La première Communion (Eugénie Vaillant)

Femmes-Poëtes de la France, Texte établi par H. BlanvaletLibrairie allemande de J. Kessmann (p. 177-178).
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MLLE EUGÉNIE VAILLANT.

LA PREMIÈRE COMMUNION.


Beau jour entre les jours ! son souvenir me reste
Comme un fidèle ami dont rien n’a séparé ;
Il m’apparaît toujours transparent, azuré,
Comme un temple le soir, une vapeur céleste
Sur le tabernacle sacré.

C’était l’hiver ; la neige au loin couvrait la terre,
Le soleil se levait mélancolique et doux ;
Les cloîtres, le jardin, la tour du monastère,
Paraissaient tout blancs comme nous.

Et le vieux chapelain, en chasuble de moire,
Vers la grille du chœur s’avançait à pas lents ;
Dans sa main qui tremblait élevant le ciboire,
Il nous dit : „Venez, mes enfans !


Venez ! c’est le Jésus, dont la bonté facile
Ne repoussa jamais les pécheurs convertis ;
Le bon Sauveur Jésus, qui dans son Évangile
A promis le ciel aux petits.
. . . . . . . . . . . . . . . . . .

Oui, toutes approchez ! ayez bonne espérance !
À l’aspect de son père un enfant ne craint pas….
Oh venez ! le Seigneur aime tant l’innocence !
Avec amour aussi jetez-vous dans ses bras.“
. . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je retourne souvent à la sainte chapelle,
Le cœur me bat bien fort dès que je l’aperçois ;
Mais du vieux aumônier je n’entends plus la voix.
Là point de mère, oh non ! point d’ange qui m’appelle ;
Rien que le souvenir du plus beau de mes jours,
Et mes pleurs d’autrefois que j’y trouve toujours.