La photographie aérienne par cerf-volant/Introduction

Gauthiers-Villars et fils (p. 1-3).

INTRODUCTION.

Au printemps de 1888, lisant pour la première fois le beau travail de M. Gaston Tissandier sur la Photographie en ballon[1], nous fûmes surpris que l’idée de substituer un cerf-volant au ballon ne fût encore venue à personne. En effet, si d’un côté la Photographie aérienne est susceptible d’applications nombreuses d’une utilité incontestable, il faut bien le reconnaître, le support de l’appareil photographique, le ballon, est un objet encombrant, coûteux, nécessitant un matériel considérable au point de vue du transport et surtout du gonflement et demande en outre un personnel nombreux pour la manœuvre. La perfection des épreuves obtenues en ballon est aujourd’hui chose démontrée ; on entrevoit déjà la longue liste des applications qu’on en peut faire. Mais pour qu’une découverte soit vraiment utile, pour qu’elle porte tous ses fruits, il faut qu’elle puisse être mise entre les mains de tous. Or, la Photographie en ballon est le lot d’un très petit nombre, des rares privilégiés de la fortune que tentent les recherches scientifiques. Songeons à ce qu’était la Photographie ordinaire, il y a quinze ans, l’apanage de quelques adeptes ; à ce qu’elle est aujourd’hui, le partage de tous, le crayon photographique, pour ainsi dire, que le voyageur, le touriste, le simple promeneur emportent avec eux. Quel magicien a pu dans si peu de temps opérer une transformation pareille ? Le gélatinobromure d’argent qui, en rendant les manipulations presque nulles, a simplifié et surtout allégé d’une manière invraisemblable le bagage photographique.

Multiplier les photographies aériennes en rendant leur production facile, en la mettant à la portée de tous, pour leur permettre de fournir les diverses applications dont elles sont susceptibles, voilà le but que nous nous proposons en publiant ce petit travail.

Nous nous sommes fait une loi absolue de ne décrire que des appareils construits et expérimentés par nous, que des procédés ayant fourni de bons résultats, convaincu qu’en ces matières l’expérience est le seul guide infaillible et que l’abandonner un instant est le sûr moyen de tomber dans l’erreur.




  1. Tissandier (Gaston), La Photographie en ballon, avec une épreuve phototypique du cliché obtenu à 600m au-dessus de l’île Saint-Louis, à Paris. In-8, avec figures ; 1886 (Paris, Gauthier-Villars et fils).