetchouan a donné l’avantage aux nouveaux colons de faire des travaux considérables de défrichement, dans le sixième et le septième rangs, où presque tous les lots vont être ensemencés ce printemps. Cette route devrait aussi être continuée le plus tôt possible, à travers le canton DeQuen, jusqu’au lac des Commissaires, afin d’ouvrir ce canton à la colonisation.

(Gédéon Gagnon, 13 avril 1880.)


Canton Normandin


Afin de remplir à la lettre les instructions que j’ai eu l’honneur de recevoir, je me suis transporté sans délai à la grande ligne extérieure du canton Parent, à son intersection avec la rivière Ticouapée, sur le lot numéro quarante-neuf du huitième rang de ce canton.

Le mot Tikouapée veut dire André, en mémoire d’un sauvage montagnais qui demeurait à l’entrée de cette rivière avec sa famille et qui portait ce nom ; la rivière l’a conservé.

Le relevé de cette rivière, très capricieuse dans son cours, a été fait le plus minutieusement possible, afin de compléter correctement la subdivision des soixante-et-seize lots de neuf chaînes et cinquante mailles qui forment la largeur du canton Normandin.

Les nombreuses sinuosités de ce cours d’eau ne m’ont pas permis de faire les opérations aussi promptement que je le désirais. Cependant j’ai eu la satisfaction de compléter la subdivision de tous les lots du canton Normandin qui font front de chaque côté à cette partie de la rivière Tikouapée, avant la débâcle des glaces et le trop grand dégel.

Faisant tous les ans, sur le terrain réservé pour cet objet, des défrichements considérables ; employant, à cet effet, tous les colons pauvres des alentours, les payant bien, soit en produits, soit autrement, élevant le bétail requis sur les fermes, le gouvernement ferait d’aussi beaux profits que n’importe quel capitaliste et serait en même temps une providence et une protection pour toute la population du canton. Lorsque l’élan serait ainsi donné, il trouverait fort bien à se défaire avec profit de ces fermes, s’il le désirait, lesquelles auraient si bien servi les fins de la colonisation et rendu en même temps de si éminents services aux premiers défricheurs de la forêt. Ayant en outre de bonnes communications partout où le besoin s’en fait sentir, sans oublier le chemin de fer reliant Québec au lac Saint-Jean, le Saguenay n’aurait rien à désirer de plus et serait prêt à rivaliser, sous tous les rapports, avec n’importe quelle autre partie de la province pour le succès et la prospérité de ses habitants.

(P. H. Dumais, 2 mai 1872.)

Dans mon dernier rapport, je vous ai donné une juste idée de la valeur et de l’importance des cantons Albanel et Normandin, pour les fins de la colonisation. La partie située au nord-ouest de ces cantons, que j’ai explorée dernièrement en relevant la rivière Tikouapée, qui traverse ce terrain, est en grande partie composée d’un sol de même qualité que celui des cantons plus haut mentionnés, terre grise et argileuse, marne et terre à grain, terre d’alluvion dans les fonds. Quelques roches se rencontrent de distance en distance et accidentent plus ou moins ce vaste plateau. Les espèces de bois dominantes sont l’épinette, le sapin, le bouleau, le cyprès, le tremble, les aulnes dans les fonds et l’épinette rouge, quelques pins rouges très gros.

Généralement, le cyprès pousse sur un terrain sablonneux et aride ; ici, au contraire, pas un grain de sable, si j’en juge par les nombreux renversés qui nous montrent la qualité de la terre à chaque pas. C’est ce qui m’a surpris beaucoup, ainsi que ceux qui faisaient partie de mon exploration. Enfin, si le cyprès se plaît à croître dans la méchante terre, je ne vois pas de raisons qui l’empêcheraient de croître dans la bonne. Le bois est extraordinairement long et d’une bonne grosseur.



Cantons Parent et Normandin


Le sol du canton Parent est généralement composé de terre argileuse, couverte en plusieurs endroits d’une couche de terre jaune sablonneuse.

Le feu a ravagé à plusieurs reprises une grande partie de l’espace compris entre les rivières Ashuapmouchouan et Mistassini. Une étendue considérable de terre propre à la culture paraît s’étendre de chaque côté de la rivière Mistassini, dont le cours paisible offre une communication facile avec les établissements du lac Saint-Jean.

À l’extrémité de la pointe formée par les rivières Mistassini et Ashuapmouchouan, il y a des belles prairies naturelles, ainsi que sur les lots soixante-et-treize et soixante-et-quatorze du troisième rang et sur les petites îles situées à l’embouchure de la rivière Tikouabé.

Tout le terrain compris dans les limites du canton et au delà, jusqu’à une grande distance, est généralement très uni ; à part quelques roches et rochers que j’ai remarqués sur les bords des rivières, je n’ai point trouvé dans tout l’espace que j’ai arpenté un caillou de la grosseur d’un marbre à jouer.

(P. A. Tremblay, 1864.)

Tous les lots faisant front à la rivière Mistassini, à l’exception de quelques-uns sur les treizième et quatorzième rangs, sont très propres à la culture et présentent beaucoup d’avantages aux nouveaux colons par la proximité de la rivière, qui est navigable jusqu’à sa première chute, laquelle se termine au numéro quarante-cinq du dix-septième rang ; c’est le plus beau chemin de colonisation que l’on puisse désirer. Le sol, étant composé d’une argile dure et d’un niveau parfait, a retenu l’eau que les pluies d’automne ont fournie en abondance. La terre est composée d’alluvion, de marne et d’argile ; la terre grise se montre sur le bord des cours d’eau. Le terrain continue ainsi jusqu’au cinquième mille. De ce point, il s’élève insensiblement et devient onduleux sur le parcours de la ligne ; mais cette ondulation est due au cours d’eau qui serpente dans le voisinage, lequel s’est creusé un lit peu profond, mais suffisant à former de petites coulées, qui égouttent avantageusement une bonne partie des terrains des alentours.

J’ai été surpris de rencontrer dans Normandin un terrain supérieur, tant sous le rapport du sol et du bois que par l’avantage qu’il a de pouvoir être parfaitement égoutté et ensemencé à la pioche, comme le désire le défricheur.

Dans un de ces brûlis, où le foin sauvage pousse en abondance (fait significatif, tandis que dans les autres parties du Saguenay, là où il y a des brûlis, ce sont des mauvaises herbes qui croissent ou une nouvelle pousse d’arbres) il y a un espace de plusieurs arpents en superficie où les fraises des champs croissent en toute liberté et à profusion ; les pieds en sont touffus et les fruits d’une grosseur plus qu’ordinaire. Celui qui m’a donné ce renseignement, cultivateur digne de foi, a passé dans ce terrain lors d’une exploration qu’il fit l’été dernier en compagnie de plusieurs autres personnes, dans une partie du canton Normandin.

La rivière Tikouabé serpente au sud-est du grand cordon, à une distance variant d’un mille à deux milles et demi vers le milieu du cordon et s’en approche en arrivant à l’extrémité ouest.

Rien de plus charmant que la vallée de ce cours d’eau. Il n’y a rien de pareil dans le Saguenay, pour ne pas dire ailleurs. Roulant tranquillement ses eaux noires vers le lac Saint-Jean, les ormes et les saules qui ombragent ses rives y reflètent comme dans un miroir leurs troncs élancés et leurs branches longues et flexibles. Un foin long, bien fourni et toujours vert, croît au pied de ces ormes et augmente tous les ans l’humus fertilisant. La vigne sauvage rampe sur ces hautes herbes et s’enlace d’arbre en arbre, comme le lierre, formant un cerceau continu.

Rien de plus invitant pour le colon qui a sincèrement la vocation du défricheur que ces bois clairs et variés, croissant sur un terrain bien égoutté et légèrement onduleux, composé d’un sol riche et fertile. Il se croira riche en possédant quelques arpents de terre faisant front sur la rivière Tikouabé. Plus d’inquiétude pour son cheval et sa vache ; bon pâturage pour l’été et excellent fourrage pour l’hiver. C’est un point important, dans le commencement d’une exploitation en pleine forêt, que la nourriture toute prête pour les pauvres animaux, si utiles et si nécessaires.

Sur le coteau qui longe la vallée des deux côtés de la rivière, le bois, tel que l’épinette, le bouleau, le sapin, le tremble et quelques pins, est d’une longueur et d’une grosseur remarquables ; l’épinette, surtout, par ses qualités et ses proportions, peut donner au commerce au delà de cent mille billots. Il n’y a que quelques pins blancs épars çà et là. Des chasseurs m’ont assuré que dans le haut de cette rivière, quarante à soixante milles du lac Saint-Jean, il y a de magnifiques pinières qui couvrent une grande étendue de terrain ; que la qualité du sol et du bois est partout la même, terre forte et bois mêlé ; qu’il n’y a aucune montagne ni rocher ; que le tout est presque de niveau, descendant insensiblement vers le lac.

En terminant ce rapport, je dirai que je suis parfaitement convaincu que la partie nord-ouest du territoire du lac Saint-Jean forme le champ le plus vaste, le plus beau, le plus fertile et le plus avantageux sous tous les rapports et propre à favoriser au plus haut degré la belle et patriotique cause de la colonisation.

(P. H. Dumais, 31 janvier 1872.)


Canton Racine


Le canton Racine, entouré par le lac Saint-Jean et la rivière Mistassini, forme une presqu’île dont la surface est absolument plane et régulière, à peu près comme la ligne du niveau. Dans tout ce canton, il n’y a ni montagne, ni côte, ni rocher, ni rien de nuisible. Toute cette péninsule, qui paraît avoir autrefois été submergée par les eaux du lac Saint-Jean, est de sable d’alluvion, couvert çà et là, à la surface, par une petite couche de sable gris ou blanc, épaisse d’un à deux pouces.

Les rives du lac, et principalement de la Pointe Mistassini, sont basses. Une partie considérable de ce canton, telle que montrée sur le plan, est submergée par les hautes eaux du lac Saint-Jean ; mais cela n’arrive pas tous les ans.

Dans la limite du terrain ainsi subdivisé se trouve une prairie naturelle couverte, tous les ans, d’une quantité de foin sauvage, laquelle est montrée sur le plan dans sa plus grande étendue. Cette prairie peut être utilisée pour l’élevage des bestiaux.

Il y a des aulnaies sur les bords du lac Saint-Jean. MM. Price & Cie ont pris là une grande quantité de billots de pins, cyprès et épinette.

(Arthur du Tremblay, 6 juin 1883.)


Canton Roberval


Tous les lots en sont très propres à la culture et les colons ne tarderont pas à s’en emparer, à cause des avantages que la qualité du sol et la proximité du lac Saint-Jean donnent à cet endroit sur les nouveaux cantons au nord-ouest du lac Saint-Jean. Le terrain est généralement plan et l’on n’y rencontre que de légères ondulations, toutes favorables à l’égouttement du sol. Celui-ci se compose de terre jaune et grise d’alluvion, que couvre une couche d’humus, ou terre noire, variant de quatre à huit pouces. À part quelques endroits rocheux, où le terrain change de niveau, il y a très peu de perte sur ces lots.

(P. J. C. Dumais, 4 février 1880.)


Canton Ross


En général, tous ces terrains sont propres à la culture, le sol étant en plusieurs endroits de terre forte et noire.

Les forêts qui le couvrent renferment en plusieurs places du bois de commerce, tels que l’épinette blanche à billots, l’épinette rouge et le bouleau. Il se trouve aussi, dans les rivières Ouiatchouaniche et Iroquois, plusieurs emplacements de moulin, dont je n’ai pu donner l’endroit précis sur mon plan.

(Jean Maltais, 24 décembre 1884.)

Canton Saint-Hilaire


Le canton Saint-Hilaire, situé à l’est du canton DeQuen et en arrière des cantons Mésy, Caron et Métabetchouan, a une superficie de 37,009 acres.

Je suis heureux de dire que ce canton, dans son ensemble, est propre à la colonisation.

La vallée de la Belle-Rivière, la rive gauche des lacs des Cèdres ainsi que la rive droite de la rivière Métabetchouan, dans le premier et le troisième rangs, avec une partie des deuxième et quatrième rangs, sont des lopins considérables de terre forte, arable, de première qualité.

Ce canton étant à proximité du chemin de fer du lac Saint-Jean, et étant favorisé d’un bon chemin de colonisation, devra, je l’espère, être colonisé bientôt.

(Arthur du Tremblay, 11 octobre 1884.)

Canton Signaï


À part une savane, de cinquante acres environ en superficie, qui se trouve sur les lots avoisinant la ligne centrale, les deux rangs que je viens de subdiviser sont certainement magnifiques sous tous les rapports ; terre d’alluvion, boisée de merisier, épinette, sapin, bouleau, pin, orme, frêne et cèdre ; climat rendu avantageux par le voisinage du lac Saint-Jean, dont les eaux tempérées paralysent par leur influence sur l’air les premières gelées d’automne ; à proximité d’un moulin à scie, propriété appartenant aux MM. Lindsay, sur la rivière Grammont.

(P. H. Dumais, 22 février 1869.)

Près de la ligne du canton Labarre il y a aussi de petits défrichements sur le deuxième et le troisième rangs.

Ce cordon coupe assurément le plus beau terrain de Signaï et mériterait de donner passage à un chemin de colonisation pour rejoindre le lac Saint-Jean au chemin Alma et à celui d’Hébertville. Le terrain est plan, bien égoutté et supérieur au point de vue de la qualité du sol.

(P. H. Dumais, 2 juillet 1870.)

Tout ce terrain, en général, est bien propre à la culture une bonne partie a été ensemencée ce printemps, et les colons font de nouveaux défrichements. Cependant, en approchant de la Petite Décharge, les lots perdent beaucoup de leur valeur ; des pointes de roches se montrent partout à la surface et laissent peu de terre cultivable entre elles ; nonobstant les lots sont tous pris.

(P. H. Dumais, 30 août 1870.)

La rivière Bédard offre de beaux sites pour la construction de moulins, dans la partie du canton Signaï qu’elle traverse ; les dernières branches de cette rivière arrosent une étendue considérable des quatrième, cinquième et sixième rangs de Labarre.

(P. A. du Tremblay, 28 novembre 1865.)


Canton Simard


J’ai limité mes opérations à l’arpentage du reste du canton Simard, dans lequel j’ai tracé et divisé en lots de fermes quatre rangs, c’est-à-dire le sixième, le septième, le huitième et le neuvième…

Cette partie est remarquable par l’absence de roches de toutes sortes, même de petits cailloux, excepté au niveau de la rivière Shipshaw, et dans certains cas, quoique rarement, à celui de la rivière aux Vases. La surface des ravins formés par les cours d’eau se compose d’une glaise, légère, onctueuse et blanchâtre, d’où vient le nom de la rivière aux Vases, dont le lit n’atteint pas encore le roc. L’eau que cette rivière déverse dans le Saguenay est toujours vaseuse, en conséquence de l’érosion de la glaise par le courant.

D’autres parties, à raison des légères dépressions du terrain, qui est pour ainsi dire trop uni, sont marécageuses et il n’y pousse que de l’épinette noire et de l’épinette rouge, ou tamarac. Près de la rivière aux Vases, vers la ligne extérieure de l’est, certaines parties du neuvième rang, particulièrement dans l’arrière-ligne, il y a des marécages ou savanes formant des plaines presque désertes, à l’exception d’un peu de bois dû au voisinage immédiat du pied de la rangée de hauteurs qui borne cette plaine au nord. Cette savane reçoit toute l’eau des montagnes qui ne peut pas traverser la glaise du sous-sol ni atteindre les rivières à raison de l’uniformité du niveau de la surface de ces lopins de terrain.

Le reste du canton se compose pour la plus grande partie d’une bonne terre jaune, couverte de bouleau noir, de merisiers, de sapins, de trembles, d’épinettes blanches et peupliers, en certains endroits d’érable blanc et d’érable ordinaire. En plusieurs endroits, il y a du cèdre en grande quantité et en d’autres, du frêne. Dans ces endroits, le sol se compose d’un terreau noir.

(A. Wallace, 30 mars 1865.)

Canton Taché


Ce canton, situé au nord de la rivière Saguenay, entre les cantons Delisle et Bourget, a une étendue de 40,752 acres carrés, dont les sept neuvièmes, au moins, sont de terre arable propre aux établissements.

Les bois de toutes les espèces y croissent naturellement en abondance. L’épinette a été coupée en billots ; mais il en reste suffisamment pour le besoin des colons. Il n’y a plus de pin propre au commerce ; par les souches et les débris qui jonchent partout le sol, je dois mentionner qu’il y en avait une abondance.

Il y a dans ce canton des pouvoirs d’eau, qui peuvent être utilisés.

(G. B. du Tremblay, 29 novembre 1879.)

Cantons Taillon et Delisle


Après avoir marché près d’un mois dans toutes les directions de ce terrain, j’ai acquis la profonde conviction qu’il offre sous tous les rapports les plus grands avantages à la colonisation. On pourrait aussi y exploiter toutes les branches de l’industrie avec la plus grande facilité et presque sans frais, à cause des nombreux pouvoirs d’eau naturels qu’on y rencontre.

L’espace compris entre l’embouchure de la rivière au Cochon et celle des rivières Péribonka, jusqu’aux chutes de ces dernières rivières, offre un terrain tellement plat qu’à certains endroits, à la fonte des neiges, l’eau séjourne longtemps et empêche même, sur des étendues assez considérables, mais peu nombreuses, la croissance du bois. C’est en s’appuyant sur cette dernière observation que plusieurs ont dit que ces terrains sont en savane, ce qui est une erreur.

Les bords des rivières Péribonka ont une élévation de dix-huit à vingt-cinq pieds. J’ai trouvé en cet endroit les bois les plus variés : le sapin, l’épinette, le bouleau, le merisier, l’orme, le frêne, le cormier et l’aulne ; mais le bois dominant est l’épinette blanche. Tous ces bois sont d’une très belle venue et indiquent la richesse du sol. Dans toutes mes courses à travers ce terrain, je n’ai pas trouvé une seule roche.

Les rivières Péribonka, jusqu’à leurs chutes, sont parfaitement navigables.

J’ai remonté le cours des rivières Péribonka depuis leurs chutes jusqu’à une hauteur de dix milles ; les terrains limitrophes offrent le même aspect général que ceux décrits plus haut. Le sol est aussi en grande partie composé d’alluvion. On remarque cependant de légères élévations, et partout des terres plus riches, quoique de même composition. Dans la partie qui avoisine le canton Delisle, ces élévations sont plus prononcées et se composent d’une terre jaune grasse, plus légère ; autrefois il y avait là beaucoup de pin. Les bois sont les mêmes que ceux mentionnés plus haut ; l’épinette domine comme bois de commerce. Il n’y a pas de roches.

Partant des rivières au Cochon et à la Pipe, en allant à l’est, le terrain est le même que les précédents ; seulement les élévations sont beaucoup plus prononcées. Ces élévations mêmes sont propres à la culture, mais elles seront toujours un obstacle à une culture facile.

Comme on le voit, cette partie du territoire offre des avantages réels et immenses à la colonisation ; c’est à mon avis le plus beau des terrains qui bordent le lac Saint-Jean.

(John Langlois, 13 novembre 1883.)


Canton Taillon


La plus grande partie de ce canton est composée d’un sol de première qualité, notamment pour la partie qui se trouve à l’est de la ligne centrale.

Le sol de la pointe Péribonka, pour la partie comprise à l’ouest de la ligne centrale, est de sable à la surface, avec un sous-sol d’argile, à une profondeur de dix à douze pouces. La partie du canton à l’est de la ligne centrale est composée de terre d’alluvion de première qualité.

La superficie du terrain arpenté est de 40,727 acres.

(P. Tremblay, 28 mai 1885.)


Cantons Tremblay et Falardeau


Dans la partie supérieure, au nord de la ligne de ceinture du canton Simard, et à l’ouest de la ligne centrale du canton Falardeau, le voisinage immédiat des lacs a contribué à la formation de terrains bas et humides, couverts d’un bois assez épais, mais d’une croissance médiocre, qui se rencontrent dans le cordon des rangs deux et trois, sur les lots sept à quinze inclusivement. À part ce petit espace où le sol est plus ou moins favorable à la culture, et une petite montagne qui borde le lac Charles, au sud, tout le terrain que j’ai arpenté en cet endroit est très propre à la culture et à former des établissements avantageux.

Dans la ligne centrale, sur le premier rang, au sud et à l’est du lac Charles, se trouve une belle carrière de pierre à chaux, qui couvre plusieurs lots.

En parcourant ces lieux, on ne saurait s’empêcher d’en reconnaître la richesse forestière ; les souches, les tronçons et les débris des arbres jonchés çà et là sont autant de témoins pour l’attester. À l’apparence de vétusté de ces débris, enveloppés de mousse juxtaposée de couches de divers âges, on peut facilement se convaincre que ces forêts sont exploitées depuis au delà de trente ans. Cette année encore, il a été coupé au delà de quinze mille billots dans cet endroit. Je puis vous dire que j’ai mesuré des cèdres de quarante-huit pouces de diamètre à la souche.

(J. O. Tremblay, mai 15 1885.)


Lac Abbitibbi


Le lac Abbitibbi est de tous côtés entouré d’un sol d’argile uni. Sur bien des points, cependant, la roche perce sa surface. Cela se voit surtout sur le côté sud, où des collines de diorite s’approchent du lac ; mais même là on voit généralement sur la rive une lisière d’argile. Vers le nord et surtout vers le nord-ouest, le niveau de l’argile semble n’être pas interrompu, et il est bien connu que dans cette direction elle s’étend jusqu’aux rives de la Baie d’Hudson.

Au poste de la compagnie de la Baie d’Hudson, à Abbittibbi, plusieurs acres de ce sol argileux sont cultivés avec avantage. Cette année, la semence a été limitée aux pommes de terre, mais j’ai su de celui qui est chargé de la culture de cette terre (un franco-canadien établi à Abbitibbi depuis trente ans, mais qui a été élevé comme cultivateur près de Sorel, dans la province de Québec), que plusieurs autres cultures y ont été essayées, et avec des résultats tellement avantageux qu’il est porté à croire que toutes les céréales ordinaires peuvent venir là aussi bien que sur le Saint-Laurent.

Cette opinion d’un homme qui s’est occupé pratiquement de culture pendant tant d’années, doit être acceptée avec confiance.

Le blé-d’Inde est cultivé dans plus d’une localité près de la tête du lac Témiscamingue, et l’on dit qu’il y mûrit bien. Je puis moi-même l’attester, car on m’a montré de beaux épis mûrs récoltés en 1872, sur la terre de M. Angus McBride, à la tête du lac.

(Walter McOuat, mai 1878.)


Lac Édouard


Quelques montagnes viennent, çà et là, aboutir au lac, mais présentent une pente assez douce. Ajoutant aux vallons qu’elles forment une superficie de deux milles et demi à trois milles, que peut donner l’île du lac Édouard, nous aurions dans cette région plusieurs milliers d’acres de terre cultivable. La largeur du lac varie d’un demi mille à trois milles ; l’eau y est, même à quelques pieds des bords, très profonde.

(R. Têtu, 12 novembre 1872.)


Le District de La Tuque


On peut certainement supposer que les terres que nous cultivons aujourd’hui dans le comté de Chicoutimi étaient autrefois le fond du lac Saint-Jean et que la belle et fertile vallée de la Croche servait de passage à ses eaux vers le Saint-Laurent, par une voie tout opposée à celle qu’elles suivent maintenant et se mêlaient aux eaux du Saint-Laurent plus intimement qu’elles ne le font à Tadoussac. Cela suffit pour démontrer grandement que la vallée du lac Saint-Jean n’est pas un bassin sans issue vers l’ouest, comme on l’avait cru d’abord, entouré de toutes parts par la chaîne élevée des Laurentides, qui rendait l’ouverture des communications très difficile et impossible, surtout par voie ferrée, et isolait notre belle vallée de celle du Saint-Laurent et du Saint-Maurice par un espace de plus de cent milles de terre ingrate et stérile, entièrement impropre aux fins de la colonisation

Les vallées de la Ouiatchouan, Bostonais, Batiscan, Petite Bostonais et de la Croche, que j’ai explorée, contiennent près d’un million d’acres de terre arable, avec un demi-million d’acres que renferme encore le comté de Chicoutimi. C’est bien plus que suffisant pour intéresser le gouvernement et les amis de la colonisation à favoriser et à aider en même temps l’établissement du vaste domaine que la province de Québec renferme et qui peut si bien contribuer à son agrandissement et à sa prospérité.

(P. H. Dumais, 4 septembre 1874)


Rivières Mistassibi, au Rat et Assiemska et les terres du voisinage


Pour me conformer aux instructions de votre département, datées du 18 janvier dernier, relatives à l’arpentage des rivières Mistassibi, Au Rat et Assiemska, j’ai l’honneur de vous faire le rapport suivant :

Dans l’opinion des sauvages du lac Saint-Jean, la rivière Mistassibi est plus considérable que la Mistassini, ayant de plus qu’elle plusieurs grands tributaires, et j’ai pu, moi-même, constater que son volume d’eau, en cette saison, est tout aussi fort que celui de cette dernière. Elle égoutte ce vaste plateau qui s’étend au nord du lac Saint-Jean et qui, des environs de la Ouiatchouanish, apparaît comme une plaine sans bords. Ce plateau domine la rivière Mistassibi de 75 pieds à son embouchure, mais cette hauteur décroît à mesure que l’on rencontre les rapides et les chutes. La plus considérable de celles-ci se trouve à la fin du premier mille et nous rapproche du sommet du plateau de trente pieds environ. Sur le sixième mille, une autre chute nous amène presqu’au niveau du plateau mentionné au point de départ, puis de là jusqu’au onzième mille, le terrain est généralement uni ou légèrement onduleux en quelques endroits, et la rivière peut se remonter sans obstacles. Elle se continue ainsi jusqu’au trente-cinquième mille où, resserrée entre des rochers et brisée par des roches détachées, son cours paisible est plus brusquement interrompu par une chute de 10 pieds sur le trente-septième mille, un petit rapide sur le trente-huitième mille et l’on arrive au dernier sur la partie de cette rivière que j’ai relevée. Au-dessus de cette chute, la rivière reprend son cours paisible dans une direction à peu près nord et garde une largeur de 8 à 15 chaînes sur une grande distance.

D’après les explorations faites sur l’un ou l’autre côté de la rivière Mistassibi, je suis resté convaincu qu’au moins les trois quarts des terrains qu’elle arrose sont propres à la culture, se composant en grande partie de terre grise, jaune, d’argile mélangée de sable à la surface, avec un sous-sol d’alluvion d’une grande profondeur, sans roches, excepté en quelques endroits où des rochers sortent à la surface pour rompre le niveau à peu près uniforme du plateau. Ces rochers sont plus élevés et plus étendus au-dessus du trentième mille et semblent disparaître au-dessus du quarantième mille, sur le côté ouest de cette rivière. Le sol est couvert de bois de toutes les essences qui croissent dans la vallée du lac Saint-Jean, excepté le cèdre. Il y a là une pousse d’environ quatre-vingts ans d’âge, qui atteste, par sa grosseur et sa longueur remarquables, une grande richesse de sol. Il ne reste aucune trace de l’ancienne forêt détruite par les feux. Pour ces raisons le bois propre au commerce se réduit à peu de chose, sur les bords immédiats de cette rivière. Quelques centaines de pins et quelques milliers d’épinettes, voilà tout ce que l’on pourrait en tirer aujourd’hui. Dans quelques quarante ou cinquante ans, si quelques nouveaux feux ne viennent exercer ici leurs ravages, cette jeune pousse fournira un fort appoint au commerce de bois. Mais les avantages que ces superbes terres offrent aux colons ne sauraient rester longtemps méconnus et je n’ai aucun doute qu’avec des communications plus faciles, cette jeune forêt n’ait bientôt fait place à de beaux champs de blé.

La rivière Au Rat, autre tributaire de la Mistassini, s’y décharge sur le même côté que la rivière Mistassibi — côté nord-est, — à un mille plus haut que cette dernière.

Le feu de 1870 a ravagé les belles forêts qui couvraient les deux rives jusqu’au quinzième mille. Le bois vert reprend de là et comprend les mêmes essences mentionnées dans Mistassibi. Les seuls obstacles qui s’opposent à la navigation de cette rivière sont quelques rapides sur la partie que j’en ai relevée, si bien, qu’en la descendant dans les hautes eaux, ces obstacles disparaissent. Ces rapides sont au nombre de cinq sur les seize premiers milles ; les quatorze milles restant sont en eau morte, de même que pareille distance au-dessus.

Je suis convaincu que la plus grande partie de cette région, comprise dans le fond de ce vaste bassin qui entoure le lac Saint-Jean, du côté du nord surtout, c’est-à-dire une étendue d’au moins quatre millions d’acres en superficie, se compose des terrains les plus favorables à l’agriculture, tant à cause de la richesse du sol que de la douceur du climat. Pour offrir un point de comparaison assez juste, je crois devoir dire, sans craindre d’être taxé d’exagération, que nous avons dans ce bassin du lac Saint-Jean une assez grande étendue de belles et bonnes terres pour établir à l’aise une population aussi dense que celle qui habite la plus belle partie de la vallée du Saint-Laurent, celle occupée par les comtés de Richelieu, Yamaska, Verchères, Bagot, Saint-Hyacinthe, Rouville, Saint-Jean, Napierville et Laprairie. Les alluvions du lac Saint-Jean sont tout aussi étendues et plus profondes que celles qu’arrosent les rivières Richelieu et Yamaska ; quant au climat, nous n’avons rien à envier à ces localités.

(P. H. Dumais, 24 juin 1878.)


Rivière Métabetchouan


Des feux de forêt ont ravagé une partie considérable du côté est de la rivière et aussi une partie du côté sud, qui est maintenant tout couvert de bouleau et de tremble. Le sol est excessivement riche sur les deux côtés de la rivière ; c’est en général un fond de riche argile recouvert d’une marne abondante d’une couleur brun foncé. Dans le canton de DeQuen, le sol est excellent le long de la rivière et le terrain non arpenté sur le côté opposé, ou côté est, paraît être aussi excellent.

Bois — Il y a une quantité considérable d’épinette blanche et quelques excellentes épinettes rouges de chaque côté de la rivière. Les vieux brûlis sont recouverts d’une épaisse croissance de bouleau, tremble et sapin, et comme les pouvoirs d’eau ne sont pas rares, il n’y a pas d’endroit qui promette plus pour une manufacture de pulpe ou pour d’autres manufactures qui emploient la qualité de bois ci-dessus mentionnée.

(Henry O’Sullivan, 8 mars 1887.)




Extrait du Rapport du Commissaire des Terres de la Couronne, pour l’année 1889, relativement au pays en général entre le Lac Saint-Jean et l’Ottawa Supérieur.


En analysant les rapports d’arpentages et d’explorations, on constate qu’en arrière de la chaîne montagneuse qui s’étend depuis le cap Tourmente jusqu’à l’Outaouais, un peu au-dessus de Hull, il y a une immense plaine qui se continue vers l’est, par la vallée de la rivière Matawin, jusqu’aux environs du Saint-Maurice. Le niveau général de cette plaine n’est pas à plus de 250 ou 300 pieds au-dessus de celui de la mer et n’est accidenté, qu’à de rares endroits, par de petites arêtes ou buttes rocheuses. En arrivant dans la région de la Matawin, la direction générale de cette plaine incline vers le nord nord-est, puis elle se continue par le beau plateau compris entre les rivières Trenche et Windigo jusqu’au lac Saint-Jean, pour se confondre avec cette magnifique vallée, limitée par les montagnes bordant le Saguenay au nord-est. La longueur de cette zone de terrains plans, pour la plupart d’une fertilité remarquable, est de près de 400 milles et sa largeur moyenne est d’environ soixante, ce qui forme une aire de 24,000 milles ou 15,860,000 acres carrés. La région égouttée par la partie de l’Outaouais comprise entre les sources de cette rivière et le lac Temiscamingue, jusqu’à la hauteur des terres, forme un autre plateau élevé de 600 ou 700 pieds au-dessus du niveau de la mer, généralement plan et renfermant beaucoup de terres cultivables sous le double rapport du sol et du climat, séparée au sud par une rangée de terrains montueux, de la grande plaine qui vient d’être décrite.