La photographie aérienne par cerf-volant/Appendice

Gauthiers-Villars et fils (p. 67-69).

APPENDICE.



Nous ne pensons pas avoir réalisé tous les perfectionnements dont notre procédé de Photographie aérienne est susceptible. Nous avons simplement prouvé que la réussite est certaine, même avec des appareils bien imparfaits. Il appartient à nos habiles constructeurs français de créer des types nouveaux, appropriés aux nouveaux besoins de la Photographie. Qu’ils portent principalement leur attention sur la chambre noire que nous avons décrite et dont il faudrait, si possible, diminuer le poids ; surtout sur un châssis léger et étanche, indispensable pour un travail suivi ; sur le cerf-volant enfin, qu’il faudrait pouvoir démonter pour en faciliter le transport.

Tandis que notre travail était sous presse, M. Henry Gauthier-Villars, avec sa bienveillance habituelle, nous a mis en relation avec M. l’ingénieur Ferdinand Pottier, bien connu des lecteurs de la Nature pour ses belles études sur la théorie du cerf-volant[1]. Grâce aux nouveaux modèles qu’il nous a fait connaître et aux idées qu’il nous a exposées, nous pensons qu’il serait facile de réaliser un cerf-volant d’un démontage facile. Il suffirait de remplacer le papier par une étoffe légère portant aux quatre points où se fixe la charpente, des poches solides dans lesquelles on introduirait les extrémités de l’arête et de l’arc. Il serait facile, par un système de tenons et de mortaises ou, plus simplement, par un boulon, de relier l’arc à l’arête.

Le poids du cerf-volant pourrait sans doute aussi être diminué, ce qui permettrait de restreindre ses dimensions. Nous avons tenté dans cette voie quelques essais et, tandis qu’un cerf-volant de 2m construit suivant les indications que nous avons données pèse 0kg,785, nous avons pu en exécuter un de même dimension ne pesant que 0kg,192. Mais ce dernier, qui s’enlève très facilement avec un vent de 4m à la seconde, serait certainement brisé par un vent de 10m à 15m que supporte fort bien le premier.

Nous ne terminerons pas sans dire un mot des objectifs. Le spécimen placé en tête de ce travail a été obtenu avec un aplanat de Steinheil ; mais nous devons avouer qu’il est facile de trouver parmi les objectifs français des instruments aussi bons, à des prix bien moindres. Nous avons eu notamment entre les mains deux aplanats stéréoscopiques que M. Derogy a eu l’obligeance de nous confier pour nos expériences et qui certainement ne le cèdent ni en finesse ni surtout en luminosité aux instruments des meilleurs opticiens étrangers.

Nous craindrions d’être incomplet si nous ne signalions à nos lecteurs deux nouveaux Ouvrages sur le développement, parus dans ces derniers mois ; nous voulons parler du Développement de l’image latente, par A. de la Baume Pluvinel[2], et du Traité théorique et pratique du développement, par Albert Londe[3]. Ils y trouveront de précieuses indications sur la marche rationnelle à suivre dans les cas particuliers qui peuvent se présenter.

Nous attirerons enfin leur attention sur un mode d’accouplement des cerfs-volants que nous n’ayons pu encore expérimenter, mais qui nous semble offrir de sérieux avantages sur celui que nous avons décrit. Nous supprimerions la bride de dos du cerf-volant inférieur et nous le ferions librement traverser (au moyen d’une fente pratiquée entre les deux règles et occupant les quatrième et cinquième unités) par la corde de manœuvre du cerf-volant supérieur. Cette corde se terminerait par une boucle qui se joindrait à la boucle de bride du cerf-volant inférieur pour recevoir l’olive de la corde de manœuvre de celui-ci. Par ce moyen, l’angle formé par la corde du cerf-volant supérieur n’aurait aucune action sur l’inclinaison du cerf-volant inférieur et celui-ci, conservant une plus grande liberté, présenterait, outre une force ascensionnelle supérieure, des garanties bien plus sérieuses de stabilité.




  1. Voir la Nature des 7 et 21 septembre 1889.
  2. la Baume Pluvinel (A. de), Le développement de l’image latente (Photographie au gélatinobromure d’argent). In-18 jésus ; 1889 (Paris, Gauthier-Villars et fils).
  3. Londe (Albert), Traité pratique du développement. Étude raisonnée des divers révélateurs et de leur mode d’emploi. In-18 jésus, avec figures dans le texte et 5 planches doubles en phototypie ; 1889 (Paris, Gauthier-Villars et fils).