Éditions Édouard Garand (p. 46-50).

XI

TRAHISON !


Pour une minute la surprise sembla clouer sur place les quatre personnages de cette scène. Montgomery considérait avec une admiration extatique Mirabelle… Mirabelle qu’il trouvait cent fois plus belle, plus gracieuse, plus séduisante que Lady Sylvia. Et pourtant la jeune fille était loin, à cet instant presque tragique, d’user et de mettre en œuvre les charmes séducteurs de son sexe. Elle était là debout et farouche, terrible même, les yeux étincelants, les lèvres frémissantes, le sein effroyablement agité. Et ses yeux étincelants, elle les dardait sur Lady Sylvia, et dans ces yeux-là il y avait tant de haine que la jeune femme se sentit mal à l’aise. Mais ainsi, telle qu’elle était, Montgomery la trouvait sublime.

Mirabelle, à la fin, ayant repris haleine, gronda ses paroles à l’adresse de Lady Sylvia :

— Oh ! vous qui avez accusé Maurice D’Aubières d’être un traître, n’est-ce pas vous plutôt qui avez accompli la trahison ? N’est-ce pas cet homme (elle indiquait Cardel) qui s’est fait un agent de la trahison ? Oh ! malheur sur vous tous ! Malheur sur vous, Lady Sylvia, qui m’avez pris mon fiancé ! Malheur sur vous, Cardel, qui avez ouvert les portes de notre ville à…

Elle s’interrompit net en posant son regard brûlant sur le général américain qui ne perdait rien de son sourire poli et candide.

La jeune fille fit un pas de recul. Un hoquet parut se briser dans sa gorge, puis, bondissant soudain en arrière, elle courut à la porte qui était demeurée ouverte et disparut en laissant flotter derrière elle le faible bruit d’un sanglot.

Montgomery s’élança à sa suite avec le dessein de la retenir et d’avoir avec elle quelques explications. Il arriva à la porte trop tard. Mirabelle s’était déjà ruée dans la nuit noire et, courant vers la cité elle criait de toute la force de sa poitrine :

— Trahison ! Trahison ! Trahison !

Sur la rue Saint-Jacques où Mirabelle s’était engagée, du peuple armé de fusils s’agitait en clamant avec ivresse :

— Vive Maurice D’Aubières ! Sus aux Américains !

Haletante, interdite, Mirabelle s’arrêta net pour écouter, pour essayer de comprendre. Mais comprendre le pouvait-elle ? Elle ignorait les nouveaux incidents qui venaient de se passer.

Elle interrogea des passants qui joyeusement expliquèrent :

— Quoi ! vous ne savez pas ? D’Aubières nous a trouvé des fusils, des munitions… oui des fusils qui appartenaient à Lady Sylvia.

Mirabelle frémit longuement et comme si sa pensée lui eût échappé dans le tumulte de son cerveau sans comprendre encore elle poursuivit son chemin. Elle allait d’un pas incertain, pensive, désorientée, gardant au cœur une douleur si aiguë qu’à tout moment elle en croyait mourir. Elle ne semblait rien voir ni rien entendre. Et cependant la rue devenait plus bruyante et à la lueur de falots qui se croisaient en tous sens on pouvait voir aller et venir d’innombrables formes humaines. Des voix acclamaient encore D’Aubières.

Soudain à l’oreille de la jeune fille une voix bien connue prononça tendrement ce nom :

— Mirabelle !…

Elle jeta un cri sourd et voulut s’enfuir. Mais un homme la saisissait brusquement, l’enserrait de ses deux bras et l’embrassait avec amour en murmurant :

— Mirabelle ! Mirabelle ! entends moi !…

C’était Maurice.

L’endroit était si obscur que les deux fiancés ne pouvaient se reconnaître qu’au son de leurs voix.

La jeune fille ne répondit pas, mais Maurice sentit qu’elle s’abandonnait lourdement dans ses bras. Non loin de là passait un volontaire brandissant une torche.

— Ohé ! cria le jeune chef, approche ici !

L’homme à la torche accourut et ne put réprimer une exclamation d’étonnement en reconnaissant D’Aubières d’abord, et Mirabelle ensuite.

— Mon ami, dit D’Aubières, elle est évanouie. Éclaire-moi, si tu veux, jusqu’à la maison de Ledoux, c’est à trois pas d’ici.

Le volontaire ne se fit pas prier. Quelques minutes plus tard Maurice pénétrait avec son fardeau chez les Ledoux. Lambruche était là. La mère Ledoux, à la vue de la jeune fille évanouie, poussa des hauts cris. Ces cris eurent pour effet de tirer Mirabelle de sa syncope. Elle jeta autour d’elle un regard étonné. Puis brusquement elle dit :

— Que faites-vous donc ici vous autres ? Ne savez-vous pas que les Américains sont dans la ville ?

Maurice frémit violemment.

— Mirabelle, dis-tu vrai ?

— J’ai vu le général Montgomery chez Lady Sylvia.

— Montgomery… gronda D’Aubières.

Il courut aussitôt à Lambruche.

— Lambruche, commanda-t-il d’une voix impérative, aux portes ! aux poternes ! Empêche qui que ce soit de sortir ! Cinquante hommes… cent hommes à chaque porte s’il faut, va !

Lambruche se précipita hors de la maison. En quelques minutes la nouvelle circula par la ville que Montgomery était dans les murs de la cité. Mais où étaient ses soldats ? Pour obéir aux ordres de Maurice transmis par Lambruche, tout le peuple et les volontaires coururent aux portes de la ville pour empêcher qu’on en sortit. Bientôt, il ne resta plus qu’un poste à établir, et c’était à la poterne qui faisait vis-à-vis à la rue Saint-Pierre. Lambruche y conduisait dix militaires. Or, à cet instant, un homme s’avançait vivement dans l’ombre vers cette poterne. Mais voyant venir dans sa direction une escouade de militaires, il s’arrêta comme indécis d’abord, puis il rebroussa chemin, et se perdit aussitôt dans la noirceur. Or, cet homme, disons-le, c’était Montgomery qui, en apprenant que l’ordre avait été donné de garder toutes les issues de la cité, avait voulu reprendre le chemin de son camp. Il était arrivé deux minutes trop tard… Il était prisonnier dans la ville !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Chez les Ledoux, Mirabelle avait tout à fait repris possession de ses facultés mentales. Son corps, cependant, demeurait très las à cause de fatigues sans nombre qu’elle lui avait imposées. Mais sous les émotions diverses qui assiégeaient encore son cœur et au souvenir des derniers événements, elle restait sombre et comme réfractaire. Maurice D’Aubières essayait de la convaincre qu’elle avait été trompée par Lady Sylvia et Cardel ? Ledoux et sa femme, un peu à l’écart, demeuraient muets et tristes.

Parfois, Mirabelle essuyait furtivement une larme trop prompte à quitter sa paupière.

— Était-il possible, ma Mirabelle aimée, que tu me crusses coupable de trahison ? disait D’Aubières penché sur elle.

— Oh ! si je ne t’avais pas vu avec Lady Sylvia… répliquait Mirabelle, la voix plus pleine de sanglots mal contenus.

— Mais tu aurais dû t’imaginer de suite que tout cela était une odieuse comédie jouée par cette femme ! Ah ! Mirabelle, je puis te le jurer sur l’Évangile : j’ai repoussé avec colère les avances de cette comédienne, et cela est si vrai que, dépitée et furieuse, elle m’a renfermé dans ma prison. Lambruche te le dira, puisque c’est lui qui m’a délivré !

— Si je pouvais te croire… balbutiait la jeune fille.

— Mais la trahison même de Lady Sylvia, qui fait entrer Montgomery en notre ville, ne prouve-t-elle pas ma loyauté ?

— Qui m’assure que tu n’as pas aidé cette femme ?

— Folle ! Lady Sylvia m’avait donné rendez-vous pour une affaire importante…

— Son amour qu’elle voulait t’offrir !

— Est-ce que je savais ? J’y suis donc allé…

— Tu ne devais pas y aller !

— Je le regrette bien maintenant.

— On prévient le mal, c’est plus sûr !

— Laisse-moi finir, Mirabelle, veux-tu ?

— Si c’est pour mieux me tromper…

— Non. Lady Sylvia avait aposté Cardel…

— Cardel… tu dis Cardel ?

Et la jeune fille, à ce nom, avait violemment sursauté.

— Quoi ! es-tu plus mal ? demanda anxieusement Maurice.

— Non ! non ! Mais tu as dit Cardel…

— Oui. Eh bien ?

— C’est lui qui est venu me dire que je te trouverais chez Lady Sylvia.

— L’infâme.

— Mais il a dit vrai.

— Oui, après m’avoir fait prisonnier.

— Pourquoi ne t’es-tu pas défendu ?

— À mon insu Lady Sylvia m’avait pris mon épée.

— Après avoir pris ton cœur ?

— Malheureuse, gémit Maurice, tu croiras donc toujours. Ah ! Si tu m’avais vu enfermé dans cette chambre sans issue, les mains liées derrière mon dos, une porte cadenassée devant moi et de l’autre côté de cette porte deux factionnaires armés jusqu’aux dents…

— Il fallait les tuer !

— Les tuer ? Avec quoi ? J’étais impuissant. Et tu dis que Cardel…

— Oh ! s’écria tout à coup Mirabelle avec un geste de fureur, est-ce qu’il m’aurait trompée lui aussi ?

— Qu’a-t-il dit ?

— Qu’il avait abandonné le parti de Lady Sylvia pour se joindre à nous.

— Ah ! ricana narquoisement D’Aubières, et tu l’as cru ?

— D’abord.

— Et tu ne me crois pas, moi ?

Mirabelle le regarda longuement et elle le vit si triste, si désespéré, si sincère, qu’elle commença de voir au travers de toute cette intrigue dont elle avait été la victime.

— Maurice, s’écria-t-elle avec ardeur, je t’aime et tu le sais, et je ne suis pas jalouse. Mais j’ai compté sur ton amour comme tu pouvais dépendre du mien. Alors j’ai été bien malheureuse. Ah ! ce que j’ai souffert… tu ne le sauras jamais…

— Pauvre Mirabelle ! fit tendrement le jeune homme en la caressant avec affection.

— Alors, je me suis réfugiée à l’église, et là j’ai prié. Et veux-tu savoir ce que j’ai dit à Dieu ? Que si tu m’avais abandonnée, je me consacrerais désormais tout à son service.

— Mais je ne t’ai pas abandonnée !

— Écoute, Maurice. Je t’aime, oui ; mais si tu désertais notre cause, je ne t’aimerais plus… jamais !

— Tu sais bien que j’aime trop mon pays…

— C’est bien, je te crois. Je te crois, parce que j’entends au fond de mon cœur une voix que me le commande.

— Ah ! Mirabelle, quelle joie tu me donnes enfin !

Maurice pressa les mains de la jeune fille contre ses lèvres.

Elle sourit pour la première fois. Ses regards alors se fixèrent comme avec surprise, sur le père Ledoux et sa femme qui étaient demeurés spectateurs silencieux de cette scène. On eût dit que la jeune fille ne faisait que de s’apercevoir de leur présence. Elle alla à eux.

— Madame… monsieur… balbutia-t-elle… Ah ! je vous connais, je crois…

L’ouvrier et sa femme s’inclinèrent, émus.

— Lambruche m’a souvent parlé de vous… Maurice aussi. Ils m’ont dit combien vous êtes de braves gens… combien vous aimez votre ville et votre pays.

— Oh ! mademoiselle, répliqua la mère Ledoux la voix tremblante d’émotion, on est bien peu de chose, Sévère et moi, mais pour son pays on est tout là. N’est-ce pas, Sévère ?

— Oh ! pour ça, oui, Mademoiselle, répondit l’ouvrier. Là-dessus ma femme sait ce qu’elle dit. Pour ma part, demain, je tiendrai le flingot sans broncher !

— Et s’il y a des fusils de r’lais assura la mère Ledoux d’une voix ferme, je serai là aussi.

— Mais vos enfants, madame ? fit Mirabelle, émerveillée.

— Oh ! les pétards je les confierai à ma voisine, elle n’a que deux poupons et elle a du cœur.

— Mais vous n’avez pas le droit de vous exposer ainsi ! reprocha doucement Mirabelle.

— Pensez-vous que les balles ça me fait peur ? Oh ! non. Je vous dis que je serai là aussi avec Sévère. Si je n’ai pas de fusil, j’y serai pour encourager nos hommes.

Mirabelle sourit. Elle embrassa la brave femme et lui murmura à l’oreille :

— J’y serai également, bien que mon père me l’ait défendu.

— Ah ! je savais bien que vous étiez aussi une brave et bonne fille.

L’entrée soudaine de Lambruche coupa court à cet entretien.

— Monsieur, dit-il à Maurice en s’asseyant sur le plancher, le dos au mur, il n’y a pas d’Américains dans la ville.

— Bon ! fit D’Aubières avec soulagement. Mais en es-tu sûr ?

— Eh bien ! répliqua le capitaine en hésitant… s’il y en avait, on les trouverait.

— Quant à moi, tout ce que je peux affirmer, intervint Mirabelle, c’est que j’ai vu le général Montgomery… mais je n’ai vu que lui…

— Chez Lady Sylvia ? interrogea D’Aubières.

— Oui.

Un silence se fit durant lequel le jeune chef demeura méditatif. Puis tout à coup, il marcha à Lambruche et lui posa une main sur l’épaule. Il allait parler, donner un ordre peut-être, lorsqu’un certain bruit se produisit dans le passage qui, de la cuisine, conduisait à la porte de sortie.

Tous prêtèrent l’oreille.

— Qu’est-ce ? demanda Mirabelle avec inquiétude et en se rapprochant de Maurice.

— Ce n’est rien, dit Lambruche. C’est peut-être la porte que j’aurai mal fermée et qui se sera ouverte.

— Va donc voir, Sévère ! dit la mère Ledoux à son mari.

Celui-ci marcha vers la porte du passage au moment où Maurice disait à Lambruche :

— Mon ami, il faut nous emparer de Monsieur Montgomery…

À cette minute même, et comme Ledoux s’apprêtait à pousser la porte, cette porte s’ouvrit comme d’elle-même, encadrant la fine stature du général américain. Oui, c’était Montgomery, toujours serein et souriant.

Le père Ledoux faillit tomber à la renverse. Mirabelle fit entendre une exclamation de surprise. La mère Ledoux fixa ses deux poings à ses hanches, et D’Aubières recula de plusieurs pas et porta sa main à la garde de son épée. Enfin, Lambruche, demeuré assis par terre, leva le nez avec nonchalance, le rabaissa, alluma son calumet et se mit à fumer silencieusement.

Et le silence qui régna pour une minute ou deux fut si grand qu’on put entendre battre tous les cœurs.

Montgomery franchit tout à fait la porte qu’il referma doucement, enleva son tricorne, s’inclina courtoisement devant Mirabelle, et, regardant Maurice :

— Monsieur D’Aubières, prononça-t-il gravement, si vous désirez vous emparer de Montgomery, le voici…

Et il reprenait son sourire tout en considérant avec beaucoup d’admiration Mirabelle qui chancelait près de Maurice.

Et celui-ci n’avait pas encore trouvé une réponse, que le général américain reprenait, en s’adressant cette fois à Mirabelle :

— Mademoiselle, j’ai été très désappointé tout à l’heure. J’avais précisément quelques affaires à discuter avec vous ainsi qu’avec Monsieur D’Aubières. Je me suis présenté chez Monsieur Chauvremont où un domestique m’a informé de votre absence. Mais le hasard m’a fait rencontrer un volontaire canadien qui m’a indiqué le chemin de cette maison.

Mirabelle, comme statufiée par la stupeur, ne répondit pas. Elle regarda Maurice.

— Général, prononça celui-ci d’une voix frémissante, je dois vous déclarer que je vous trouve d’une belle audace…

— Prenez garde, monsieur, interrompit finement Montgomery, de me donner des qualités qui sont les vôtres !

D’Aubières sourit et reprit tout à fait possession de lui-même.

— S’il en est ainsi, général, ou plutôt s’il est vrai que vous désirez nous entretenir, mademoiselle et moi, nous sommes à vos ordres.

— Bon ! bon ! sourit le général avec un air de grande satisfaction, on m’avait assuré que je trouverais près de vous la plus parfaite courtoisie, on ne m’a pas trompé.

— Général, dit à son tour Mirabelle qui se sentit gagnée par les belles manières de l’Américain, voici un siège. Ce n’est pas ma maison, comme vous le savez, mais je crois que ces braves gens ne s’opposeront pas à ce que je vous en fasse les honneurs de l’hospitalité.

En même temps elle indiqua le père Ledoux et sa femme qui, les yeux énormément arrondis, béants, bras pendants, demeuraient stupides d’étonnement. Ils commençaient à penser qu’ils étaient en train de faire un rêve extraordinaire, et tout ce qui se passait depuis quelques minutes leur apparaissait comme un conte des anciens.

La jeune fille et Maurice prirent place côte à côte sur un banc rustique.

— S’il en est ainsi dit le général en souriant aux deux époux de plus en plus figés, ces dignes gens voudront bien nous permettre de nous entretenir…

La fumée qui s’échappait du calumet de Lambruche fit tousser le général. Il se détourna légèrement et regarda Lambruche toujours assis par terre contre le mur. Les yeux fermés, la physionomie impassible, le capitaine fumait avec la même sérénité qu’un indien sous son wigwam…

— C’est le capitaine… Lambruche ! fit D’Aubières en riant.

Lambruche ouvrit les yeux.

— Ah ! ah ! partit de rire le général à son tour. Enchanté, capitaine…

Il se leva, la main tendue vers le milicien.

— Pardon, général, dit Lambruche, de sa voix traînante et sans se déranger, demain, quand nous vous aurons battus, nous nous donnerons la main, pas avant !

— J’en suis fâché, répliqua Montgomery, et j’aurai le regret de n’avoir pu serrer la main d’un brave, car je doute fort que nous soyons battus.

Lambruche souffla un nuage de fumée au plafond et riposta :

— Moi, général, je ne doute pas, je suis certain !

Montgomery, quelque peu décontenancé, se rassit. Puis, de nouveau, il regarda l’ouvrier et sa femme.

Maurice devina que la présence de ces deux personnes gênait l’Américain.

— Je devine, général, dit-il que vous aimeriez mieux que nous fussions seuls, mais ce sont de nos amis pour qui nous n’avons point de secrets. Je vous prie donc d’avoir confiance en eux comme en nous.

— C’est bien, monsieur D’Aubières, je vous crois. Asseyez-vous, mes braves, commanda le général d’une voix bienveillante mais autoritaire.

Très confus, Ledoux et sa femme obéirent automatiquement.

Un silence suivit. Montgomery paraissait rassembler ses idées et les coordonner.

Lambruche s’étira, bâilla et grommela :

— C’est moi, peut-être, qui suis de trop ?

— Pas du tout, capitaine, répondit Montgomery, restez !

— En ce cas, général, je garde la porte.

Il s’appuya du dos à la porte, tira sa rapière, arma sa main gauche d’un pistolet et ferma les yeux.

— Ah ! ça mon ami, s’écria Montgomery avec surprise, croyez-vous qu’on vienne nous attaquer en cette maison ?

— Non, je ne pense pas, général. Seulement je prends mes précautions pour que vous n’en sortiez point.

— Ah ! vraiment ?

— Vous êtes mon prisonnier, général ! répondit seulement et froidement Lambruche.